Le texte de notre parasha raconte qu’Avraham entre dans une période de vieillesse.
La vieillesse peut être perçue sous différents angles.
Le texte de notre parasha raconte qu’Avraham entre dans une période de vieillesse.
La vieillesse peut être perçue sous différents angles. Il ne s’agit pas ici de se lancer dans de la sociologie, de la philosophie ou dans les affaires sociales. Nous voulons réfléchir à ce que disent nos Sages pour tenter de construire notre rapport avec ce phénomène.
Un texte de nos Sages dit que les marques de la vieillesse viennent du fait qu’il faut distinguer les générations (Baba Metsia 87a). Jusqu’à Avraham, il n’y avait pas de phénomène de vieillesse. Mais les hommes qui voulaient parler à Avraham, s’adressaient à Yitzhak, et réciproquement. Avraham pria D. de permettre qu’on le distingue de son fils. Ce serait donc un acte de bonté divine pour aider l’homme à distinguer le père du fils, qui, en général, se ressemblent.
Rien dans ce texte ne fait allusion au temps qui passe, à l’usure, à la mort qui se rapproche, comme on pourrait l’entendre dans le mot « vieux ». Comme si la vieillesse n’est pas le seul résultat d’un temps passé.
Effectivement, le temps passé laisse l’être passif. Ce n’est pas l’approche de la Torah de considérer l’humain comme un animal qui se laisse vivre : le temps peut ronger, peut éroder, mais ce n’est pas cette érosion qui est signifiée dans le mot « zakène ». Certes, par extension, on appelle tout vieux : « zakène », mais ce n’est pas le « vrai vieux » ! Alors qui est le « vrai vieux » ?
Il semble que cela soit basé sur une simple réalité de ce monde. L’homme crée par D. n’est pas parfait. Il se cherche, se trouve, se développe, change, peut alors s’améliorer…. Le texte qui dit (Job, V, 7) : « l’homme est né pour peiner » (dans le sens de faire un effort) ne décrit pas un pis aller. Un homme ne se sent bien que s’il entreprend. Un des cadres qui lui est donné est le temps. Impossible de faire sans. Le vieux est celui qui sait cumuler son temps, qui sait ce que l’instant lui fournit comme puissance. Il ne s’agit pas seulement de ne pas « perdre son temps ». Il s’agit d’une conscience que le temps est un élément donné par D. pour devenir, que c’est un élément actif. Pour illustrer cela, imaginons quelqu’un en train de remplir une bouteille devant une source : le temps qu’il faut pour la remplir est un élément producteur, car des litres d’eau qui tomberaient d’un seul coup ne serviraient à rien. Il existe un débit idéal pour remplir cette bouteille.
Avraham a su joindre ses jours bout à bout, faire en sorte que chaque jour prolonge le précédent, parce que les entreprises de ses jours étaient adaptées à ce qu’il était ce jour là, en tenant compte du passé et de l’avenir, c’était un processus de devenir où ce qu’il entreprenait devenait acquis (inspiré du Sfat Emet sur parashat ‘Hayé Sarah).
Un peu comme un programme (scolaire, par exemple…) qui doit s’adapter aux acquisitions précédentes, aux capacités du moment et au devenir que l’on vise, pour espérer une maîtrise minimale des acquisitions.
La prière d’Avraham est alors de demander que l’amélioration de l’homme prenne forme en lui, dans ce monde ci (inspiré du Maharal, ‘Hidoushé Aggadoth sur Baba Metsia et Kinim). Il existe une forme de puissance de l’esprit qui peut se concrétiser sur terre, en l’homme même. Mais, pour prendre forme, cette amélioration intérieure de l’homme, cette construction spirituelle se fait automatiquement au détriment du corps. D’où l’apparition de la vieillesse. C’est une énorme transformation de l’humain. La progression de l’âme peut s’intégrer dans le corps, sur terre en donnant au corps un aspect qui montre un détachement des conditions matérielles. C’est un progrès de l’humanité. La puissance de chaque génération apparaît face à la génération suivante. La confusion entre les générations gêne lorsque les capacités spirituelles de chacune ne sont pas valorisées comme il se doit.
Mais une des conséquences sera que la vieillesse apparaît systématiquement chez l’homme comme phénomène, même si l’homme n’en profite pas pour construire son esprit. Ce qui fait dire à nos Sages que : les personnes âgées ignorantes peuvent perdre petit à petit leur esprit avec l’âge, alors que les sages renforcent leur esprit avec l’âge (Kinim). Ce changement extraordinaire ne se fait qu’à partir d’Avraham car auparavant, le développement spirituel de l’humain n’était pas une réalité assez forte pour apparaître dans le développement physique.
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