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Parashat Bo. La neuvième plaie: l’obscurité. Par Mr Sim’ha Zyzek

par: Simcha Zyzek

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Parashat Bo. La neuvième plaie: l’obscurité. Par Mr Sim’ha Zyzek.

Le Midrash Rabba nous enseigne (chapitre 14,§3) :
‘Pourquoi D. a-t-il envoyé l’obscurité ? Le Nom du Saint béni soit-Il ne reçoit d’indulgence de quiconque et scrute les cœurs et les reins. Certains enfants d’Israël impies avaient des places de pouvoir importantes en Egypte et possédaient de grandes richesses, et ne voulaient en aucun cas sortir d’Egypte. Le Saint béni soit-Il s’est dit : si j’amène sur eux une plaie aux sus et aux vues de tous, et qu’ils meurent, les Egyptiens se diront : de même qu’il frappe sur nous de même frappe-t-il sur eux. C’est pour cela qu’Il envoya l’obscurité sur les Egyptiens durant trois jours de manière que les enfants d’Israël enterrent les leurs et que leurs ennemis ne les vient pas faire.’
Le Midrash Tan’houma ajoute (chapitre 13,§8) :
‘le verset dit que les enfants sont sortis ‘Hamoushim d’Egypte. Que signifie ce terme dont la racine est ‘Hamisha qui signifie cinq ? Certains disent que seulement un cinquième des enfants d’Israël sont sortis d’Egypte. D’autres disent un cinquantième. Certains disent : un sur cinq cents. Et que sont-ils devenus ? Ils sont morts durant la plaie de l’obscurité.’

Nous apprenons plusieurs choses extraordinaires de ce Midrach

D. envoie des plaies aux Égyptiens afin qu’ils se rendent compte qu’ils ne sont pas les maîtres du monde. L’obscurité est la neuvième des dix plaies, c’est à dire qu`on est à une étape bien avancée de ce traumatisme, de ces changements du quotidien. Il est dit ici que la majorité des enfants d’Israël ne voulaient pas sortir d`Égypte. Ils étaient bien, là où ils étaient !

Ce texte nous apprend d’autre part que l’asservissement en Égypte était complètement autre que ce que l’on a l’habitude de dire : les enfants d’Israël y étaient les patrons de la société!

Je vais essayer d’expliquer ces deux points.

La Michna dit dans Pirkei Avot (5:5) : Dix miracles ont été réalisés pour nos pères en Egypte (…) Hashem a conduit dix plaies sur les égyptiens en l’Égypte.

La Michna nous dit que les dix plaies étaient tout d’abord des miracles pour les enfants d’Israël. Cela veut dire, que les enfants d’Israël avaient besoin de ces miracles pour vouloir sortir d’Égypte. Cette Michna se trouve dans l’énumération des choses qui sont au nombre de dix, les dix paroles par lesquelles le monde a été créé, les dix générations de Adam à Noah puis de Noah a Avraham, les dix choses qui ont été créées la veille de chabbat au coucher du soleil. Cela pour dire que ce sont des choses fondamentales et qu’il faut dix miracles différents pour bien se rendre compte que l’on est en galout, en exil, et vouloir sortir de cette servitude. Ce n’est qu’à la neuvième plaie que l’on peut se rendre compte que l’on se trouve dans l’obscurité, la plaie des ténèbres ou le miracle de la luminosité comme il est dit dans le verset (exode 10:23) :

Tous les enfants d’Israël jouissaient de la lumière dans leurs demeures. ולכל בני ישראל היה אור במושבותם

Ce Midrach nous dit que la majorité des Bnei Israël ne se sont pas donnés les moyens de comprendre les miracles qu’ils vivaient. Ils étaient complètement dans le noir, dans l’obscurité. Ceux qui, après neuf miracles incroyables, se sont entêtés à rester dans le noir y sont restés à vie. On voit ici qu`un juif qui n’est pas prêt à se remettre en question car il est pris par ses engagements peut perdre sa judéité ! Ceux qui ne se sont pas remis en question ne sont pas sortis d’Égypte. Or ce sont aussi des enfants d’Israël, ils auraient dû avoir part au monde futur ainsi qu’à la terre d`Israël ! Et bien non ! Celui qui veut être dans l’obscurité, qu’il y reste ! Il perd sa chance de faire partie des Juifs ! Par contre, pour celui qui essaie de sortir de son quotidien pour se rendre compte de ce qui lui arrive, ce n’est qu’après neuf miracles que l’on peut dire :

, ‘Il y eut de la claret dans sa demeure’. היה אור במושבותם

Ce Midrach nous donne par ailleurs une nouvelle perception de ce qu’est la servitude égyptienne qui reste d’actualité : la majeure partie des Bnei Israël occupaient de hautes fonctions et ils étaient pris corps et âmes dans leurs charges. Ils voulaient absolument réussir et ne pas perdre leur position.

Le sefer Chalal Rav (Hagada p 218) rapporte au nom du Rav Guedalia Silverston l’explication suivante du verset de Shemot 2:23 :

ויהי בימים הרבים ההם וימת מלך מצרים ויאנחו בני ישראל מן העבודה ויזעקו ותעל שועתם אל האלוקים מן העבודה
‘Ce fut durant ces longs jours, le roi d’Egypte mourut. Les enfants d’Israël soupirèrent depuis leur travail, ils hurlèrent et leur plainte monta vers D. depuis leur travail.’

Il est répété deux fois « du travail » or Rachi nous rapporte que Pharaon égorgeait tous les jours des nourrissons juifs. Pourquoi est-il alors répété que les cris des Benei Israël provenaient du travail et pas de ces crimes insoutenables ? On apprend de là un aspect fondamental de la servitude d’Égypte : les Benei Israël étaient tellement pris par le travail que leur seul souci, lorsque Pharaon est mort, est qu’il risquait d’y avoir moins de travail ou de moins bonnes conditions pour le réaliser ! Ils ne se rendaient pas compte que cette préoccupation condamnait leurs propres enfants à être égorgés ! Il est possible de dire que, lorsque Pharaon est mort, la politique économique allait changer et c’était bien la grande peur de ces bourgeois juifs ! C’est justement cela la servitude d’Égypte : s`investir dans le système afin de réussir quitte à perdre ses racines !

Je conclurai en disant que nous rappelons plusieurs fois par jour, et durant toute l`année, le miracle de la sortie d’Égypte. Cela traduit le fait que la problématique rencontrée par les enfants d’Israël est toujours présente aujourd’hui et que nous avons un besoin de nous le rappeler tout le temps faute de quoi nous sommes forcément pris par cette servitude. C’est ce que l`on dit dans la Hagada le soir de Pessah :

ואילו לא הוציא הקב »ה את אבותינו ממצרים הרי אנו ובנינו ובני בנינו משועבדים היינו לפרעה במצרים
‘Si D. n’avait pas fait sortir nos pères d’Egypte, nous serions, nous, nos enfants, les enfants de nos enfants esclaves à Pharaon en Egypte

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