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PARACHAT TEROUMA, par Mr Bertrand Klein.

par: Dr Bertrand Klein

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                           PARACHAT TEROUMA, par Mr Bertrand Klein.

Le MICHKAN, schéma du monde, image de l’homme

(aperçu du commentaire « Ramzéi hamichkan » du MALBIM sur Terouma)

 

1) Le MONDE et L’HOMME : A L’IMAGE L’UN DE L’AUTRE

a) Le monde : un « grand homme » ; l’homme : un « petit monde »

Dans l’homme, tous les organes, pourtant chacun avec une fonction différente, se complètent pour former un seul corps. Chaque organe est nécessaire, en connexion avec tous les autres, pour que ce corps fonctionne harmonieusement et le manque d’un seul déséquilibre l’ensemble.

Pourtant, ce qui unifie ce corps, lui donne vie et mouvement, fait apparaître ses forces et ses potentialités, c’est une force qui lui est indépendante : son âme divine. (H’eleq eloha mimaal)

Sans elle, après sa mort, il n’est plus qu’une « coquille vide ». Le corps est une machine qui fonctionne grâce à son « essence » divine.

De même, D.ieu fait vivre et conduit le monde.

Le Midrach Raba sur Berechit (Ch.8) conte qu’à la création D.ieu et Adam harichon étaient comme un Roi et son ministre, chevauchant chacun son char : l’homme menant son corps et D’ieu menant le monde.

                    b) l’homme et le monde en résonnance

Le « grand homme » (Adam gadol) qu’est le monde et le « petit monde » (Olam katan) qu’est l’homme sont donc des semblables : non seulement ils sont conçus de façon identique mais encore se répondent-ils l’un à l’autre, comme en harmonie.

Deux instruments de musique de la même famille, une contrebasse et un violon par exemple, sont capables de se faire jouer l’un l’autre : un accord joué sur l’un fera « vibrer » sur l’autre le même accord (en science musicale cela s’appelle une résonnance.)

Ainsi de l’homme et du monde : un « son agréable » produit par l’homme en raison de son comportement en « accord » avec les lois du monde (Thora et Mitsvoth), fera résonner le monde de façon harmonieuse. (cf 2è paragraphe du Shema: Et voici , si tu écoutes mes lois que je t’ordonne aujourd’hui……..,Je donnerais la pluie à la terre au bon moment…. et tu récolteras ta moisson, tes vendanges et ton huile…)

 

 

2)D.IEU DESIRE UNE RESIDENCE DANS LE MONDE

 

a) Depuis qu’il a créé le monde, D.ieu veut s’y faire une résidence (Dira batah’tonim).

Cela signifie que si l’homme se purifie et se sanctifie, qu’il réussit à ce que son corps ne fasse pas écran à son caractère divin, mais qu’au contraire ce soit son caractère divin qui dirige son corps et ses forces (ce « petit monde »), alors, en harmonie, D.ieu dirige le monde (ce »grand homme ») et y déverse en harmonie et en abondance toute Sa Bénédiction : Il « réside » dans les mondes « inférieurs ».

                    b) l’Homme plutôt qu’un homme.

Exceptionnels, sont les individus qui peuvent réussir un tel challenge, Les Avoth étaient de ceux-ci.

Seul le Clal, la communauté des hommes, addition des forces de tous, des étincelles de sainteté de chacun, des forces de pureté des individus, rassemblés dans un seul et même faisceau de spiritualité, peut devenir le « char » de la Présence Divine.

« La Chekhina ne peut résider sur moins de 22000 d’Israel » disent nos sages ; et plus les petites lumières sont nombreuses et rassemblées, plus l’Illumination est importante.

Tel est le but de la conception du MICHKAN : être le corps de cet ADAM CLLALI, de cet « homme collectif »:  Veassou li mikdach ve Chakh’anti betokh’am: Ils me feront un sanctuaire et je résiderai parmi eux.

 

3)HOMME, MONDE, MICHKAN : UNE MEME STRUCTURE.

                    a) Le modèle.

Création et homme (et donc le Michkan) sont conçus sur le même plan de 3 « étages ».

Un premier niveau, celui du monde créé, perçu immédiatement : lieu des manifestations physiques et des réserves naturelles.

