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Il y a un déterminisme pour Israël

par: Jacques Benhamou

Publié le 12 Septembre 2012

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Moché au dernier jour de sa vie, donne aux enfants d’Israël ses derniers conseils, une petite centaine de malédictions et de magnifiques bénédictions. Lorsque les enfants d’Israël rentreront dans le pays, ils devront dire à leur tour des malédictions et des bénédictions sur les monts Eval et Guérizim. Le peuple d’Israël devra alors s’engager à nouveau et confirmer l’alliance avec D. en répondant Amen à toutes ces clauses. Moché lui même, avant que le peuple ne passe le Jourdain, prophétise les malheurs qui adviendront au peuple, au cas où il ne respecterait pas l’alliance:

ספר דברים פרק כח

:יד) ולא תסור מכל הדברים אשר אנכי מצוה אתכם היום ימין ושמאול ללכת אחרי אלהים אחרים לעבדם)

Ne t’écarte ni à droite ni à gauche de toutes les paroles que je vous ordonne aujourd’hui. [Prends bien garde à ne jamais] suivre d’autres dieux ou les adorer.

:טו) והיה אם לא תשמע בקול ידוד אלהיך לשמר לעשות את כל מצותיו וחקתיו אשר אנכי מצוך היום ובאו עליך כל הקללות האלה והשיגוך)

Mais si tu n’écoutes pas la voix de Hachem ton D. en observant et en n’accomplissant pas tous Ses commandements et Ses décrets que je te prescris aujourd’hui alors toutes ces malédictions s’abattront sur toi. Suivent alors 49 malédictions. Pourquoi tant de haine qui finira par s’abattre sur le peuple ? Voyons d’abord les termes de l’alliance sur lesquels s’engage le peuple, dans le commentaire du Or Hahaïm sur le verset 15:

אור החיים על דברים פרק כח פסוק טו

והיה אם לא תשמע וגו’ התנה הכתוב על שלשה דברים, תלמוד תורה, ושמירת מצות לא תעשה, וקיום מצות עשה, שצריך שיהיו שלשתם יחד

הכוונה שהגם שילמוד תורה, אם לא ישמור, או אם ישמור ולא יעשה, או אם יעשה שניהם ויבטל מתלמוד תורה, יבואו עליו הקללות רחמנא ליצלן כאשר יבאר מה

:שנוגע לכל אחת מהנה, עונש כל אחד בפני עצמו

Le texte donne trois conditions: 1) l’étude de la Thora, 2) le respect des interdits (mitsvot lotassé) et 3) l’accomplissement des obligations (mitsvot assé). Les trois conditions doivent être accomplies simultanément […]. Le Or Hahaïm poursuit.

והתחיל בעונש ביטול תלמוד תורה, ואמר ארור הוא בעיר וגו’ עד מאמר ועד אבדך מהר, וגמר אומר מפני רוע מעלליך אשר עזבתני, הרי שהקללות האמורות עד עתה הם כנגד עזיבת התורה, כי העוזב תורה כעוזב ה’, וכן תמצא שהקפיד ה’ כל כך על עזיבת התורה ואמר (ירמיה ט יב) על מה אבדה הארץ, ויאמר ה’ על עזבם את :תורתי, והוא אומרו כאן (פסוק כ) ועד אבדך מהר מפני רוע מעלליך אשר עזבתני

Le texte commence par envisager le cas où le peuple abandonnerait l’étude de la Thora, du verset 16 au verset 20 et conclut « à cause de tes mauvaises voies, parce que tu auras abandonné mes [enseignements] ». Il se trouve que ces malédictions portent donc sur l’abandon de la Thora, car l’abandon de la Thora est comparable à l’abandon de Hachem. Ainsi tu trouveras que Hachem est extrêmement exigeant sur ce point, comme il est dit dans Jérémie IX,12: « Pourquoi la terre a-t-elle été perdue ? Hachem a répondu: parce qu’ils ont abandonné ma Thora » et c’est ce qu’il est mentionné au verset 20: « à cause de tes mauvaises voies, parce que tu auras abandonné mes [enseignements] ».

Voyons le texte de Jérémie versets 11-12:

:יא) מי האיש החכם ויבן את זאת ואשר דבר פי ידוד אליו ויגדה על מה אבדה הארץ נצתה כמדבר מבלי עבר)

Qui est l’homme sage qui nous expliquera cela, à qui la bouche de Hachem a révélé [la raison de la perte de la terre] , pour qu’il nous dise pourquoi ce pays a-t-il été ruiné, dévasté comme un désert sans passant ?

