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Yitro – Le don de la Torah

par: Naftali Lipkin

Publié le 4 Février 2021

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Nous récitons chaque jour parmi les bénédictions du matin :
«ברוך אתה ה’ נותן התורה – Source de bénédiction Tu es Hachem Donneur de la Torah »
נותן התורה- Au présent.
Il y a lieu de se demander : que signifie pour nous aujourd’hui le don de la Torah ?
Les mots de Rav Saadia Gaon sont célèbres :
« אין אומתנו אומה אלא בתורתה – Notre nation n’est nation seulement dans sa Torah ».
Là encore, il y a lieu de s’interroger : qu’est-ce que cela veut dire ? N’avons-nous pas des sources communes ? Des ancêtres même en commun ? N’avons-nous pas une terre que nous partageons ? Quel est le sens d’une telle déclaration ?
Encore une parole, celle du Zohar mentionnée à de nombreuses reprises dans nos livres sacrées : « קודשא בריך הוא ואורייתא וישראל חד הוא- Hachem, la Torah et Israël ne sont qu’un ».
Cela semble bien obscur, comment et en quoi s’unissent ces trois êtres ?
Il est écrit dans le traité de Peah : « אלו דברים שאין להם שיעור וכו’ ותלמוד תורה כנגד כולם – Voici les choses qui n’ont pas de mesure et l’étude de la Torah équivaut à tout le reste».
Le Gaon de Vilna ז »ל explique que chaque mot de la Torah équivaut aux תרי »ג מצוות, aux 613 Mitzvot. Cela semble surprenant. Quel sens y a-t-il à un tel décompte, pourquoi donner une telle ampleur aux mots de la Torah ? Surtout que nos Sages nous enseignent dans le traité Kidouchin:
«גדול תלמוד שמביא לידי מעשה- Grande est l’étude qui amène à l’acte », ce qui laisse sous-entendre que l’ultime aboutissement de la Torah n’est autre que l’acte.
Nous tenterons de donner quelques éléments de réponse à l’ensemble de ces questions.
Comme mentionné auparavant, il est dit dans קידושין : « Grande est l’étude qui amène à l’acte ». Et dans ce sens il est aussi dit dans Avot « הלומד על מנת לעשות נותנים לו ללמוד ללמד לשמור ולעשות-Celui qui étudie à condition de faire, nous lui accordons d’étudier, d’enseigner, de préserver et de faire ». Aussi est-il dit : «לא המדרש עיקר אלא המעשה- La quête de compréhension n’est pas l’essentiel seulement l’acte ». Tout cela va dans un seul sens, notre étude mène vers l’acte- c’est là son but. Cette notion s’impose d’ailleurs d’elle-même : n’est-il pas évident que l’existence d’הקב »ה admise, il nous incombe de connaître Sa Volonté ? Puisque la Torah n’est autre que la révélation de Sa Volonté, il est indispensable de l’appréhender, de l’étudier, ne serait-ce que pour savoir quoi faire.
Il est dit au sujet du Ben Sorer Oumore (l’enfant rebelle)« לא היה ולא עתיד להיות ולמה נכתב דרוש וקבל שכר- qu’il ne sera pas et n’a jamais été, seulement cherche à comprendre et tu percevras une récompense (dans le sens résultat). » D’une part, n’y a-t-il pas suffisamment de notions à apprendre dans notre Torah ? Quel sens y a-t-il à ajouter un sujet entier qui n’arrivera jamais à application ? D’autre part, cela semble contredire l’ensemble des notions que nous avons mentionné auparavant qui semble tendre vers l’étude pour l’acte.
Il est dit dans le Midrach Eikha :
«הלואי אותי עזבו ותורתי שמרו, מתוך שהיו מתעסקין בה, המאור שבה היה מחזירן למוטב-Pourvu qu’ils Me délaissent et qu’ils maintiennent Ma Torah, en s’investissant en elle, la lumière qui est en elle les ramènera vers le bien. » De quelle lumière s’agit-il ? Dire qu’il s’agit de l’explication de la Volonté Divine semble impossible puisqu’après avoir délaissé Hachem, comment la connaissance de Sa Volonté -comme simple information- peut-elle nous ramener à Lui ?
