Maamar de Rav Réouven Leuchter au sujet de notre période de confinement. (Traduction de Rav Michaël Chicheportiche)
par: Rav Réouven LeuchterLe 2 Avril 2020
Le Maître du monde est affairé à son monde. Un monde dont seul Lui est le Créateur. Un monde qui possède, ou qui possédait jusque-là, des principes, des agencements, clairs et définis. Voilà qu’il les bouleverse tous. Le Maître du Monde change les règles du jeu. Et si jusqu’à maintenant le monde avançait, à son rythme, vers un certain objectif alors force est de constater qu’actuellement il en reprend le contrôle, le retourne et proclame :
« Le monde a un objectif à atteindre JE change de programme ! »
Jusque maintenant l’homme avait été préposé, nommé responsable du monde créé pour le transformer, le diriger et en fixer les règles. Comme ce fût prévu dès le départ lorsqu’il s’adressa à Adam Arichone en lui ordonnant « remplissez la terre et conquérez-là ! ». Lui laissant place, droit et devoir de mener le monde vers la destination qui lui convient. Et c’est ce que l’homme fit pendant des milliers d’années, le modifiant, innovant pour en faire le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.
Désormais, une « créature » nouvelle pénètre le paysage, met l’homme de coté. Elle règne et fixe les règles.
Durant la seconde guerre mondiale, les juifs ont été haïs et massacrés. A ce moment là , le maître du monde « parlait au juifs » (uniquement) il leur demandait de changer, d’assumer leur différence parmi les nations.
Alors qu’actuellement le Maître du monde s’adresse au monde ENTIER avec le même langage pour dire :
« Je veux un autre monde, un monde différent, un monde d’un autre sens ! »
Essayons de comprendre…
Quand Hachem amène sur l’homme difficultés et souffrances, il y a deux manières de se confronter à l’épreuve. Deux mouvements sont possibles.
Un mouvement consistant en un regard vers l’avenir, cherchant le moyen de sortir de cette impasse.
Où bien un mouvement visant à intégrer le présent, à comprendre la situation dans laquelle on se trouve.
La tension entre ces deux mouvements est perpétuelle. D’un coté se soumettre devant l’épreuve, la vivre, ne pas s’enfuir. D’un autre côté, il y a une possibilité voire une obligation de trouver les moyens de sortir de cette situation. De la transcender.
C’est pourquoi la permission a été donnée au « médecin de guérir » pour maintenir cette tension. Le médecin peut guérir pour donner un regard vers l’avenir, un espoir au malade mais celui-ci doit tout de même se concentrer sur son état actuel. S’y mesurer. Ne pas s’enfuir.
Nous vivons un monde de solutions à tous les problèmes, à tous les dilemmes, aux maladies, aux difficultés. Supposant qu’il y a toujours une solution aux situations les plus complexes. D’ailleurs, une des professions les plus en vogue aujourd’hui est « conseiller » ; conseiller financier, conseiller conjugal, conseil éducatif, conseiller en communication et les questions qui font « tourner » le monde sont comment être plus efficace, plus rapide, moins cher…
Et si nous prêtons attention, dès qu’une difficulté s’ouvre à nous ou à nos entreprises, avant même de l’avoir digérée, intégrée, nos pensées galopent pour sortir, s’enfuir en cherchant quelle start-up pourra nous tirer d’affaire, montrant par là notre incapacité à vivre l’inconfortable. A s’y plier.
C’est pourquoi, maintenant le Créateur du monde proclame : « (cette fois) je ne donne pas le droit et le pouvoir au médecin de guérir ! » . Je vous force à réagir avec soumission. Je vous amène un « petit moustique » invisible à l’œil nu qui fera entrer la terre dans la panique et la perte de contrôle dans leurs pleins sens et sous tous leurs aspects. Sans solutions pour s’y dérober.
Nous devons en tant que peuple particulier nous plier pour entendre la Parole du Roi : « Ce monde est à moi, JE le dirige et JE désire dorénavant un monde différent, le monde va et doit s’arrêter pour prendre un autre chemin »
Un chemin ni prévu, ni prévisible à l’avance par l’homme. Dans lequel celui-ci ne pourra même pas organiser son lendemain. Le Roi proclame qu’il ne veut plus d’une vie routinière et programmée à l’avance. JE rentre dans ta vie ! Tu ne diriges plus, c’est moi qui prends les rênes ! »
Un chemin dans lequel l’homme n’aura plus le mérite d’imprimer la réalité par la trace de ses projets. Ils s’écrouleront tous les uns après les autres car devenus absurdes et illogiques.
Un chemin de l’individuel. Parce que le Maître du monde vient nous dire : « JE ne suis plus intéressé par les foules, les grands rassemblements ». « JE ne suis plus intéressé non plus par les maisons d’études remplies de monde. Ce qui m’intéresse, désormais, c’est le monde intérieur de l’homme isolé, singulier et seul … » Pourra-t-il s’auto-diriger, trouver son Maître dans cette vie bouleversée, chanboulée par la présence continue de toute sa famille, les enfants entre quatre murs dans le désordre le plus total !
