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Haine gratuite, mensonge et Confiance en D.

par: Caty Zyzek

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Cours donné par Rav Schlomo Bravde à un public féminin le 8 Tamouz 5754 (1994), retranscrit et adapté par Mme Caty Zyzek.

Haine gratuite, mensonge et Confiance en D.שנאת חינם, שקר, אמונה

Le Bayit Rishon, le premier Temple de Jérusalem, a été détruit à cause des trois fautes graves : meurtre, idolâtrie, relations interdites. Le Bayit Chéni, le second Temple, a été détruit en raison de la haine gratuite, sin’at ‘hinam et n’a pas été reconstruit. Quels juifs étaient les plus importants ? Les premiers. (Yoma 9b)

 RAMBAM : 4 jeûnes ont été fixés pour qu’on recherche et réfléchisse et que l’on fasse Techouva sur quelles fautes ont commises nos Avot (Pères) et que nous continuons à commettre puisque le Temple n’a pas été reconstruit.

Quelle est donc cette faute et pourquoi est-elle si grave ?

Histoire de Kamtsa et Bar Kamtsa : (Guitin 55b) Kamtsa signifie « une poignée ».

La guemara dit : « C’est à cause de Kamtsa et Bar Kamsta que Jerusalem a été détruite. »

Dans la ville de Jérusalem vivaient deux Juifs : Kamtsa et Bar Kamtsa. Tous deux étaient riches et honnêtes, craignant D.ieu et accomplissant ses commandements. C’était au temps de l’occupation romaine, il y a près de deux mille ans. La ville de Jérusalem, malgré l’occupant, avait gardé son faste. Les gens de Jérusalem appréciaient le luxe et la beauté de la ville éternelle. Mais l’étude de la Tora s’était relâchée. Certains, parmi les zélotes, ne pensaient qu’à mettre l’occupant dehors et à libérer définitivement la capitale du royaume juif. C’est dans cette atmosphère d’euphorie que se situe l’histoire d’un homme, dont la chronique n’a même pas retenu le nom, mais qui fut à l’origine de la destruction du Saint Temple de Jérusalem. Un homme avait un ami et un ennemi. Son ami s’appelait Kamtsa et son ennemi s’appelait Bar Kamtsa. La Guemara haït tellement cet homme qu’elle ne cite pas son nom. Elle l’appelle « cet homme-là ».

Un jour,cet homme donna un grand festin auquel il invita tous les notables de la ville. Il envoya un serviteur inviter également « Kamtsa », son meilleur ami. Le chamach a fait une erreur et a invité Bar Kamtsa. On ne sait pas dans quelle ambiance Bar Kamtsa est venu. Malgré son grand étonnement, il suivit le serviteur, en pensant: « C’est une bonne occasion de mettre fin à un malheureux malentendu » Arrivé dans la demeure d’où montaient des voix entrecoupées de sons d’instruments à cordes et d’instruments à vent, ponctuées par les rythmes des tambourins, Bar Kamtsa prit place parmi les convives et se mêla à la conversation.

Cela ressemble à l’histoire d’un homme qui voulait monter « Chichi » (6ème montée) à la Tora, et Bar Kamtsa avait déjà parlé avec celui qui distribue les Aliyot (montées). Ça l’a tellement énervé qu’en rentrant il a dit à sa femme : «  ne dit plus Chabat Chalom » à untel, et plus tard c’est à ses enfants qu’il va le dire, à ses petits-enfants…

Cet homme-là devait être quelqu’un de très important qui faisait beaucoup pour la Tora et le judaïsme puisque beaucoup de Talmidé Ha’hamim étaient invités.
« Cet homme-là » entra et le trouva assis.

Mais lorsque l’hôte, allant d’une table à l’autre pour saluer ses convives, aperçut Bar Kamtsa, il ne put contenir sa colère:

Il court et lui parle comme à un mur en détournant son visage, et pas directement, en disant « Etant donné que cet homme-là » est l’ennemi de « cet homme-là. Que fait donc cet homme-là ici. Le chamach m’a invité. Etant donné que je suis venu, laisse tomber. Ne me fais pas honte devant tout le monde. Je te paierai la valeur de tout ce que j’ai mangé  et bu». «Lève-toi, sors ! » « Ne me fais pas honte en public, tu en perdrais ton Olam Ha ba (monde futur). Etant donné que je suis venu, laisse tomber. Je suis prêt à te payer la valeur de la moitié de ton festin. »  Il lui a dit « non ! »  « Je te paie la valeur de tout ton festin ! » Il l’a empoigné, il l’a levé et jeté hors de la salle.