Le רמח »ל dans son introduction Etz Hayim explique une notion fondamentale: L’ensemble des mots de la Torah renferme une lumière, cette lumière n’est autre que la révélation d’Hachem Lui-même. A nos yeux cela passera par la compréhension intellectuelle des notions mentionnées. Mais aux yeux de notre être le plus profond, l’intellectuel n’est qu’habit, il n’est que façade. L’essence du texte n’est qu’une lumière pure.
Cette lumière est notre source de vie, et ainsi nous disons chaque jour «כי הם חיינו ואורך ימינו- car ce sont notre vie ». C’est la nourriture qui ravive notre âme au cœur de l’obscurité.
Une nourriture comme il est dit dans le midrash :
« אין לחם אלא תורה שנאמר לכו לחמו בלחמי- Il n’y a pas de pain autre que la Torah comme il est dit : Allez combattez avec Mon pain. »
Dans un monde d’obscurité :
«עולם הזה דומה ללילה- Ce monde ci ressemble à la nuit. »
Ainsi dit le פסוק explicitement : «כי נר מצוה ותורה אור-La Mitsva n’est que bougie, la Torah est lumière ».
La comparaison à la lumière elle-même suscite l’étonnement- de quoi s’agit-il ?
Cette comparaison est la seule que l’imaginaire peut envisager. La lumière étant l’élément le plus raffiné qui existe sur Terre, nul autre n’aurait pu représenter l’ampleur de l’influence et du bienfait que prodigue la Torah. Sur cette lumière il est dit : « תורה תחילתה גמילות חסדים וסופה גמילות חסדים- Torah à son commencement bonté et à sa fin bonté». La Torah n’est que bonté car elle est source de vie.
Cette lumière a été, et sera la réponse unique et éternelle à la condition humaine. Nul accomplissement ne peut être envisagé sans cette lumière comme l’explique Rav Baruch Ber dans le Birkat Chmuel à la fin du traité de Kiddushin :
« דחיוב של תלמוד תורה שיהיה אצל האיש הישראלי התורה עיקר וחס ושלום שלא ידמה שיש עוד השכלה והשלמה אנושיות »
De l’obligation de l’étude de la Torah, qu’elle soit chez l’homme d’Israël principale et pourvu qu’il ne s’imagine pas être une autre intellection ou accomplissement à la condition humaine»
L’accomplissement de l’homme ne peut se réaliser que et uniquement que dans notre Torah- il en va des fondements de notre obligation d’étudier. Car la Torah ne représente pas seulement une réalité intellectuelle pure visant à expliciter la Volonté Divine. C’est aussi une force lumineuse qui s’habille dans un ensemble de mots et qui procure à l’homme l’accomplissement et l’aboutissement de son être.
Pour comprendre l’ampleur de cette notion, il nous faut consulter le traité de Ketoubot où il est dit «כל המשתמש באור תורה אור תורה מחייהו וכל שאין משתמש באור תורה אין אור תורה מחייהו – Celui qui utilise la lumière de la Torah, la lumière de la Torah le ravive, et celui qui n’utilise pas la lumière de la Torah, la lumière de la Torah ne le ravive pas »
C’est-à-dire que le mérite de תחיית המתים la résurection des morts n’est réservé qu’à ceux qui étudient la Torah. Car la lumière de la Torah apprise, ravivera et ressuscitera l’âme du défunt. Le Talmud explique par la suite que ceux qui auront participé et contribué au soutien de ceux qui l’étudient auront aussi une part dans תחיית המתים la résurection des morts, dans cette Torah qui est Or (lumière).
