Les Raisons à l’énumération des lieux de pérégrination des enfants d’Israel dans la Parachat Massé’ par Mme S.Scetbon.
par: Rav Gerard ZyzekLes Raisons à l’énumération des lieux de pérégrination des enfants d’Israel dans la Parachat Massé‘ par Mme S.Scetbon.
« Voici les déplacements des enfants d’Israël qui sont sortis du pays d’Egypte selon leurs légions, sous la main de Moîse et Aaron, Moîse consigna leurs départs selon leurs déplacements sur l’ordre de D. , et voici leurs déplacements selon leurs départs,,, »( Bamidbar, chap 33, 1),
Suit alors l’énumération détaillée des déplacements des Bné Israël de leur sortie d’Egypte jusqu’à l’arrivée au bord du Jourdain précédant leur entrée en terre d’Israel,
On peut aisément comprendre la valeur historique et géographique du rappel du chemin parcouru, mais le Rambam nous éclaire d’une manière supplémentaire sur l’utilité de ce récit en nous faisant connaître un principe fondammental dans le Guide des égarés III,50 : » Sache que chaque fois que tu trouves dans la Torah un récit quelconque, il a nécessairement une certaine utilité pour la Torah, soit qu’il confirme une des idées fondammentales de la Torah, soit qu’il nous enseigne une certaine règle de conduite, afin qu’il n’y ait entre les hommes ni violence réciproque ni injustice, »
Le Rambam attribue à ce récit une importance primordiale, « ils se font d’ailleurs sur ordre de D. » c’est le fondement et la légitimité de tout le récit,
Pour la génération du désert contemporaine des miracles de D., nul besoin de les persuader, mais D. savait qu’il arriverait une époque où on les mettrait en doute, les hommes compareraient alors le désert traversé par les Bné Israel à celui des Bédouins, à proximité des villes, avec des puits et offrant la possibilité de cultiver.
Le Midbar des Bné Israel pour sa part était un espace où régnaient les serpents venimeux, les scorpions et la sécheresse ( « ce désert où il y a des serpents brulants et des scorpions , lieux arides et sans eau » Deut VIII,15 ) » cette région inhabitée et inhabitable » (nbre XX,5 ) ,
En reprenant l’itinéraire et les lieux par leurs noms, on apprécie le caractère laborieux du périple, et combien fut grande la bonté de Hachem pour leur permettre d’y survivre.
De nombreux commentateurs ont suivi la démarche du Rambam, en nous apportant d’autres raisons pour justifier l’utilité de l’écriture exhaustive des déplacements,
Rav Itshak Karo (15èmè siècle ) dans ses drachots « Toldot Itzhak » rapporte plusieurs raisons mentionnées en partie par le Rambam pour mettre en lumière la miséricorde divine: » La Torah écrivit tous les déplacements ici afin de nous éviter de croire que les enfants d’Israël ont passé 40 ans d’errance dans le désert, voyageant d’une halte à l’autre sans aucun répit, Il n’y a en fait que 42 voyages desquels on soustrait les 14 déplacements de la première année avant le décret d’errance plus 8 déplacements effectués après la mort d’Aharon dans la 40eme année » ( ceux là ayant pour ojectif l’entrée en Israel donc ils ne rentrent pas dans le cadre de la punition ) », il ne reste que 22, »
le peuple a donc joui de longues periodes de répit. Ceci nous enseigne que même pendant que s’exerçait la sanction, la miséricorde divine en a allégé les modalités,
Si la miséricorde divine s’exerce en donnant du répit aux Bné Israel, il n’en demeure par moins que leur comportement n’est pas neutre: Rabbi Yitshak Karo reprend les enseignements de Rabbenou Behayé ben Asher (13ème siècle ) qui dans son commentaire établit un parallèle entre le nom des stations des Bné Israël dans le désert et leur comportement au cours de ces pérégrinations, il nous enseigne que : …’Tout se fonde sur une logique, Pour cette raison, les voyages sont énumérés par leurs noms qui révèlent que tout dépend de la relation qu’entretient Israël avec D. .’
‘Lorsqu’ils se conformaient à la volonté divine, devenant aussi méritants parce qu’ils s’affranchissaient de leur mauvais dessein et s’attachaient à de bonnes résolutions, la miséricorde divine qui s’exerçait sur eux redoublait et assurait leur protection et c’est pourquoi : « ils campèrent à Mitka ( douceur),ou à la montagne de Shafer »beauté », Lorsqu’ils se comportaient mal étant animés de mauvaises pensées, la rigueur divine qui les accompagnait s’éveillait contre eux pour leur infliger une sanction, c’est pourquoi : »ils campèrent à Harada ( terreur) à Dofka ( cognées) à Mara (amer).’
Le rappel de chaque étape devait leur remémorer ce qui leur était arrivé afin de les inciter à bien se conduire et à éviter le péché ( Rabbi Yaakov Yitshak Halevy Horowitz), plus encore Rav S R HIRSH rapporte qu’à chaque fois que D. ordonne aux bné Israel de prendre la route c’est dans le but de les faire progresser,
Au delà de ces raisons, la répétition dans le verset « Voici les déplacements des enfants d’Israël… selon leurs déplacements sur l’ordre d’D. , et voici leurs déplacements selon leurs départs… »( bamidbar, chap 33, 1), constitue pour Rabbenou Be’haye une allusion à la délivrance future: l’emploi du terme « Motzahéhem »( de la racine « sortir ») à deux reprises nous renvoie d’abord à la sortie d’Egypte et la seconde fois à notre sortie du présent exil,
Les paroles des prophètes témoignent:
Le texte mentionne une seconde fois le départ comme il est dit dans Yishaya ( Yishaya 11,11) : En ce jour là H étendra une seconde fois la main pour reprendre possession du reste de son peuple, qui aura échappé à l’Assyrie, à l’Egypte, à Patros , à Kouch, à Elam à Sennaar; à Hamat et aux iles de la mer,
Mikha (Mikha 7,15) rapporte « oui, comme à l’Epoque de la sortie d’Egypte je te ferai voir des prodiges » : les pérégrinations sont rapportées en détail car elles préfigurent l’avenir d’Israel. Yehezkel ( Yehezkel 20,35) : »Et je vous amènerai au désert des peuples »: il annonce que D. les conduira dans le désert des peuples et que les bné Israel y camperont, D. les guidera et les nourrira comme il le fit à la sortie d’Egypte.
Comme le rapporte Rabbi Avraham Sebbah (15éme) siècle, dans son commentaire de la Torah « Tseror Hamor » le rappel des déplacements a pour but de nous donner du courage et d’insufler en nous la confiance en une délivrance future »
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