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La Torah des femmes, par Mme Caty Zyzek

par: Caty Zyzek

Publié le 24 Mai 2020

Ce cours est dédié à l’élévation de l’âme de Mi’hal Bat Avraham.
Cette étude est une adaptation du premier chapitre d’introduction du Séfer Ohel Rahel, qui a été écrit par un maître contemporain, le Rav Mena’hem Schlanger, qui vit à Jérusalem.

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Le sujet essentiel de ce Séfer, c’est comment la femme peut accomplir ce qui est attendu d’elle
comme Avodat H. (service spirituel) à travers son quotidien d’épouse et de mère, et en particulier à travers ce qu’on a l’habitude d’appeler « Les Trois Mitsvot spécifiques de la femme juive », c’est-à-dire : Nida (pureté familiale), ‘Hala (prélèvement sur la pâte), et Nérot
(allumer des lumières en l’honneur de Chabat). Et le Rav Schlanger qui a écrit ce Séfer nous enseigne qu’à partir du matériel, on peut saisir le spirituel, מבשרי אחזה אלקה (de ma chair je saisirais D.) (Job 19.26). Du couple, on peut apprendre quelle doit être la relation d’Israël
avec D. et réciproquement comment ce que l’on connait de cette relation entre Israël et D. peut nous permettre d’approfondir et d’embellir notre relation de couple.
Cette étude porte sur l’introduction à la fête de Chavouot dans le ‘Houmach, plus précisément l’introduction à Matan Tora (Don des Tables d’Alliance), que le Rav Schlanger appelle : « Au commencement du lien du mariage entre Israël et D. » Cette étude sera basée
sur le début de ce Séfer Ohel Ra’hel. Le texte et ses commentaires nous sont familiers, et nous allons essayer en nous attachant à la précision du texte du ‘Houmach d’approfondir ce que nous connaissons, et avec l’aide de D. d’en tirer un enseignement rafraichissant, qui
nous donnera des outils pour développer notre Avodat H.
Petit rappel pour situer le texte étudié dans la chronologie des pérégrinations du Peuple Juif : Les Enfants d’Israël sont sortis d’Egypte, ont traversé la mer rouge, chanté la שירת הים (Cantique de la Mer Rouge), reprise par Myriam et les femmes avec des tambourins ; ils commencent un périple dans le désert, il y a plusieurs étapes et toutes sortes de péripéties ponctuées des plaintes des Enfants d’Israël : l’eau amère transformée en eau douce, la manne, le commandement du Chabat, la source d’eau du rocher (מסה ומריבה). La Parachat Bechala’h se termine sur la guerre avec Amalek. Et c’est là que commence ensuite la Parachat Yitro (Paracha du don des Tables d’Alliance) avec la visite de Yitro, beau-père de Moshé, qui vient avec la femme de Moshé, Tsipora, et leurs deux fils Guerchom et Eliézer. Yitro voit Moshé juger le peuple du matin au soir, il donne des conseils à Moshé comment organiser la justice, et Moshé écoute ses conseils et les met en pratique. Et la Tora
nous dit que Yitro s’en est retourné chez lui, Rachi nous dit « pour convertir les membres de sa famille ». Donc Matan Tora, les Guérim sont à l’honneur : Yitro beau-père de Moshé, Tsipora sa femme, et on a lu la Meguilat Ruth, l’exemple de la femme qui s’est attachée au peuple Juif et s’est donc convertie. On est impressionné du fait que c’est deux jours avant Chavouot que Mi’hal nous a été arrachée, ils devaient avoir besoin de ses bons conseils dans la Yéchiva d’en-Haut pour préparer Chavouot.
Nous sommes donc à 6 semaines seulement après la Sortie d’Egypte. Commence alors le chapitre 19 de Séfer Chemot. Relisons les 8 premiers versets pour nous mettre dans le contexte :
V.1

א בַּחֹדֶשׁ הַשְּׁלִישִׁי לְצֵאת בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם–בַּיּוֹם הַזֶּה בָּאוּ מִדְבַּר סִינָי.

Et dans le troisième mois de la Sortie des Enfants d’Israël de l’Egypte, dans ce jour-ci, ils sont venus dans le désert du Sinaï.
בַּיּוֹם הַזֶּה Ce jour-ci, Rachi : « Que les paroles de la Tora soient nouvelles pour toi comme si elles avaient été données aujourd’hui. »
V.2

ב וַיִּסְעוּ מֵרְפִידִים וַיָּבֹאוּ מִדְבַּר סִינַי וַיַּחֲנוּ, בַּמִּדְבָּר; וַיִּחַן שָׁם יִשְׂרָאֵל נֶגֶד הָהָר
Et ils ont voyagé de Refidim, et ils sont arrivés dans le désert de Sinaï, et ils ont campé dans le désert. Et Israël a campé là-bas, הָהָר נֶגֶד en face de la montagne.
וַיִּחַן שָׁם יִשְׂרָאֵל : Israël a campé là-bas, le verbe est au singulier, alors que tous les verbes précédents sont au pluriel. Rachi : « Comme un seul homme, avec un cœur unique », (unis qu’ils étaient par le don de la Tora à venir) « on apprend de là qu’exceptionnellement ils
étaient unis dans cette étape, alors qu’aux autres, il y a eu des disputes et des histoires. » (Le ‘Houmach Rav Peninim fait un commentaire saisissant. Comme à cette étape Moshé Rabbénou n’a pas eu à traiter de conflits, il a pu méditer, et comme on le voit dès les premiers mots du prochain verset, וּמֹשֶׁה עָלָה אֶל-הָאֱלֹקים, s’élever (spirituellement) vers D., (ce qui ne lui avait pas été possible dans les étapes précédentes), et en réponse immédiate, D. l’appelle : וַיִּקְרָא אֵלָיו יְהוָה *
V.3
ג וּמֹשֶׁה עָלָה אֶל הָאֱלֹקים; וַיִּקְרָא אֵלָיו יְהוָה מִן הָהָר לֵאמֹר כֹּה תֹאמַר לְבֵית יַעֲקֹב וְתַגֵּיד לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל.
Et Moshé est monté vers D., Et D. l’a appelé de la montagne en disant : ainsi tu diras à la maison de Yaakov, et tu parleras aux enfants d’Israël.
Et donc Moshé s’est élevé et D. L’appelle et lui dit : כֹּה תֹאמַר, ainsi tu parleras. Rachi nous précise : « בלשון הזה וכסדר הזה dans ce langage et dans cet ordre. » Quel langage et quel ordre ? לְבֵית יַעֲקֹב Rachi nous dit le Midrach : « אלו הנשים, תאמר להן בלשון רכה ce sont les femmes, tu leur parleras avec un langage tendre. » (Me’hilta Chemot 19,3) [כה תאמר ainsi tu parleras de la racine אמר, parle avec douceur] וְתַגֵּיד לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל. Et ensuite tu diras aux Enfants d’Israël. Rachi précise : « עונשין ודיקדוקין, פרש לזכרים דברים הקשין כגידין les punitions et les détails, explicites aux hommes les choses qui sont dures comme des tendons. » [תגיד, tu diras est de la même racine que גידין les tendons]
V.4-6