-dans la création :la nature, dont on puise l’énergie.

-chez l’homme, l’abdomen, lieu des « fonctions naturelles.

-dans le michkan le parvis extérieur avec l’autel des sacrifices.

Un niveau intermédiaire, « vital », entre matière et esprit, où s’organisent les forces qui font fonctionner le monde.

-dans la création, le monde des « lois naturelles » et de l' »exécutif » divin : anges, ophanim..

-dans le corps, le thorax et ses organes vitaux : coeur et poumons.

– dans le Michkan, le Heikh’al, lieu de la dispensation de la bénédiction divine avec le candélabre, l’autel des encens et la table des pains.

Un niveau supérieur, celui de la conception, du « projet » :

– la création commence dans l’Idée de D.ieu » et Sa Pensée que sont aussi la Thora (« Il a regardé dans la Thora et a créé le monde »)

–  chez l’homme : la tête, le cerveau dans son crâne ;

– dans le Michkan : le Saint des Saints avec l’Arche contenant les Tables de la Loi.

b) des identités fonctionnelles homme – michkan

L’intuition géniale du Malbim et ses connaissances scientifiques lui permettent de comparer de façon précise les fonctions respectives des structures et des ustensiles du Michkan et ceux des organes humains.

L’abdomen et le parvis

Le ventre est chez l’homme l’endroit des organes de la digestion : les aliments bruts sont avalés, broyés dans l’estomac mélangés à des sucs digestifs. Ils passent dans les intestins, où ils reçoivent d’autres sucs du foie et du pancréas et peuvent ainsi être séparés en nutriments (glucose et lipides), qui passeront dans le sang et déchets qui seront éliminés hors de l’organisme. Les nutriments seront transportés dans le sang par le cœur vers tous les organes du corps pour leur servir de combustible.

La fonction du Mizbeah, de l’autel des sacrifices est la même : le feu divin de l’autel brûle les parties y destinées des sacrifices (animal, végétal et minéral (sel). Il en sépare ce qui en devient cendre qui retourne à la matière brute rejetée hors du corps du Mishkan et le sang, liquide de vie, « distillé » en 3 étapes par le foie puis le cœur et qui va nourrir les trois niveaux du monde : physique, vital et spirituel.

Tout se passe comme si l’autel, à partir de la matière des sacrifices, filtrait, pour le garder, le combustible spirituel qui va nourrir le monde.

L’abdomen est séparé du thorax par le diaphragme, comme le Parvis l’est du Sanctuaire par le Parokhet hamassakh, le rideau de la cour.

 

Le Thorax et le Sanctuaire

 

  Le thorax est chez l’homme le lieu des organes vitaux : cœur et poumons.

Fonctionnellement, le coeur a pour fonction de distribuer le sang, nourricier par les nutriments qu’il contient, à tous les organes. De plus il envoie le sang dans les poumons récupérer de l’oxygène. Car les cellules des organes en ont besoin pour fonctionner. Tout comme dans un moteur à explosion, le carburateur mélange essence et air, pour, avec un petit apport d’énergie par l’étincelle des bougies, produire du mouvement, les cellules ont un petit moteur biologique leur fournissant leur énergie : le cycle de Krebs, fonctionnant au glucose comme carburant et à l’oxygène comme comburant.

Ainsi le cœur apporte l’énergie, sans laquelle ils ne vivent pas, aux organes et en particulier au cerveau, si sensible au manque de sucre et d’oxygène.

Dans le Michkan, la vitalité est représentée par le Heikhal :

La Table des Pains c’est le cœur. Elle est l’instrument de la Bénédiction venant de D.ieu qui distribue son énergie spirituelle au corps du monde pour le faire vivre. (Energie cachée dans la nature et extraite des Korbanot par l’action du Mizbeah’). C’est pourquoi les Pains sont consommés par les prêtres.

(Rav Chimchon Raphael Hirsch fait dériver le mot Choulh’an de la racine Chaleah’ qui signifie offrir, envoyer.)

L’autel de l’encens fait se dégager des végétaux qui le composent la senteur, élément le plus immatériel, le plus spirituel contenu dans la matière. C’est pourquoi il est brulé à D.ieu.

