Dans cette dernière paracha du livre de Bamidbar, la Thora inscrit les enseignements de la fin de ce périple dans le désert.
Dans cette dernière paracha du livre de Bamidbar, la Thora inscrit les enseignements de la fin de ce périple dans le désert. Nous trouvons dans le texte la liste des étapes du désert, les limites du territoire d’Erets-Israël, et des lois concenant ce pays.
Parmi ces lois, l’obligation de veiller aux jugements des assassinats.
En effet le texte dit que la terre d’Israël ne supporte pas le sang innocent qui y est versé. C’est une terre où D. réside et certaines actions la rendent impure, notamment l’assassinat.[[Il ne s’agit pas ici naturellement de situations autorisées telle que la légitime défense.]]
Il est intéressant de constater qu’une expression très rare est notée ici, celle de l’hypocrisie. Il est dit: «vous ne devez pas rendre la terre hypocrite». Les commentaires disent qu’il faut traduire «vous ne condamnerez pas la terre». Il reste néanmoins que c’est un terme particulier qui est utilisé ici. On peut comprendre que la terre est coupable d’hypocrisie, si l’assassin n’est pas jugé.
Quel sens peut-on trouver à lier ces deux éléments: meurtre et hypocrisie?
L’interdit de tuer est une des bases de la plupart des sociétés. C’est ce qu’on peut appeler une évidence sociale. Dans la thora elle est pourtant justifiée: on ne verse pas de sang humain car l’homme a été créé à l’image de D. L’image de D., pour aller rapidement, est l’âme qui lui est insufflée de D. C’est donc le contenu et le sens de la création de l’homme qui revient chaque fois qu’on traite de l’assassinat.
L’hypocrisie est certes condamnable, mais où est le mal ? est-ce un simple mensonge ?
Il semble que le point négatif réside en cela qu’une même réalité devient double. L’attitude hypocrite consiste à tisser des relations qui ne sont pas cohérentes entre elles. Par exemple, on dira à qui veut l’entendre d’un comportement qu’il est positif. Alors qu’on le considère négatif ou qu’on l’affirme négatif devant certaines autres personnes. On fait ainsi coexister deux jugements de valeur contradictoires. Et cette incohérence apparaîtra dans notre relation avec autrui.
Au seuil d’Erets-Israël, la thora nous demande de construire notre relation avec cette terre. On ne pourra pas faire semblant. La terre a pour première fonction de donner une place à l’homme et de subvenir à son existence. Et quand il s’agit d’Erets-Israël, il s’agit autant d’existence physique, que morale ou spirituelle. Le fait qu’un homme disparaisse parce qu’il s’est fait éliminer par un autre homme, signifie qu’il a perdu anormalement sa place, et que la terre en est « frustrée ». Elle est la première à demander pourquoi cette création à été remise en cause, pourquoi un homme ne laisse pas la place à un autre homme. Pour certains elle procure la vie et le profit, tout en recevant le sang versé des autres !
Ne pas tenir compte de cette interrogation revient à créer l’hypocrisie de la terre d’Israël elle-même, peut-être la plus grande des hypocrisies collectives qu’on puisse imaginer sur notre terre.
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