ד אַתֶּם רְאִיתֶם אֲשֶׁר עָשִׂיתִי לְמִצְרָיִם; וָאֶשָּׂא אֶתְכֶם עַל כַּנְפֵי נְשָׁרִים וָאָבִא אֶתְכֶם אֵלָי.
Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Egypte ; et je vous ai portés sur des ailes d’aigles et je vous ai amenés vers moi.

ה וְעַתָּה אִם שָׁמוֹעַ תִּשְׁמְעוּ בְּקֹלִי וּשְׁמַרְתֶּם אֶת בְּרִיתִי וִהְיִיתֶם לִי סְגֻלָּה מִכָּל הָעַמִּים כִּי לִי כָּל הָאָרֶץ.
Et maintenant si écouter vous écouterez dans ma voix, et vous garderez mon alliance, vous serez pour moi un trésor parmi les peuples car toute la terre est à moi.

ו וְאַתֶּם תִּהְיוּ לִי מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים וְגוֹי קָדוֹשׁ : אֵלֶּה הַדְּבָרִים אֲשֶׁר תְּדַבֵּר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל
Et vous serez un royaume de prêtres et un peuple saint : voici les paroles que tu diras aux Enfants d’Israël. Avant le don de la Tora, Moshé Rabbénou explicite aux Enfants d’Israël quel est l’enjeu de la Tora : ואתם תהיו לי ממלכת כהנים וגוי קדוש, et vous serez pour Moi une royauté de prêtres et un peuple saint. Et en recevant la Tora, les Enfants d’Israël scellent une alliance avec D.
Cette alliance a des conséquences millénaires, nous pouvons le constater aujourd’hui. Un Juif est une référence universelle. Hillel, notre fils de 16 ans nous a même raconté que cela lui est déjà arrivé qu’on lui demande « Etes-vous rabbin ? » Rav Shimshon Raphael Hirsch, dans son commentaire (Beréchit 46.1) (rapporté dans mon livre de recettes) nous décrit ce qu’est une royauté de prêtres et un peuple saint :
« …l’introduction de la Sainteté au sein de la vie quotidienne, la possibilité de « manger et de boire et de voir D. (Shemot Rabba 24,11) », l’idée que les pièces de notre maison soient comme un sanctuaire, que nos tables soient comme des autels, que nos garçons et nos filles soient comme des prêtres, la sanctification de la vie individuelle et quotidienne est l’apport spécifique du judaïsme…. »

אֵלֶּה הַדְּבָרִים אֲשֶׁר תְּדַבֵּר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל
Rachi nous précise « לא פחות ולא יותר, pas moins et pas plus » ne retranche rien et ne rajoute rien.
V.7-8

וַיָּבֹא מֹשֶׁה וַיִּקְרָא לְזִקְנֵי הָעָם וַיָּשֶׂם לִפְנֵיהֶם אֵת כָּל הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה אֲשֶׁר צִוָּהוּ יְהוָה ז
Et Moshé est venu et il a appelé les anciens du peuple et il a placé devant eux toutes ces paroles là que lui avait ordonnées D.

ח ויַּעֲנוּ כָל הָעָם יַחְדָּו וַיֹּאמְרוּ כֹּל אֲשֶׁר דִּבֶּר יְהוָה נַעֲשֶׂה וַיָּשֶׁב מֹשֶׁה אֶת דִּבְרֵי הָעָם אֶל יְהוָה
Et tout le peuple a répondu ensemble et ils ont dit tout ce que D. a parlé nous allons le faire.
Et Moshé a rapporté les paroles du peuple à D.
(Nous ferons et nous comprendrons נעשה ונשמע, paroles incroyables des Enfants d’Israël à D., c’est plus loin dans Parachat Michpatim, Chemot 24.7, c’est un passage complémentaire de Matan Tora)
Reprenons le verset 2. Nous sommes surpris, car Rachi est réputé être un enseignant du Pchat, du sens simple, et il démarre directement avec le Midrach. Il y a d’autres commentateurs qui expliquent ces deux expressions : כֹּה תֹאמַר לְבֵית יַעֲקֹב, וְתַגֵּיד לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל autrement, plus proches du sens littéral. Nous en rapportons deux succinctement.
Rav Yerou’ham Leibovitz :
D. a demandé à Moshé Rabbénou d’adapter son enseignement selon la capacité de l’homme de recevoir des paroles דברים הקשין כגידין. Il a enseigné ces lois à ceux qui avaient la force de les entendre. C’est dans la mesure où un homme a la capacité d’entendre de telles paroles ainsi que les détails et les punitions qu’il peut être appelé איש.
Ohr Ha’hayim Hakadosh :
D. a exprimé deux approches dans une seule parole : אהבה (l’amour) et יראה (la crainte).  לְבֵית יַעֲקֹב : ceux qui ne sont pas dans l’étude constante qui sont dans la crainte, il faut leur montrer l’amour de D. en donnant la Tora. לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל les Talmidé ‘Hakhamim (les érudits en Tora) qui sont proches de D. il faut leur montrer la gravité des Mitsvot. On ne peut pas être négligent dans l’accomplissement des commandements divins. Du fait qu’on se sent dans la
proximité avec D. on risque de se relâcher, alors qu’au contraire D. est particulièrement exigeant avec ceux qui sont proches de Lui.

