La Thora dit au sujet d’Erets Israël : « Pays ou tu mangeras du pain à discrétion » (Deutéronome 8,9) et « Tu mangeras, tu seras rassasié et tu béniras Hachem ton D… » (Deutéronome 8,10). On apprend de là qu’on a l’obligation de faire le birkath hamazon lorsqu’on a mangé du pain, dès l’instant où l’on est rassasié.
Les H’akhamim, nos sages, ont toutefois institué de faire le birkath hamazon dès un kazaïth consommé (environ 30g). Nos sages ont également institué des bénédictions avant de consommer quelqu’aliment que ce soit. Une berakha pour ceux poussant sur les arbres, et une pour ceux poussant directement dans la terre ou dont les branches sur lesquelles ils poussent se renouvellent chaque année (les légumes et certains fruits). Toutefois les H’akhamim ont institué des berakhoth particulières pour certains aliments, notamment pour les produits des cinq céréales, sur lesquels on fait mezonoth [[Ne pas faire de conclusions hâtives, c’est un sujet en soi]]. Les H’akhamim ont néanmoins donné une berakha particulière au pain du fait de son importance, et également institué de faire netilath yadaïm (se laver les mains) avant de le consommer.
Voilà pourquoi aujourd’hui nous faisons nétilath yadaïm et hamotsi sur le pain, et mezonoth sur les gâteaux, crêpes et autres produits des céréales qui ne sont pas du pain.
Qu’est-ce que Pat Habaa beKissnine ?
La guemara dans le traité Berakhot (41b) parle d’une sorte de pain, fabriqué d’une façon particulière, qui s’appelle Pat Habaa beKissnine. Nous pourrions traduire cela par : le pain qui vient dans des Kissnine, ou le pain qui vient sous forme de Kissnine. Ce pain (Pat signifie pain, mais en l’occurrence il s’agit plutôt de gâteau) est mezonoth. La raison en est qu’on ne le mange pas en général pour se nourrir véritablement, mais plutôt pour grignoter ou pour le plaisir ; il n’a donc pas l’importance qui est à l’origine de la berakha particulière du pain.
Il y a trois avis différents quant à la nature de Pat Habaa beKissnine.
1) D’après Rachi les Kissnine sont des grains grillés qui sont bons pour le cœur (cela signifie qu’ils sont forts). On les apportait à table à la fin des repas (après avoir fait birkath hamazon) avec du pain, qui n’était donc là que pour les accompagner. D’après Rachi, Kissninese traduit donc par : « le pain qui vient avec les Kissnine. Ce pain est malgré tout fabriqué d’une façon particulière. D’après Rachi, et Rambam le rejoint sur ce point, c’est une pâte qui a été pétrie avec du miel, de l’huile, du lait ou dans laquelle on a mélangé toutes sortes de condiments. Puis qu’on a cuite. Ce qui pour Rachi se comprend parfaitement, en effet, pour atténuer la force des grains grillés, il fallait un pain plutôt sucré ou ayant un goût particulier.
2) D’après Rabbénou H’ananel, le Aroukh, le Rachba et le Tour, il s’agit d’une pâte classique à laquelle on donne une forme de poche dans laquelle on met du sucre, des amandes, des noix ou autres. Mais si on y met des aliments qui servent d’habitude lors des repas tel que de la viande du poisson ou même du fromage, ces pains auront le statut du pain normal. Selon eux Kissnine se traduit par : Le pain qui vient sous forme deKissnine. Le mot Kissnine n’étant pas très éloigné du mot Kisse qui signifie « poche ».
3) Enfin, d’après Rav Haï Gaon, il s’agit d’une pâte qui, même si elle n’est faite que d’eau et de farine, est cuite de façon à donner un pain extrêmement sec.
Dans les trois cas on fait sur ce pain mezonoth et al hamih’ia [[Rachi pense qu’on ne fait que Boré Nefachoth comme sur le riz. En effet Rachi considère que même par rapport à du mezonoth classique, le Pat Habaa beKissnine perd de l’importance car on ne le mange qu’en toute petite quantité. Son avis n’est pas suivi dans la halakha]].
Je vous propose de voir, dans un premier temps, le texte de la Guemara qui s’exprime au sujet de Pat Habaa beKissnine, puis comment les Richonim le comprennent ; et enfin les conclusions des Ah’aronim sur le sujet.