Ainsi, explique Rav Israël Salanter z’’l , la notion de בן סורר ומורה vient révéler une réalité indépendante de l’acte-« דרוש וקבל שכר- cherche à comprendre et tu percevras une récompense (dans le sens du résultat). » c’est-à-dire que la puissance de la Torah ne réside pas seulement dans l’application concrète, elle est intrinsèque à l’étude.
Aussi, Rav Israël Salanter précise qu’il est dit dans la Michna de Avot ‘’על מנת לעשות-à condition de faire », et non pas בכדי לעשות-pour faire , c’est-à-dire que l’acte n’est pas posé comme but mais comme forme et structure de l’étude.
Dès lors nous comprenons que chaque homme, chaque Israël peut bénir : « Source de bénédiction tu es Hachem Donneur de la Torah » car cette lumière est permanente et éternelle. Elle se renouvelle chaque jour, à chaque étude, avec chaque personne, dans chaque mot.
Ainsi notre nation n’est nation que dans sa Torah car “elle est notre maintien et notre survie”, mais il y a plus encore.
דרש רבי שמלאי שש מאות ושלש עשרה מצוות נאמרו לו למשה – שלוש מאות וששים וחמש לאווין כמניין ימות החמה, ומאתים וארבעים ושמונה עשה כנגד איבריו של אדם
– Rav Simlai a enseigné “613 Mitsvot ont été dites à Moshe 365 commandement négatifs comme les jours de l’année et 248 commandements positifs comme les membres de l’homme.”
248 membres de l’homme. Dans le Sefer Shaarei Kedusha il est mentionné que שס »ה- 365 fait aussi référence aux 365 גידים – tendons de l’homme.
La structure de la Torah – תרי »ג est symétrique à la structure de l’homme. Chaque mot de Torah éveille une partie, peut-être même l’ensemble de cette structure. Et ainsi dit le Ramhal dans Etz Haim, l’homme et la Torah sont comme deux brasiers qui se font face, qui cachent tous deux une étincelle. L’un est en mesure d’enflammer l’autre d’une flamme inouïe.
«אורייתא וישראל חד הוא – La Torah et Israël sont un. » Car la lumière de la Torah et la lumière d’Israël ne sont que d’une seule et même nature. L’un se reconnaît et se retrouve dans l’autre.
Ainsi notre nation, c’est-à-dire, l’essence de notre nation, et non pas son apparence, n’est nation que dans sa Torah, dans cette essence que nous partageons avec la Torah.
D’ailleurs, de par cette essence, il ne peut plus exister de séparation au sein d’Israël, ils résident seulement «כאיש אחד בלב אחד-comme un seul homme dans un seul cœur». C’est là la façon de recevoir la Torah, révélant ainsi le כח המאחד – force unificatrice, la lumière de la Torah qui est aussi notre lumière.
Ainsi s’éclaire la notion mentionnée plus haut : « תלמוד תורה כנגד כולם – L’étude de la Torah équivaut à l’ensemble des Mitsvot.» Car l’étude de la Torah est perception directe de cette lumière, sans l’habit de l’acte, c’est une union absolue de l’âme de l’homme et de la lumière de la Torah. Cette union équivaut à l’ensemble des Mitsvot, c’est-à-dire des unions passant par l’acte, réunies.
Il est important de réaliser que tout homme d’Israël a le moyen et le pouvoir de s’unir avec cette lumière, תורה אור, qui nous a été confiée il y a de bien nombreuses années au הר סני Mont Sinai, et qui a été portée depuis par nos maîtres et nos Sages. Combien ont-ils été à la transmettre! Combien ont fait vivre et ont vécu à travers elle! Chacun d’entre nous peut décider de faire partie de cet ensemble.
Aussi, il est bon de savoir que l’étude de quelques termes de Torah sera déjà considérée comme un début d’utilisation et de liaison avec אורה של תורה – la lumière de la Torah.
Plus l’effort sera grand, plus le cœur sera pur, plus la lumière sera grande.
ברוך אתה ה’ נותן התורה

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