Les lois de la tsaraat (maladie de la peau communément traduite par « lèpre », mais qui n’a pas forcément de rapport avec elle !) figurent dans le livre de Vayikra. Les lois de la tsaraat (maladie de la peau communément traduite par « lèpre », mais qui n’a pas forcément de rapport avec elle !) figurent dans le livre de Vayikra.
Pourquoi ?
Le livre de Vayikra traite particulièrement et en premier lieu des lois relatives au bon fonctionnement du Tabernacle (ou du Temple). Cela inclut les cérémonies des sacrifices, les règles des prêtres, et tout ce qui produit de l’impureté. Car l’impureté doit impérativement être éloignée du sacré. Un homme impur ne peut entrer au Temple ou consommer des sacrifices. Cela explique le fait que les lois de la tsaraat se retrouvent dans ce contexte : en effet, cette maladie rend impur la personne ou l’objet (certains vêtements ou bâtiments) qui la contracte.
Nous ne définirons pas ici ce qu’est l’impureté, affirmons simplement que c’est un état qui, comme dit, éloigne du sacré. Il existe plusieurs manières de devenir impur. Soit par une forme de contact avec une source d’impureté. L’exemple le plus classique étant celui qui touche un humain mort. Une autre forme est celle où la personne produit l’expérience qui la rend impure, comme ce qui est cité au début de la parasha à propos de la femme qui vient d’accoucher (il n’est pas question ici de traiter ce sujet). La Torah nous dit que la personne frappée par la tsaraat devient impure, c’est donc que d’une manière ou d’une autre, elle a produit sa propre impureté, puisque celle-ci n’a pas une cause extérieure. Il existe une troisième manière, plus complexe, que nous ne voulons pas aborder ici.
Ce qui est particulier dans le cas de la tsaraat est que la personne devient impure sans qu’elle n’ait aucune expérience : contrairement à la femme qui accouche, par exemple, il s’agit d’une personne qui découvre tout d’un coup une tache sur sa peau. Elle a produit une impureté sans pouvoir y trouver une cause, ne serait ce que mécanique. Cela est terrible. Il n’existe pas dans la Torah d’impureté qu’on ne pourrait rattacher à une expérience physique, à part celle-ci. Cette impureté ne peut venir que d’En haut. Il faut trouver une cause au-delà du physique.
Tout le monde connaît la relation entre la tsaraat et la médisance, ou d’autres fautes. Nous voulons tenter d’analyser le mécanisme, en prolongement de ce qui a été déjà évoqué. La situation d’impureté trouve sa source dans une « rencontre » malheureuse du corps de la personne et d’un comportement ou d’un état adopté. Le décalage apparaît à travers cette tache blanchâtre. Il est implicitement exigé qu’une recherche s’engage pour trouver l’origine de l’impureté. Sinon, comment l’appréhender ? Jamais impureté n’est apparue plus profondément reliée au comportement de l’homme. Le corps réagirait-il automatiquement en créant sa propre impureté ?
La personne touchée par la tsaraat, dans certaines conditions, emprunte les comportements d’un endeuillé (le fait de déchirer son vêtement, par exemple). Un des éléments exprimés par les comportements de deuil est que l’endeuillé ne prête plus attention au soin du corps, ce dernier étant touché par la disparition d’un être proche. Comme un endeuillé délaisse son corps, lui doit faire de même. L’endeuillé parce que le corps d’un proche n’est plus. Lui, parce que son corps ne peut suivre son comportement.
C’est cela la mort : un décalage. Le décalage produit de l’impureté. La tsaraat voudrait dire à cette personne qu’elle est en décalage avec elle-même : son corps, sa peau ne suit plus sa manière de vivre.
Nous pourrions aller plus loin, mais concluons sur une note optimiste. Si le décalage apparaît, disent nos Maîtres, c’est que la personne a une envergure. Les difficultés de l’existence prouvent souvent que la volonté ou les aspirations sont fortes. Les plaies, que personne ne souhaite, peuvent être la marque d’une grandeur.
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