La Guémara :
Guémara Berakhot 42a: (En gras le texte de la guémara, et en italique le commentaire tiré des explications de Rachi).
Rav Houna mangea 13 pains -de Pat Habaa beKissnine – dont 3 d’entre eux font un kav, -un kav étant l’équivalent d’un volume de 24 œufs, cela fait un total de 104 œufs- et ne fit pas de berakha -birkath hamazon d’après Rachi-. Rav Nah’man lui dit : « mais c’est un vrai repas!!!. » -Cela sous-entend qu’il aurait dû faire birkath hamazon. Rachi pense que si Rav Nah’man ne s’étonne pas du fait que Rav Houna n’ait pas fait Hamotsi, c’est qu’il suppose qu’au moment ou il a commencé à manger, Rav Houna n’avait l’intention que de grignoter , et donc il est normal qu’il n’ait fait que mezonoth. Par contre une fois atteinte la quantité sur laquelle les gens basent leurs repas il doit faire birkath hamazon. Et Rav Nahman de continuer- Et le principe est : Tout ce sur quoi les gens basent leurs repas appelle une berakha.
Rav Yéhouda s’occupait de son fils dans la maison de Rav Yéhouda fils de H’aviva -expression utilisée par la guemara pour nous dire qu’il le fiançait, probablement à la fille de Rav Yéhouda bar H’aviva- on emmena devant eux –devant tous les gens présents- du Pat Habaa beKissnine. Il les entendit -Rav Yéhouda entendit les convives- faire hamotsi. Il leur dit : « C’est quoi ces « tsi tsi » que j’entends ? Vous ne seriez quand même pas en train de faire hamotsi ? » Ils lui répondirent : « Si ! Comme il est enseigné dans une Beraïta : « Rabbi Mouna dit au nom de Rabbi Yéhouda : « Pat Habaa beKissnine il faut faire dessus hamotsi »; et Chmouel a dit que la Halakha est comme Rabbi Mouna. Rav Yéhouda leur répondit : « la halakha n’est pas comme Rabbi Mouna ». -Et donc il ne faut pas faire Hamotsi sur Pat Habaa beKissnine mais bien mezonoth; ne perdez pas le fil !- Ils lui répondirent : « pourtant c’est toi-même qui a dit au nom de Chmouel -son maître- que des petits pains -que la guemara assimile au Pat Habaa beKissnine et qui sont mezonoth- peuvent servir pour érouvé th’oumine -procédure qui permet le chabbat en déposant un repas (ou en l’occurrence des petits pains) à un endroit , de se déplacer de plus de (environ ) 1150m au-delà des dernières maisons de la ville-, et on fait dessus hamotsi !!! » Rav Yéhouda leur répondit : « C’est différant là-bas où il s’agissait de baser son repas dessus. -Confirmation de ce que disait Rav Nahman au début du texte, que lorsqu’on base son repas sur du Pat Habaa beKissnine il faut faire hamotsi et birkath hamazon-.
Les Richonim
Voyons maintenant les Richonim.
Le Rif (Rav Ytsh’ak Elfassi– 1013/1103) explique que la remarque de Rav Nah’man à Rav Houna est à comprendre de la façon suivante : « monsieur a encore faim ?! ». C’est à dire : « tu n’as pas fait birkath hamazone en pensant que le fait que tu aies encore faim indiquait que pour toi ça ne s’appelle pas encore « baser un repas sur du pain ». Or le principe est que si tu as mangé la quantité sur laquelle les gens basent d’habitude leur repas, tu dois faire birkath hamazone, [et si tu as mangé une quantité sur laquelle les gens ne basent pas leur repas, tu ne dois pas faire birkath hamazone]. Rabbénou Yona (commentaire du Rif) [[Dans le traité Berakhot sous le nom de Rabbénou Yona se cachent en réalité ses élèves]]. explique que si le Rif rajoute la partie entre crochets, que Rav Nah’man n’a pas dit, c’est que le Rif pense que s’il mange moins que la quantité sur laquelle les gens basent leur repas, même si lui base son repas dessus, il ne doit pas faire birkath hamazone. En conclusion le Rif dit : « Si on mange du Pat Habaa beKissnine par plaisir ou pour grignoter, on fait mezonoth, et si on le mange en tant que repas, il faudra faire motsi et birkath hamazone ».
