Qu’est ce que Hanoucca ? Le Talmud dans le traité Shabbath (21b) répond : « Lorsque les Grecs (à l’époque du second temple) sont entrés dans le Temple, ils ont rendu impures toutes les huiles du Sanctuaire. Lorsque les Hasmonéens reprirent l’avantage et réussirent à les vaincre, ils recherchèrent dans le Temple de l’huile consacrée mais ne trouvèrent qu’une petite fiole d’huile cachetée au sceau du grand prêtre, [garantie de sa pureté].
Cette fiole ne contenait que la quantité d’huile nécessaire pour allumer un jour la Ménorah. Un miracle se produisit, ils purent allumer durant huit jours, le temps nécessaire pour produire une nouvelle huile pure.
L’année suivante les sages décrétèrent que ces jours seraient des jours de fête, en signe de glorification et de reconnaissance. »
Les Grecs, à la différence des autres empires qui s’attaquèrent au peuple d’Israël, ne détruisirent pas le Temple, mais ils profanèrent les huiles du Sanctuaire.
Rabbi Yéhouda Halevy, dans son livre « le Kouzari » explique que les Grecs, contrairement au peuple d’Israël, n’ont pas reçu de prophétie. Le « miracle grec », source de l’humanisme occidental, vient de cette réalité de l’homme qui essaie par lui-même de comprendre le monde dans lequel il se trouve. Qu’est ce que je fais dans ce monde ? Qu’est-ce que le bien ? Qu’est ce que le monde ? La Torah définit des notions de pureté et d’impureté. Un cadavre constitue la source première d’impureté. Pour un humaniste, cette idée est insupportable, car un cadavre est naturel. Le sang menstruel, traditionnellement est source d’impureté. « Mais ce n’est pas possible, objecte l’humaniste, les règles sont naturelles ! »
Les Grecs, d’ordinaires gens pondérés et éclairés, s’acharnèrent avec rage à éliminer cette notion de pureté et d’impureté. Ils concentrèrent cette fureur sur le Temple de Jérusalem, non pour le raser mais pour le banaliser. Nos Sages dirent qu’ils percèrent des brèches, ils ne le cassèrent pas, mais ouvrir des brèches. Le Temple exprime une préparation. Pour aller au Temple on se prépare, on se purifie. On entre dans le Temple, situé à un endroit précis, par telle entrée et non telle autre. On ne peut s’avancer que jusqu’à une limite bien précise. Seul le Grand Prêtre peut entrer dans le Saint des Saints et cela seulement le jour de Kippour.
Les Grecs percèrent les murs du Temple, pour éliminer toute différence entre l’intérieur et l’extérieur, pour montrer qu’on peut entrer et sortir de ce lieu de façon indifférenciée, car le monde grec refuse la notion même de différence. Tout se donne à voir.
Le premier miracle de Hanoucca aura été de découvrir à l’intérieur du Temple, une fiole d’huile pure. Il s’agit bien là d’un miracle « discret » « pudique » qui ne se donne à voir qu’à celui qui y prête attention, qui y est sensible. Rambam enseigne que les Sages de cette génération instituèrent alors qu’il faut allumer les lumières de Hanoucca aux portes des maisons, pour les donner à voir, pour montrer, dévoiler le miracle.
« Aux portes des maisons », c’est à dire que la lumière n’est pas une lumière absolue qui écrase, c’est une lumière qui a sa source et qui rayonne, qui exprime une intentionnalité qui montre quelque chose, à la différence de la lumière de l’humanisme qui se veut absolue, qui nie les différences. C’est en cela que le miracle de Hanoucca constitue une inauguration : on va réinstaurer le Temple dans sa dimension de lieu de rayonnement, pour réaffirmer que le monde est mu par une intentionnalité et n’est pas indifférencié.
Il n'y a pas encore de commentaire.