:יב) ויאמר ידוד על עזבם את תורתי אשר נתתי לפניהם ולא שמעו בקולי ולא הלכו בה)

Hachem dit: « c’est parce qu’ils ont abandonné ma Thora que je leur avait donnée, parce qu’ils n’ont pas écouté ma voix et ne s’y sont pas conformés ».

La Guémara dans Nédarim 81a et Baba Métsia 85a fait la remarque suivante:

נדרים דף פא/א

אמר רב יהודה אמר רב מאי דכתיב מי האיש החכם ויבן את זאת דבר זה נשאל לחכמים ולנביאים ולא פירשוהו עד שפירשו הקדוש ברוך הוא בעצמו דכתיב ויאמר ‘ה’ על עזבם את תורתי וגו

  1. Juda a dit au nom de Rab : Où est l’homme qui comprend ces choses ? Qu’il le dise, celui à qui la bouche de l’Éternel a parlé ! Pourquoi le pays est-il détruit ? (Jér. IX, 11). Les sages essayèrent de répondre à cette question, mais n’y parvinrent pas ; des prophètes essayèrent aussi, en vain. C’est le Saint béni soit-Il qui donna l’explication : Hachem dit : C’est parce qu’ils ont abandonné ma Thora.

La Guémara relève que, hormis Hachem, personne n’aurait pu dire pourquoi la terre a été détruite et le peuple exilé. Ceci est étonnant car dans notre paracha, Moché lui même prévint:

דברים פרק כט

כג) ואמרו כל הגוים על מה עשה ידוד ככה לארץ הזאת מה חרי האף הגדול הזה)

Toutes les nations demanderont: « Pourquoi Hachem a-t-il traité ainsi ce pays ? Quelle était la raison de cette démonstration de cette colère ? »

כד) ואמרו על אשר עזבו את ברית ידוד אלהי אבתם אשר כרת עמם בהוציאו אתם מארץ מצרים)

Ils répondront: « C’est parce qu’ils ont abandonné l’alliance que Hachem, D. de leurs pères, contracta avec eux lorsqu’Il les fit sortir d’Egypte ». Le phénomène semble connu depuis la plus haute antiquité: un peuple disparaît parce qu’il perd sa culture[1] et il est absorbé par un autre peuple culturellement plus fort. La Grèce antique a procédé ainsi. Elle imposait sa domination culturelle aux nations conquises par la force, tandis que Rome intégrait les nouvelles cultures alors que sa culture propre se diluait[2].

Alors pourquoi seul Hachem peut-il répondre à la question: Pourquoi le pays a-t-il été détruit ? Les sages ne le savent–ils pas ? Une première réponse peut-être proposée: Si les nations s’étonnent de la disparition d’un peuple culturellement si puissant, c’est parce qu’elles le regardent comme soumis à leur propre physique sociologique: un peuple culturellement faible est absorbé par un peuple devenu culturellement fort. Comment une nation née par un phénomène hors du commun (le miracle de la sortie d’Égypte, le don de la Thora, la traversée du désert, la conquête de la terre d’Israël) peut-elle subir apparemment le même destin qu’une nation du monde ?

Le midrach Rabba (deuxième introduction au livre des lamentations) va nous éclairer sur cette question[3].

מדרש רבה איכה הקדמה פסקה ב

רבי אבא בר כהנא פתח (שם ט’) מי האיש החכם ויבן את זאת וגו’ תני רשב »י אם ראית עיירות נתלשות ממקומן בארץ ישראל דע שלא החזיקו בשכר סופרים ובשכר משנים שנאמר (שם) על מה אבדה הארץ ויאמר ה’ על עזבם את תורתי

Rabbi Abba bar Kahana a introduit « qui est l’homme sage qui pourra nous expliquer cela [Pourquoi le pays a-t-il était détruit ?]. Rabbi Chimon bar Yo’haï a enseigné: si tu vois des villes déracinées en Israël, sache qu’ils ont négligé le salaire des enseignants de Thora et de Mishna comme dit: « Pourquoi le pays a-t-il été détruit ? Hachem dit : C’est parce qu’ils ont abandonné ma Thora ». Rabbi Chimon bar Yo’haï avance un élément: Israël n’a pas une culture comparable à celle des autres nations. Les nations du monde transmettent et véhiculent leur culture dans un inconscient collectif tandis qu’Israël construit sa culture: les enseignants de Thora et de Mishna sont les véhicules conscients de la culture d’Israël, les négliger revient à mépriser la culture d’Israël.