Rambam (1134/1204) dit (3e chapitre des lois des bénédictions) que bien que ce soit du pain, on fait mezonoth sur Pat Habaa beKissnine, et que si on base son repas dessus on fait hamotsi. Le Kessef Michné (commentaire de Rambam) dit que c’est ce que l’on voit dans la guemara. En effet celle-ci dit que si Rav Yéhouda a dit qu’il fallait faire hamotsi sur Pat Habaa beKissnine, c’est qu’il s’agissait de baser son repas dessus. Mais la guemara dit aussi que bien que Rav Houna, lui, ne considérait pas avoir fait un repas (malgré la quantité astronomique qu’il avait ingurgitée), le fait qu’il ait atteint la quantité sur laquelle en général les gens basent leurs repas l’obligeait à faire birkath hamazone quand même.
Le Tour (Rabbi Yaakov ben Acher (Env 1280/1340), il est le fils du Roch.) reprend les idées du Rif et de Rambam et y ajoute ce que dit son père, le Roch, à savoir que si au début il avait l’intention d’en manger moins que cette quantité, qu’il a fait mezonoth, et qu’il a finalement dépassé cette quantité, il doit faire birkath hamazone, et ce bien qu’il n’ait pas fait hamotsi au début.
Le Choulh’an aroukh, reprenant à peu de chose près les mots du Tour, dit que s’il mange la quantité sur laquelle les gens basent d’habitude leur repas, il doit faire hamotsi et birkath hamazone ( ce qui semble finalement être dit explicitement dans la guemara). Qu’il soit rassasié ou pas ! Il dit également que si au départ il avait l’intention de n’en manger qu’un peu, qu’il a donc fait mezonoth, et que finalement il a atteint cette fameuse quantité, il doit faire birkath hamazone, et ce bien qu’il n’ait pas fait motsi. Et finalement, que s’il n’atteint pas la quantité sur laquelle les gens basent leur repas, même si lui base son repas dessus il ne fait que mezonoth et al hamih’ia.
Le Choulh’an aroukh se prononce également sur les avis concernant la nature de Pat Habaa beKissnine. Il faut bien comprendre l’importance de ces trois avis les uns par rapport aux autres. Si on penche, par exemple, plutôt comme Rambam, à savoir que Pat Habaa beKissnine est une pâte qui a été pétrie avec du miel ou autres, avant d’être cuite, cela impliquera peut-être de considérer les deux autres recettes comme étant du vrai pain sur lequel il faut faire motsi même lorsqu’on ne fait que les grignoter. Or le Choulh’an aroukh dit que l’on applique les lois de Pat Habaa beKissnine aux trois différentes natures de Pat Habaa beKissnine.
Le Baèr heitev explique que si le Choulh’an Aroukh tranche ainsi, c’est que fondamentalement la berakha de « Boré miné mezonoth » « qui crée des choses nourrissantes » s’applique même au vrai pain. En effet le pain, comme les gâteaux, fait partie des choses qui nourrissent (mazone). Cependant, comme nous l’avons expliqué en introduction, nos sages ont institué une berakha particulière pour le pain du fait de son importance. Or cette bénédiction particulière du pain, elle, ne s’applique pas au gâteaux (et autres mezonoth). Alors lorsqu’on se retrouve dans un cas où on a des difficultés à définir le statut exact de ce que l’on a devant soi, c’est-à-dire pour savoir si ça a l’importance du pain ou pas ; il est préférable de se contenter de faire mezonoth que de faire, à mauvais escient, hamotsi.
Les Richonim, comme vous avez pu le constater, sont grosso-modo sur la même longueur d’onde, et il semble maintenant établi que c’est le fait de « baser son repas » sur le Pat Habaa beKissnine qui va nous obliger à faire motsi et birkath hamazon dessus.
Nous allons maintenant voir dans les Ah’aronim ce qui entre dans le cadre de « baser son repas » et ce qui n’y entre pas. Deux directions ont été prises :
Les Ah’aronim et la Halakha actuelle :
Le Maguen Avraham, commentaire du Choulh’an alroukh, a une lecture inédite de la guemara ; il dit : « Il me semble que lorsqu’il base son repas sur Pat Habaa beKissnine, même s’il mange de la viande ou d’autres choses avec, et que s’il avait mangé ce pain seul il n’aurait pas été rassasié, il fait motsi et birkath hamazone. C’est ce que l’on peut déduire des mots même de la guemara lorsqu’elle dit : « Tout ce sur quoi les gens basent leur repas appelle une berakha ». En d’autres termes, pour le Maguen Avraham, c’est le fait d’utiliser ce mezonoth, en remplacement du pain lors d’un repas, qui s’appelle « baser son repas dessus » et qui le rend motsi. Toutefois en dessous de la quantité de pain que les gens ont l’habitude de prendre pendant un repas cela ne pourra pas s’appeler « l’utiliser comme du pain ».
