le 25 Décembre 2005
Yossef apparaît au début de notre paracha comme l’interprète unique des rêves du pharaon. Esclave emprisonné, il tient malgré cela une place de choix en proposant une solution qui plaît à tous. Il se permet même de donner des conseils au pharaon concernant la manière de préparer l’Egypte à affronter les années de famines. Les commentateurs se demandent comment il ose se positionner tel un ministre. Ils répondent tous en disant que le conseil est inclus dans le rêve. Le fait que ce rêve soit apparu au premier homme du pays, et semble-t-il uniquement à lui, signifie aussi qu’il se doit d’agir, de penser à son pays. Le fait que les vaches maigres se tiennent debout à côté des grasses, cette proximité, signifie qu’il faut penser à la famine pendant l’abondance, qu’il faut s’y préparer et stocker. Le fait que les unes avalent les autres signifie qu’elles doivent les pénétrer, l’abondance doit pénétrer dans la famine à travers les provisions faites.
Mais Yossef rajoute une petite phrase : « que pharaon choisisse un homme… », il aurait suffit de dire : que pharaon agisse avec sagesse et prépare le pays, pourquoi dire qu’il faut l’homme de la situation ? Ramban répond que Yossef avait des visées personnelles !
Faut-il comprendre que Yossef est avide de pouvoir autant que de liberté ? Se sent-il vraiment capable d’être cet homme de la situation ? Prévoit-il d’être non seulement le pourvoyeur de céréales mais aussi véritablement vice-roi ? Que cherche-t-il véritablement ?
D’après le midrach, il sort de douze ans de prison. D’un coup il se retrouve vice-roi. Nous pouvons un petit peu imaginer cette situation. Comment a-t-il « tenu le coup » ? Comment a-t-il le courage de prendre de telles responsabilités ? ….
Il semble clair qu’un espoir et qu’une certitude le guident : celui de remplir une mission. Comme il le dit plus tard à ses frères : D. organise tout cela, et il faut trouver sa place dans cette organisation. Ses propres rêves le guident. Il sait que ses rêves sont des prophéties et attend le moment de leur réalisation. Il stimule lui-même leur réalisation. Dès qu’il en voit un semblant d’accomplissement, il se montre acteur. Il est prêt à devenir ministre, avec l’aide de D. Yossef, seul, que personne n’attend, Que personne n’ira a priori chercher, sait, par lui-même, par ses convictions, qu’il collabore avec D. C’est une figure qui ressemble à ce niveau à Avraham. Comme Avraham il se retrouve en Egypte, mais contrairement à Avraham, il est sans moyens sans famille. Nos Sages disent que Sarah, par ses efforts en Egypte, en résistant à Pharaon, a permis aux femmes juives plus tard d’éviter les relations avec les Egyptiens, et Yossef, en résistant à la femme de Potiphar, a fait le même travail pour les hommes.
Nos Patriarches avaient sûrement une conscience aigue du fait qu’ils construisaient l’avenir de leurs descendants. Yossef, selon nos Sages, avaient cette même conscience. Le pouvoir qu’il vise n’est qu’un pouvoir qui doit lui permettre de façonner l’avenir de sa famille et celle du futur peuple. Nos Sages mettent en relation ses efforts face à la femme de Potiphar et son pouvoir : celui qui se maîtrise peut être le maître des autres. Le pouvoir est, semble-t-il, assimilé ici à la capacité de gérer sa propre vie. Combien de chefs avons-nous vu qui ne se maîtrisaient pas eux-mêmes, et ils prétendaient diriger les autres….
Yossef tente de gérer sa destinée, en étant attentif à ce que D. lui montre, en suivant ses convictions, et en sachant que ce qu’il vit aura un impact probablement infini. Il voit, à travers ses rêves, que cela doit passer par un pouvoir et il le cherche. Le pouvoir n’est qu’un rôle parmi tant d’autres. Il lègue au peuple juif cette faculté de maîtriser une situation lorsqu’on sait qui on est. Ainsi le midrach dit : le jour où les juifs, en Egypte ont arrêté de pratiquer la mila, dont Yossef s’était fait le dépositaire en Egypte (ceci est souligné par d’autres textes), l’esclavage a commencé.
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