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Bo – Le Korban Pessa’h

par: Rav Gerard Zyzek

Publié le 9 Janvier 2008

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Avant que ne s’applique la dernière des plaies d’Egypte, la mort des premiers nés, D. donne aux enfants d’Israël les premiers commandements dont l’accomplissement les constituera comme peuple d’Israël. Avant que ne s’applique la dernière des plaies d’Egypte, la mort des premiers nés, D. donne aux enfants d’Israël les premiers commandements dont l’accomplissement les constituera comme peuple d’Israël.

Verset 3 du chapitre 12 du livre de Chemot (D. s’adresse à Moché et à Aaron) :

דברו אל כל עדת ישראל לאמור בעשור לחודש הזה ויקחו להם איש שה לבית אבות שה לבית.

‘Parlez à toute l’assemblée d’Israël en disant : le dix de ce mois-ci ils prendront pour eux chacun un agneau par famille, un agneau par maison.’

Le verset s’adresse à ‘l’assemblée d’Israël’, le sacrifice de l’agneau pascal, le Korban Pessa’h, va être l’élément constitutif du peuple juif naissant. Il est à remarquer que ce sacrifice fondateur du collectif se décline par ‘un agneau par famille, un agneau par maison’. La collectivité d’Israël n’est pas, dès son élément fondateur, une abstraction uniformisatrice, elle est constituée d’éléments divers et variés : des familles, des maisons.

Le Maharal de Prague explique, dans son livre consacré à la fête de Pessa’h le Guevourot Hachem, que toutes les lois relatives au Korban Pessa’h sont là pour exprimer l’unité de D. ; nous pouvons peut-être comprendre de là que l’unité n’est pas à comprendre dans son abstraction : tous identiques !

L’unité est à saisir dans la capacité que nous avons de vivre et d’exprimer, nous humains, une unité dans notre relation à D., un peu dans le sens du théâtre classique ‘unité de temps, unité d’action, unité de lieu’, la famille et la maison étant des cadres où il nous sera donné de vivre une certaine harmonie dans notre relation à autrui.

Verset 6.
והיה לכם למשמרת עד ארבעה עשר יום לחודש הזה ושחט אותו כל קהל ישראל בין הערבים.

‘Il sera pour vous en surveillance (l’agneau pascal) jusqu’au quatorze de ce mois, et toute l’assemblée d’Israël l’égorgera vers le soir’.

Le sacrifice du Pessa’h s’accomplira effectivement le quatorze du mois de Nissan dans l’après-midi, comme nous le voyons du verset 6 ; si c’est ainsi, pourquoi les enfants d’Israël devaient-ils le prendre le dix du mois et le garder en surveillance quatre jours ?

Rachi pose cette question et répond au nom de Rabbi Mattia ben ‘Harach (nous traduisons) : ‘le verset dit dans ‘Yé’hezkel (chapitre 16) je passai sur toi et te vis, voici ton temps, le temps de l’amitié, est arrivé le moment de concrétiser le serment que j’ai fait à Abraham de délivrer ses enfants. Mais ils n’ont pas de mitsvot dans leurs mains pour s’occuper afin que je puisse les délivrer, comme dit le verset (idem) et tu es d’une nudité impudique. Il leur a donné deux mitsvot, deux commandements, le sang du sacrifice de Pessa’h et le sang de la circoncision, comme dit le verset (idem) tu vagis dans tes sangs, le mot sang étant dit au pluriel.’

Les commentateurs de Rachi demandent en quoi Rabbi Mattia répond-il à la question posée.

Daat Zékénim Mibaalé HaTossephot répond que justement, c’est ce que dit Rachi : le fait de prendre l’agneau quatre jours à l’avance était un acte de courage et de force intérieure incommensurable. Le Midrach rapporte que les Egyptiens, lorsqu’ils virent les enfants d’Israël prendre les agneaux et les mettre de côté pour les égorger plus tard, vinrent s’attaquer à eux dans le but de les tuer, car l’agneau était leur divinité. D. fit un grand miracle et sauva les enfants d’Israël.

Quoiqu’il en soit, cet enseignement nous interpelle : il ressort que bien que D. ait décidé d’accomplir la promesse qu’il avait faite à Abraham, cela ne pouvait pas se faire sans que les enfants d’Israël y participent et sans qu’ils acquièrent un quelconque mérite. Pourquoi cela devait-il se faire par deux sangs ? Par deux actes où le sang coule ?

De grands Maîtres du Moussar tirent de ce passage que bien que les enfants d’Israël aient vécu tous les miracles d’Egypte, aient vu de leurs yeux les neuf premières plaies, tant qu’ils n’ont pas agi et fait des actes, des mitsvot, le verset du prophète Yé’hezkel qualifie le peuple juif d’une nudité impudique. Le but est l’acte, sans l’acte d’engagement, on a pu voir tous les miracles et les prodiges, le verset nous qualifie de nus ! C’est l’acte qui nous fait intégrer les choses et les vivre.

Mais pourquoi des actes où du sang coule ?
Je suggère une réflexion. Il ne peut y avoir d’entrée dans le service de D. sans rupture d’avec la naturalité. Le mot Pessa’h justement signifie ‘saut’, discontinuité. Il a fallu à un moment rompre. Sans ce moment T de rupture rien n’est possible. Rien ne peut commencer.

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Directeur de la Yéchiva des Etudiants

“Bo – Le Korban Pessa’h”

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