
Le Midrash Shir HaShirim Rabba introduit le livre de Shir HaShirim par le passage suivant :
שיר השירים זהו שאמר הכתוב על ידי שלמה, משלי כ »ב כ »ט, חזית איש מהיר במלאכתו לפני מלכים יתיצב בל יתיצב לפני חשכים. חזית איש מהיר במלאכתו זה יוסף דכתיב ביה ,בראשית ל »ט י »א, ויבא הביתה לעשות מלאכתו, והלכו כלם לראות והוא נכנס למלאכתו לחשוב השבונותיו של רבו. ר בי פנחס אומר בשם ר’ שמואל בר אבא כל שהוא משמש את רבו כראוי הוא יוצא לחרות. מנין אנו למדין מיוסף על ידי ששמש את רבו כהוגן יצא לחרות לפיכך לפני מלכים יתיצב זה פרעה שנאמר שם ,מ »א י »ד, וישלח פרעה ויקךא את יוסף ויריצהו מן הבור, בל יתיצב לפני חשכים זה פוטיפר שהחשיך הקדוש ברוך הוא את עיניו וסרסו .
‘Shir HaShirim, le Chant des Chants, c’est ce que dit le verset (Mishlé 22,29) « Tu as vu un homme zélé dans son travail, devant des rois il se dressera, il ne se dressera pas devant des gens obscurs », ce verset parle de Yossef au sujet duquel le verset dit (Béréshit 39,11) « Il vint à la maison pour faire son travail ». Tous les gens de la maison étaient allés voir la grande fête d’idolâtrie du jour où le Nil déborde sur la terre d’Egypte et Yossef rentra pour faire son travail, pour faire les comptes de son patron. Rabbi Pin’has dit au nom de Rabbi Shemouel ber Aba : toute personne qui fait le service de son patron comme il faut sort à la liberté, c’est pourquoi devant des rois il se dressera, quel est ce roi ? C’est Pharaon, comme dit le verset (Béréshit 41,14) « Pharaon envoya chercher Yossef et ils le tirèrent du cachot ». « Il ne dressera pas devant des gens obscurs », c’est Poutifar, dont D. obscurcit la vue et qu’il castra.’
Décryptons ce Midrash. Yossef a été vendu en esclave par ses frères. Il se retrouve esclave de Poutifar, un dignitaire égyptien. Un jour toutes les personnes du palais de ce dernier allèrent à la grande fête d’idolâtrie, et Yossef resta pour faire son travail. Les ‘Hakhamim expliquent, et telle est l’explication de Onkelos, qu’il était resté pour inspecter les comptes financiers de son patron. En fait ce jour était un jour férié, il n’avait aucune obligation de travailler. Mais Yossef prenait son travail à coeur. En fait ceci est une anomalie. C’est un esclave, qu’a-t-il à faire des affaires de son maître ? Pourquoi faire du zèle ? Et là est l’articulation du Midrash, et sera la base de l’explication du verset de Mishlé : tu as vu une personne prendre à coeur son activité, quand bien même ne serait-ce pas son propre intérêt, ceci dénote une démarche de quelqu’un qui n’est pas esclave, et qui n’a rien à faire dans la servitude. À terme il fréquentera les rois et sortira de la servitude.
Ce Midrash nous éveille une réflexion sur le salariat. Voir le Ma’hané Ephraïm au premier chapitre des Hilkhot Skhérout Pohalim qui rapporte des discussions entre les Rishonim pour définir est-ce qu’un salarié a un statut d’esclave pour le temps de son contrat ou bien ne serait-il pas acquis à son employeur. Il prouve dans sa conclusion que d’après la plupart des décisionnaires le corps du salarié est acquis à son employeur pour la durée du contrat. Outre les incidences légales que ces analyses impliquent, cela relève un certain drame dans le fait du salariat. En effet le salarié travaille pour une activité qui n’est pas la sienne, c’est un exécutant. Néanmoins notre Midrash nous éveille à une autre perspective. La personne qui porte son coeur à son activité et la fait avec attention, diligence et réflexion démontre par-là qu’il ne se vit pas comme un esclave, mais au contraire atteint une dimension de royauté et sort de la servitude et de la servilité.
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