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Parachat Behar : L’ETRANGER

par: Rav Raphaël Bloch

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Après que la Torah nous prescrive les lois relatives à la Chemita et au Yovel, au verset 23 du chapitre 25, il est dit : « Et la terre ne sera pas vendue définitivement car la terre est à Moi car vous êtes des étrangers qui séjournent avec Moi. »

Que signifient ces derniers mots : « avec Moi » ? Voici le commentaire de ce verset dans Torat cohanim :  » Car la terre est à Moi : tu ne dois pas avoir un œil mauvais (par le fait d’abandonner la terre).

Car vous êtes des étrangers qui séjournent : ne faites pas de vous-même l’essentiel ainsi qu’il est dit (Chroniques 1 chap.29) : Car nous sommes des étrangers devant toi nous séjournons comme tous nos ancêtres et ainsi que David dit (Psaumes 29) car je suis un étranger avec Toi, je séjourne comme tous mes ancêtres

Vous êtes avec Moi : il suffit au serviteur d’être comme son Maitre, quand elle sera à Moi elle sera la votre. »

Par ces termes comme son Maitre, ce texte nous force à respecter la traduction littérale qui induit, si cela est possible, le qualificatif d’ « étranger » à D.

Pour expliquer cela, citons avant tout, les propos du Hafets Haim dans son commentaire sur le Torat Cohanim : « Quand vous irez dans Mes chemins, je ferais résider ma Providence, Chekhina, en elle (Terre d’Israël), ainsi qu’il est écrit : « la terre dont D. se soucie. » et on l’appellera alors « le D. de la terre » alors cette terre sera la votre. Mais si à D. ne plaise vous n’allez pas dans mes voies et que je doive exiler ma Chekhina et que s’accomplisse le verset « Par votre faute a été renvoyée votre mère » alors vous serez obligés à l’exil C’est ce qui est dit : « Il suffit à l’esclave d’être comme son Maitre. ». »

Néanmoins il reste à expliquer cette dimension d’étranger qui caractérise le Peuple d’Israël même lorsqu’il se trouve sur sa terre. C’est ce que semble dire la Tora qui justifie de cette manière l’impossibilité de vendre la terre définitivement. Pour tenter de répondre à cette question, il nous faut définir ce que le texte nomme « Eretz », que nous traduisons couramment par « la terre ». Nous citerons deux exemples tirés des pensées des Tanaïm dans lequel le sens est manifestement bien différent.

– Sanhédrin 90 a Michna : « Tout Israël a une part dans le monde futur, comme il est dit : et Ton peuple tous sont justes, ils hériteront éternellement une terre. » Ici le mot Erets fait donc référence à la vie du Monde futur.

– A propos du verset 4 du chapitre 1 de Kohelet : Midrach (Yalkout chimoni) : « Une génération va, une génération vient et la terre reste toujours. » La terre c’est Israël comme il est dit (Malachi3) : « Car vous serez pour moi une terre désirée. »

Le Maharal dans son commentaire des Agadot explique la Michna de Sanhédrin de la manière suivante : la terre, par le fait d’être au centre de la réalité du monde qui nous entoure et d’être parmi les quatre éléments qui composent toute substance, la plus stable, représente la pérennité par excellence.

La terre par sa centralité dans la réalité du monde qui nous entoure, par sa stabilité parmi les quatre éléments qui composent toute substance, représente la pérennité par excellence : la vie.

Par conséquent nous pouvons établir une différence fondamentale entre le terme « Adama » qu’on doit utiliser pour parler de la matière qui a donné naissance à Adam et le terme « Erets » qui prend le sens de l’existence. Des lors il ne faut pas traduire «Erets Israël » par « la terre d’Israël » mais par « le cadre où existe Israël ».

C’est précisément la confusion possible entre ces deux interprétations qui résume le défi proposé à l’homme. Sera-t-il capable de retrouver sa propre existence ?

C’est dans ce but que la Torah lui demande de remettre en question tous les sept ans, sa condition de propriétaire, de ne pas vendre définitivement son patrimoine. Afin que nous assumions le fait d’être « étranger ». En ce sens ce mot peut et doit être utilisé pour D. Nos Sages enseignent que D. est appelé « l’Endroit » parce qu’il est l’endroit du monde et que le monde n’est pas son endroit. Ainsi peut être compris le verset : « car vous êtes des étrangers qui séjournent avec Moii».

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