Comment ne pas y voir la correspondance avec le sucre (carburant) et l’oxygène (ce gaz, matière si immatérielle) nécessaires au corps.

Et ne pas voir dans le Candélabre, la Menora, l’instrument qui apporte l’énergie de la volonté Divine au monde, comme l’enthousiasme de son intelligence à l’homme.

Citons Malbim : « Grâce au fait que la respiration donne de l’élan au cœur et lui fournit de l’air purifié, monte comme une nuée fine vers le cerveau de l’homme pour le purifier et renforcer la force de son intelligence.

Comme dans le corps, le cou sépare la tête du Thorax, le Parokhet (le Rideau) sépare Saint des Saints du Heikhal.

La tête et le Saint des Saints

Le cerveau est l’unité centrale de commande du corps, où s’élaborent les idées, puis les intentions pour les réaliser, et enfin les ordres qui seront transmis aux organes pour les effectuer.

Malbim rapporte le Ari,zal qui explique que l’intelligence humaine se divise en 3 « moh’in » qui sont 4,  modalités de l’intelligence humaine allant de la Hokhma, « intuition  » apportée par la prophétie et par la Thora (où l’homme a peu de part d’élaboration) à la Binah, faculté discursive où est mise en jeu sa réflexion. Il affirme que l’organisation en 2 encéphales (le cerveau antérieur et supérieur ; et le cervelet postérieur et inférieur) eux- mêmes chacun divisés en 2 lobes droit et gauche correspond à cette organisation.

Le cerveau et ses 2 hémisphères correspond aux 2 Tables de la Loi, le cervelet aux débris des 1ères Tables, placées dans l’arche sous les secondes comme le cervelet l’est sous le cerveau.

Nous ne pouvons manquer d’y voir un rapport avec des apports plus récents de la neurobiologie ayant découvert que le cerveau est l’organe du contrôle des actions de l’organisme à partir des informations sensorielles qui lui parviennent, donc le siège des sensations, du mouvement, de la mémoire et de la conscience alors que le cervelet a un rôle de contrôle d’intégration fine du mouvement mais aussi dans des fonctions cognitives « reflexes » comme l’attention, le plaisir ou la peur.

Il nous semble trouver là également un rappel de la différence entre les secondes Tables de la loi (gravée de la main de Moïse et donc plus matérielles et plus « humaines) et les premières (gravée de la Main de D.ieu et donc beaucoup plus directement reliées à l’Esprit)

 

c) Des ressemblances anatomiques

Malbim va encore plus loin dans ses analogies homme – michkan et ose des comparaisons anatomiques précises. Nous allons en donner quelques- unes, strictement toutes dans son commentaire.

Le Mizbeah’. Autel des sacrifices et ses ustensiles

Instrument de la digestion de la matière, il en est l’image par sa composition :

– du bois, matière végétale donc végétative à laquelle ne peut être associée aucune dimension de volonté, donc spirituelle,

– et du bronze (neh’ochet) qui vient rappeler le nah’ach, le serpent qui vit au ras du sol et se nourrit de poussière.

Et par ses dimensions :

Ses 5 coudées de long rappellent les 3 estomacs des ruminants (feuillet, bonnet et caillette) auxquels s’ajoutent les 2 sortes d’intestins (petit et gros)

Ses 5 coudées de large rappellent les 5 étapes de la migration des ingérats après l’estomac : duodénum, réseau lymphatique, citerne (de Pecquet), veine lymphatique qui rejoint le réseau sanguin dans la veine sous- clavière vers le cœur.

Ses 3 coudées de hauteur, nous l’avons déjà mentionné, sont les 3 niveaux de la circulation sanguine :

–          La veine porte : des intestins au foie, qui opère un premier filtrage (transformation des aliments en glucose.

–          Du foie au cœur par le poumon pour ajouter l’oxygène.

–          Du cœur vers le cerveau pour y nourrir l’Intelligence.

 

Les vases pour enlever la cendre et les pelles sont le Colon et le sigmoïde dont le rôle est l’élimination des déchets solides et les brasiers sont les reins qui épurent le sang.

