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Bechala’h, Miracles, Confiance et Réalité : Comprendre les Leçons de l’Histoire
par: Jaqui AckermannPublié le 5 Février 2025
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Fonctionnement du monde
Lorsqu’on étudie un événement, il est intéressant de l’appréhender en le comparant à des événements similaires. Rav Y. Hutner, un des Maîtres du siècle dernier, explique la chose suivante. Le miracle de la traversée de la mer a une particularité. Il a fallu l’arrêter. En général, dans la Bible, un prophète qui réalise un miracle n’a pas besoin de l’arrêter. Par essence, un miracle est limité dans ce monde ci (ou alors, il se peut qu’il s’intègre complètement, et devienne une norme, mais nous ne voulons pas aborder cet aspect ici). Mais la mer s’est ouverte, et on a dû la refermer ! C’est signe que ce miracle était une intrusion plus forte, la venue d’un système qui aurait pu perdurer dans notre monde. Il fallait alors « la retirer de notre monde ». En général, un miracle est un dérèglement de notre nature. Ici, c’est une nouvelle nature qui apparait. Le peuple qui apparait ouvre une nouvelle période, car il devient l’interlocuteur de D. C’est une nature adaptée à ce nouveau peuple, qui ouvre une nouvelle période. Ce peuple devient le peuple du « miracle qui devient nature ». Pour ce peuple, apparait un monde clairement fait pour l’homme, l’eau a dévoilé de la terre ferme, comme à la création du monde. Comme dans le jardin d’Eden, jardin créé pour l’homme, ni plus ni moins. Mais comme cela n’était pas encore tout à fait adapté à notre monde, on a dû l’arrêter.
Plus tard
Nous pratiquons le chabath le 7ème jour. mais qui dit que nous sommes 7ème et pas le 6ème ? Nous avons une tradition qui remonte à la période de la manne. Nos ancêtres ont vu que la manne ne tombait pas le 7ème jour, et depuis, nous avons gardé le compte. La manne apparait donc, presqu’avec le chabath. On peut se demander pourquoi c’est la nourriture qui nous donne notre première image du chabath. Au moment où le tabernacle se construit, il y aura une autre image : c’est le jour où on ne construit pas le tabernacle. On aurait pu avoir, par exemple, cette première image du chabath. Il semble que l’image du chabath et de la préparation de la nourriture soient particulièrement liées. L’idée est de préparer le chabath, et donc de préserver l’élément préparé pendant la semaine pour l’utiliser chabath. Garder à manger le vendredi pour le manger chabath. Se retenir pour pouvoir consommer plus tard. Comme au jardin d’Eden : il fallait se retenir de manger le vendredi (et on aurait eu probablement bien mieux le jour du chabath, si tout s’était bien passé… ). Le travail du vendredi et de la semaine, est liée à une forme de retenue puisqu’on n’en profitera que le chabath. Et la retenue du travail le chabath est liée à la retenue de consommation du vendredi. D. impose des moments d’efforts et des moments de profits. D. nous demande de gérer ce rythme selon Sa volonté, parce que Lui Seul, sait évaluer ce que signifie notre effort et notre profit.