Revenons maintenant au Séfer Ohel Rahel, qui suit le commentaire de Rachi basé sur le Midrach.

« Nous trouvons donc que la réception de la Torah et toutes les grandeurs qui y sont liées – [c’est-à-dire] « Et vous serez pour Moi, un royaume de prêtres et un peuple saint : se rapportent autant aux femmes qu’aux hommes, car nous avons bien la précision : dans ce langage et dans cet ordre-là, pas moins et pas plus.
Et plus encore car il les a faites précéder (Chemot Rabba 28.2). Mais sur un point, l’enseignement des femmes est différent : « Tu leur diras – dans un langage tendre ».
Quel est donc ce לשון רכה, ce langage doux, tendre avec lequel D. a enjoint de parler aux femmes ? »
Nous allons voir plusieurs formes d’utilisation de ce verbe, de ce mode d’expression, ce qui nous permettra de mieux cerner la signification de לשון רכה (langage tendre).
Nous allons commencer par réfléchir sur les verbes qui sont employés dans le verset 3. Nous avons תֹאמַר, אמירה et וְתַגֵּיד, le verbe employé le plus souvent dans le ‘Houmach et les commentaires est plutôt וידבר, דיבור, dont le sens est très proche : langage sévère, confrontation dure, qui secoue.

Différentes occurrences de אמירה et דיבור :

La différence entre מאמר et דבור: מאמר existe même sans union à celui qui entend le מאמר, mais דבור il y a union (חיבור) entre celui qui parle et celui qui entend. Et donc on dit « ראובן דיבר עם שמעון »; c’est-à-dire que le דבור, les a liés avec le pronom עם, par contre on ne dit pas ראובן אמר עם שמעון, mais לשמעון; ou אל שמעון.
(« שם משמואל », חלק המועדים – ערב יום הכיפורים, תרפ »א בשם בעל האבני נזר

עשרה מאמרות- עשרה דברות
עשרה מאמרות, les 10 paroles par lesquelles D. a créé le monde, et les עשרה דברות, 10 paroles inscrites sur les Tables de la loi, prononcées à Matan Tora. Le monde a été créé par 10 maamarot, 10 paroles : ce sont des « proclamations », des paroles créatrices, qui sont prononcées de la « bouche de D. » Ces paroles s’adressent à toute l’humanité. Tout est en potentiel, en intuition, en généralité, comme on voit chez les nations des dimensions de spiritualité, d’éthique, de philosophie. Tout cela existait aussi pour les Avot, les Pères, comme on dit qu’Avraham, Yts’hak et Yaakov accomplissaient les Mitsvot par leur intuition personnelle.
עשרה דברות : 10 commandements : à Matan Tora, sur les tables de l’Alliance, il y a 10 commandements, le don de la Tora, c’est une dimension effective des Mitsvot, des engagements concrets soumis à l’ordre précis de D. Ces paroles s’adressent à un interlocuteur en attente d’une réponse, d’une discussion.
[On peut poser la question suivante : selon notre tradition Abram accomplissait toutes les Mitsvot de la Tora par lui-même, pourquoi n’a-t-il alors pas fait la Brit Mila (la circoncision) par lui-même ? Nous pouvons répondre qu’il voulait l’accomplir sur un ordre précis de D. et non pas par intuition. Et c’est par la Brit Mila que petit à petit va se constituer le Am Israël, le Peuple Juif qui est formé par le Dibour d’H., la parole de D.]
La première parole par exemple : וַיֹּאמֶר אֱ-לֹהִים יְהִי אוֹר וַיְהִי אוֹר (בראשית א, ג). Et D. a dit qu’il y ait de la lumière et la lumière fut.
אמירה- רצון : La אמירה ici exprime une volonté, un désir, car c’est ainsi la volonté devant D. de créer le monde. On voit la même signification dans les versets suivants :
« מַה תֹּאמַר נַפְשְׁךָ וְאֶעֱשֶׂה לָּךְ » (שמואל א כ ד), מה תרצה ותחפוץ, « וּתְהִי אִשָּׁה לְבֶן אֲדֹנֶיךָ כַּאֲשֶׁר דִּבֶּר ה »; »
(בראשית כד נא), כאשר רצה; כי כן הוא הרצון לפניו. (רמב »ן,שם)
Entre la Création du monde et Avraham Avinou, on voit essentiellement 3 occasions au cours desquelles D. s’est adressé à l’homme, à un interlocuteur, mais il n’y a pas eu de véritable dialogue. -à Adam Harichon (le premier homme) וַיִּקְרָא יְ-ה-וָ-ה אֱ-לֹהִים אֶל הָאָדָם וַיֹּאמֶר לוֹ אַיֶּכָּה : וַיֹּאמֶר אֶת
קֹלְךָ שָׁמַעְתִּי בַּגָּן וָאִירָא כִּי עֵירֹם אָנֹכִי וָאֵחָבֵא (Beréchit 3.10)
Et L’Eternel D. a appelé l’homme et il lui a dit où es-tu ? Et il lui a répondu : j’ai entendu Ta voix et j’ai eu peur car je suis nu et je me suis caché. אַיֶּכָּה où es-tu ? Adam Harichon a une réaction de crainte, il se cache. -à Caïn .וַיֹּאמֶר יְ-ה-וָ-ה אֶל קַיִן אֵי הֶבֶל אָחִיךָ וַיֹּאמֶר לֹא יָדַעְתִּי הֲשֹׁמֵר אָחִי אָנֹכִי : (Beréchit 4.9)
Et l’Eternel a dit à Caïn où est Hével ton frère ? Et il lui a répondu je ne sais pas, suis-je le gardien de mon frère ?
Où est ton frère ? Caïn esquive la réponse : suis-je le gardien de mon frère ? -à Noa’h : וַיֹּאמֶר אֱ-לֹהִים לְנֹחַ קֵץ כָּל בָּשָׂר בָּא לְפָנַי כִּי מָלְאָה הָאָרֶץ חָמָס מִפְּנֵיהֶם וְהִנְנִי מַשְׁחִיתָם אֶת הָאָרֶץ :

