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Pekoudé – Pauvre table…

par: Jaqui Ackermann

Publié le 15 Mars 2024

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Pauvre table

Il semble que la table et ses pains aient moins de chance que le candélabre. D’abord, on change les 12 pains qu’une fois par semaine, alors qu’on allume le candélabre tous les soirs. Puis, l’huile nécessaire à l’allumage est citée dans les parachiyoth de : Térouma, Tétsavé, Vayakhél, Pékoudé, Emor, et Béha’alothekha. Alors que la farine nécessaire aux 12 pains est citée une seule fois, dans Emor. On pourrait objecter que la table a une supériorité : il y a 12 pains alors qu’il n’y a que 7 lampes. Et sur la table il y a deux cuillers d’encens qu’on brûle sur l’autel le chabath, chaque fois qu’on change les pains. Il est difficile de tout comparer et de tout expliquer, les fonctions de ces deux ustensiles ne sont pas comparables. Malgré cela, le texte laisse penser qu’il y a lieu de les mettre en parallèles puisque physiquement, ils sont parallèles : le candélabre du côté sud, et la table du côté nord. Les textes disent clairement que le candélabre représente (entre autres) le flux d’une sagesse que D. nous envoie, et la table le flux d’une bénédiction matérielle. La lumière est moins matérielle que la farine. Le pain représente toujours la subsistance matérielle, et la lumière, la clairvoyance. La subsistance peut être donnée pour un temps : la nature ne donne pas tous les jours ses produits, ils viennent par cycle. Le chabath, jour de bénédiction, relance le cycle, d’une certaine manière. La vie de l’esprit, de la sagesse, nécessite un fonctionnement permanent et quotidien. Contrairement à des repas qu’on peut resservir quelques fois plusieurs fois de suite, on n’aime pas réviser, revoir plusieurs fois les mêmes choses, on a besoin de nouveauté, tous les jours, quand il s’agit du mental. C’est pourquoi l’allumage est quotidien. Ce qui revient une seule fois par semaine doit être plus consistant que ce qui vient quotidiennement, mais on n’est pas obligé d’en parler tout le temps. C’est aussi une leçon pour chacun : combien et comment investir pour son esprit et sa sagesse, et combien pour son pain…

Deux séries

Le texte décrit dans Vayakhél la fabrication du tabernacle. Puis on décrit dans Pékoudé la fabrication des habits sacerdotaux. Une des différences entre la fabrication des ustensiles et celle des habits est que pour la première, il n’est pas dit : comme l’a ordonné D. à Moché. Alors que pour les habits, il est dit pour la confection de (presque) chaque habit : comme D. l’a ordonné à Moché. Une des différences entre les ustensiles et les habits est que les ustensiles ont des mesures précises qui sont prescrites par D., alors que les habits sont faits pour les prêtres. Dans ces conditions on ne peut pas donner de mesures précises, les mesures seront les mesures des prêtres mêmes. Cela peut expliquer pourquoi la précision du texte : même si la mesure n’est pas donnée par D., cela est confectionné exactement comme D. l’a ordonné. On peut ajouter à cela que la destination des habits est plus marquée que celle des ustensiles, puisqu’on les identifie déjà, à la confection, à ceux qui les porteront. Le fait qu’ils conviennent au prêtre est déjà un pas vers son utilisation, et on peut dire à ce propos que cela est conforme au projet. Ce n’est pas le cas des ustensiles, car on ne sait encore rien sur eux quant à leur conformité par rapport à leur destination. Ce n’est que lorsqu’on apporte l’ensemble des ustensiles à Moché qu’il « voit », lui, leur conformité par rapport à leur destination.