Les bassins qui recueillent le sang sont le foie, d’où repart le sang par la veine cave qui se divise en 2 : veines cave supérieure et inférieure ; c’est pourquoi le sang est aspergé sur l’autel vers le haut et vers le bas.

Enfin, le Mikhbar maassé Rechet, la grille ouvragée en treillis de bronze entourant l’Autel est « évidemment » le réseau conjonctif entourant tous les intestins : le péritoine.

 

 

La table de proposition des pains

Les pains sont au nombre de douze comme les mois de l’année, 12 canaux saisonniers par où s’écoule la Bénédiction du très-Haut qui nourrit le monde.

Regardons la structure qui soutient ces pains : la base de la table ou reposaient 2 pains était surmontée de 4 colonnes formant les montants de 2 étagères. Chacune de ses 2 étagères avaient 5 étages qui portaient 5 pains (10 pains au total + 2 sur la table). Les pains étaient soutenus par des ½ tubes d’or.

Les 4 pains du bas étaient soutenus par 3 demi-tubes, celui du haut par 2 demi-tubes.

Cette structure est à l’image exacte des phalanges des mains : 4 doigts de 3 phalanges + le pouce de 2 phalanges. La Table avait donc la forme de 2 mains soutenant des miches de pains.

« Potéah’ et yadeikh’a oumasbia le kh’ol h’ai ratson » dit le Psalmiste lorsqu’il évoque la Bénédiction divine de la nourriture : Il ouvre Ses Mains et rassasie tout vivant par Sa Volonté.

Notons, comme une cerise sur le gâteau, que les ½ tubes soutiens sont au nombre de 2X14 : quatorze en chiffre littéral se lisant youd daleth, yad : la main.

 

Le Aron (Arche)

Entre les Tables de la loi et l’Arche lui-même sont préservés 4 espaces libres de toute occupation.

Dans le cerveau, 4 lacunes sont libres de matière cérébrale : ce sont les 4 ventricules.

Le Aron est composé de 3 enveloppes : or, bois, or. Le cerveau est enveloppé de 3 couches : la boite crânienne osseuse ; 2 enveloppes plus malléables : les 2 méninges : pie-mère et dure-mère.

Alors que presque toutes les connexions nerveuses passent par la moelle épinière, certains organes sont reliés directement au cerveau, au travers du crâne, par des nerfs « directs » dits crâniens. Parmi eux, 2 sont remarquables : les nerfs optique, pour la vue, et auditif, pour l’audition.

Vue et audition sont incontournables pour la perception et à la compréhension du monde, donc indispensables à l’intelligence : c’est pourquoi ils sont reliés au cerveau sans intermédiaire.

La vue est indispensable à la lecture de la Thora chebikh’tav, la Thora écrite. L’audition l’est à la Thora orale, explication de l’écrit, énoncée par les H’akh’amim, les Sages.

Yeux et Oreilles de la « tête » du Michkan, les 4 anneaux par lesquels sont portés l’Arche, sont indissociables des barres qui y sont glissées et y aboutissent en direct : les badim sont les nerfs optique et auditif des Tables de la loi.

L’analyse du commentaire du Malbim pourrait se poursuivre encore par la description anatomique des tentures du michkan comme image de l’anatomie des structures plus externes du corps humain : squelette, muscles, nerfs, vaisseaux, peau… Chacun pourra s’y plonger.

 

Pour conclure

Tout ce qui se passait dans Le michkan, parce qu’il était un miroir parfait de l’homme et avait une résonnance avec le monde, donnait à voir à chacun ce qui se passait en lui de son fonctionnement d’être spirituel, créé à « l’image de D.ieu » ; Le culte du Temple, les sacrifices, loin d’être la « boucherie » qu’on veut bien dire, nous unifiait à notre être profond. La perte du Beth Hamikdach nous a fait perdre ce reflet, participant de la déconnexion entre notre corps et notre âme, entre le « petit monde » et le grand Homme ».

D.ieu fasse que très bientôt, grâce à la reconstruction du Beth Hamikdach nous soyons à nouveau harmonieusement unifié. Et qu’Hachem soit Un et son Nom soit Un.

 

 

 

 

                                                B.KLEIN

                                                Février 2019

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