Le midrach continue:

רבי הוה משלח לר’ אסי ולר’ אמי דיפקון ויתקנון קרייתא דארעא דישראל והוון עלין לקרייתא ואמרין להון אייתו לן נטורי קרתא והוון מייתו להון ריש מטרתא וסנטרא והוון אמרין להון אלין נטורי קרתא אלין חרובי קרתא אמרו להון ומאן אינון נטורי קרתא א »ל אלו סופרים ומשנים שהם הוגים ומשנים ומשמרין את התורה ‘ביום ובלילה על שם שנאמר (יהושע א’) והגית בו יומם ולילה וכן הוא אומר (תהלים קכ »ז) אם ה’ לא יבנה בית וגו’

Rabbi envoya Rabbi Ami et Rabbi Assi visiter le pays d’Israël. Ils sont arrivés dans une ville et ont demandé qu’on leur présente les gardiens de la cité. On leur a amené le chef des juges et le chef de la police. Ils ont dit « cela seraient-ils les gardiens de la cité, mais ceux sont les destructeurs de la cité ! » les gens de la ville ont demandé: « qui sont les gardiens de la ville alors ? », ils ont répondu: « ce sont les enseignants de Thora et de Mishna […] Ici le midrach va plus loin, il qualifie « les puissants » de destructeurs. Si constamment, on se fie à la puissance coercitive, à la force extériorisée, Israël sera alors voué à la destruction. Les esprits ne se domptent pas à la force du poignet mais à la force de la parole élaborée.

Le midrach amorce une seconde réponse.

ר’ הונא ור’ ירמיה בשם ר’ שמואל ברבי יצחק אמר מצינו שויתר הקב »ה על עבודת כוכבים ועל גילוי עריות ועל שפיכות דמים ולא ויתר על מאסה של תורה שנאמר על מה אבדה הארץ על עבודת כוכבים ועל גילוי עריות ועל שפיכות דמים אין כתיב כאן אלא על עזבם את תורתי

Rav Ouna et Rav Yérmia au nom de Rav Chemouel, le fils de Rabbi Itsrak ont dit: On remarque que le Saint béni soit-il, laisse passer les fautes de l’idolâtrie, de la débauche et du meurtre mais qu’Il est inflexible sur l’abandon de la Thora, puisque le texte du prophète Jérémie ne mentionne que l’abandon de la Thora.

On pourrait ajouter qu’Il pardonne aussi la haine gratuite puisse qu’elle n’est pas mentionnée dans le texte. Ceci est surprenant parce que Moché lui même dit dans דברים פרק כט:

כה) וילכו ויעבדו אלהים אחרים וישתחוו להם אלהים אשר לא ידעום ולא חלק להם)

Ils sont allés servir des dieux étrangers et se sont prosternés à eux, des dieux inconnus qu’ils n’avait pas reçu en partage.

כו) ויחר אף ידוד בארץ ההוא להביא עליה את כל הקללה הכתובה בספר הזה)

Hachem a montré sa colère contre ce peuple, lui infligeant toutes les malédictions écrites dans ce livre.

כז) ויתשם ידוד מעל אדמתם באף ובחמה ובקצף גדול וישלכם אל ארץ אחרת כיום הזה)

Hachem les a renvoyés de leur pays avec colère, courroux et un extraordinaire emportement puis les a exilés dans un autre pays, où ils se trouvent jusqu’à aujourd’hui.

Comment comprendre que pour Moché, c’est l’idolâtrie qui est la mère de tous les exils ? De quelle idolâtrie parle ici Moché ? Est- cela d’abandonner la Thora, d’après le midrach ?

Le midrach poursuit:

ר’ הונא ור’ ירמיה בשם ר’ חייא בר אבא אמרי כתיב (ירמיה ט »ז) ואותי עזבו ואת תורתי לא שמרו הלואי אותי עזבו ותורתי שמרו מתוך שהיו מתעסקין בה המאור שבה היה מחזירן למוטב רב הונא אמר למוד תורה אע »פ שלא לשמה שמתוך שלא לשמה בא לשמה

Rav Ouna et Rav Yérmia au nom de Rabbi ‘Hiya poursuivent: il est mentionné (Jérémie XVI,11) « Ils m’ont abandonné et ma Thora ils ne l’ont pas gardée » si seulement ils ne m’abandonnaient mais qu’ils observaient ma Thora ! Du fait qu’ils s’en occupent, la lumière qui s’y trouve, permettra à Israël de retourner vers le bien. Rav Ouna dit: « l’étude de la Thora, même si elle n’est pas [étudiée] de façon désintéressée pour d’Hachem, elle le deviendra forcément ».

