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De Rosh HaShana à Yom Kippour, par Rav Emmanuel Gies

par: Rav Emmanuel Gies

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בס »ד

De roch hachana à yom kipour, par Rav Emmanuel Gies

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ימים נוראים– Les Journées Formidables

Kippour : succès de l’essai et apothéose du préliminaire de RH

 

Nous avons été re – mis au monde, à RH, par l’aboutissement de 10 semaines[1]. Ce travail de constat d’échec suivi de consolation / vision d’avenir, nous a permis de nous présenter devant Lui pour Lui exprimer notre volonté de ne demander l’existence que pour la réalisation de Son projet, en nous et sur Terre. Qu’en nous, se révèle hachem comme seul maître du Monde, et que notre être comme celui de l’Univers entier soit configuré comme réceptacle de Son seul projet.

Cure de jouvence, renaissance à l’ambition d’être, tout simplement ; d’exister, enfin. Fort bien. Grâces en soit rendues au Créateur qui nous a donnés Ses jours de sainteté[2], et à nos Maîtres qui nous éveillent à les reconnaître en nous.

Fort bien.

Mais cette reconfiguration ne sera complète, disions nous, que lorsque notre univers se révèlera être un marchepied vers l’avenir au point que s’y dévoile la totalité de la présence divine réalisable en ce monde : abondance, sécurité, reconnaissance des Nations. Or, cette plénitude n’est concevable qu’à la condition que « EKeV thichme’oun » ; que nos comportements perçus comme les plus indissociables de ce que nous sommes, nos traits de caractères les plus basiques, ceux là qui sont responsables de mitsvoth que l’on « foule aux talons »[3] – ceux là même, doivent devenir porteurs des avis, de la pensée de la thora. Autrement dit, notre monde ne deviendra support visible (abondance sécurité etc.) de la présence divine qu’il construit, préfiguration et espérance du monde à venir, que lorsque nous serons, jusqu’aux « talons » de notre être, jusqu’au bout des pieds[4], une représentation de Sa parole.

Aussi, hélas, ce désir, cet élan vers l’être-enfin, dont RH nous a gratifié, à l’air de devoir se briser sur la muraille de nos routines et de notre milieu ; à se noyer dans le flot de nos soucis du quotidien, à s’embourber dans les sables mouvants de nos frustrations, de nos pesanteurs.

Alors, lorsque les 10 (10 semaines, vous souvenez-vous) premiers jours de l’année se concluent, nous recevons une journée encore plus phénoménale, encore plus Formidable (NoRa_ en hébreu. Redoutable, dans le sens où la réalité triviale à nos yeux se révèle n’être que la partie émergée d’un gigantesque ). Yom kippour. Le jour où on est « purifié devant hachem (prière) ». On a la joie d’être, ce jour là, propulsé au devant de Lui, comme on pouvait l’être au temps du Temple[5], lieu sanctifié, se trouver « devant hachem »[6] et s’y réjouir de notre plénitude.

1.

Cette posture, devant Lui, c’est cela qui fait la « purification ». TaHaRa, purification, désigne la clarté, la pureté de notre constitution[7]. Devant Lui, nos routines, nos pesanteurs, nos soucis du quotidien retrouvent leurs juste place : des écueils placés sur notre chemin qui ne sauraient remettre en question l’essentiel de notre devenir : l’ambition qui s’est fait jour en nous, à RH, notre vocation de représenter pleinement Sa gestion de notre monde. Oui, l’ambition qui est la nôtre, de devenir de hauts fonctionnaires, stables et fiables, dans Son gouvernement, des princes, des ministres – שר SaR, radical de yiSRaël ישראל – cette ambition s’éclaire, s’éveille à la lumière de Sa présence, ce jour-là.  Et se perçoit comme seule réalité qui est la nôtre. Le reste, tout le reste, toutes nos défaillance de l’année, son ramenées à ce qu’elles sont. Annexes et accessoire.

2.

Et c’est normal. Toute l’année, on est dans la forêt du quotidien, dans la nuit de nos quêtes, préoccupés par l’exigence de l’immédiat. Kippour, jour unique dans l’année ou le yetser hara’[8] est détrôné, ce pouvoir qui s’exerce d’ordinaire pour nous détourner de notre essentiel.