וַיַּעַשׂ נֹחַ כְּכֹל אֲשֶׁר צִוָּה אֹתוֹ אֱ-לֹהִים כֵּן עָשָׂה (שם,ו,יג;כ ב
Et D. dit à Noa’h : le terme de toutes les créatures est arrivé devant moi, car la terre s’est remplie, à cause d’eux, de crimes, et donc je vais les détruire avec la terre. (Beréchit 6.13).
Et Noa’h a accompli tout ce que lui avait ordonné D., ainsi il fit. (Beréchit 6.22) Noa’h accomplit la volonté de D. avec אדישות indifférence (apathie).
Ce n’est qu’Avraham l’hébreu qui le premier a une réponse à D. sans équivoque : me voici
וַיְהִי אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה וְהָאֱ-לֹהִים נִסָּה אֶת אַבְרָהָם וַיֹּאמֶר אֵלָיו אַבְרָהָם וַיֹּאמֶר הִנֵּנִי (בראשית כב,א)
« Et ce fut après ces paroles-là, et D. éprouva Avraham et lui dit : « Avraham », et il Lui a répondu « Me voici ».
[Entre la Création du monde et Avraham Avinou, on ne voit pas de dialogue entre un homme et sa femme, c’est seulement entre Avraham et Sara que l’on voit cela. On peut dire qu’Avraham a inventé le dialogue.]
(ע’פ הרב יהודה ליאון אשכנזי, מתוך הספר שומרי הסודות עמ’ 31)

Paroles douces, paroles dures Reprenons Rachi : אלו הנשים, תאמר להן בלשון רכה, כֹּה תֹאמַר לְבֵית יַעֲקֹב : ce sont les femmes, tu leur parleras avec un langage tendre. וְתַגֵּיד לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל. Et ensuite tu diras aux Enfants d’Israël. Rachi précise : עונשין ודיקדוקין, פרש לזכרים דברים הקשין כגידין les punitions et les détails, explicites aux hommes les choses qui sont dures comme des tendons

Sifté ‘hakhamim vient illustrer la démarche de Rachi :

Il donne un exemple pour la différence entre אמירה, langage doux et דבור, langage dur au sujet de Yossef. Quand les frères retournent chez Yaakov après avoir été la première fois en Egypte et rencontré Yossef sans l’avoir reconnu, ils lui racontent : דבר איש אדוני הארץ אתנו קשות, l’homme maître de la terre a parlé avec nous durement : langage dur. Par contre, lorsque Yossef parle ensuite à ses frères après s’être dévoilé, le verbe employé à plusieurs reprises est ויאמר: / ויאמר אליהם יוסף אל תיראו ויאמר יוסף אל אחיו אני יוסף/ ויאמר יוסף אל אחיו גשו נא. Et Yossef leur a dit : n’ayez crainte, et Yossef leur a dit approchez-vous s’il-vous-plait, et Yossef a dit à ses frères : je suis Yossef ». Le verbe employé est ויאמר, il a dit, parole douce.
וידבר ה’ אל משה לאמר « Et l’Eternel a parlé à Moshé pour dire »
On rencontre de très nombreuses fois לאמור dans la Tora, pour dire. Selon le sens simple, cela signifie : adoucir le דבור (la parole) que D. a parlé dans le but d’éclaircir et d’expliquer, de rendre assimilable au peuple selon ce qu’ils peuvent entendre et comprendre des paroles du D. vivant, chacun selon la compréhension de son esprit. (באור שמות הנרדפים,ע »מ מד). Par contre, on trouve une seule fois cette même phrase, mais avec les rôles inversés : וידבר משה אל ה’ לאמר. Et Moshé a parlé à D. avec moult détails. A quelle occasion ? Lorsque D. annonce à Moshé qu’il va mourir, Moshé fait une prière détaillée pour demander (exiger de) à D. de choisir un dirigeant pour le Peuple qui saura expliciter la Tora à chacun selon son niveau de compréhension.

לְבֵית יַעֲקֹב, à la maison de Yaakov, qu’est-ce qui est en allusion dans cette expression ?

Habituellement on explique ce passage ainsi : la part des femmes c’est de parler de la Tora avec un langage doux, des paroles conciliantes et attirantes en montrant le côté bon et agréable, et la douceur de la Toraחִכּוֹ֙ מַֽמְתַקִּ֔ים וְכֻלּ֖וֹ מַחֲמַדִּ֑ים (שיר השירים ה טז). Son palais (son goût) n’est que douceur, et entièrement merveille.