Les motivations
Pourquoi faire mourir l’armée égyptienne en dehors de son pays ? Si D. a éliminé les premiers nés, cela ne Lui était pas plus difficile d’éliminer toute l’armée au moment de la sortie, cela aurait évité au peuple de se faire poursuivre ! Mais D. voulait montrer plusieurs choses. D’abord, que s’Il décide que Son peuple sort, il sort, et personne ne pourra le rattraper, même si on y met tous les moyens. Puis, c’est (enfin !) une véritable confrontation. Dans le pays d’Egypte, il n’y a pas eu de véritable confrontation, au sens où les Hébreux se retrouveraient face aux Egyptiens, physiquement. Devant la mer, il y a les Egyptiens, surpuissants, avec de chars, et les Hébreux, désarmés, inopérants. D. veut montrer que non seulement les moyens des Egyptiens, la puissance qu’ils tirent de leur pays, peuvent être réduits à zéro, mais aussi, que l’armée, les hommes et leurs propres forces, tout cela est également impuissant, anéanti. Pour cela, il faut montrer que leur volonté de frapper se heurte à D. Il est bien plus puissant de terrasser un ennemi préparé à la guerre et qui y part, que de le terrasser avant qu’il parte. De plus il pourrait imaginer et se dire : si on avait pu partir et les atteindre, on les aurait battus. Maintenant, il n’y a plus aucun argument. Et finalement, c’est exactement ce que les Egyptiens ont dit, face aux Hébreux : « Fuyons ! D. combat pour eux ! ». Ils l’ont avoué, même si après, ils ont été engloutis par les flots. Cela est sorti de leur bouche, et est écrit dans la thora. D. a dit : Je tirerai de la gloire de l’armée de Pharaon, l’Egypte saura ! Il faut arriver à ce stade, à ce que les humains avouent la puissance divine. Le texte ne dit pas si les Egyptiens sont allés raconter tout cela aux autres, ce qui est clair, c’est que cela s’est su. Le texte du cantique (la chira) le dit, et les habitants de Kénaan le savent, comme il l’est dit dans le livre de Yéhochoua. Ainsi, cette traversée marque l’étendue de l’événement : le peuple peut entonner ce cantique, conscient de ce qui lui est arrivé. De la même manière, les autres peuples prennent conscience de la portée de la situation, D. a ainsi montrer dans un endroit complètement neutre (à l’époque on aurait dit que c’était un lieu international » !) que l’Egypte ne peut rien contre les Hébreux, c’est-à-dire, contre Lui.
Principes oubliés… : se plaindre
Dans la paracha, le peuple se plaint plusieurs fois, et cela est quasiment toujours présenté comme négatif. Mais pourquoi ? Se plaindre est-il vraiment si grave, et condamnable ? La frustration, le silence, l’indifférence, etc., est-ce toujours mieux ? Peut-être vaut-il mieux se plaindre et s’exprimer, plutôt que de se taire, au risque que cela s’accumule et explose un jour, au risque qu’on s’habitue à des situations anormales, qu’on se déprécie ? Nos maîtres expliquent que la plainte « mauvaise » est celle qui agresse. Ce qui est surtout négatif, c’est de juger, de prétendre que la situation n’est pas admissible en désignant une cible. Réclamer ce qu’on pense être en droit de réclamer est tout à fait admissible, et pour cela on peut saisir un tribunal, il éclaircira la plainte. C’est son rôle. Se plaindre pour exprimer sa détresse, son désarroi, peut être admissible pour des besoins psychologique. On ne peut pas forcer quelqu’un qui subit un mal, à rester tranquille, comme si c’était normal, sans qualifier sa situation de difficile. (Par ailleurs, se plaindre de soi-même peut venir d’un manque d’estime de soi, il est important de ne pas négliger ce genre de dépréciation pour aider à la corriger, la Thora ne veut pas qu’on se sous-estime). Rabbénou Yona (chaaré techouva 3, 231) explique que le défaut de celui qui se plaint constamment des autres consiste à attribuer aux autres, la responsabilité du mal qui arrive à soi-même. C’est chercher la faute chez les autres. Cela empêche de voir le bien chez les autres. Cela développe l’ingratitude. Cela amène facilement à la médisance. Cela entraine qu’on ne se fasse pas d’amis. Ainsi, ce qu’on reproche au peuple dans la plainte, c’est de s’en prendre à D., directement (ou indirectement). C’est un manque de confiance en D., de l’ingratitude, comme si D. ne faisait pas ce qu’Il devait faire. C’est pourquoi, demander de l’eau ou à manger parce qu’on en manquait était justifié, mais la manière (voir le texte) dont cela a été ne l’était pas du tout.
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