Lorsqu’il le mange sans accompagnement, s’il atteint la quantité que les gens ont l’habitude de prendre lorsqu’ils n’ont que du pain comme repas, et même si lui ne l’a pas mangé en tant que repas et qu’il n’est pas rassasié, il doit également faire motsi. Dans le cas où il base son repas sur du Pat Habaa beKissnine en le mangeant sans accompagnement mais qu’il n’atteint pas la quantité que les gens prennent lorsqu’ils n’ont que du pain comme repas ; il faudra, pour faire motsi, qu’il soit rassasié et ait au moins atteint la quantité que les gens prennent lorsqu’ils mangent le pain accompagné d’un repas.
Le Kapot temarim pense que la quantité dont parle la guemara est celle fixée par les h’akhamim dans le cadre de érouv, et qu’à partir d’une quantité correspondant à un volume de 4 œufs (230g) (3 œufs seulement d’après certains) cela s’appelle « baser un repas ». Mais qu’en dessous de cette quantité il fait mezonoth et al hamih’ia.
Le Michna Beroura rapporte que certains décisionnaires dont le Gaon de Vilna ne sont pas d’accord avec le Kapot Temarim. Ils pensent que la quantité en question correspond à ce que les gens, en général ont l’habitude de prendre lorsqu’ils se nourrissent de pain. C’est cette quantité qui montre que nous utilisons ce gâteau ou pain mezonoth comme du vrai pain. Il prend alors la même importance que le pain et il devient donc justifié de faire dessus la même berakha que pour le pain. Le Michna Beroura précise toutefois qu’il est bien de faire attention lorsqu’on mange du Pat Habaa beKissnine à ne pas atteindre 230g, au risque d’avoir un doute quant à la berakha à faire.
La plupart des décisionnaires ashkénazes se sont ralliés au Maguen Avraham, et la plupart des décisionnaires séfarades au Kapot Temarim.
Pour les ashkenazim il y a donc deux éléments qui vont faire qu’on entre dans le critère de la guemara qui est « Tout ce sur quoi les gens basent leurs repas appelle une berakha », de façon à devoir faire netilath yadaïm, motsi et birkath hamazon sur du Pat Habaa beKissnine (ou assimilés).
1) Le fait de le manger en remplacement du pain dans le repas. Prenons comme exemple les petits pains mezonoth qu’on trouve dans les repas de mariage ; quoiqu’en disent les personnes bien intentionnées qui ne manquent jamais de prendre le micro pour annoncer, deux points ouvrez les guillemets avec des pincettes : « LES PETITS PAINS SONT MEZONOTH » fermez les guillemets (toujours avec des pincettes), ces petits pains sont motsi puisqu’ils remplacent notre pain pendant le repas. L’intérêt de tels pains est d’ailleurs loin d’être évident et l’on peut se demander pourquoi certains s’obstinent à en fabriquer alors que bien loin de faciliter la vie des gens ils ne font que la compliquer. (Pour sortir de tout safek (doute), mieux vaut de toutes façon faire motsi sur les h’aloth de la table d’honneur). C’est également vrai pour une pizza dont la pâte serait initialement mezonoth, si on en prend juste une ou deux parts pour grignoter, on fait mezonoth, mais si on mange cette pizza comme repas on doit faire netilath yadaïm, motsi et birkath hamazone.
2) Le fait de manger sans accompagnement du Pat Habaa beKissnine: soit on en mange une toute petite quantité, inférieure à celle prise par les gens lorsqu’ils mangent du pain accompagné d’un repas, auquel cas même si on a basé un repas dessus et qu’on est rassasié, on ne fait pas birkath hamazone. Soit on en mange plus que ça, auquel cas si on est rassasié, on fait birkath hamazone.