Rabbenou Be’hayyé : D. a ordonné de parler aux femmes en premier pour leur enseigner מוסר ודרך ארץ, la manière de vivre la Tora, le vécu de la Tora, et aussi pour attirer leur cœur à la Tora et aux Mitsvot, et leur enseigner les têtes de chapitres. Et aussi parce que la femme vertueuse est « cause » de Tora car elle peut encourager son fils à se rendre au Beith Hamidrach (à la maison d’étude) car elle se trouve à la maison, et qu’elle a des sentiments profonds et bouleversants pour l’encourager à l’étude de la Tora depuis sa tendre jeunesse pour que même lorsqu’il sera vieux il ne s’en détourne pas. Et c’est pour cela qu’il convient que la femme prie au Saint Béni Soit-il au moment d’allumer les lumières de Chabat, qui est une Mitsva qui lui incombe particulièrement, que D. lui donne des fils qui éclairent par la Tora, car la Tfila (la prière) est plus écoutée au moment de l’accomplissement d’une Mitsva.
Et par le mérite du Ner Chabat qui est lumière elle méritera des fils connaisseurs en Tora qui est appelée lumière, comme il est dit : כי נר מצוה ותורה אור, car la Mitsva est lampe et la Tora est lumière (très longuement développé dans le Ohel Ra’hel, d’où le prénom Néria). (On est vraiment dans אמירה le langage de l’émotion et du cœur).

בית יעקב

Yaakov Avinou est le premier des Avot (Patriarches) à avoir édifié une vraie famille.
Avraham Avinou a eu Ychmaël qui n’a pas suivi sa voie, Yts’hak a eu Essav qui n’a pas suivi sa voie, Yaakov est le premier dont tous les enfants suivent sa voie, c’est la première famille juive. C’est vraiment lui qui représente la maison, le foyer, la famille. Lorsqu’Essav lui propose de faire route ensemble, il lui répond : יַעֲבָר נָא אֲדֹנִי לִפְנֵי עַבְדּוֹ וַאֲנִי אֶתְנָהֲלָה לְאִטִּי לְרֶגֶל הַמְּלָאכָה אֲשֶׁר לְפָנַי וּלְרֶגֶל הַיְלָדִים עַד אֲשֶׁר אָבֹא אֶל אֲדֹנִי שֵׂעִירָה. Que mon maître veuille bien passer devant son serviteur, et moi je cheminerai lentement, au rythme de la caravane qui est devant moi et au rythme des enfants, jusqu’à ce que j’arrive chez mon maitre à Séir. Yaakov s’occupe de sa famille, il respecte son rythme quitte à passer pour un « demeuré ».

C’est sa priorité. Et le résultat est en conséquence. Il édifie une vraie famille. La famille juive est le fondement du Peuple Juif, l’enjeu est de dimension éternelle. A travers les petits gestes du quotidien, le matériel est au service du spirituel, le corps est au service de la Nechama, et sans tambour ni trompette, c’est cela le projet divin, créer un réceptacle pour la royauté divine.
La collectivité du Peuple Juif est formée de toutes ces individualités, de toutes ces familles. (Voir Bamidbar 24.5 la malédiction que Bilam a voulu prononcer contre Israël et qui s’est transformée dans la plus belle des bénédictions. Et tu n’as pas de langage plus tendre que la demande d’accomplir et de montrer que « Quelles sont belles tes tentes Yaakov ») **
Dans l’éducation juive il y a deux domaines : enseigner à l’enfant comment un Juif se comporte, et d’autre part lui accorder de l’amour, de la confiance et du lien. La première partie, c’est essentiellement les hommes qui le transmettent, la deuxième c’est essentiellement les femmes. Elles élèvent les enfants depuis la conception, la grossesse, la naissance, la petite enfance. La maman transmet la chaleur et le souffle de la Tora. Quand l’enfant a un peu grandi, vient son papa et lui enseigne les détails de la Tora, mais sur la base de l’atmosphère que la maman a planté dans l’enfant avec enthousiasme et vitalité.
Les femmes sont appelées בית יעקב car c’est le nom de Yaakov Avinou depuis le jour de sa naissance, et qu’il garde contrairement à Avram, mais « ישראל » c’est le nom qu’il a reçu seulement à une étape bien ultérieure, après qu’il se soit battu contre l’ange. « יעקב » c’est aussi du langage עקב, talon, la base sur laquelle s’appuie tout le corps. Le mari s’appelle « ישראל », ce sont les mêmes lettres que « לי־ראש », il donne des paroles pour la tête, mais sans une bonne base et une approche positive, rien ne rentrera dans la tête.
On peut comparer ces notions à un chant, il y a les paroles et il y a la mélodie. Le papa donne les paroles, et la maman inculque la mélodie. Si on change ou on se trompe dans quelques paroles, il n’arrive rien, mais par contre une fausse note dans la mélodie, c’est vraiment gâché.
Dans cette première partie nous avons vu la différence entre אמירה et דיבור. Nous avons vu que אמירה évoque une parole claire, explicite, qui a une existence par elle-même ; une parole qui s’adresse à l’intuition, qui exprime une volonté ; une parole douce, adaptée à son interlocuteur, qui reflète une affection profonde, de l’émotion, de la tendresse. Dans une seconde partie, nous allons voir en quoi cette notion de אמירה רכה (parole tendre) est une direction d’Avodat H. (service divin) pour toute la vie de la femme.
Grande est la promesse que le Saint Béni Soit-Il a promise aux femmes
Et ils ont dit dans la Guemara Bra’hot 17a :
גדולה הבטחה שהבטיחן הקב »ה לנשים יותר מן האנשים שנא » (ישעיהו לב, ט) נשים שאננות קומנה שמענה
קולי בנות בוטחות האזנה אמרתי א »ל רב לר » חייא נשים במאי זכיין באקרויי בנייהו לבי כנישתא ובאתנויי
גברייהו בי רבנן ונטרין לגברייהו עד דאתו מבי רבנן
« Grande est la promesse que le Saint Béni Soit-Il a promise aux femmes, plus qu’aux hommes comme il est dit : נָשִׁים, שַׁאֲנַנּוֹת קֹמְנָה שְׁמַעְנָה קוֹלִי בָּנוֹת בֹּטְחוֹת הַאְזֵנָּה אִמְרָתִי
Femmes sereines, levez-vous, écoutez Ma voix, filles confiantes, tendez l’oreille à Ma parole. » (Yichaya 32,9)

