L’homme descend du singe, et le singe de l’arbre…

Si un animal n’a pas l’âme d’un homme, l’homo sapiens avait-il une âme d’homme? Voilà une question grave. Je vous avouerai que n’ayant pas été son voisin de palier, il m’est honnêtement difficile de répondre. Par contre, derrière cette question se cache une question plus simple: qu’est-ce qui différencie l’homme de l’animal? La réponse : quelques heures.

Lors du sixième jour de la création, le Créateur fit apparaître les quadrupèdes, puis après seulement, Il créa l’homme. Pour l’homme, il est dit qu’Il souffla dans ses narines. Sans rentrer dans l’exégèse des versets, il est clair pour tout croyant de la Bible qu’il n’y a pas et qu’il n’y aura jamais de lien de parenté entre un être humain et un animal. Les corps pourraient avoir des points communs, mais pas ce qui les fait vivre. L’âme de l’homme le relie directement à Son Créateur, c’est un souffle divin, ce qui n’est pas le cas de l’animal.

Ceci est certes une profession de foi, nous ne chercherons donc pas à le démontrer. Par contre, ce qu’un juif sait (ou doit savoir) faire, c’est qu’après avoir affirmé ses convictions, il réfléchit et étudie leur contenu. Donc étudions.

Qui sait que l’esprit des hommes monte en haut, et que celui de la bête descend en bas vers la terre ? (Ecclésiaste 3,21). Ce n’est certes pas apparent.

La capacité de trouver la différence est la même que celle de trouver les points communs. Celui qui ne sait faire qu’un des deux, ne sait en vérité rien faire. Celui qui ne sait pas trouver les liens entre l’homme et son Créateur ne saura pas trouver ce qui le distingue de l’animal.

Depuis la nuit des temps, l’homme a trouvé chez les bêtes des capacités remarquables, voire ahurissantes. A savoir si elles ne se débrouillent pas mieux que nous! Je vous renvoie à vos encyclopédies. Alors où sont donc les capacités de cette âme divine de l’homme, qui devrait le rendre supérieur, beaucoup plus performant, que ces « vulgaires bestioles »!? Vous me répondrez qu’on n’a jamais vu des éléphants construire un pont suspendu. Je vous demanderai alors si vous possédez une vue aussi perçante de l’aigle ou si vous vous êtes mis sur vos pieds en quelques heures comme le font les veaux à leur naissance. Et la discussion pourrait durer des jours…alors où est la différence?

L’homme a été créé à l’image de son Créateur. Et ce n’est pas une image. Pour donner une interprétation de ces mots, sans prendre le temps de s’allonger, citons Rachi qui dit : comprendre et réfléchir (traduction libre). Les capacités de prise de conscience chez un animal et un homme sont radicalement différentes. L’homme est capable, un tant soit peu, de réfléchir à sa destinée, de penser à lui-même. C’est ce qui le fera « monter en haut ». Un éléphant ne construira pas de pont suspendu car il n’a pas été conçu pour penser à si long terme, pour réfléchir à l’utilisation de ses forces dans toutes les directions possibles. Je me permets de penser que ce Rachi mérite qu’on s’y attarde sans que je m’en fasse son interprète.

C’est pourquoi je conclus déjà. Nos Maîtres contemporains ont combattu fortement les tendances qui plaçaient l’être humain dans un système de logique comportementale: il a tué parce que…. Nous croyons qu’après toutes les justifications qu’on peut donner à un comportement humain, la volonté de l’homme et sa conscience sont inaliénables, et sa responsabilité donc persiste. Si l’homme veut descendre du singe, il a consciemment choisi de le croire. Le singe, lui, n’a pas conscience d’avoir choisi de descendre de l’arbre.

article paru dans Valeur du Judaïsme