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Terouma – Le Michkan, le tabernacle

par: Jaqui Ackermann

Publié le 6 Février 2008

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Notre paracha décrit longuement les structures du futur Tabernacle, qui est, en quelque sorte, un Temple démontable.

Il est intéressant de constater qu’il existe deux centres dans le Temple. Rambam introduit les lois de la construction de cet édifice comme lieu de culte et de sacrifices (Hilkhoth Beth Habé’hira I, 1). Ramban dans son introduction à notre paracha (Chemoth, chapitre XXV 25) dit que l’arche sainte est décrite en premier car c’est le plus important des ustensiles. Ainsi il y a deux pôles : l’autel autour duquel se déroule la majorité des sacrifices, et le saint des saints, lieu de l’arche, où quasiment personne ne peut entrer.

Nous pourrions affirmer qu’il existe deux fonctions au Temple : un lieu de Présence divine par excellence, d’une part, et d’autre part un lieu où l‘homme peut s’investir dans une relation avec son Créateur. Ces deux fonctions ne sont pas forcément dépendantes l’une de l’autre.
Par exemple il existait une période où les Juifs pouvaient apporter certains sacrifices sur des autels particuliers : les « bamoth ». Par ailleurs, l’apparition de D. peut être vécue sans exiger de culte, comme au Sinaï ou en d’autres occasions.

Une des questions que nous voulons aborder ici est de savoir comment ces deux fonctions deviennent interdépendantes au Temple : si D. y est, il faut Lui rendre un culte, et réciproquement.

Ramban, dans cette même introduction, affirme que c’est la présence divine du Sinaï, qui s’est transposée d’une certaine manière, dans le Tabernacle.

C’est, pourrait-on dire, le contact que D. voulait assurer à travers le don de la Torah, qui doit se prolonger dans le Tabernacle. Il s’agit d’une possibilité de relation permanente. Et cette relation s’est d’ailleurs prolongée à travers l’enseignement de la Torah à Moché dans ce même Tabernacle.

Mais pour le Tabernacle, contrairement au Sinaï, le peuple participe à l’installation de la présence divine. Et c’est cela qui fait toute la différence : si l’enveloppe est humaine, l’apparition ne peut se faire par des coups de tonnerre et d’éclairs.

Il faut donc prolonger le Sinaï, mais à notre mesure. Les commentaires font remarquer que nous disons dans nos prières (à la fin de la amida par exemple) : « …que le Temple se reconstruise et que Tu donnes notre part dans Ta Torah…. » Il n’y a pas de contact avec D. sans Torah. Nous pourrions formuler ainsi les choses. La chance que D. nous donne ici est d’avoir un point de contact permanent avec le Ciel. Cela n’est possible que si l’homme est prêt à s’investir dans la parole divine, à l’entendre, l’écouter, l’intégrer. Il peut alors réaliser à sa mesure un lieu où cette parole prend sa dimension la plus forte, comme au Sinaï. Il ne s’agit pas de créer un Temple comme les idolâtres : on construit des murs et on leur donnera une fonction après cela. C’est bien le contraire ! La fonction est première : d’abord être engagé dans la relation, après cela on trouvera des murs !

C’est pour cela que les deux éléments cités plus haut sont liés : le contact est voulu, la présence divine apparaît, et comme Elle était tant désirée, on ne peut s’empêcher de Lui rendre hommage, car c’est une façon de plus de La rendre désirable, et cela continue indéfiniment. A chacun d’imaginer ce genre de va et vient infinis pour tant d’autres relations fortes…

Nous terminerons par citer brièvement le Méchekh ‘Hokhma (Vayikra, chapitre XVI) qui développe entre autres le point suivant. Plus on entre dans le Temple, moins on en fait !

Dans la cour où se trouve l’autel, l’activité est intense, il y a une multitude de sacrifices chaque jour.

Dans la pièce où se trouvent la ménora, l’autel des parfums et la table, l’activité est moins intense : on y entre quelques fois par jour pour la ménora, pour les parfums, une fois par semaine pour les pains.

Enfin, dans le saint des saints, on entre seulement une fois par an…

Ce maître conclut : le Temple ne fonctionne pas sur le mode de l’échange avec D. : car plus on se rapproche de D., moins on se sent capable d’agir physiquement. C’est bien l’un des buts de ce Temple : prendre conscience que le contact avec D. passe par l’action pour devenir peu à peu effacement complet de soi-même, pour que ce contact soit plus fin, plus intérieur, plus profond.

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