Les Hakhamim font remarquer la différence de formulation dans les psoukim de la Mitsva de Moussaf : pour toutes les fêtes, il est écrit והקרבתם , alors que pour Rosh Hashana il est écrit ועשיתם. À cette différence de langage, les Hakhamim donnent une explication : Hashem dit : «Dès lors que vous vous êtes présentés devant moi pour le jugement, vous pouvez être considérés comme une nouvelle création » C’est ce qui justifie le mot ועשיתם.
Le Pahad Ytshak remarque : c’est une qualification que l’on trouve à propos de Roch hachana mais pas de Yom Kippour : c’est donc que cette qualification n’est pas liée à la Techouva, mais à une dimension propre à Rosh Hashana.
Rav Hutner explique : il existe deux dimensions dans le Hessed que Hashem prodigue. Il y a le Hessed dans la gestion du monde, la façon de gérer le monde qui place la bonté comme vecteur directeur, חסד ההנהגה : , c’est gérer les éléments existants du Monde avec bienveillance, ce que l’on transcrirait, au niveau de l’homme considérer et vouloir le bien d’autrui . Et il y a un Hessed d’Hashem, qui précède ce premier, le Hessed qui motive la création. חסד ההתהוות , la volonté de voir autrui naitre, être habité par l’urgence de faire du bien au point de désirer qu’il y ait autre chose que nous et par conséquent créer.
Après que l’homme a fauté, il y a une rupture dans la relation à Hashem : il n’est plus possible de considérer recevoir le bien d’Hashem , dès lors que nous nous en sommes séparés. Le חסד ההנהגה n’a plus de place.
Le lien avec Hashem peut-il être reconduit ?
Rav Hutner explique : חסד ההתהוות , l’élan généreux qui appelle à la création, est là , qui appelle à la re-création de l’homme.
La journée de Roch Hachana est le jour où cet élan a entraîné la création du Monde ; il est le jour où la re-création est possible, le jour où l’individu est invité à la re-création.
Toute la démarche de Téchouva est sous-tendue par cette possibilité qui n’est possible que grâce au חסד ההתהוות . Ce qui va se passer le jour de Yom Kippour est précédé de ce qui se passe à Rosh Hashana, une possibilité de re-création.
C’est ce qui se passe à l’échelle d’Hashem qui reprend la création en ce début d’année. Mais c’est aussi ce que l’homme doit entrevoir pour lui-même.
Le passouk invite : ועשיתם . Faites, créez!
Lorsqu’un homme se trouve dans l’impasse de l’imbroglio de ses actes-pensées-sentiments, qu’il ne trouve pas d’issue à ce mal-être, il est invité à se ré-inventer.
Cela ne va pas de soi : l’homme s’identifie avec ses travers qui sont souvent aussi ses qualités selon les circonstances, il est habitué aux actions, mais aussi à l’état d’esprit dans lequel ses actions le conduisent, à la position sociale dans laquelle cela le place.
Changer, c’est aller vers l’inconnu. C’est faire le grand saut.
Même lorsque le changement est désiré, et même lorsqu’il y a souffrance dans l’état actuel des choses, s’arracher à ce qui a l’air de nous définir, est un obstacle.
Il faut une grande dose de confiance.
Il faut une grande dose d’amour.
חסד דהתהוות pour l’homme aussi , élan courageux vers un autre soi.
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