Ecoutons ce verset de Yichaya à travers le commentaire du Malbim, ainsi que son commentaire sur deux autres versets dans lequel sont employés plusieurs verbes concernant différents niveaux d’écoute : שאנן c’est le contraire de שאון : tumulte, bruit qui indique une voix de grande agitation, alors que שאנן indique celui qui est assis seul et n’entend pas de voix provenant de l’extérieur qui perturbe comme Job, 3.18 : יַחַד אֲסִירִים שַׁאֲנָנוּ;לֹא שָׁמְעוּ קוֹל נֹגֵשׂ. Ensemble, les prisonniers étaient tranquilles, ils n’entendaient pas la voix de l‘oppresseur.
Et celui qui a confiance (בוטח), c’est par sa propre force. Comme : Michlé 1.33 : וְשֹׁמֵעַ לִי, יִשְׁכָּן בֶּטַח וְשַׁאֲנַן מִפַּחַד רָעָה Et celui qui m’écoute résidera confiant, et tranquille de la mauvaise peur.
Il a confiance grâce à sa propre force, et il est serein par la négation de ce qui perturbe de l’extérieur qui est la mauvaise crainte.
Ychayaou 28.23 :
הַאֲזִינוּ וְשִׁמְעוּ, קוֹלִי; הַקְשִׁיבוּ וְשִׁמְעוּ, אִמְרָתִי. Portez l’oreille et entendez. Ecoutez attentivement et entendez ma parole.
Devarim 32.1 הַאֲזִינוּ הַשָּׁמַיִם, וַאֲדַבֵּרָה וְתִשְׁמַע הָאָרֶץ, אִמְרֵי-פִי
Cieux, portez l’oreille et je parlerai (דיבור), et la terre entendra les paroles (אמירה) de ma bouche
La אזנה indique le fait de porter l’oreille et d’écouter avec une grande écoute, une grande attention (porter l’oreille attentivement), soit du fait de la profondeur du sujet, soit du fait de la distance. (Voir la suite du Malbim au sujet du ciel et de la terre qui reçoit du ciel, et des Sages d’Israël qui enseignent la Tora aux autres. Et la notion d’écouter de par eux-mêmes, de la même façon que la terre reçoit la pluie de par elle-même.)
La אמירה est opposée à la notion de קול, qui est un son simple, alors que la אמירה est une association de différents sons pour dire des choses plus précises. Un קול peut être une parabole, et la אמירה son interprétation. Et donc il comprend : écoutez ma voix, portez l’oreille à ma parole, car אזנה est inférieure à שמיעה, et il dit portez l’oreille et écoutez, car c’est ainsi l’ordre, il porte l’oreille au son qui sonne, et après il porte son cœur pour entendre et recevoir ou comprendre. Le verset ne demande de la femme que : « Ecoutez Ma voix », « Tendez l’oreille à Ma parole » et ainsi elles trouvent à l’intérieur d’elles-mêmes, l’échelle de l’élévation complète.
[Quelle est cette promesse ? c’est עולם הבא, le monde futur pour lequel elles sont plus disposées naturellement que les hommes. Le Maharal développe que tranquillité et sérénité, c’est la dimension du עולם הבא. Aussi par le fait qu’il y a du עונג, du plaisir et pas de צער, de la souffrance, les Tsadikim jouissent de la Présence divine. L’attente naturelle qu’a une femme du plaisir est une intuition du monde futur. Autre exemple : l’attention naturelle qu’a une femme au fait que son environnement soit joli, à préparer de bonnes choses à manger, à avoir des vêtements propres et un appartement bien rangé, est une intuition profonde du plaisir du monde futur.] [Il y a une allusion à ces paroles-là dans les paroles de Rabbenou Be’hayé (Berechit 2,23)
De cette Paracha, il ressort que la femme a été créée dans le Gan Eden, car c’est là qu’elle a été prise des côtes d’Adam, ‘os de mes os’, et l’homme qui a été placé dans le Gan Eden a été créé hors du Gan Eden. La création à l’intérieur du Gan Eden montre qu’elle en fait partie depuis l’essentiel de la création.]

Et c’est cela leur certitude et leur sérénité : la proximité naturelle avec tout ce qui est exigé de la maison d’Israël.
La femme peut avoir la sérénité de trouver tout ce qu’il lui faut dans son univers féminin pour accomplir ce que l’on attend d’elle pour acquérir son monde futur. Elle n’a pas besoin du tumulte de l’extérieur, et elle peut avoir confiance qu’elle possède en elle-même la force pour réussir. Mais voilà ce qu’on lui demande : « Levez-vous, écoutez ma voix, portez attentivement l’oreille ». Une attitude volontaire, active d’accomplir ce que D. attend de nous.
Par exemple le fondement de la Tora, le חסד (les actes de générosité) qui est la condition pour recevoir la Tora, est-ce qu’on le fait parce qu’il se présente à nous, alors OK, on veut bien en faire, on n’est pas contre, ou bien est-ce qu’on a un véritable désir fort d’en faire le fondement de notre vie ? Quand arrive le jugement de Roch Hachana, est-ce que je suis OK d’accomplir Roch Hachana, je ne suis pas contre, de mon mieux, ou bien est-ce que j’ai une véritable attente de Roch Hachana, du jugement, de la confrontation au niveau de ma vie, est-ce que je veux vraiment avoir une relation avec le Saint Béni Soit-Il ? Ou en vérité je me passerais bien de Roch Hachana, de Yom Kippour si je n’y étais pas contraint ? Est-ce que je suis préoccupé par les choses matérielles, ou est-ce que j’ai un désir puissant de me servir de ce monde pour accomplir des Mitsvot ? Est-ce que j’entends la parole divine, le souffle prophétique, est-ce que je porte l’oreille avec attention ?
La Guemara nous enseigne que, les femmes ont un gros avantage sur les hommes, elles sont naturellement beaucoup plus proches de Olam Haba, du monde futur (littéralement le Monde qui vient) de la Nechama, (l’âme qui est la partie divine en nous), de l’aboutissement, de la réalisation des choses (Elles préparent le Chabat afin que tout soit prêt, utilisable sans effort , elles donnent la vie, c’est également le processus de la grossesse) (Voir la Guemara Yevamot 63a et le Midrach Berechit 9 au sujet de Rabbi Yossi qui rencontre Eliahou Hanavi et celui-ci lui explique que la femme rend utilisable ce monde-ci, et grâce à cela elle éclaire les yeux de son mari et lui donne vie.)

