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Introduction à la Parashat Béhalotékha – La légitimité des paroles des ‘Hakhamim

par: Rav Gerard Zyzek
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Publié le 18 Mars 2025

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Il est souvent difficile de définir de manière précise comment s’articulent les paroles des ‘Hakhamim, des Maîtres de la Tradition Orale, avec la Torah. Rav Mena’hem Schlanger dans son ouvrage hors normes O’hel Ra’hel (page 160), rapporte un Midrash (Bamidbar Rabba 15,8) qui peut apporter du matériau pour structurer notre réflexion.

בהעלותך זה שאמר הכתוב גם חשך לא יחשיך ממך ולילה כיום יאיר כחשיכה כאורה ולנו אומר בהעלותך. למה הדבר דומה למלך שהיה לו אוהב אמר לו המלך תדע שאצלך אני סועד אלא לך והכן לי. הלך אוהבו והתקין מטה של הדיוט מנורה של  הדיוט ושולחן של הדיוט. כיון שבא באו עמו שמשין סבבו מכן ומכן ומנורה של זהב לפניו. כיון שראה אוהבו את כל הכבוד התבייש והטמין את כל מה שהתיקן שהיה הכל הךיוטות. אמר לו המלך לא אמרתי לך שאצלך אני סועד למה לא התקנת לי כלום. אמר לו אוהבו ראיתי את כל הכבוד הזה שבא עמך ונתבישתי והטמנתי כל מה שהתקנתי לך שהיו כלי הדיוטות. אמר לו המלך חייך שאני פוסל את כל כלי שהבאתי ובשביל אהבתך איני משתמש אלא בשלך. וכן הקדוש ברוך הוא כלו אורה שנאמר ונהורא עמה שרא והוא אמר לישראל התקינו לי מנורה ונרות. מה כתיב שם ועשו לי מקדש ושכנתי בתוכם ושם ועשית מנורת זהב טהור. כיון שעשו באת שכינה. מה כתיב שם ולא יכול משה לבא אל אהל מועד. מיד קרא למשה ובבא משה אל אהל מועד לדבר אתו וישמע את הקול מידבר. מה דבר אליו בהעלותך את הנרות.

‘ « Lorsque tu feras monter les lampes [1] » (Bamidbar 8,2), c’est ce que dit le verset (Téhilim 139,12) « Les ténèbres mêmes ne seront pas obscures pour Toi, la nuit est lumineuse comme le jour, comme l’obscurité est la lumière (pour Toi) » et Tu nous dis d’allumer le Candélabre ? Cela ressemble à la parabole suivante. Un roi avait un ami. Le roi lui dit : sache ami que Je vais me restaurer chez toi. Va et prépare-moi ce repas ! L’ami du roi est allé et a préparé un canapé d’homme simple, un chandelier d’homme simple et une table d’homme simple. Lorsque le roi arriva, il vint avec tous ses serviteurs qui l’entouraient et avec un candélabre d’or qui le précédait. Lorsque l’ami du roi vit toute cette gloire, il eut honte, et cacha tout ce qu’il avait préparé car tout n’était que de simple facture. Le roi lui dit : ne t’avais-je pas dit que je venais me restaurer chez toi ? Pourquoi n’as-tu rien préparé ? L’ami du roi lui dit : j’ai vu toute la magnificence qui est venue avec toi, j’ai eu honte et j’ai caché tout ce que j’avais préparé car ce n’étaient que des choses très simples. Le roi lui dit : Je te jure que je disqualifie tout ce que j’ai apporté avec moi, et par amour pour toi, je ne vais utiliser que ce que tu as préparé. De même D. est entièrement lumière, comme dit le verset (Daniel 2,22) « La lumière réside avec Lui », et Il dit à Israël : préparez-moi un candélabre et des lampes ? Qu’est-il écrit à ce sujet ? (Shemot 25,8) « Faites-moi un sanctuaire et Je résiderai parmi eux », et aussi (Shemot 25,31) « Tu feras un candélabre d’or ». Le verset dit (Shemot 40,35) « Et Moshé ne pouvait pas entrer dans le Ohel Moèd, dans le sanctuaire, car y résidait la nuée, et la gloire d’HaShem remplissait le Mishkan ». Alors à ce moment-là Il appela Moshé (Bamidbar 7,89) « Et lorsque Moshé arriva dans le sanctuaire pour parler avec lui, il entendit la voix qui se parlait [2] vers lui » et quelle est la première chose que cette voix dit à Moshé ? « Lorsque tu feras monter les lampes ».’

Le Midrash relève qu’au moment de l’érection du Mishkan, du Tabernacle, Moshé ne pouvait pas entrer dans le Ohel Moèd, dans le sanctuaire, car la nuée y résidait et que la gloire de D. emplissait le Mishkan. La voix d’HaShem appelle Moshé d’au-dessus de l’arche, d’entre les Kerouvim, et lui parle. Quelle est la première parole ? L’injonction que les hommes allument des lumières dans le Mishkan. Tel est le lien de la juxtaposition du dernier verset de la Parashat Nasso et du premier verset de la Parashat Béhalotékha. Et telle est la question du Midrash : quelle est la pertinence que D. qui est entièrement lumière demande à l’homme qui est petit et limité qu’il allume de la lumière dans le lieu de Sa résidence ?

Le Midrash répond que par affection pour son ami ce n’est que cette lumière qui intéresse D.. Au risque d’un jeu de mots, nous pourrions dire que ce Midrash est éclairant en cela que nous pouvons maintenant comprendre pourquoi est-ce les hommes qui tranchent la loi et que la Torah ne se trouve pas dans les Cieux, comme disent nos Maîtres (Traité Baba Métsia 59b) : ‘ « La Torah n’est pas dans le Ciel (Devarim 30,12) », à partir du moment où la Torah a été donnée aux hommes on ne porte pas attention aux voix du Ciel (pour décider de la loi)’.
De même nos Maîtres disent (Baba Batra 131a, Sanhédrin 6b, Nida 20b) : אין לדיין אלא מה שעיניו רואות
‘Le juge n’a que ce qu’il voit’, c’est-à-dire que le juge rabbinique ne doit juger, trancher que d’après ce qu’il comprend et peut argumenter. Mais peut-être se trompe-t-il ? Comment peut-il prendre la responsabilité de décider et de trancher la loi, la Halakha ? La loi n’est que ce que l’homme (érudit et au niveau de le faire) comprend et peut argumenter à un moment précis. Il est possible que plus tard il évoluera dans sa compréhension et dans ses connaissances, néanmoins c’est à ce moment précis que D. veut et exige que l’homme décide. Et la Halakha pour D. sera comme l’homme l’aura décidée.


[1] Ici la Torah enjoint aux enfants d’Israël d’arranger les lampes de la Menorah et d’allumer ces lumières. Pour la définition de cette Mitsva, voir Sefer HaMitsvot de Rambam, Mitsva positive 25.

[2] Nous traduisons ici mot à mot. Pour une compréhension de cette expression, voir le commentaire de Rashi.

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Directeur de la Yéchiva des Etudiants