Dans un premier temps, le midrach nous dit que les errances religieuses d’Israël ne sont pas un problème de fond[4]. Ceci à condition de ne pas couper le lien avec l’étude de la Thora car elle contient quelque chose de sous-jacent c’est cette notion de « au nom de ». Le midrach précise:

אריב »ל בכל יום ויום בת קול יוצאת מהר חורב ואומרת אוי להם לבריות מעלבונה של תורה

Rabbi Yochoua ben Lakich dit: « Tous les jours, une voix sort du mont ‘Horev et dit: « Malheur à l’humiliation de la Thora ». Ici Rabbi Yochoua ben Lakich qualifie le lieu du don de la Thora de « mont ‘Horev » et pas « mont Sinaï ». Sinaï connote une notion de haine (Sina) en opposition avec les nations[5]. Rabbi Yochoua ben Lakich écarte cette notion attachée au mot Sinaï pour parler de ‘Horev qui renvoie à une notion de « dévasté » ou « d’épée » (‘Hérév). Une voix fragile, peut se faire écouter dans le brouhaha de l’air du temps, à condition d’être un réceptacle (notion de « dévasté »). Le deuxième sens de ‘Hérév (« épée ») renvoie plutôt à l’idée d’honnêteté vis a vis de soi-même. Lorsqu’on est confronté à une réflexion, une intuition et de façon générale à une association (logique, sensible, émotive ou inconsciente), il faut avoir la force de l’élaborer puis l’expliciter pour pouvoir ensuite la juger cohérente ou pas. Il s’agit là d’un combat avec soi-même[6].

שמואל תני לה בשם ר’ שמואל בר אמי אימתי המלכות גוזרת גזרה וגזירתה מצלחת בשעה שישראל משליכין דברי תורה לארץ

Chemouel enseigne au nom de Rav Chemouel fils d’Ami: A quel moment [se passe le phénomène suivant]: la royauté promulgue un décret [contre Israël] et ce décret s’applique ? Au moment où Israël jette les paroles de Thora à terre. Quand Israël est-il soumis au même schéma de disparition que les peuples de la terre (à savoir qu’une civilisation montante efface une civilisation faible ou décadente) ? Chemouel nous apprend qu’à partir du moment où les juifs s’échangent, entre autres banalités, des paroles de Thora, sans les considérer, alors la Thora devient une culture comme une autre avec ses mythes et ses récits épiques. Autrement dit, si on ne considère pas les paroles de Thora comme venant du ciel mais qu’on les jette à terre en les banalisant alors (mesure pour mesure), les nations ne sont plus bienveillantes à l’égard d’Israël et même le contraire. Si Israël a troublé le rythme de l’histoire du monde, il doit assumer sa nature extraordinaire. Dans la suite, le midrach revient sur l’enseignement de Rabbi Chimon Bar Yohaï et l’englobe, en rapportant que les ennemis d’Israël ne peuvent pas l’attaquer que si la voix des petits enfants se fait entendre au Talmud Thora; alors que les ados dorment ou font le chahut en cours de kodech et les adultes sont endormis pendant le cours du rabbins. C’est pour cela que la terre a été perdue.

Pour conclure, revenons d’abord sur le Or Hahaïm puis sur la suite de Nédarim 81a.

Le Or Hahaïm avait relevé 3 conditions pour que les malédictions ne s’abattent pas sur Israël: 1) l’étude de la Thora, 2) le respect des interdits 3) l’accomplissement des obligations. Nous avons vu que la guémara Nédarim et le midrach ne font pas cas de la seconde et de la troisième condition. Dans le monde de l’action, les faits et gestes sont une source d’interrogation pour un être qui essaie de penser ce qu’il fait. Par exemple, l’engagement d’Israël au pied du Sinaï qui dit « nous ferons et nous écouterons »[7] rendu par le Roi David dans le psaume 85,12: אמת מארץ תצמח la vérité germe de la terre.