ברוך אלקנו שבראנו לכבודו והבדילנו מן הטועים ונתן לנו את תורתו, תורת אמת

Béni soit notre D. qui nous a créés en Son honneur, et nous a séparés de ceux qui se trompent et nous a donné une Tora de Vérité.

Dans toutes les civilisations, on raconte seulement les belles histoires, l’héroïsme des saints. C’est du mensonge. Nos Sages cherchent et racontent les moindres erreurs et failles des Tsadikim, les Justes car D. est Vérité et sa Tora est Vérité. Dans la Guemara, on est prêt à raconter cette histoire même si on doit avoir honte, car nous savons que notre Tora est « EMET » (Vérité) et par là nous apprenons ce que nous ne devons pas faire. Hachem exige de nous la perfection, nous devons constamment rechercher le EMET.

La haine engendre la haine. Comme on l’imagine, Bar Kamtsa suffoquait de rage contre l’hôte cruel et les convives qui n’avaient pas eu ne serait-ce qu’un mot pour lui épargner un tel affront. Il ne fit pas moins que d’aller trouver l’Empereur romain Néron et dénonça les Juifs, les accusant de rébellion contre Rome.

Bar Kamtsa a dit : « étant donné que les Rabbanim, Maîtres du Talmud étaient là et ne sont pas intervenus, je peux déduire qu’ils étaient consentants. Je vais les dénoncer au roi. Il alla trouver le gouverneur en chef et lui a dit : « les Juifs se révoltent contre toi. » Il lui a dit : « Quelle est ta preuve> ? »

« Offre un sacrifice pour leur Temple, et regarde s’ils l’offrent. » Il a envoyé par son intermédiaire un beau veau.

En chemin, il a fait un « moum » (défaut) à l’animal, moum qui rend Passoul (inapte) chez les Bné israël et n’est pas considéré comme un défaut chez les idolâtres.

 

Les Maîtres de la Tora ont voulu apporter le Korban pour conserver la paix avec le pouvoir romain. En effet, les rabbins avaient un pressentiment. Ils flairaient un piège dans cette histoire. Ils étaient donc prêts à sacrifier l’animal, pour ne pas mettre tout le peuple en danger.  Une discussion eut lieu parmi les Sages du Sanhédrine. Fallait-il offrir ce sacrifice malgré tout pour se garder les bonnes grâces de l’Empereur, ou fallait-il appliquer la loi divine et le disqualifier ?

Rabbi Zekhariah ben Avkoulas dit alors : «  Les gens verront qu’il est permis d’offrir des animaux présentant des défauts physiques  (si des enfants qui ne comprennent pas bien ), il vont en tirer un enseignement faux. » Les Sages se résignèrent à ne pas faire le sacrifice, advienne ce qu’il advienne.

Ils ont pensé le tuer. (Certains dirent alors : « Ce Bar Kamtsa complote pour nous faire tous massacrer. Condamnons-le à mort et faisons-le exécuter) avant qu’il ne puisse aller dire à l’Empereur que son sacrifice a été refusé. »

Mais Rabbi Zekhariah ben Avkoulas qui était très anav (humble)objecta à nouveau : « Si nous faisons cela, les gens vont dire que la loi est que celui qui crée un défaut physique à un animal consacré est passible de mort. »

En effet, Rabbi Yo’hanane dira plus tard : «L’extrème humilité de Rabbi Zacharia ben Abkoulas a détruit le Temple,a brûlé notre sanctuaire et nous a exilés de notre terre.
L’empereur, ayant appris que le sacrifice n’avait pas été offert, signe d’une rébellion prochaine selon son informateur Bar Kamtsa, envoya ses légions sur Jérusalem.

 Hachem a fait en sorte qu’on apprenne que le Horban Beith Hamikdash (destruction du Temple) est arrivé par cette histoire de Sin’at ‘Hinam (haine gratuite).

‘Habakouk a fait tenir toute la Tora sur une seule Mitsva : « le Juste vivra grâce à sa Emouna (confiance) ».

