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Lecture de la sidra de Bechalah

par: Jaqui Ackermann

Publié le 30 Janvier 2023

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Pourquoi Pharaon se jette-t-il dans la mer ?

Pharaon ne veut pas se laisser berner. On lui a dit que le peuple partira trois jours et pas plus. Rien de plus normal que de leur courir après. Le problème est qu’il ne reste plus grand chose de l’Egypte. Le pays a été envahi par les sauterelles qui ont mangé les récoltes qui n’avaient pas été dévastées par la grêle. Les quelques bêtes qui restent sont celles qui ont été rentrées, et qui n’ont pas été frappées par la peste ou la grêle. Le pays a été envahi par des bêtes et des maladies. Les premiers nés sont tous morts, hommes et bêtes. Les habitants sont sous le choc. Et on leur a pris un bon nombre de richesses. Et on imagine aller faire la guerre ? Se venger ? Une personne, de l’extérieur, aurait-elle trouvé ce comportement logique ? Le verset dit portant qu’il y a une logique : pourquoi laisser partir des esclaves ? Et lorsque la mer se fend, ils imaginent y aller sans que la mer revienne, puisqu’elle est ouverte. Pourquoi reviendrait-elle ? Mais peut-être vous, n’auriez-vous pas été si certains qu’il n’y a aucun risque. Que se passe-t-il donc ? Nous assistons ici à la folie humaine poussée à son paroxysme, que D. emporte dans la tourmente, jusqu’à l’anéantir. On ne peut plus trouver de logique froide, les choses se précipitent, et la logique humaine ne peut pas soutenir la situation. La situation est extrême et D. laisse l’humain aller jusqu’à l’extrême. On ne peut plus discerner, de notre côté, ce qui relève de la logique et ce qui relève de la folie. Il n’y a plus de repères. D. a laissé au départ le libre-arbitre à l’homme, et l’homme n’a pas réagi de manière à rester humain. Il s’est laissé aller jusqu’au bout de ce que l’humain peut réaliser avec le libre-arbitre, il n’a pas reculé, à aucun moment. Alors D., de Son côté, l’emporte dans son propre système, extrême, jusqu’à sa disparition.

On en a soupé …

C’est ce que n’ont pas osé dire ouvertement les Hébreux après quelques mois de consommation de manne. Ils ont voulu manger de la viande. On a l’impression qu’ils n’ont pas tenu très longtemps ! est-ce vraiment si difficile de manger de la manne ? le verset parle effectivement de souffrance. Nos Maîtres disent que c’est difficile de ne pas voir un aliment comme on en a l’habitude. En plus du fait qu’il fallait l’attendre tous les matins, ne pas avoir de provisions n’est pas si agréable. Mais finalement, ils n’avaient pas faim, de quoi se plaindre ? Il ne semble pas si simple de manger dans ces conditions. Nos Sages disent qu’il y avait constamment des changements, en fonction du comportement de la personne. Le juste avait la manne devant la porte, le moins juste devait faire plusieurs mètres, voire plus. Le problème n’est pas tant qu’on mangeait des boules blanches (ou transparentes) tous les jours, mais que cela reflétait aussi sa personnalité, qu’on devait l’accommoder selon ses mérites. Les moins méritants devaient la cuisiner, sinon, on pouvait la manger crue. On ne pouvait pas s’oublier. Aujourd’hui, beaucoup mangent pour se détendre, pour faire abstraction de leur souci, changer d’air. Imaginez que manger devienne un moment de test. On dit au nom du rabbi de Kotsk : ce n’est pas kippour le test, c’est l’après-kippour, comment on mange après le jeûne. Mange-t-on pour oublier qu’on a jeûné ? Ou mange-t-on avec la conscience du jour qu’on vient de quitter ? Imaginez que dès qu’ils mangeaient de la manne, c’était comme nous, quand on mange après kippour, et on est encore probablement loin de ce que c’était…

Chanter la Chira (cantique de la mer)

