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Parachat Yitro : Garder ou se souvenir du Chabbat ?

par: Benjamin Bittane

Publié le 12 Février 2009

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La parachat Yitro est fort connue parmi l’ensemble des parachiot de l’année, car elle est l’une des deux parachiot où se trouvent les dix commandements.

L’un des commandements va retenir notre attention :

ז זָכוֹר אֶת-יוֹם הַשַּׁבָּת, לְקַדְּשׁוֹ. ח שֵׁשֶׁת יָמִים תַּעֲבֹד, וְעָשִׂיתָ כָּל-מְלַאכְתֶּךָ. ט וְיוֹם, הַשְּׁבִיעִי–שַׁבָּת, לַיהוָה אֱלֹהֶיךָ: לֹא-תַעֲשֶׂה כָל-מְלָאכָה אַתָּה וּבִנְךָ וּבִתֶּךָ, עַבְדְּךָ וַאֲמָתְךָ וּבְהֶמְתֶּךָ, וְגֵרְךָ, אֲשֶׁר בִּשְׁעָרֶיךָ. י כִּי שֵׁשֶׁת-יָמִים עָשָׂה יְהוָה אֶת-הַשָּׁמַיִם וְאֶת-הָאָרֶץ, אֶת-הַיָּם וְאֶת-כָּל-אֲשֶׁר-בָּם, וַיָּנַח, בַּיּוֹם הַשְּׁבִיעִי; עַל-כֵּן, בֵּרַךְ יְהוָה אֶת-יוֹם הַשַּׁבָּת–וַיְקַדְּשֵׁהוּ.

« Souviens-toi du jour du chabbat pour le sanctifier. 8 Durant six jours tu travailleras et tu t’occuperas de toutes tes affaires, 9 mais le septième jour est la trêve de l’Éternel ton Dieu: tu n’y feras aucun travail, toi, ton fils ni ta fille, ton esclave mâle ou femelle, ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes murs. 10 Car en six jours l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment et il s’est reposé le septième jour ; c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du chabbat et l’a sanctifié. » (Ex. chap. XX, 7-10)

Dans la paracha Vaéth’anan se trouve la deuxième mention dans les cinq livres de la Thora des dix commandements. Au sujet du commandement du chabbat, il est écrit :

א שָׁמוֹר אֶת-יוֹם הַשַּׁבָּת, לְקַדְּשׁוֹ, כַּאֲשֶׁר צִוְּךָ, יְהוָה אֱלֹהֶיךָ.

« Observe le jour du chabbat pour le sanctifier, comme te l’a prescrit l’Éternel, ton Dieu. » (Deut. chap. V, 11)

Le Talmud dans le traité Chavouoth 20B explique que ces deux expressions désignant le chabbat ne sont pas deux expressions distinctes mais ont été dites « bédibour éh’ad », d’une même parole (comme nous le disons dans le lékha dodi de la prière du vendredi soir). D’ailleurs l’expression Zah’or (Souviens-toi) désigne les commandements positifs liés au chabbat, alors que l’expression Chamor (Observe, garde) représente les interdictions.

Tout ceci pour nous dire que ces deux expressions « observer » et « se souvenir » du jour du chabbat, sont une seule et même entité relative à ce jour. Mais de manière plus concrète, et bien qu’il y ait pléthore d’explications, ces deux expressions avec leur explication dans le traité Chavouoth sont la source utilisée par le Talmud pour prouver que les femmes ont aussi bien l’obligation des commandements positifs que négatifs du chabbat.

En effet, le talmud au traité Berah’oth 20B explique que bien que les femmes sont exemptes des commandements positifs liés au temps (les téphilines, les trois prières journalières, la soucca, etc…) et ont par contre toutes les obligations des commandements négatifs (liés au temps ou non) ; du fait que le commandement de chabbat a été donné d’une seule parole, alors les commandements positifs sont autant une obligation pour une femme que les commandements négatifs auxquels elle est habituellement astreinte.

Mais ce n’est pas là-dessus, que nous voulons mettre l’accent.

Comme nous le savons, il y eut deux tables de la Loi. Les premières tables furent cassées par Moché, à la suite de la faute du veau d’or, le 17 Tamouz (origine première de ce jeûne). Ces premières tables avaient des caractéristiques particulières, comme l’explique le Midrash Rabba, puisqu’elles étaient faites de plusieurs dimensions et qu’on pouvait lire à travers. Les secondes ont été données après le rachat de la faute du veau d’or et ont été données à Moché le 10 Tichri, le jour de Yom Kippour (origine de ce jeûne). Contrairement aux premières, ces secondes tables avaient un aspect « non miraculeux » puisque l’écriture était gravée dans de la pierre, et qu’on ne pouvait pas voir au travers.

La question que je me suis posée est : qu’y avait-il écrit sur ces deux tables concernant le chabbat ? La première expression ? La seconde? Les deux?

La méh’ilta (midrach sur Chémoth) explique que dans les premiers dix commandements, il y avait seulement zah’or et dans les secondes, il y avait d’un coté zah’or et de l’autre chamor. Le Ramban, quant à lui, pense qu’il n’y avait écrit sur les deux que zah’or.

Quelque soit l’avis, on voit bien que l’expression zah’or est prépondérante par rapport à chamor. Pourquoi ?
Le Ramban explique que le respect des commandements positifs est plus méritant que celui des commandements négatifs, car faire la volonté d’Hashem par amour, et donc avec un investissement personnel est plus méritoire que de le faire par crainte.

Mais, au-delà de ça, il me semble que les interdits du chabbat ne sont que le moyen d’accomplir les préceptes positifs du chabbat. Le but de ces interdits, symbolisé à travers le terme chamor, garder, est un cadre qu’il faut remplir à travers les commandements positifs qui nous sont enjoints. Nous le faisons en sanctifiant ce jour, par le rapprochement des familles, l’étude de la Thora (qui doit être plus importante). Chabbat doit être un temps d’introspection, de méditation. C’est cela le repos du juif, et non l’oisiveté, ou un temps plus long sous la couette. Chabbat doit être un temps de mise au point, de recharge des batteries spirituelles et non un temps passif où l’on ne fait rien. Il faut le remplir. Comme l’explique le Maharal de Prague dans le 5e chapitre du Nétsah’ Israel, le Chabbat ressemble à un coeur, source de la vie et de l’énergie, et les autres jours de la semaine aux membres du corps qui seraient irrigués par ce coeur.

Rabbi Nathay, un des disciples du Baal chem Tov avait pris l’habitude de ne dormir que quelques heures à Chabbat, tant le temps du chabbat était important pour lui, et qu’il ne voulait pas perdre la moindre seconde de ce si beau cadeau que D.ieu nous a fait.

C’est la raison pour laquelle, me semble-t-il, l’expression zah’or (désignant les actions positives du Chabbat) est plus présente dans les deux versions des tables de la loi, que chamor (les interdictions, c’est-à-dire le cadre propice à l’accomplissement des commandements positifs).

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