C’est ce qui explique que nos sages (tha’anith 26b et rachi ad loc.) traduisent l’expression « au jour de Son hyménée (chir 3, 11) » par ‘jour de Kippour’, jour du don des deuxième Tables de l’Alliance. Car en effet, ce jour se révèle la communauté indéfectible de destin qui nous unit à Son nom dans le monde terrestre. Ce jour là, hachem s’est trouvé un peuple, une cala, la « fille de tsion », pour assurer la base terrestre de Son nom. Le PJ à Kippour, est, clairement, l’agent : celui qui agence le monde terrestre [9] pour en faire le lieu de Sa résidence.

Ce jour là, dans cette clarté, les fautes ne sont que poussières dues à l’environnement. Elles ne constituent plus en rien des produits de notre intériorité, et par conséquent, ne nécessitent ni prélavage, ni lavage, ni détergent. Elles tombent d’une simple secousse, comme poussière d’un manteau. KiPouR égale ‘essuyer’ (rachi beréchith 32, 21). Kippour, jour de notre union, est subséquemment aussi jour d’époussetage. Le souffle par lequel s’exhalent nos prières en ce jour, dégage notre horizon de toute futilité, et rejette les fautes loin de la société des hommes, « à ‘azazel, dans le désert (vayikra 16, 23 – lecture de Kippour) », bannit sa puanteur dans le cloaque impossible d’où on n’aurait jamais du le faire sortir ; d’où il n’est jamais réellement sorti, en fait.

 

 

3.

On aura compris que l’on ne jeûne nullement à Kippour comme au 9 av. Nous nous mortifions le 9 av pour acter que la vision que nous avons de notre (d)efficience dans ce monde nous enlève l’envie et le prétexte d’y prendre soin de notre existence dans son aspect matériel.

A Kippour au contraire, nous n’allons jeûner que pour donner à notre être terrestre l’occasion de faire apparaître sa vocation au service du céleste en pleine lumière. Et c’est pourquoi, le 9 thichri, c’est jour de fête, avec repas festif. Obligation de la thora écrite, s’il vous plaît, et non d’ordre rabbinique, comme les jours de chabath et fête. De plus, nous allons בע »ה célébrer dans la festivité, la clôture de Kippour et l’arrivée dans l’avenue qui mène à soucoth. Tout ça pour dire que, oui, lorsque l’on retrouve son identité réelle, lorsque l’imposteur caché jusque dans notre propre cœur est démasqué, c’est  יום טוב .

 

שבת שלום – גוט יום טוב – גמר חתימה טובה

Bienfaisants Jours Redoutables

EG

 

 

 

Dédié à la guérison complète de  מרגלית פנינה בת שרה , אבשי בן רבקה רודא , זאב פלטיאל בן אריה

 

להצלחת מונה בת חוה שתחיה לרצון לפני ה’, ולהצלחת אביגדור בת חוה הי »ו

 



[1] Cf. devar précédant De 9 av à RH – Nahamou – nitsavim_Semaines de Consolation 776.

[2] destination, assignation et préservation de notre avenir dans notre actualité.

[3] Que l’on enfreint d’une démarche naturelle, sans s’en rendre compte.

[4] Jusqu’au reflexe, au lapsus, jusqu’au comportement spontané et irréfléchi.

[5] Kipour, jeune complet de 24h, répare 9 av, jeûne complet également, célébrant la ruine du Temple. Cf. note 11, devar  précédent, Semaines de consolation 776.

[6] Lévitique 16, 30 pour le pardon de Kippour. Pour la joie : Deut. 12, 7 – 12 et 18 ; 14, 26 ; 16 & 26, 11. Excusez du peu.

[7] L’absence de corps étranger, d’impuretés et de défaut, fait de la pierre un diamant pur, clairement exposé à la vue dans sa totalité. Dégagé de minéraux interférents, l’or devient or pur.

[8] Tendance à la jouissance dans l’immédiateté égocentrée.

[9] Par les mitsvoth nommées pekoudim (thehilim 19,9), charges d’un fonctionnaire, charges de celui qui, digne de confiance, est investi d’une mission par le chef. Chef, tête, qui renvoie au ‘chef de projet’ du devar dernier, beréchith. Attention à la connotation actuelle de ‘fonctionnaire’ qui devrait au contraire être synonyme de compétence, savoir faire, et fiabilité.

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“De Rosh HaShana à Yom Kippour, par Rav Emmanuel Gies”

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