1)
וידבר ה׳ אל משה לאמר.
1)
וידבר ה׳ אל משה לאמר. ביום החדש הראשון באחד לחדש תקים את משכן אהל מועד
(שמות מ׳, א׳-ב׳)
« Et Dieu a parlé à Moïse et il a dit : Au premier mois, le premier jour du mois, tu érigeras le Tabernacle de la Tente d’Assignation » (Exode 40, 1-2)
Au premier mois : C’est le mois de Nissan. (Targoum Yonathan ben Ouziel)
Notre Paracha – qui énumère tous les détails de la construction du Michkan – nous informe donc que l’inauguration de celui-ci eut lieu Roch Hodech Nissan.
2)
Or, le Midrach Rabba [[Bamidbar Rabba 13, 2]] nous dit que le Michkan fut terminé le 25 Kislev :
[…] du fait que le travail de construction du Tabernacle fut terminé le 25 Kislev et qu’il resta démonté jusqu’au 1er Nissan, Israël dirent : Voilà, nous avons achevé le Tabernacle ! Quand la présence divine viendra-t-elle et résidera-t-elle dans l’œuvre de nos mains ? […]
Ainsi, Dieu donna l’ordre à Moïse d’ériger et d’inaugurer le Michkan plus de trois mois après que sa construction fut menée à son terme.
Tous les éléments étaient prêts, il ne restait plus qu’à les assembler. Alors pourquoi, malgré la frustration du peuple, imposer une telle attente ?
3)
Le Talmud [[Chabbat 87b]] met l’accent sur la coïncidence voulue et recherchée entre le jour de l’érection et celui qui se distingua de tous les autres par les dix couronnes qui lui furent décernées :
Ce premier Nissan de la seconde année de la sortie d’Egypte fut un dimanche, premier jour de la création du monde ; il fut le premier jour où les phylarques des tribus offrirent leurs présents pour l’inauguration du Tabernacle ; où les Cohanim commencèrent leurs sacerdoces ; où le culte des sacrifices quotidiens débuta ; où le feu du ciel descendit pour consumer les sacrifices ; où l’on commença la consommation de la viande sacrée à l’intérieur
du Sanctuaire ; où la Chéhina vint résider au-dessus de l’arche sainte ; où les Cohanim commencèrent à adresser leurs bénédictions au peuple ; où les hauts-lieux furent défendus et où commença le compte des mois. [[Traduction commentée empruntée au rabbin Elie Munk]]
4)
Rav Shimshon Raphaël Hirsch, sur notre verset, explique cette volonté de Dieu de voir l’inauguration du Tabernacle coïncider avec ce jour particulier dont parle la Guemara, ce Roch Hodech Nissan 2448 [[Voir Rachi sur A.Z. 9a]] :
[Le sujet] se clarifie si nous considérons – comme nous l’avons déjà expliqué plus haut, chapitre 12, verset 2 – le fait que la signification de nos nouvelles lunes réside essentiellement dans l’idée qu’elles ne constituent pas une célébration de l’événement astronomique en soi, mais qu’elles font figure, dans leur processus naturel, de modèle et d’avertissement pour l’établissement et la réalisation de « nouvelles lunes » sociales humaines, de renouvellements sociaux-humains.
En effet, dans la paracha Bo, Hirsch développe longuement l’idée que Roch Hodech ne consiste pas à établir les débuts de mois du calendrier juif. Il est la consécration, par les représentants attitrés du peuple juif, d’un moment voué à la rencontre avec Dieu. Roch Hodech est aussi appelé « Mo’èd » qui signifie « Réunion », un moment convenu ou Dieu souhaite que son peuple vienne le rencontrer. Une idée dont Henri Meschonnic [[in Les Noms, traduction de l’Exode, Desclée de Brouwer 2003, p201]] rend admirablement compte dans sa traduction des mots משכן אהל מועד : « la demeure de la tente du lieu de rencontre ».
5)
Et Rav Shimshon Raphaël Hirsch de poursuivre :
L’érection du Tabernacle, qui devait marquer le retour de la majesté divine dans la sphère terrestre juive – et inaugurer ainsi le « Mo’èd » d’Israël, la conjonction d’Israël avec son « soleil », son illumination par la lumière de son Dieu -, cette érection devait avoir lieu le jour de la première nouvelle lune, c’est-à-dire le jour de la nouvelle lune avec lequel commençaient les années d’Israël. […]
Ainsi, la conjoncture de ce jour était idéale. Au confluent de l’inauguration du palais terrestre où Dieu allait résider – où l’on pourrait aller le rencontrer, et de la première des néoménies – jour premier parmi les premiers. Cela valait la peine de patienter trois mois !
6)
Et Hirsch de conclure :
La nouvelle lune de la renaissance nationale devait également être la nouvelle lune du retour de la Chékhina, de la réalisation de la promesse ושכנתי בתוכם (et je résiderai parmi eux) dans laquelle la délivrance nationale trouve son aboutissement.
Le début de la nouvelle ère nationale du peuple juif, récemment affranchi, devait être couronné par l’avènement de la Chékhina venant résider au milieu de son peuple. Pour Israël, en effet, la renaissance nationale n’acquiert toute sa signification que grâce à la présence de la Chékhina. Elle est un préalable indispensable à toute autre revendication, de quelque nature que ce soit.
Nous « fêterons », en 2008, le soixantième anniversaire de l’officialisation du déni le plus absolu de ce postulat juif.
Gout Chabbes / Chabbat Chalom à toutes et à tous
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