La Torah, quant à l’ensemble de ses grandeurs, fusionne dans le chemin de la vie de la femme, non pas à travers les difficultés et un labeur, pas dans une démarche de conquête et de victoire. Mais à travers le contenu de la vie qui est caché dans son cœur et ses actes naturels, la femme trouve l’ensemble des niveaux qui sont destinés au Peuple juif. [La femme atteint ces grandeurs en recherchant son être, en exprimant au maximum sa féminité, en vivant sa vraie vie de femme]
Le fondement de ces paroles se trouve dans l’explication du Maharal sur le texte : « Plus grande est la promesse que D-ieu a faite aux femmes qu’aux hommes  » (pour le monde futur Bra’hot 17a). Du fait du calme et de la sérénité pour lesquelles elles sont préparées, car c’est la part des femmes et elles conviennent plus à cela. Et avec seulement l’aide qu’elles aident pour la Torah, leur salaire est très grand, car elles sont déjà prêtes pour le calme. Et tout ce qui est prêt pour une quelconque chose l’atteint facilement du fait de son caractère.
Mais les hommes de ce point de vue-là, doivent peiner et se fatiguer dans la Torah, sans repos, nuit et jour, et c’est le corps même de « Tu diras aux enfants d’Israël des paroles dures comme des tendons. » C’est ce grand labeur là, alors qu’aux femmes « dans un langage doux » car elles n’ont pas tellement besoin et malgré cela, elles sont aptes à recevoir un plus grand salaire. » (Commentaire sur la Tora p.28)
Nous rapportons un texte sublime du Rav Shimshon Raphaël Hirsch sur Beréchit 17.5 et 15 au sujet des noms d’Avraham et Sara, et qui est une illustration poétique de notre développement : שרה vient du mot משורה, fine mesure de liquide. On trouve ce mot dans l’expression מים במשורה תשתה dans Pirké Avot 6.4. (Voir le long développement du Rav Shimshon Raphaël Hirsch au début de son commentaire sur Beréchit 17.15) « Elle est au-dessus en stature et en qualité, car elle est donc « שרה » et elle fixe en toute chose mesure et dimension. Par cette caractéristique-là elle est apte à être la femme d‘Avraham. Et toute femme juive lui ressemble en cela, si elle est apte à être fille de Sarah.
Plus haut il dit : « Ton nom ne s’appellera plus Avram, et ton nom sera Avraham » ; à partir de maintenant ton nom sera Avraham. C’est un but auquel tu n’es pas encore arrivé, et il t’incombe de l’atteindre. Tandis qu’ici le verset dit : « Son nom ne sera plus appelé Saraï, car Sara est son nom ». Elle est Sara. Elle fixe la mesure et préserve cette mesure. Elle a dans son cœur ce sentiment subtil, cette mesure subtile de tout ce qui est bon et droit pour tout ce qui est beau, convenable et Kadosh. Elle contient en elle-même cette mesure du droit et de la morale, et d’une conduite divine véritable. Elle sait ce qui convient à un homme pur quel que soient les circonstances et les conditions. Avec une estimation fine, elle pèse chaque chose selon cette capacité de jugement. C’est l’attitude de Sara aujourd’hui même, et pas seulement au temps futur. »
Deux textes complémentaires du Séfer Ohel Rahel
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Au sujet de l’idée que pour la femme la notion d’union est dans son essence-même, et qu’elle n’a peut-être pas besoin du langage dur pour forcer cette union. Le nom donné aux femmes בית יעקב symbolise l’unité, c’est un nom au singulier, alors que le nom donné aux hommes בני ישראל est au pluriel.
On voit aussi dans la construction du Michkan des expressions qui sont employées qui montrent que la femme est le symbole de l’union :
Au sujet des tentures :
חמש היריעות, תהיינה חוברות, אישה אל-אחותה; וחמש יריעות חוברות, אישה אל-אחותה « Cinq tentures seront reliées l’une à l’autre » (Chemot 26:2)
Au sujet des poutres :
שתי ידות, לקרש האחד–משולבות, אישה אל-אחותה « Entrelacées l’une avec l’autre » (Ibid 17)
La femme est donc le symbole de la force qui relie dans la construction du tabernacle en une unité.
Cette force-là élevée, l’ensemble d’Israël la reçoit de la femme et fonde sur elle toute kedoucha et élévation. C’est la source de l’union.
Et comme le Maharal a écrit (Guevourot Ha-Chem chap. 43) pour expliquer la Guemara :
אם תשכבון בין שפתים, דרש רבי עקיבא בזכות נשים צדקניות יצאו ישראל ממצרים » (ילקוט שמעוני, תהלים פרק ס »ח, סימן תשצ »ה) « En salaire des femmes méritantes, Israël a été délivré » (Sota 11b) et il écrit : « Lorsqu’il y a là union dans le couple, comme ils s’attachaient et s’unissaient du fait du désir ardent de la femme, alors il y a là זווג אלקי union divine »
