Dans les 5 livres de la Thora, le qualificatif de juif, yehoudi, pour désigner les hébreux n’existe pas. Le peuple juif est défini comme Bené Israël, c’est à dire « fils d’Israël », sachant que Yaacov, père des 12 Chevatim (tribus) se nomme également Israël.
Apparaît dans Meguilat Esther, à propos de Morde’haï, donc sous l’empire Perse d’Assuérus, le qualificatif de juif : Morde’haï hayehoudi, Morde’hai le Juif.
La Guemara dans Meguila 12b s’interroge sur ce qualificatif de yehoudi qui signifie à priori de la tribu de Yehouda mais également descendant de Quich, de la tribu de Binyamin.
Je retiendrai ici la réponse de Rabi Yohanan qui répond qu’effectivement, Morde’hai est issu de la tribu de Binyamin. Si tel est le cas, pourquoi est-il qualifié de yehoudi ? Car, répond rabi Yohanan, « tout celui qui renie l’idolâtrie s’appelle yehoudi » et c’est précisément ce qu’a fait Morde’haï en refusant de se prosterner devant Aman.
Il n’y a pas loin entre réfuter l’idolâtrie (le mensonge, l’imposture) et reconnaître la vérité.
Déjà dans la Thora, Yehouda, dont le nom comprend les 4 lettres du Tétragramme (à réfléchir !), se distingue à deux reprises par sa capacité incroyable à reconnaître publiquement sa faute.
Une première fois lorsqu’il accuse injustement la femme de ses fils, Tamar, de dévergondage, puis à la fin de la paracha de Mikets, lorsque Binyamin se fait attraper avec la coupe de Yossef.
C’est un fait très remarquable que cette capacité, ce courage, qu’a Yehouda (dont descendent la lignée des rois d’Israel et du Machia’h) à reconnaître ses fautes.
Il me semble (cela n’engage que moi !) qu’une des mitsvot les plus difficiles de la Thora est la mitsva de vidouï (première étape essentielle à la tchouva ). Qu’il est difficile pour tout humain de reconnaître, en l’exprimant par la parole, sa faute !
Et pourtant c’est bien là, chez Yehouda qui accomplit cet acte inouï de vidouï, que se trouvent les lettres du nom d’ H’.
Je voudrais terminer par une remarque personnelle. Je constate qu’il se trouve, au début de la Paracha Vayigach, que c’est Yehouda, lui qui est capable de s’effacer devant la vérité quel qu’en soit le prix, qui va réussir à pénétrer l’intimité de Yossef qui se cache derrière ses habits de ministre de Pharaon et d’homme d’état important. Il va jusqu’à le faire « craquer » et le conduit à reconnaître à son tour « Je suis Yossef ».
Il y a là quelque chose de de très puissant et très poignant dans la rencontre de ces deux hommes, ces deux frères prêts à tout, chacun à sa manière, pour faire émerger le Vrai.
Kretz V. –
Très beau texte.