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Seouda chlichit : une seouda de second rang ?

par: David Guinard

Publié le 2 Septembre 2010

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Certains détails d’halakha peuvent nous sembler anecdotiques. Nous aimerions montrer par cette étude que le moindre détail peut pourtant élargir de façon phénoménale notre compréhension d’un sujet. Les lois du troisième repas shabatique ont déjà été abordées sur ce site par notre ami Yonathan Magnichewer.

Nous voudrions approfondir un point du sujet.

Une différence majeure distingue les deux premiers repas de shabat de la seouda shlishit : les deux premiers repas ne peuvent être accomplis qu’au moyen de pain, ce qui n’est pas le cas pour la troisième seouda. Même pour le Shoulhan Aroukh qui est de l’avis qu’il faut a priori y consommer du pain, quelqu’un qui ne l’aurait pas fait (par exemple parce qu’il n’a pas suffisamment faim, ou bien la veille de Pessah comme le précise Rabbi Moshe Isserles) se rend tout de même quitte de cette seouda. Je vous renvoie à l’article de Yonathan M et au Shoulkhan Aroukh Orah Haim 291:5.

Quelle importance me direz-vous ? En pratique, on doit faire attention d’avoir assez faim pour honorer cette seouda avec du pain comme les deux premières. Mais pourquoi ce pain est essentiel pour les deux premières seoudot, alors que la seouda shlishit peut exister sans une miette de pain ? Il semblerait à première vue que cela révèle la moindre importance de cette seouda.
On arrive alors à une contradiction : regardons les 3 tefilot de shabat. Dans la bénédiction du shabat, le texte varie entre maariv, shaharit et minha . Dans Maariv, il est fait mention du shabat berechit, premier shabat de la Création. Dans Shaharit (Yismah Moshe…) on parle du Shabat de Matan Torah (don de la Torah). A minha enfin, le texte fait référence aux temps messianiques (Ata Ehad veshimkha ekhad, Tu es Un et Ton Nom est Un), qui correspondent à un temps qui est entièrement shabatique (Yom she-koulo Shabat). Ainsi, la tefila nous amène à définir 3 temps dans le shabat, suivant une progression qui vient culminer au moment de minha au niveau du yom she-koulo shabat.

Voyons le célèbre verset de Shemot 16 où les Hakhamim voient une allusion aux 3 repas de Shabat dans la répétition du mot Ha-yom (aujourd’hui).

« Mangez le aujourd’hui, car aujourd’hui est un shabat pour Hashem, aujourd’hui vous n’en trouverez pas dans le champs ».

Quel est le contexte ici ? Il s’agit de la première confrontation des Bnei Israel en tant que klal (collectivité) au shabat, et cette expérience du shabat se fait de façon étonnante : il s’agit pour eux de consommer la manne mise de côté depuis la veille, en acceptant de ne pas aller en récolter de nouvelle. On pourrait dire que toute l’expérience de ce shabat est de consommer un aliment, qui est exactement le même que les autres jours, à ceci près que celui qui le consomme sait qu’il date de la veille, et prend donc conscience du caractère particulier du jour (puisque la manne n’est normalement consommable qu’au jour le jour). En bref, le premier shabat du klal Israel est un moment où l’homme exerce son discernement, son daat, dans un acte de nourriture.

Nous proposons maintenant la lecture suivante de la guemara de shabat : le verset cité vient nous apprendre quel est le vécu du shabat pour l’homme : il perçoit la kedousha (sainteté) de ce temps qu’est le shabat en confrontant son daat à la matérialité, ici la manne. Il discerne que cette manne a un statut particulier.
Le troisième temps du shabat correspondant au yom she-koulo shabat, où la connaissance d’Hashem est évidente, le medium du matériel peut disparaître. On dit dans la tefila « Ata Ehad », et il n’y a plus de nécessité de consommer du pain (en tant qu’allusion à la manne).

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