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Parashat Vayèkel/Pékoudé. A propos du Sanctuaire, par Mr Bertrand Klein

par: Dr Bertrand Klein

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Parashat Vayèkel/Pékoudé. A propos du Sanctuaire, par Mr Bertrand Klein

 

 

Le Sanctuaire, puis plus tard le Temple, sont présentés comme le lieu de résidence du Tout Puissant dans la création (דירה בתחתונים).

L’homme, univers en soi, reflète en miniature dans sa constitution psychique et corporelle la structure du « grand monde ».

L’homme est עולם קטן (un monde en petit) et le monde אדם גדול (un homme en grand).

Le משכן, le sanctuaire, est à leur image, projection agrandie de l’homme et rapetissée de l’univers créé (וְעָשׂוּ לִי, מִקְדָּשׁ; וְשָׁכַנְתִּי, בְּתוֹכָם : Ils me feront un sanctuaire, je résiderai au milieu d’eux (de lui). Shemot 25-8).

 

A/ Les structures respectives de l’univers, du משכן et de l’homme présentent une similitude absolue.

 

Au niveau de la conception

La création commence chez D.ieu dans son « esprit », par une pensée, par un projet :

הסתכל באורייתא וברא עלמא : « Il a regardé la Torah et a créé le monde » .

Dans le משכן, cette étape est représentée par l’arche où est placée la Torah et d’où s’épanche l’esprit divin.

Chez l’homme, tout se conçoit dans la tête qui correspond à la sphère spirituelle et métaphysique.

 

Au niveau de l’élaboration

Dans la création, c’est la sphère intermédiaire entre l’esprit et la matière, niveau des anges, des astres, des émanations divines, mode de Ses interventions pour créer et diriger le monde.

Chez l’homme c’est le Thorax endroit du cœur où se ressentent les sentiments et s’exprime la volonté, et qui dispense les forces de vie au corps, forces physiques et psychiques.

Dans le משכן, c’est le hékhal, endroit de la ménora, flamme de l’enthousiasme sacré, offrant à l’Éternel ce qu’il y a de plus élevé dans la matière (l’encens sur l’autel intérieur), grâce à l’énergie vitale de la table de proposition.

 

Au niveau de la matérialisation

Dans la création, c’est le monde incarné, physique, matériel.

Chez l’homme, c’est la partie « inférieure » du corps séparée du thorax par le diaphragme, l’abdomen où sont digérés les éléments de l’univers et les membres, organes effecteurs des intentions dans la réalité.

Dans le משכן c’est la cour extérieure de l’autel des sacrifices, séparée du hékhal parle par le rideau et où s’écoule le sang et se consume la chair.

 

B/ Le Malbim dans son commentaire sur Terouma développe ces idées avec une précision toute anatomique.

Deux exemples : l’arche, comparée à la tête, et la table de proposition figurant la fonction d’alimentation et de bénédiction.

 

1/ L’arche, boîtier triple (or, bois, or) contient les deuxièmes tables ainsi que les débris des premières brisées par Moïse.

Pour le Malbim cet élément est semblable dans sa structure à la boîte crânienne et au cerveau. Les tables correspondent au cerveau, divisé comme elles en deux hémisphères, « unité centrale » du système neurologique où s’élaborent les idées, les intentions et les ordres qu’effectueront les organes.

Les débris des premières tables sont le cervelet, anatomiquement et fonctionnellement inférieur au cerveau, aux fonctions plus primitives et moins élaborées mais plus « vitales » (respiration, coordination motrice, équilibre, régulations). A l’image des premières tables, « moins matérielles », siège de manifestations impossibles dans une réalité plus incarnée (comme leur écriture traversante de la pierre, lisible à l’endroit de face et de dos).

L’arche a lui-même une structure de boîte crânienne. Ses trois épaisseurs sont comme les 3 enveloppes distinctes de l’encéphale : la boite osseuse et les deux méninges, pie mère et dure mère. Les espaces, sur les quatre côtés de l’arche, en son intérieur, libres de l’occupation des tables, correspondent aux quatre ventricules intracérébraux, libres de matière cérébrale.

Enfin, le Malbim développe la symbolique des barres de transport de l’arche, définitivement fixées par quatre anneaux : ce sont les nerfs crâniens, nerfs optique et auditif, issus du cerveau et reliée directement au deux yeux et aux deux oreilles (les quatre anneaux).

Car la vue et l’ouïe sont aussi Indispensables à la perception de la Torah que nécessaires au fonctionnement normal de l’Intelligence : la vue pour lire la Torah écrite, l’audition pour entendre les « anciens » transmettre la Torah orale.

 

2/ La table de proposition

Rav S. R. Hirsch fait dériver le mot שולחן (shoulkhan, table) de שלח (shalakh) : envoyer, offrir, représenter.  La table, avant d’être plan de travail, est le lieu où l’on présente les plats pour les servir. Elle est donc l’instrument de l’alimentation, de la distribution des nutriments vers le « corps » du monde, donc de la bénédiction venant de dieu.  Cette bénédiction symbolisée par les douze pains, comme les douze mois de l’année, opérant le renouvellement de cette abondance.

פּוֹתֵחַ אֶת-יָדֶךָ; וּמַשְׂבִּיעַ לְכָל-חַי רָצוֹן

Tu ouvres Tes Mains et rassasies tout vivant. (Tehilim 145)

Dans le corps humain c’est le cœur, situé dans le thorax, qui distribue les forces de vitalité aux organes par l’intermédiaire du sang et assure cette fonction de bénédiction-alimentation.

La table de proposition, cette « table-cœur » de présentation-distribution est faite de deux demi-tables, colonnes d’étagères supportant chacune six pains, un sur le socle et cinq reposants sur des demi-tubes, les kanim’, au nombre de quatorze : quatre pains reposants sur trois kanim’, un pain sur deux kanim’.

On remarque immédiatement que cette disposition est celle des doigts de la main dont quatre sont faits de trois phalanges et le pouce de deux phalanges.

La table a ainsi la forme de deux mains (en hébreu « main » se dit yad, mot dont la valeur numérique est quatorze, nombre des phalanges) présentant la nourriture-bénédiction qui sera transformée en en nutriments, distribués par le cœur.

 

On pourra se plonger avec délectation dans le reste du commentaire du Malbim dévoilant la précision et la finesse de la structure du משכן, image du monde et de l’homme.

L’étude des habits du cohen gadol, le grand prêtre, et de la législation des sacrifices, porteurs d’une symbolique aussi ciselée, permet d’entrevoir tout ce que le service du temple pouvait avoir d’effet ciblé et précis sur le fonctionnement de l’homme et du monde et tout ce que l’on gagnera à leur réactivation.

Puisse-t-elle avoir lieu bientôt, de nos jours.

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