Elle relie tous les sujets de la maison à leurs buts associés : (משלי פרק יד א) חַכְמוֹת נָשִׁים, בָּנְתָה בֵיתָהּ ; וְאִוֶּלֶת, בְּיָדֶיהָ תֶהֶרְסֶנּוּ La sagesse des femmes édifie la maison ; et la sottise la renverse de ses propres mains « Dans la sagesse féminine, elle a construit sa maison" (Michlée 14:1). Et c’est sa force fondamentale : וְכָל-אִשָּׁה חַכְמַת-לֵב, בְּיָדֶיהָ טָוו וַיָּבִיאוּ מַטְוֶהּ « et toute femme ayant sagesse du cœur a filé de ses mains et a amené un tissu. » (Chemot 35:25)
Toute action et geste dans la maison est filée par elle avec sagesse du cœur, en fils et cordes fins de lien et relation et sont tissés en וַיַּעֲשֵׂהוּ כְּתַבְנִית אִישׁ, כְּתִפְאֶרֶת אָדָם לָשֶׁבֶת בָּיִת Et ils ont fait un manteau de splendeur de l’homme qui réside dans la maison » (Isaïe 44:13) Et les Sages ont fait une allusion et ont dit : אין חכמה לאשה אלא בפלך  » La femme n’a de sagesse que dans la quenouille »(Yoma 66b). Sa sagesse se trouve « dans la quenouille de la vie ».
La création des fils du lien entre elle et son mari, et le tissage de ce qui est fait dans la maison pour une seule שלמות (perfection) de l’homme.
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Le Peuple juif dans son ensemble, est désigné dans la Torah écrite par le nom בית « maison », « maison de Yaacov, maison d’Israël ». Et les Sages ont dit aussi que c’est avec le nom « maison » qu’a été choisi l’endroit du service de D-ieu pour l’éternité :
ואמר ר » אלעזר מאי דכתיב (ישעיהו ב, ג) והלכו עמים רבים ואמרו לכו ונעלה אל הר ה » אל בית אלהי יעקב וגו’;
אלהי יעקב ולא אלהי אברהם ויצחק אלא לא כאברהם שכתוב בו הר שנאמר (בראשית כב, יד) אשר יאמר היום
בהר ה’ יראה ולא כיצחק שכתוב בו שדה שנאמר (בראשית כד, סג) ויצא יצחק לשוח בשדה אלא כיעקב שקראו
בית שנאמר (בראשית כח, יט) ויקרא את שם המקום ההוא בית אל
Et Rabbi Elazar a enseigné : que signifie : et de nombreux peuples iront et diront allons et montons sur la montagne de D. à la maison du D. de Yaakov, etc. Le D. de Yaakov, et pas le D. d’Avraham et de Yts’hak ? Mais pas comme Avraham au sujet duquel il est écrit montagne comme il est dit : qu’il dira aujourd’hui D. apparaitra sur la montagne (Beréchit 22.14) ; et pas comme Yts’hak au sujet duquel il est écrit champ, comme il est dit et Yts’hak était sorti pour prier dans le champ, mais comme Yaakov qui l’a appelé maison comme il est dit : et il a appelé le nom de cet endroit la maison de D. (Beréchit 28.19) « Abraham a appelé le Temple : ‘montagne’, Yits’hak l’a appelé : ‘le champ’, Yaacov l’a appelé : ‘maison’ » ((Pessa’him 88a)
La maison est la force qui est transmise dans la main de l’homme pour introduire les lois de l’existence éternelle et supérieure au sein de sa vie. Et c’est pour cela que c’est le nom pour la permanence du lien entre Israël et D. La force de la maison est supérieure à la montagne et au champ car Yaacov a ajouté par rapport à Abraham et Yits’hak et l’a nommé « maison ».
Et par ce nom, le lien pour l’éternité a été fixé. Et sur cela, il est dit (Isaïe 54:10) : כִּי הֶהָרִים
יָמוּשׁוּ, וְהַגְּבָעוֹת תְּמוּטֶינָה–וְחַסְדִּי מֵאִתֵּךְ לֹא-יָמוּשׁ, וּבְרִית שְׁלוֹמִי לֹא תָמוּט, אָמַר מְרַחֲמֵך יְהוָה, יְהוָה « Que les montagnes chancellent (Abraham l’a appelé montagne) que les collines s’ébranlent, (Yits’hak l’a appelé champ) ma tendresse pour toi ne chancellera pas, ni mon alliance de paix ne sera ébranlée (l’alliance qui est dans la maison de Yaacov.) dit celui qui t’aime, l’Eternel »
Etant donné que la maison est l’endroit où se fixe en réalité, la vie intérieure de l’homme, pour cela toute fixation de lien de la Kedoucha avec le monde, s’appelle avec le nom « maison ». Le בית המקדש ‘Temple‘ est l’endroit du rapport entre Israël et D. qui est fixé concrètement ; Le בית המדרש ‘lieu d’étude’ est l’endroit où se fixe le dévoilement de la Torah ; le בית הכנסת la ‘synagogue’ est l’endroit de la prière. Et sur tous ceux-là, la maison du couple, le Temple, le lieu d’étude, la synagogue, il est dit מַה טֹּבוּ אֹהָלֶיךָ יַעֲקֹב מִשְׁכְּנֹתֶיךָ יִשְׂרָאֵל.
« Qu’elles sont belles tes tentes Israël, comme des plantes odoriférantes D-ieu a planté, comme des cèdres qui sont dressés sur l’eau. »(Bamidbar 24:5) Et de là, dans le fait que l’homme et la femme fixent par leur confiance, une « maison de Emouna » (de confiance), ils forment la base pour l’éternité de la réception de la Torah, sa réalisation dans la vie del’homme et sa transmission à la génération à venir.

Voir l'auteur

“La Torah des femmes, par Mme Caty Zyzek”

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