Le seul cas où il y a un doute étant celui où on en mangerait plus que le volume de quatre œufs sans en être rassasié, mais sans toutefois atteindre la quantité que les gens prennent pour se nourrir (de vrai pain) lorsqu’ils n’ont que ça à manger. (Il reste à évaluer cette quantité, mais c’est en tout cas supérieur à quatre œufs).
Pour les Sefaradim un seul critère sera pris en compte, c’est celui de la quantité. En effet d’après le Kapot Temarim la quantité de trois ou quatre œufs (selon les avis), est la quantité de pain sur laquelle on « base un repas ». Ce qui signifie que si nous en consommons moins de trois œufs, même si nous basons notre repas dessus et que nous sommes rassasiés, il ne faut faire que mezonoth et al hamih’ia. Si nous en consommons entre trois et quatre œufs (situation à éviter si possible), au titre du doute il ne faut faire que mezonoth et al hamih’ia. Enfin si nous en mangeons plus que quatre œufs, même si nous ne basons pas notre repas dessus, il faut faire netilath yadaïm, motsi et birkath hamazone. Il est important de remarquer que d’après le Maguen Avraham qui dit que le Pat Habaa beKissnine s’additionne avec les autres aliments du repas, on aurait pu imaginer que s’il n’a pris que l’équivalent d’un volume de deux œufs de Pat Habaa beKissnine mais qu’avec le reste de son repas il atteint quatre œufs, il ferait motsi et birkath hamazone. Mais le Kaf Hah’aïm rejette le Maguen Avraham et pense qu’en aucun cas les aliments ne s’additionnent avec le pain et que donc pour devoir faire motsi il faudra manger trois ou quatre œufs de Pat Habaa beKissnine seul.
Il me semble intéressant de remarquer qu’il ressort du langage employé par le Michna Beroura qu’encore à son époque (fin 19e siècle, début 20e) la quantité de pain que les gens prenaient dans un repas était bien supérieure à 230g (rappelons qu’une baguette fait 250g). Mais Rav Moché Feinstein dit dans le Igroth Moché qu’aujourd’hui cette quantité est peu importante. Par le passé les gens mangeaient tous leurs plats avec du pain, alors que de nos jours, nous ne mangeons que de petites quantités de pain pendant le repas. Rav Moché Feinstein prend comme exemple les petits pains des repas de mariage (décidément), et dit que dans le cas de ces petits pains, si on ne veut pas en manger (et donc ne pas faire motsi) pour ne pas avoir à attendre le zimoun, (birkath hamazone collectif à partir de trois personnes qui mangent ensemble, qui a souvent lieu très tard lors des repas de mariage) il ne faudra pas, pendant le repas, en manger ne serait-ce qu’une petite quantité en faisant mezonoth dessus, car même avec une petite quantité ce serait déjà l’utiliser comme du pain.
L’aspect halakhique de cet article m’a poussé à faire appel à des Rabbanim pour savoir ce qu’ils diraient à quelqu’un qui viendrait leur poser des questions sur Pat Habaa beKissnine. Et là, surprise ! Certains Rabbanim Séfarades ont adopté l’avis du Maguen Avraham et pas celui du Kapot Temarim. Sur le conseil d’un de ces Rabbanim j’ai consulté le « Beith Menouh’a » de Rav Yéhouda Chmouel Ashkénazi (1780/1849) (qui, comme son nom ne l’indique pas, est Sépharade) qui tranche comme le Maguen Avraham. Je suggère donc au lecteur Séfarade de poser la question à son rav. En effet de l’Irak au Maroc en passant par la Tunisie, l’Algérie, l’Egypte et la Turquie, les décisionnaires n’ont pas tous tranché la halakha de la même façon.
[[J’ai voulu vous faire partager l’étude d’un texte de la Guemara, mais je n’ai pas abordé l’autre aspect de Pat Habaa beKissnine formé notamment des critères de densité de la pâte et du mode de cuisson. Ces critères ont néanmoins une importance capitale pour pouvoir définir ce qui est assimilable au Pat Habaa beKissnine et ce qui ne l’est pas.]]
Élie de Paris –
Que faire de tranches de ‘hallah recuites au four, façon cracker, qu’on a recyclées et moulues au mixer dans une soupe, par exemple ? Ou bien réduite en chapelure pour panner des shnitzel.,ou volumiser des boulettes, celles qui accompagnent les couscous tunes? Et que deviennent les statuts de ces aliments ?
Compliqué.