Dans notre paracha[[Bereshit, chapitre 30]], nous sommes surpris par un dialogue entre Yaacov et Rahel (commenté par Rachi).
Dans notre paracha[[Bereshit, chapitre 30]], nous sommes surpris par un dialogue entre Yaacov et Rahel (commenté par Rachi).
Rahel demande à Yaacov de prier pour elle, parce qu’elle était stérile depuis plusieurs années, tandis que sa sœur Léa avait déjà quatre enfants, et Rahel argumente sa requête : « Voici que ton père Yitzhak a prié pour ta mère Rivka qui était stérile, alors fait de même. »
Sur ce répond Yaacov : « Je ne suis pas comparable à mon père, lui n’avait pas d’enfant, mais moi j’ai des enfants avec Léa, le problème est donc chez toi. »
Rahel rétorque : « Mais voici que ton grand père Abraham avait déjà un enfant de Hagar, et a tout de même prié pour ta grand-mère Sarah qui était stérile. ».
Jacob répond : « Sarah avait le mérite d’avoir fait entrer sa rivale (Hagar) dans sa maison, mais toi tu n’a pas ce mérite. ». C’est alors que Rahel donna sa servante Bilha comme épouse à Yaacov, et par la suite, elle-même eut deux enfants.
Toute cette histoire nous paraît étrange : pourquoi un si long dialogue pour une prière, et pourquoi exige-t-on de la part de Sarah et de Rahel un tel sacrifice, faire rentrer une rivale dans leur foyer afin d’obtenir une descendance ?
Etant donnée leur stérilité chronique, il fallait un véritable miracle pour que Sarah et Rahel puissent enfanter. Il ne suffisait pas d’une simple prière, il fallait intervenir avec la force de « mida kenegued mida » (littéralement : « mesure pour mesure »). C’est-à-dire que D. se comporte avec nous de la même manière que nous nous comportons avec notre entourage.
C’est ce que Yaacov expliqua à Rahel : il avait déjà des enfants, D. pouvait faire naître les douze tribus de Léa, et pour que Rahel participe à ce projet, il fallait qu’un miracle soit opéré en sa faveur. Or bénéficier d’un miracle n’est jamais anodin, il faut le mériter par une conduite exceptionnelle !
Pour que D. opère un miracle, il faut être convaincu qu’Il peut agir sur les lois de la nature sans aucune restriction, donner la pluie en pleine sécheresse, donner la vie dans les circonstances les plus extrêmes. Ainsi, lors de la sortie d’Egypte, seuls ceux qui ont cru en cette délivrance absolument irrationnelle ont été délivrés (et qui aurait imaginé qu’un peuple d’esclaves puisse être libéré du joug de la grande puissance de l’époque, avant de traverser le désert sans provisions et de conquérir la terre de Canaan ?).
Plus que cela : il ne s’agit pas simplement de concevoir la possibilité du miracle, il faut carrément agir en conséquence. Ainsi, lorsque Sarah proposa à Avraham d’épouser sa servante, elle a prouvé qu’elle se soumettait entièrement à la volonté de D., et c’est ainsi que Sarah, à l’âge de 90 ans, a eu le mérite d’avoir un enfant, au point que les anges sont venus annoncer la nouvelle tant elle pouvait paraître incroyable.
C’est ce que D. dit à Avraham : « est-ce que quelque chose est impossible à D. ? ».
De même pour Rahel, Jacob lui conseilla d’agir comme Sarah, en vertu du principe « mida kenegued mida » : si l’on agit avec générosité, quitte à faire violence à sa nature profonde, D. peut en retour aller à l’encontre des lois de la nature qu’Il a Lui-même fixées pour opérer des miracles en notre faveur…
Ce n’est peut-être pas un hasard si parmi les quatre matriarches, la Torah nous relate l’enterrement de Sarah et de Rahel uniquement. Lorsque la Torah évoque l’enterrement de quelqu’un, c’est qu’il y a un enseignement à tirer de sa vie.
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