Celui qui vit dans une Emouna parfaite, qui dans toutes les situations, dans tous les problèmes, se tourne d’abord vers Hachem celui-là pourra respecter toute la Tora.

Le Rav a raconté qu’un jour alors qu’il était enfant, il a oublié que c’était Chabat et a voulu écrire avec le beau stylo que son père lui avait offert. Quand son père lui a dit que c’était « Mouktsé » (interdit de Chabbat), c’est Chabbat, l’enfant troublé, a réagi en disant « ce n’est pas Chabbat », et a voulu continuer à écrire. Et c’est seulement après avoir eu une grosse fessée de son père, chose exceptionnelle, qu’il a accepté de dire « c’est Chabbat ». Et l’importance de dire le EMET est rentrée profondément en lui.

Lorsqu’on fait une faute grave, on n’aime pas le reconnaître. On ne réalise pas que le manque de Emouna et Bita’hon  est une faute très grave. Lorsque Sarah a entendu qu’elle allait avoir un enfant, elle a ri. Aussitôt Hachem a demandé à Avraham « pourquoi Sarah a-t-elle ri ? ». Avraham demande à Sarah « pourquoi as-tu-ri ? Et elle répond en niant : « je n’ai point ri » Comment cela se fait-il qu’elle a ri, et comment est-ce possible qu’elle ait menti ?

Les Avot Hakdoshim (Saints Patriarches) ont vécu toute leur vie avec la Emouna que rien ne dépend de la nature pour Hachem Il n’y a pas de différence entre une femme de 18 ou de 90 ans. Elle aurait dû répondre « Amen ». Elle manquait de Emouna. Le « Pgam » (défaut)  dans la Emouna aurait causé un Pgam dans la descendance. Elle avait honte devant Avraham Avinou d’avoir fait une faute aussi grave ! C’est la faute la plus grave dans le monde, c’est la base de toutes les Mitsvot. Elle a voulu la cacher. Sarah a nié en étant prise sur le fait d’une faute très grave, la faute de manque de Emouna. Mais elle a fait Techouva (s’est repenti) aussitôt. On voit qu’elle a réparé sa faute car après la naissance de Its’hak, elle a fait une Chira (cantique) pour exprimer que Hachem peut tout (Ramban).

De là on va comprendre la gravité de Sin’at ‘Hinam, la haine gratuite. Rabbi ‘Haïm Vital et le Gaon de Vilna disent que  Sin’at ‘Hinam vient de la jalousie. N’importe quelle sorte de jalousie. Et la base de toutes les jalousies, c’est un manque de Emouna. Celui qui croit que Hachem donne à chacun ce qu’il lui faut et ce qu’il mérite, n’a pas de raison d’être jaloux. Celui qui dit du Lashon Hara (médisance), renie (est kofer) le fondement que tout dépend de Hachem On oublie que Hachem est le Baal Habayit (Maître de maison) du monde (quand on se met en colère, on oublie Hachem).
La haine gratuite est construite sur du manque de Emouna, de Bita’hon (confiance) en Hachem.

Les Nations s’opposent férocement et ouvertement à la Emouna. Hachem nous a placés parmi les Non-Juifs pour que nous prouvions avec force que nous sommes « Maaminim Bachem » (Croyants en D.).

La haine gratuite est cachée dans le cœur, cela ne se voit pas comme les relations sexuelles interdites, le meurtre, l’idolâtrie qui sont des fautes extérieures, visibles. Pour une « maladie » extérieure la « guérison » arrive après 70 ans. Pour une « maladie cachée, on ne sait pas quand arrivera la « guérison ».

 Un cordonnier qui se trompe et fait une chaussure un peu trop grande ou un peu trop large, ça arrive. Mais un cordonnier qui fait deux chaussures droites, ce n’est plus un cordonnier. De même, un Chamach qui connait parfaitement les relations diplomatiques et qui se trompe, quel Chamach est-il ? C’est Hachem qui a invité Bar Kamtsa !!

