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Les Nounes: chute ou révolution ?

par: Rav Raphaël Bloch

publié le 17 Juin 2005

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Bemidbar, chapitre 10, verset 35 : « Vayei binessoa haarone vayomer Moché kouma… » « Et ce fut lorsque se déplaçait l’arche, alors Moché disait : « lève toi Hachem et que soient dispersés tes ennemis et que fuient ceux qui te haïssent de devant toi ».

Rachi : ont été placés des signes avant et après ce texte pour te signifier qu’il n’est pas ici a sa place. Mais pourquoi est-il écrit ici ? Pour interrompre entre deux punitions.

Les signes dont parle Rachi sont concrétisés par des lettres « noun » retournées. Pourquoi cette lettre a-t-elle été choisie et pourquoi est elle retournée ?

Dans le Rekanati, nous trouvons l’explication suivante : le mot « binessoa » a la même valeur numérique que « Yaakov » et c’est pourquoi le noun est retourné, comme un homme qui fléchirait le genoux devant le roi pour exposer sa requête, et ainsi l’image de Yaakov est-elle gravée dans le trône de gloire.

Bien que cet auteur utilise des références qui demandent des connaissances que nous ne maîtrisons pas, nous allons tenter de développer cette idée.

Dans Pirkey deRabbi Eliezer, il existe une explication des lettres qui s’écrivent différemment selon qu’elles se trouvent au milieu ou à la fin d’un mot. Ces lettres sont le mem, le noun, le tsadei, le pei et le khaf. Chacune fait allusion à la délivrance. Dans l’ordre de l’alphabet, elles reflètent chronologiquement un évènement de délivrance. Ainsi le khaf est attribué à Avraham, le mem à Ytsh’ak et le noun à Yaakov. Pour ce dernier, la référence utilisée est le verset : « hatsiléni na » « sauve-moi s’il te plait, de la main de main de mon frère de la main d’Essav ». On voit bien que la lettre noun est liée à la personnalité de Yaakov, et cela, alors même qu’il prie D.ieu.

Dans la guemara Berakhot 4b Rabbi Yoh’anan dit : « pourquoi n’y a-t-il pas de noun dans achreï ? » (ce psaume est composé en suivant l’alphabet). Parce que s’y trouve la chute des ennemis d’Israël (expression qui signifie en fait Israël lui-même). Ainsi qu’il est écrit dans Amos, chapitre 5 : « nafela lo tossif koum betoulath Israël », « elle est tombée et ne se relèvera plus la jeune fille d’Israël ». En Erets Israël, on commentait ce verset ainsi : « elle est tombée et ne retombera plus, dresse toi jeune fille d’Israël ». Rav Nah’man bar Ytsh’ak dit : « malgré cela, David y a fait allusion dans la lettre suivante : « Somekh Hachem lekhol hanoflim » « Hachem soutient tous ceux qui tombent.

Le noun est donc la lettre de nefila, la chute. Mais alors n’est ce pas un signe de désespoir plutôt qu’un signe de délivrance ?

Rabbenou Bah’ya explique que le noun est une référence au yovel. La valeur numérique du noun est le chiffre cinquante, et le yovel intervient la cinquantième année. Or l’idée même de yovel consiste en l’annulation des droits de propriété aquis, que ce soit pour la terre ou pour les hommes. Ainsi est ouverte une ère de renouvellement, de « h’idouch ». C’est pourquoi, dit-il, les noun dans notre paracha sont retournés, renversés. La chute met fin à une période et permet une révolution.

Lorsque l’arche se déplaçait, cela symbolisait une période de difficulté pour le peuple d’Israël (voir à ce propos le commentaire de Rav Moché Alchikh). Yaakov est le patriarche qui nous a montré la voie à suivre dans des circonstances difficiles. C’est la chute même qui permettra de se relever à condition de se tourner vers Hachem.

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