Pour en finir avec des idées fausses

La thora n’est pas un journal historique ou une encyclopédie. C’est un livre prophétique, qui possède ses propres règles d’écriture, qu’on ne peut pas imaginer soi-même si on n’est pas prophète, ou si on n’a pas étudié la tradition des règles d’écriture. Quand on ne maîtrise pas ces règles, on finit forcément par dire des bêtises sur le livre. C’est vrai pour n’importe quel ouvrage. On ne lit pas une poésie comme on lit de la prose. Il est important de suivre une voie qui est tracée par ceux qui connaissent vraiment le livre. (Ceux qui n’y croient pas et qui traitent le livre à leur manière, ne nous intéresse pas.) La fin de notre paracha est un bel exemple. Elle décrit l’inauguration du tabernacle qui a eu lieu le premier nissan. Dans le livre de Vayikra, ce jour-là est ce fameux 8ème jour de la paracha de Chémini (chémini = huitième). C’est le jour où Aharone a commencé à servir au tabernacle. Puis dans le livre de Bamidbar, on nous décrit, parachath Nasso, les sacrifices inauguraux des chefs de tribus, les néssi’im, qui ont commencé également ce premier nissan. Ce jour-là est donc repris dans trois livres différents. Est-ce logique ? Pour un livre humain, cela peut ne pas être logique, mais pour un livre prophétique, il n’y a aucun problème à cela. Le texte traite chaque fois d’un autre aspect des choses, et D. a voulu dévoiler chaque aspect dans un autre livre, chaque livre ayant une fonction particulière. Il ne s’agit pas de raconter des événements, il s’agit de transmettre une prophétie, avec tous les aspects qu’elle possède. Nous ne pouvons, nous, juger du bien-fondé de cette division en trois temps. Nous la constatons et nous essayons d’en comprendre les enjeux. Nous avons déjà abordé ce point et expliqué qu’il y a ici trois types d’intervenant. Dans Pékoudé, c’est Moché. Dans Chémini, c’est Aharone. Dans Nasso, ce sont les chefs de tribus. Ce sont trois fonctions. La première fois, Moché est l’acteur principal, qui fait en sorte que la présence divine siège dans le tabernacle. Dans Chémini, c’est le rôle d’Aharone de faire le lien entre le peuple et la présence divine. Enfin, dans Bamidbar, ce sont les représentants du peuple qui se mobilisent pour apporter leur participation à l’événement. Chacun tisse les liens qui lui sont propres avec la situation, et finalement, l’aboutissement de tout ce travail, profitera à tous, chacun ayant œuvré à son niveau.

Où est passé l’argent ?

Un célèbre midrach dit la chose suivante. Lorsque Moché a fait le compte de l’argent récolté, cela fut très simple. L’argent offert n’était autre que les demi-sicles qui avaient été donnés par tout le peuple, les six cent mille personnes. Ainsi, Moché a logiquement attribué cent kikar d’argent aux cent socles des poteaux du tabernacles. Puis il y eut un moment de questionnement : que sont devenus les 1775 sicles restants ? Alors Moché eut un éclair divin : ils avaient servi aux différents accessoires nécessaires à ces mêmes poteaux. Ce midrach est incompréhensible, évidemment, Moché lui-même a donné tous les ordres concernant les fabrications, comment aurait-il eu un trou de mémoire pareil ? L’explication donnée en général est la suivante. La question n’est pas technique. Certes, il est clair que ces comptes étaient nécessaires pour prouver l’honnêteté sans faille des artisans et de tous ceux qui avaient participé. Il y avait une correspondance exacte entre ce qui avait été offert ce qui avait été confectionné. Mais ce n’est pas seulement cela que signifie le texte. Il faut que se correspondent aussi les intentions premières et les intentions finales. Est-ce que ce qui a été offert est bien arrivé à destination, au niveau des intentions profondes ? C’est-ce que Moché voulait savoir. Que les sicles aient servi aux socles, c’est très bien. Ce qui a été offert est à la base des poteaux et soutien l’ensemble de la structure. L’argent késséf, signifie aussi en hébreu désirer (likhssof). Le désir profond du peuple est à la base de la structure, il se concrétise dans la construction. Le problème de Moché concerne les restes : comment D. a-t-il permis à ces sicles d’arriver à destination, s’ils ne se retrouvent pas dans la structure de base ? Alors D. a montré à Moché que même si ce ne sont que, ce qu’on peut appeler des accessoires, ils sont nécessaires à l’ensemble et constituent une part nécessaire et indispensable à l’ensemble, il n’y a pas de différence entre les différentes destinations.

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