Deutéronome, chapitre XI, verset 13 : « Et ce sera lorsque vous suivrez mes commandements que je vous ordonne aujourd’hui d’aimer Hashem votre D. Deutéronome, chapitre XI, verset 13 : « Et ce sera lorsque vous suivrez mes commandements que je vous ordonne aujourd’hui d’aimer Hashem votre D.ieu, de le servir de tous vos cœurs et de toutes vos âmes. Je donnerai la pluie de votre terre en son temps, les premières et les secondes pluies. Et tu récolteras ton blé, ton vin et ton huile […] » [[Pour approfondir le sujet, on pourra se reporter aux commentaires de Rav Haïm de Volozhyn (Nefesh Hahayim, I, chapitre 8) et du Netsiv (Ha’amek Davar) sur ce passage.]]
Cette parasha constitue la deuxième partie du Shema’, et par bien des aspects présente une certaine similitude avec la première partie. Nous allons essayer de voir en quoi ce paragraphe est malgré tout différent.
Tout d’abord, nous avons une Mishna au début du deuxième chapitre du traité Berakhot qui enseigne : « Pourquoi fait-on précéder le premier paragraphe au second ? [lors de l’accomplissement de la Mitzva de lire le Shema’ matin et soir] Afin que l’homme accepte le joug du règne de D.ieu et qu’ensuite seulement il reçoive le joug des commandements. »
Tossfot (Berakhot 14b) explique qu’il aurait fallu commencer par le deuxième paragraphe dans la mesure il est écrit au pluriel, et s’adresse donc à l’ensemble de la communauté. C’est à cela que répond la Mishna en affirmant que le joug du règne de D.ieu doit précéder le joug des commandements.
Il nous reste à comprendre pourquoi la Torah s’exprime au singulier dans le premier paragraphe.
Par ailleurs, dans une Beraïta plus loin (Berakhot 35b), nous lisons :
« parce qu’il est écrit dans Josué (chapitre I) : ‘ce livre de la Torah ne quittera pas ta bouche’, est-ce à prendre au sens littéral ?
Le texte nous enseigne : ‘et tu récolteras ton blé’, nous voyons donc qu’il faut allier étude de la Torah et nécessités quotidiennes. Ce sont les paroles de Rabbi Yishmaël.
Rabbi Shimon Bar Yohaï dit : si l’homme laboure au temps du labour, s’il sème au temps des semailles, s’il récolte au temps des récoltes, qu’adviendra-t-il de la Torah ? En réalité, lorsque le peuple d’Israël accomplit la volonté de D.ieu, son travail est fait par les autres. Lorsqu’il n’accomplit pas la volonté de D.ieu, c’est lui qui doit travailler, comme il est dit : ‘et tu récolteras ton blé’. »
Plusieurs commentateurs s’étonnent du fait que Rabbi Shimon interprète le verset ‘et tu récolteras ton blé’ dans un contexte où nous ne faisons pas la volonté de D.ieu. Ce verset se trouve dans le paragraphe qui commence par ‘lorsque vous suivrez mes commandements’.
Enfin pourquoi justement ce verset est-il conjugué au singulier alors que cette parasha est au pluriel, comme nous l’avons déjà relevé ?
Il semble que l’acceptation du joug du règne divin ne puisse pas être le fait de l’ensemble de la communauté, mais bien le travail qui incombe à chacun d’entre nous. Ceci ne doit pas nous empêcher d’être conscient que D.ieu est notre D.ieu : « écoute Israël, Hashem est notre D.ieu, Hashem est un. » Il ne s’agit pas d’une divinité personnelle, mais une démarche personnelle est requise pour s’approcher de lui.
En revanche, les commandements sont l’affaire de la communauté. Evidemment, certaines Mitzvot peuvent être accomplies par chacun d’entre nous, et constituent la base fondamentale sans laquelle nous ne pouvons assumer notre rôle de Juifs. D’autres Mitzvot ne concernent que certains individus (le roi, le kohen…) ou dépendent des circonstances (lois agricoles, règles liées au Temple…). Il est impossible à un individu d’accomplir les 613 commandements à lui seul, c’est donc à l’ensemble de la communauté de réaliser ce projet. Nous nous sommes engagés mutuellement pour ce faire. Il existe alors un risque quant à notre motivation puisque nous ne sommes pas concernés individuellement. Certains pourraient compter sur d’autres pour faire ce qui doit être fait.
C’est alors que la Torah prévient : si tu comptes sur d’autres, si tu te reposes sur la communauté, alors c’est toi qui devra récolter ton blé. On comprend mieux alors le passage du pluriel au singulier.
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