La suite de Nédarim 81a:

היינו לא שמעו בקולי היינו לא הלכו בה אמר רב יהודה אמר רב שאין מברכין בתורה תחלה

[Le verset de Jérémie IX,12 continue] « parce qu’il n’ont pas écouté ma voix » et [ajoute encore] « et ne s’y sont pas conformés » ? Rav Yéhouda explique au nom de Rav: [la terre a été perdue] parce qu’il ne faisait pas les bénédictions avant d’étudier la Thora. Dire une bénédiction avant l’étude, c’est sacraliser l’étude c’est à dire ne pas prendre la Thora à la légère parce qu’elle nous engage entièrement, ce qui est un tour de force dans le monde où les choses se font pour rire. Moché nous apprend que pour Israël, faire société sur une terre passe forcément par l’étude de la Thora, sinon c’est la perdition. Les malédictions sont donc des mises en garde à un peuple né hors des chemins de la terre. Le déterminisme propre à la nature d’Israël, à savoir l’élaboration de sa culture ou simplement l’étude de la Thora, est le garant de l’existence d’Israël. Sans cela, la « civilisation juive » rejoindra les musées où sont entreposés les momies muettes des civilisations passées.


[1] Anachronisme ici mais dans le sens général c’est l’ensemble de connaissances, croyances, habitudes … mises en relation, structurées, synthétisées et acquises par une société. Elle est sujette à une relativité historique mais porte le sceau de la société qui l’engendre.

[2] Si elle en a eu une un jour: les sages ont une vision méprisante de Rome dans la mesure où elle n’a pu renverser la Grèce, qu’en s’associant aux Judéens car Rome disposait de la puissance militaire mais pas de la puissance culturelle qui ont trouvé chez Israël. Cependant l’association n’a durée que 50 ans puis Rome a commencé à assujettir Israël (début de Massé’het Avoda Zara)

[3] Inspiré d’un cours de Rav Jessurun.

[4] Ce qui peut expliquer pourquoi Moché parle « de dieux inconnus, qu’ils n’avaient pas reçus en partage », ou comme le dit Ytro une fois que Moché lui a raconté la sortie d’Egypte (Chemot 18,11): « maintenant, je sais que D. est plus grand que tous les dieux »: Comment mettre en balance l’Unique du monde avec des statuts de bois or d’or ? Parce qu’il existe une distance irréductible entre le Créateur et sa créature, parce que sinon on ne pourrait pas parler de créature (Tselem Elokim: ombre de D.) mais de part de D.

[5] Le don de la Thora suscite la haine des nations par jalousie ou par don d’une moralité qui entrave leur liberté en donnant une conscience, voire une culpabilité.

[6] Bien que la Thora dit environ 365 fois « Ne fais pas », ce qui ne relève pas d’une voix fragile, l’expression est à traduire par « non ». Par exemple, quand la Thora dit Lo Tassour, on traduit généralement par « Ne t’écarte pas ! » à l’impératif sous forme d’ordre. Or cette traduction correspond à l’expression Al Tassour. La traduction de Lo Tassour sera plutôt « s’écarter, Non ». Il s’agit d’une déclaration de principe. De même le terme Mitsva est traduit par « commandement » qui a son pendant avec le mot « obéir ». Or ce mot n’existe pas en hébreu biblique. Le texte dit « Ecoute la voix » Chama békol pour « obéir ». En hébreu moderne on traduit « obéir » par Tsaït qui est d’origine araméenne d’après certains, il n’y a pas « d’obéissance » attendue dans la Thora, ce mot lui est étranger. D’autres pensent que Eliézer Ben Yéhouda a construit ce mot moderne à partir de la racine Tsiva (ordonner). D’après cette seconde explication, il y a un lien entre celui que est métsouvé (ordonné) et l’ordonnateur métsaïèt. Puisque la notion de mitsva n’est pas associée à l’obéissance à D., alors on peut comprendre pourquoi les chrétiens ont rejeté la notion « d’ordre » et pourquoi au contraire l’islam considère la mitsva comme absolue (œil pour œil, dent pour dent tel que c’est écrit dans le texte). L’islam accepte la notion « d’exception à la règle » comme par exemple le principe des Dhimmi en terre d’islam ou d’exemption du Ramadan pour les femmes enceintes. (D’après Rav Jessurun).

[7] L’étude du mot « écoute » Chema dans le livre de Dévarim (qui débute par « Voici les dires qu’a dit Moché aux enfants d’Israël ») est un sujet en soi (voir Dévarim Rabba 7,2)

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