Voilà des Juifs qui font très bien les Mitsvot, le ‘Hessed (générosité) et cachent dans leurs cœurs qu’ils se font du mal l’un à l’autre. H. dit «  je vais faire en sorte que ces deux juifs très bien, très froums se rencontrent dans un même festin. Vous allez voir ce qui va sortir du cœur de ces 2 Juifs très bien. Ils vont se comporter comme des animaux ! »

En voyant « celui-là » invité par erreur, il aurait pu se dire « c’est la volonté d’Hachem, que puis-je faire contre cela ? Qu’il reste. Il est devenu un « Harédi apikoros » (religieux renégat).
Et l’autre voyant que cet homme-là veut le faire sortir, aurait pu se dire « c’est la volonté d’Hachem » Je sors. Qui est le véritable Baal Habayit (maître de maison) ? Les deux ont oublié que c’est Hachem. Chacun voulait montrer son Kavod (honneur) et prouver qu’il aurait raison jusqu’au bout. Les tsarot (souffrances) lavent l’homme de ses fautes pour qu’il arrive pur et saint au Olam Haba (monde futur). La plus grande tsara, c’est d’avoir honte en public. Bar Kamtsa a reçu la plus grande punition qu’un homme peut recevoir. S’il avait eu de la Emouna, il aurait dû remercier H. pour cela. Il a fait un premier mensonge : les Juifs vont se révolter. Un deuxième mensonge : un moum (défaut) qui n’est pas un moum.

Lorsque les Sages ont discuté pour savoir ce qu’il fallait faire du Korban (sacrifice), H. était tellement en colère qu’il ne leur a pas donné « Siyata Dichmaya » (aide du Ciel).  Hachem s’est éloigné en réaction aux Bné Israël qui se sont éloignés.

ה’ צלך על יד ימניך , H. est notre ombre, Il est la projection de nos actes.
A l’approche de Jérusalem, Néron (sans rapport avec l’empereur du, même nom), commandant des légions romaines, décocha une flèche vers l’est. Elle tomba sur Jérusalem. Il en décocha une autre vers l’ouest, et elle tomba sur Jérusalem. Toutes les flèches lancées attaquaient Jérusalem. Néron, impressionné par ces signes, voulut savoir si c’était l’effet du hasard ou un présage.
Néron, homme cultivé qui connaissait déjà certains us et coutumes des Juifs, interrogea un enfant en lui demandant de réciter le verset qu’il venait d’apprendre.
L’enfant récita un verset d’Ézéchiel, 25/14: « J’exercerai ma vengeance sur Édom par la main de mon peuple, Israël… ».
Néron pensa: « Le Saint Béni Soit-il veut détruire Son Temple et m’en faire porter la responsabilité ». Et il s’en fut aussitôt se convertir au judaïsme.
Rabbi Meïr sera un des descendants de Néron.

L’Empereur envoya Vespasien qui, à son tour, assiégea Jérusalem, un siège qui dura près de trois ans. Les conséquences de l’action désespérée de Bar Kamtsa se sont fait sentir.
En l’an 68 de l’ère chrétienne, 3828 de la création du monde, le 2e Temple fut détruit comme le premier Temple le 9 Av !

Environ 50 ans plus tard, ce fut la destruction de Béthar, elle aussi le 9 Av, après la révolte de Bar Ko’hba, sous le règne de l’empereur Adrien.

 Les Juifs ne s’étaient pas révoltés contre l’Empereur. C’était du Chéker (mensonge) et l’Empereur romain a détruit le Temple. La haine gratuite est construite sur du mensonge, « l’autre a pris mon kavod ! » (Mida kenégued Mida, mesure contre mesure).

Pendant les 3 semaines, pour commencer un « Tikoun » une réparation sur le plan de la haine gratuite et du manque de Emouna et de Bita’hon, le Rav a recommandé de faire la Tefila chaque matin. Au minimum « Bra’hot du matin, Chema, Emeth et Amida ». Et si on peut aussi faire Min’ha , c’est encore mieux. Par cela, nous proclamons que nous croyons en Hachem qui est le seul qui peut nous faire réussir toutes nos actions de la journée. Si les enfants voient leur maman faire la Tefila, c’est un « Kiddoush Hachem. ».
D’autre part, tout au long de la journée, si on a quelque chose à faire, s’habituer à dire un chapitre de Tehilim (Psaumes), en particulier le chapitre 13 qui est en rapport avec la prolongation de l’exil. Si c’est difficile, le résultat et la récompense seront d’autant plus grands. Lire ces psaumes rapproche la Gueoula (délivrance finale).

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“Haine gratuite, mensonge et Confiance en D.”

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