Parashat Tetsavé : au sujet du destin difficile à appréhender du peuple d’Israël.
par: Rav Gerard Zyzekpublié le 7 Février 2011
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Le premier verset de la Parashat Tetsavé (Shemot 27,20) nous dit :ואתה תצוה את בני ישראל ויקחו אליך שמן זית זך כתית למאור להעלות נר תמיד.
‘Et toi, ordonne aux enfants d’Israël qu’ils prennent pour toi de l’huile pure d’olives concassées, pour le luminaire afin d’alimenter les lampes en permanence.’
Le Midrash Rabba introduit ainsi notre Parasha :
‘Ce verset de la Parashat Tetsavé correspond au verset de Yérmyia (11,16) « olive fraiche, magnifique fruit, remarquable, ainsi D. t’avais appelée ». Pourquoi Yérmyia compare-t-il Israël à l’olive ? De la même manière que l’olive lorsqu’elle est sur l’arbre, on l’arrache, on la fait tomber, on la déchire de ses feuilles, on la met dans le pressoir où on la concasse et ensuite on la presse à la meule, de la même manière les enfants d’Israël, les peuples idolâtres viennent les arracher d’un pays à l’autre, les mettent en captivité, les enchaînent, les encerclent d’armées terrifiantes et après ils font Teshouva reviennent à D. et D. leur répond. Telle est la comparaison avec l’olive.’
Rabbi Shlomo Ganzfried (auteur du Kitsour Shoul’han Arou’h) pose la question suivante sur ce Midrash dans son livre Iparion: ‘Que veut expliquer le Midrash dans le verset en disant « ce verset de la Parashat Tetsavé correspond au verset de Yérmyia » ? Qu’explique le Midrash ? De quoi rend-il compte dans le verset ?’
Nous rapportons la réponse de Rav Shlomo Ganzfried :
‘Il me semble que la difficulté relevée par le Midrash dans le verset vient du terme « et toi » ainsi que de l’expression « qu’ils prennent pour toi ». Que signifie cette insistance, le verset aurait pu dire « ordonne aux enfants d’Israël », que vient souligner « et toi » ?
A la fin de la Parashat Shemot Moshé Rabbénou se plaint devant D. en disant (Shemot 5,22) :
« pourquoi as-tu fais du mal à ce peuple-là, pourquoi m’as-tu envoyé ? Depuis le moment où je suis venu parler à Pharaon en Ton Nom, le sort de ce peuple a empiré et il n’a nullement été sauvé ! »
D. lui répondit :
« Maintenant juste tu vas voir ce que je vais faire à Pharaon ! »
Nous pouvons expliquer ainsi le dialogue : toute la raison de l’asservissement terrible en Egypte était pour affiner la corporalité des enfants d’Israël, enfants d’Avraham, d’Its’hak et de Yaakov, pour qu’ils puissent être aptes à recevoir la Torah. Sans cet asservissement ils n’auraient nullement pu être réceptifs à la Torah. De ce fait à l’instant même où l’asservissement se fait le plus durement sentir, à cet instant même se rapproche l’affinement même approprié à la réception de la Torah.
Moshé Rabbénou ne comprenait pas cela, c’est la raison de ses plaintes répétées. Et c’est exactement ce que D. lui rétorqua : « Maintenant tu vas voir ce que Je vais faire à Pharaon ! » C’est-à-dire c’est à ce moment-ci même que Je vais agir pour sortir les enfants d’Israël d’Egypte !
Nous comprenons maintenant les nuances de notre verset.
« Et toi, ordonne aux enfants d’Israël qu’ils prennent pour toi (…). » C’est-à-dire toi qui n’a pas compris le pourquoi de la dureté de l’asservissement, tu enseigneras aux enfants d’Israël qu’ils t’amènent l’huile d’olive pure pour éclairer. La Torah qui éclaire nécessite une intense purification de la matière émettrice. Et c’est ce que dit le Midrash : et toi, c’est ce que dit le verset de Yérmyia « olive fraiche, magnifique fruit (…)».’
Il nous parait important que ce Midrash et le commentaire du Midrash de Rav Shlomo Ganzfried qui nous aide à l’analyser soient connus car, outre leur pertinence quant à l’étude du texte, ils osent aborder de front des questions que nous aimerions éluder : le pourquoi des souffrances d’Israël. Et d’ailleurs nous pourrions continuer la réflexion en nous demandant pourquoi Moshé notre Maître refusait de comprendre, à telle enseigne que D. l’enjoigne que ce soit lui qui prenne le sujet à bras le corps et qui l’enseigne !
Nous pourrions suggérer de dire que le Maître par définition porte une intense affection à ses élèves, comme nous le voyons à propos de Moshé Rabbénou justement toujours prompt à défendre les enfants d’Israël contre vents et marées ! D. lui dit : toi qui porte les enfants d’Israël dans les bras comme une nourrice, sache que si cette Torah se devra d’être en permanence, תמיד, lumineuse, tu ne pourras pas éviter aux enfants d’Israël qui en seront la matière émettrice de faire leur expérience et de devoir se hisser à leur tour au niveau requis !
Pour prendre un exemple, les parents en général recherchent le bien de leurs enfants, non seulement matériel mais aussi spirituel. Mais ce bien spirituel ne pourra se développer que de l’intérieur de l’expérience spécifique de l’enfant. Enseigner la Torah finalement, dit D. à Moshé, c’est assumer que le cher enfant à qui tu enseignes souffrira. Ce que l’on appelle en langage traditionnel : les Yissourim.
Il nous semble important de parler de cela car une des idéologies actuelles est la recherche effrénée du confort, de la facilité, de l’ergonomie, de l’immédiateté,de la fonctionnalité parfaite : écran ultra plat, design top ! Télévision haute définition, son Bose.
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