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Parachat Chemot – Yossef ou l’importance de l’ordre

par: Benjamin Bittane

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A partir de cette semaine, nous débutons le second livre de la Torah, Chemot. La première paracha (qui porte le même nom), traite de l’asservissement des Hébreux en Egypte. A partir de cette semaine, nous débutons le second livre de la Torah, Chemot. La première paracha (qui porte le même nom), traite de l’asservissement des Hébreux en Egypte.

Nous allons nous arrêter sur un point au tout début de ce passage. La paracha s’ouvre sur le rappel que Yaakov est descendu en Egypte avec ses femmes et sa maison. On nous mentionne les noms de ses onze fils qui sont descendus avec lui. Puis vient ce verset sur lequel nous allons nous arrêter.

« Toutes les personnes issues de la lignée de Yaakov étaient au nombre de soixante-dix, et Yossef était en Egypte » (verset 5, 1ère montée)

Ce verset après une première lecture paraît assez simple. Il nous dit simplement le nombre de personne descendues avec notre patriarche, et précise que Yossef était lui, du fait de son histoire propre, déjà en Egypte.

Pourtant d’après Rachi, le verset doit être compris autrement. Rachi commente sur l’expression « et Yossef était (déjà) en Egypte » : Et lui aussi était dans le compte des soixante-dix, et ceci vient nous apprendre, car nous savions qu’il était en Egypte, (donc ceci vient nous apprendre) la grandeur de Yossef : il était le même Yossef lorsqu’il gardait le troupeau de son père, que lorsqu’il était à diriger l’Egypte, il resta un juste. (traduction libre.)

D’après la lecture de Rachi cet ajout « et Joseph était en Egypte » vient nous apprendre que bien qu’il était en Egypte (comme nous le savions déjà), Yossef faisait partie intégrante de cette famille, de ces soixante-dix personnes. C’est-à-dire, toujours selon Rachi, qu’il était par sa grandeur, toujours un membre à part entière de cette famille exceptionnelle par ses valeurs, son projet, qu’est la famille de Yaakov.

Les maîtres du Moussar ont tiré de la figure de Yossef un élément fondamental du travail sur son comportement, de l’élévation spirituelle. Yossef est la figure de l’homme capable de rester intègre (tsadik), bien qu’il soit loin de sa famille et de ses valeurs, malgré les tentations du pouvoir, de l’Egypte.

Malgré tout cela, il reste cet être juste qui comme nous l’avons dit fait partie intégrante de la noble lignée de Yaakov. Comment est ce possible ? Comment a-t-il fait ?

La tradition du Moussar (Rabbi Israël Salanter, Rav Eliahou Dessler, Rav Chlomo Wolbe, etc.) voit dans la notion d’ordre le cadre propice à la réalisation de l’homme. En effet, selon cette tradition qui considère que l’élévation spirituelle, le rapprochement avec Hakadoch Baroukh Hou passe par le travail du comportement, cet effort permanent ne peut se faire que si l’individu se met dans un cadre, un programme propice ou ce chamboulement, ce travail patient, difficile et de longue haleine, est possible.

Le Rav Wolbe dans le premier tome du Alei Chour (chapitre seder) donne le programme suivant. Tout d’abord, il faut selon lui (ce qui paraît évident) ordonner les choses basiques de la vie, le temps consacré au travail, au sommeil, etc. Puis le temps que l’on va consacrer à l’étude de la Torah, à la révision de ce que l’on a étudié, à l’introspection et à la méditation qu’a entraînée notre étude. Et c’est seulement en donnant ce type de cadre à notre vie, que l’élévation, l’amélioration est possible.
Le Talmud dans le traité Chabbat 31a se demande à quelles questions l’homme doit répondre lorsqu’il arrive au ciel. Plusieurs questions sont mentionnées, l’une d’elles est : as-tu fixé des moments fixes pour l’étude de la Torah ?
Nous remarquons qu’on ne pose pas la question du nombre de page de Talmud étudiées, du nombre d’heures, ou de la qualité de l’étude, mais celle de la fixité de l’étude.

Il y a deux ans, je suis parti l’été aux Etats-Unis, et j’ai eu la chance d’étudier l’après midi dans la yechiva Tiferet Yerouchalayim du Rav David Feinstein, le fils du célèbre Rav Moché Feinstein zatsal. Une après midi, alors que je posais une question au Rav, il me demanda : « Do you want to know the zekhous of our yechiva now ? » Veux-tu savoir le mérite de notre yechiva maintenant ? Je lui répondis : certainement, il s’agit du mérite de votre père. Il répondit peut-être, mais il y a autre chose. Tu vois ces deux messieurs là-bas en train d’étudier. Ils sont propriétaires d’une très grande banque à Manhattan et tous les après-midi, que la bourse monte, descende, ou s’écroule, ils sont là à étudier. Il est là notre mérite.

Notre éveil spirituel ne peut se vivre de manière décousue, il doit être organisé, programmé, selon le niveau, les possibilités de chacun.

Et c’est justement cela que l’on retrouve chez Yossef : malgré l’éloignement, malgré les tentations du pouvoir de l’Egypte, il est resté comme la bénédiction que lui donne son père dans la paracha de la semaine dernière : Alei Chour, c’est-à-dire sur la muraille, c’est ce cadre, cet ordre qu’il a acquis dès son enfance qui lui a permis de rester celui que l’on nomme Yossef Hatsadik.

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