Notre paracha relate la sortie de l’esclavage d’Egypte, qui est probablement l’épisode le plus connu de l’histoire du peuple juif.
Notre paracha relate la sortie de l’esclavage d’Egypte, qui est probablement l’épisode le plus connu de l’histoire du peuple juif.
La Torah insiste sur l’obligation de se souvenir de cette libération toute notre vie, à travers des dizaines de mitsvot, et même lorsque Hachem Se dévoile pour nous donner la Torah, Il déclare en premier : « Je suis Hachem ton D.
qui t’ai fait sortir d’Egypte ».
Hachem aurait très bien pu nous libérer sans passer par les dix plaies, en détruisant tout simplement les Egyptiens (c’est d’ailleurs ce qui s’est produit avec la dernière plaie et la traversée de la Mer Rouge). Si le processus de libération a été aussi long, c’est qu’il ne visait pas juste à nous faire quitter l’esclavage.
La halakha [[Michna Beroura, chapitre 66, halakha 10.]] nous demande matin et soir de rappeler la sortie d’Egypte, mais aussi de mentionner la mort des premiers nés, la traversée de la Mer Rouge, et enfin la royauté de Hachem. Pourquoi n’est-il pas suffisant de mentionner la libération tout court ?
Notre paracha explique l’objectif des dix plaies : « afin que tu racontes à tes enfants tout ce que J’ai fait en Egypte, ainsi vous saurez que Je suis Hachem ». Bien plus qu’un moyen d’obtenir la délivrance d’Egypte, les dix plaies devaient nous permettre de mieux connaître Hachem. Il nous reste à comprendre de quelle manière.
La Michna enseigne [[Pirké Avot, chapitre 5, Michna 1.]] : « le monde a été créé par dix paroles, alors qu’il aurait pu être créé par une seule parole. Pourquoi ? Pour augmenter le châtiment des impies, qui détruisent ce monde créé par dix paroles, et pour augmenter la récompense des justes, qui maintiennent ce monde créé par dix paroles. »
D’après le Maharal [[Derekh ‘Haim sur cette Michna.]], cela ressemble a celui qui achèterait une maison bien plus cher que son juste prix, comme cela, s’il subit un dégât, il sera d’avantage dédommagé. Mais ceci est faux, il sera remboursé seulement de la valeur du dégât subi ! Pourquoi donc surestimer ce monde du fait qu’il a été créé par dix paroles ? De plus, pour Hachem, il n’existe pas d’effort ni de fatigue, créer le monde par une parole ou bien par dix ne change rien !
Le Maharal explique que le fait que D. ait tout créé par dix paroles démontre que ce monde a une grande valeur, celle que lu confère la présence divine, comme le disent nos Maîtres [[Berechit Rabba, 19, 7.]] « la chekhina se trouve essentiellement dans ce bas monde », et ceci est atteint grâce aux dix paroles de Hachem, car il n’y a pas de chekhina à moins de dix. Il y a donc une récompense plus grande pour les justes et un châtiment plus sévère pour les impies, puisque la chekhina réside dans ce monde.
Toute la création révèle l’omniprésence de son Créateur, comme le proclame à de nombreuses reprises le livre des Psaumes [[Psaumes 19, 146, 147, 148, et bien d’autres.]]. Cependant, il est possible de nier le Créateur et d’interpréter chaque merveille de la création et chaque catastrophe comme un phénomène purement naturel. Il n’y a pas selon cette thèse un D. qui dirige chaque détail de Sa création.
Telle était la conception de l’Egypte à cette époque, ils croyaient connaître les lois les plus profondes de la nature, au point de pouvoir agir sur elle par le biais de la sorcellerie, et de ce fait ils pensaient tout dominer de leur pouvoir.
Lorsque Moché se présente comme envoyé de D. à Pharaon, celui-ci répond [[Chemot, chapitre 5, verset 2.]] : « qui est D. pour que je me soumette à Lui ? ». Malgré les démonstrations [[Chemot, chapitre 7, verset 10.]] de Moché qu’il existe un D. créateur qui contrôle ce monde et peut à tout moment modifier les lois de la nature, Pharaon refuse cette hypothèse, il soutient que lui aussi sait dominer la nature.
Il fallait donc réparer cette falsification [[Maharal, Guevourot Hachem, chapitre 57.]], et pour cela dix plaies étaient nécessaires. Elles servaient à punir l’Egypte, mais surtout à faire connaître la toute puissance de Hachem (« ainsi vous saurez que Je suis Hachem »). En effet, chaque plaie correspond à une parole avec lequel le monde a été créé, c’est-à-dire à une composante de l’omniprésence de D. sur terre.
Par l’intermédiaire de chaque plaie, les choses ont été remises en place, jusqu’à la mort des premiers nés qui compléta le nombre de dix plaies et répara l’omniprésence de la chekhina dans ce monde (les ‘Hakhamim enseignent que le dévoilement complet de la chekhina est précisément intervenu au milieu de la nuit, à la mort des premiers nés). Il a encore fallu le miracle de la Mer Rouge pour que nous reconnaissions tous la royauté de Hachem, comme le dit le verset clôturant la Chira : Hachem yimlokh leolam vaed, « D. régnera à jamais. »
C’est pourquoi en plus de la sortie d’Egypte proprement dite, la halakha demande de mentionner matin et soir la mort des premiers nés et le miracle de la Mer Rouge, ces éléments qui nous permettent de proclamer la royauté de Hakadoch Baroukh Hou sur toute la terre.
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