« JE veux un travail personnel de chacun dans son individualité et non pas comme un parmi 1000 élèves, ou avreh’ims qui fixe et calque sa démarche ou son comportement dans le rapport aux autres, l’« ambiance » du groupe, ou autres critères sociaux. Ta téfila ne sera plus celle d’un minyan, au rythme du minyane. Ce sera la tienne, ta tefila personnelle, à ton rythme.On verra bien.
Un chemin d’isolement. Nous nous sommes habitués à chercher la vie à l’extérieur par peur de nous retrouver avec nous-même (informations, liens et communications interminables avec le monde, avec les autres , mais surtout avec nous même !) Le temps est venu de révéler notre richesse intérieure, de se découvrir, de découvrir nos proches dans toutes sortes de situations nouvelles et curieuses. Venons ! mesurons-nous à nous même, mettons a jour nos forces, nos qualités. Il est temps de connaitre notre place réelle devant le Roi. Frayons-nous un chemin personnel qui ne singe pas l’autre, qui ne craint pas le regard de l’autre. Un chemin qui nous correspond.
Découvre et retrouve ton épouse, tes enfants encore et encore !
Un chemin du choix personnel. La routine et la communauté voilent notre capacité à faire des choix, car ils nous portent. Aujourd’hui sera comme hier à peu de choses près. La pression du groupe fixe les règles de bienséances. Aujourd’hui’ hui il n’y a plus de routine, plus d’assemblée, tout est nouveau, à toi d’assumer tes règles en organisant une conduite digne et pure.
Un chemin dans lequel les priorités de la vie réapparaissent. L’important et le secondaire. De nombreuses choses dont la valeur était indiscutable jusqu’alors sont maintenant reléguées au second plan et inversement, ce qui nous paraissait tellement évident, ce qui ne méritait pas qu’on y consacre un sujet de discussion entre amis comme la santé, avoir de quoi manger, être en vie, devient notre inquiétude de tous les jours. Nous donnons désormais, ou plutôt enfin, un poids à l’essentiel.
Un chemin qui se focalise sur l’essence, le cœur, de chaque événement sans se laisser aveugler ou happer par les plaisirs et le faste, le grandiose et le grandiloquant.
Un chemin foulé et tracé par nos Pères tel qu’Avraham Avinou à qui H’ s’adresse en disant : « Car J’apprécie Avraham parcequ’il s’occupe de ses fils et de sa maison pour qu’il garde la voie d’H’ pour faire du bien et justice »(Ber 18/19) ? Le chemin de notre responsabilité vis-à-vis de la continuité de la torah au travers les générations. En mettant le monde de l’éducation au centre de nos préoccupations, pour qu’il soit soucieux de chaque enfant, de ses besoins et de sa progression. L’éducation peut-elle se réduire à une heure de Avot ou banim par semaine ?
Un chemin rempli de doutes. Sans garantie pour notre avenir, notre état de santé ou notre gagne-pain. Pas même sur notre capacité à vivre demain ou à respirer. Un chemin qui ne passe que par LUI, qui ne mène a ne s’appuyer que sur Lui , une vie nouvelle, où tout serait différent , inconnu. Mais proche de LUI.
Le monde est muet. Le silence règne sur la planète. Plus de guerres, plus d’Etats puissants et souverains, plus d’affaires. Un espace aérien vierge. Seule une question préoccupe le monde maintenant : survivre.
« Le roi ne se manifeste ni dans le vent, ni dans la secousse ni dans le feu mais dans un doux et subtil murmure ». Le monde est silencieux tel qu’il l’était au mont Sinai pour recevoir une torah nouvelle, personnelle, profonde et intérieure.
Venons ensemble tendons l’oreille à ce que le Roi dit. Soyons prêt à le laisser rentrer dans nos vies, accepter ces changements. Ne plus s’enfuir vers des vies ronronnantes, établies et prévisibles. Robotisées. Ne nous enfuyons pas au beth hamidrach.
Le roi a dit clairement qu’il ne veut pas de beth hamidrach plein et que les grands regroupements aunom de l’étude ne l’intéresse pas !
JE désire voir TON service, voir comment TU consacres ton quotidien, TE voir réfléchir sur TA vie, TA mission.
Le dévoilement auquel nous assistons est une démonstration de sa royauté jamais vue
Nathan Dahan –
‘Hag Pessa’h Samea’h!
Tebol –
Puissant !
Klapisch –
pour ceux qui ne connaissent pas Rav R.Leuchter, c’est un rav qui était très proche du Rav Wolbe, avait une Kevyouth avec lui et nous en a parlé. d’origine Suisse, est venu en E.I. après son mariage et s’est rapproché du Rav
Teboul ophir –
Excellent. Belle analyse pour une réelle introspection dans notre isolement … avec Hachem
עליזה בן חיים –
magnifique pouvez vous m envoyer a mon mail le texte en hebreu pour diffuser en israel merci