Qu’y a-t-il d’extraordinaire à avoir chanté ? C’est beau, mais à part ça ? La tradition est qu’il ne s’agit pas (seulement) d’un chant, mais d’une prophétie. Dans ces conditions, la notion même de chant n’a plus tellement de sens. Dit-on qu’un prophète chante quand il prophétise ? Alors pourquoi dire que c’est un chant, disons que c’est une prophétie collective, ce serait plus exact. Force est de dire qu’il y a une dimension supérieure à la prophétie. C’est une réaction personnelle à l’événement, on pourrait dire son enthousiasme, qui permet d’en parler en relation avec D., de le placer par prophétie, dans sa relation générale avec D. C’est cet ensemble qui permet la chira. Le peuple réalise à ce moment ce qu’est l’intervention divine qui a lieu en leur faveur, depuis le moment où ils sont en Egypte, jusqu’à ce moment présent, et ce que cela signifie pour la suite. La perception qu’ils ont ne se limite pas à la traversée de la mer, mais à toute la relation avec l’Egypte qui se rompt grâce à cette traversée. C’est la sortie qui se termine pour eux à ce moment. On ne peut le concevoir que par prophétie, par un regard qui dépasse le moment donné. Ce cantique a été intégré à la prière quotidienne, car il exprime une relation qu’on peut reprendre quotidiennement. Il signifie, entre autres, que chacun peut trouver le goût de cette sortie en relisant ce cantique. Pouvoir dire : « D., Tu me conduis », est d’une telle force qu’il est dommage de s’en priver.

Questions en lien avec les bérakhoth

Doit-on comprendre une bérakha ? Il vaut mieux, évidemment, comprendre chaque mot, mais ce n’est pas indispensable. Il faut néanmoins avoir conscience qu’on n’est pas en train de réciter une formule magique mais une louange à D. avant d’agir ou en réagissant à quelque chose.
Que se passe-t-il si on a sauté quelques mots ? Il est difficile de répondre ici car il y a certains mots indispensables, en particulier dans une bénédiction courte. Mais pour une bénédiction longue, il y aura des mots qui, s’ils sont sautés, n’empêcheront pas d’être quitte. A priori, il faut faire attention à tout prononcer correctement. Le texte a été conçu par nos Sages, qui savaient les composer.
Peut-on faire réciter une bénédiction à un non religieux. ? Quand on le peut, il le faut. Ou tout au moins, il faut lui demander d’écouter ce qu’on récite pour s’en acquitter (il y a des règles sur ce point, trop longues à exposer ici). Néanmoins, s’il la récite, il faut s’assurer qu’il croit en D., de manière que le nom de D. qu’il prononce soit respecté.
A partir de quel âge enseigne-t-on les bérakhoth à un enfant ? Tout d’abord il faut qu’il soit propre, qu’il ne porte plus de couches et qu’on s’assure qu’il est propre au moment où il récite les bénédictions. Il faut également qu’il prenne conscience qu’on ne la récite pas n’importe où et dans n’importe quelles conditions. Puis, il doit non seulement parler correctement mais aussi « comprendre », à son niveau, que la bénédiction s’adresse à D. En général, à 5 ou 6 ans, cela est possible. Il faut prendre aussi garde à ce qu’il ne la répète pas à n’importe quand.
Peut-on prononcer le nom de D. quand on enseigne une bérakha ? Il n’y a aucun problème à cela, même quand on l’enseigne à un adulte, si on ne peut pas faire autrement afin qu’il le prononce correctement.
Existe-t-il des bérakhoth pour tout ? Absolument pas. Il y en a 3 sortes. Celles à dire sur les profits, consommations et odeurs (pas les profits telles qu’une belle musique…). Les bénédictions sur l’accomplissement des mitsvoth. Sur certaines il n’y a pas de bénédictions (comme la tsédaka, le respect des parents, …). Et les bénédictions le plus nombreuses sont celles destinées uniquement à louer D., comme celles de la prière. La amida, le kidouch, et tant d’autres textes ne sont que des bénédictions. Mais il nous est strictement interdit d’en inventer, même si l’intention est de glorifier D. La formule : baroukh atta…, est réservée aux situations que seuls les Sages connaissent.

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