D’après les enseignements de Rav Leib Minsberg (adaptation : Chim’on Zyzek simonzyzek@gmail.com)
Haman tira au sort pour choisir le mois où, avec A’hachvéroch, ils extermineront le peuple juif. Le sort tomba sur le mois d’Adar. Haman, plein de joie, se dit : « Magnifique c’est le mois où leur Maître, Moché, est décédé ». La Guemara explique qu’un élément important échappait à Haman : « Haman ne savait pas qu’Adar est le mois où Moché est décédé, mais aussi le mois où il est né » (Méguila 13:). Moché Rabbénou est celui qui a « créé » le peuple juif. Il a sorti d’Egypte les Bné Israel, leur a transmis la Torah et les a accompagnés dans leurs débuts. Le raisonnement d’Haman était donc assez logique à priori : Si Moché, constructeur du peuple, est décédé durant le mois d’Adar, c’est que ce mois est apparenté avec la fin de ce peuple. Mais il ne savait pas que ce mois est aussi lié justement avec le développement et la croissance de ce peuple, puisque Moché lui-même est né en Adar.
Cet enseignement de nos sages est intriguant. Apparemment Haman avait bien suivi ses cours de Torah. Il savait que notre Maître Moché est décédé au mois d’Adar, alors pourquoi ne savait-il pas qu’il est aussi né durant ce mois ?
En réalité, cette question n’est pas si difficile à répondre. La date de la mort de Moché, bien qu’elle ne soit pas explicite dans la Torah, on la connaît en calculant les jours précisés dans les versets (Kidouchin 38.) On peut supposer qu’Haman ait fait ce calcul. Mais la date de la naissance de Moché nous est connue à travers la Torah Orale. ‘Hazal apprennent du verset où Moché dit au peuple : » J’ai cent vingt ans aujourd’hui, je ne peux plus vous servir de guide » que, ce jour même, Moché avait atteint l’âge de cent vingt ans. Car Hachem complète les années des Tsadikim. Haman ne connaissait pas les messages cachés de la Torah Orale, d’où son ignorance du fait que ce jour était aussi le jour de l’anniversaire de Moché.
Il y a tout de même quelque chose d’étonnant dans l’explication que nos Maîtres donnent à l’erreur commise par Haman. Même si effectivement Moché Rabbénou est né durant le mois d’Adar,il est vrai qu’il est aussi décédé dans ce mois, et donc l’argument d’Haman tient la route. C’est le mois de l’extinction du peuple juif à priori !
L’explication est la suivante : parfois lorsqu’une personne décède, D. préserve, cela provient d’un décret de Hachem de mettre fin à la vie de cette personne. Hachem décide que cette personne ne mérite pas de continuer à vivre. Dans ce cas, la mort est apparentée avec un mauvais destin et un développement qui dépérit. Cependant, la mort de Moché Rabbénou n’est pas ainsi. De base, Hachem a prévu de donner à Moché une vie de cent vingt ans. Lorsque Moché Rabbénou a fini son rôle, c’est le moment de quitter ce monde. La mort de Moché n’est pas apparentée à une rupture, mais à une réussite, à un développement, à un projet en épanouissement. C’est ça l’erreur de Haman. Il pensait que la mort est nécessairement liée à la défaite. Mais il ne savait pas que, chez Moché, qui est né ce même jour, la mort est signe d’accomplissement. La Guemara ne dit pas simplement qu’Haman ne savait pas que ce jour était le jour de naissance de Moché, mais « Haman ne savait pas qu’il est décédé et né au mois d’Adar », car l’erreur d’Haman était de ne pas remarquer la coordination entre le jour de la naissance et de la mort de Moché Rabbénou.
Rav Leib Minsberg nous apporte une explication supplémentaire montrant que les paroles de nos sages cités en début d’article nous expliquent ce qui se passait du temps de la période de Pourim.
Quand Haman dit que le mois d’Adar est propice à l’anéantissement du peuple juif du fait de la mort de Moché Rabbénou, il veut dire que la dimension de Moché est morte. Dans la période où se déroule les événements de la Méguila, il n’y a plus de prophétie, il n’y a plus de miracles dévoilés. Hachem dirige Son peuple de manière cachée. Haman s’est dit que c’est la fin du peuple juif. Mais il ne savait pas que chez le peuple juif cela ne fonctionne pas ainsi. Lorsqu’il y a la vie de Moché qui prend fin, le même jour il y a aussi la naissance de la dimension de Moché. Effectivement, Hachem ne dirige plus Son peuple comme avant et c’est la fin de la prophétie, mais une nouvelle ère commence. A partir de la période de Pourim, c’est la Torah Orale qui va beaucoup se développer. C’est à ce moment-là que le peuple va recevoir la Torah avec une pleine volonté et non par contrainte (Chabbat 88.). A ce moment-là, le peuple juif a intégré profondément que Hachem les accompagne toujours et malgré tout.
Le mois de Nissan est le premier jour de l’année du peuple juif. C’est le mois du printemps et de la floraison. Le mois d’Adar est à la fin de l’année. Il est apparenté avec la vieillesse, la fatigue et le manque d’enthousiasme. Moché Rabbénou a libéré le peuple juif en Nissan et a quitté ce monde en Adar. Cet esprit représente bien l’état dans lequel était le peuple juif à l’époque de Haman. Le peuple était dans une descente continue dans le service Divin. Mais Haman ne connaissait pas le fonctionnement du peuple juif, qui est comparé à la lune. Celle-ci, à la fin du mois, arrive au déclin de sa luminosité, mais c’est parce qu’elle va ensuite de nouveau éclairer.
Le mois d’Adar est le dernier mois de l’année, mais il est aussi le mois de préparation au mois de Nissan. Ce mois fait partie du renouveau du début de l’année juive qui approche. Moché est né au mois d’Adar. C’est le mois de préparation au mois de Nissan, où il délivrera le peuple juif. Au mois d’Adar, on apporte le Ma’hatsit Hachékél, avec lequel on apportera les sacrifices de la nouvelle année. Les sept jours de préparation à l’inauguration du Michkan qui se déroulera le premier Nissan, étaient au mois d’Adar.
Tout ce qu’il y a dans le monde, au bout d’un moment, se diminue et s’affaiblit. Haman pensait qu’il en était de même pour le peuple juif et que la dimension de Moché est morte. Ce peuple, disait-il, n’a plus d’entrain pour l’accomplissement des Mitsvot et son D. est vieux (Esther Rabba 7 ; 12,13). Mais c’est une erreur. Le peuple juif est éternel. S’il subit une descente, comme c’était le cas en ces temps-là, c’est qu’il va rencontrer une remontée, la dimension de naissance de Moché. A Pourim, le peuple juif a reçu de nouveau la Torah avec une pleine volonté et la Torah Orale s’est beaucoup développée depuis ce moment-là.
A nous aussi d’intégrer en nous que si nous rencontrons un relâchement dans notre ‘Avodat Hachem, sachons que ce n’est que provisoire et recherchons la voie qui nous amènera à un renouveau plein de zèle et d’attachement à Hachem. Ne tombons pas dans l’erreur de Haman et écoutons ce que nous disent nos sages : « Le jour du décès de Moché et aussi le jour de sa naissance. » Sachons que nous faisons partie d’un projet puissant et éternel ! Renforçons-nous et découvrons avec plaisir les nouveaux terrains où nous emporte Hachem pour le servir !
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