Les divers Niveaux de la Emouna, par Rav Efraïm Klapisch
Le Sefer Madrégat Haadam du Rav Yosef Y. Horovits (zal) le Saba de Novardok, définit 3 degrés de Emouna. Pour illustrer cela, il prend exemple de 3 sortes de peur.
Il compare à celui qui a peur du noir. Dés qu’on allume la lumière cela dissipe sa peur, elle n’était qu’illusoire. Il y a la Emouna illusoire, dire qu’on croit, mais dès qu’il y a un petit problème, on se fie plus à notre propre “intelligence“ plutôt qu’à celle de la Emouna. On se dit croire en D.ieu mais on ne met rien de réel dans ce terme.
Il y a une deuxième sorte de peur, et ce sera de même pour la Emouna. C’est la Emouna intellectuelle, qui est basée sur des arguments solides, c’est une conviction réelle. Il compare cela à quelqu’un qui a peur de se faire prendre et qui a envie de frauder, mais il est près à prendre ce risque ! L’appât du gain lui enlève sa peur. La peur de se faire prendre, est une réalité, pas une illusion. Mais elle peut s’en aller avec l’appât du gain. Pensez à celui qui se stationne sur un endroit interdit, mais comme il est pressé, il néglige le problème de l’amende.
De même pour la Emouna, Quand on parle de Hachem, on sait de quoi on parle. Notre Emouna a l’air solide, mais n’est pas à l’abri de réfutations intellectuelles, ou d’un autre ordre.
Des intérêts peuvent surmonter sa Croyance. Par exemple si se présente à un commerçant une affaire “mirobolante“ le Chabbath, voilà qu’il pourrait se dire : Oui je crois en D. et en la valeur du Shabbath, mais une petite exception n‘est pas bien grave. Nous avons toutes sortes d’épreuves, chacun à son niveau, qui ressemblent à cela.
Un raisonnement erroné peut nous conduire à être affaibli dans nos convictions. Un autre exemple : Si quelqu’un qui est Chomer Chabbath, un jour tombe malade, et voilà qu’il se dit : Oui je crois dans la Torah et le Chabbath, mais maintenant je dois mettre le Chabbath de côté pour me soigner. Or c’est une erreur, la Torah a prévue les cas et comment se soigner le Chabbath. Il y a là comme un manque de confiance (Emouna) vis à vis de la Torah : est elle vraiment capable de résoudre tous mes problèmes ?
Cela ressemble à un verset de Tehilim (78,19) : «Ils (les bené Israel) éprouvés Hachem dans leur cœur, peut Il nous donner une table dans ce désert ? Peut-Il nous donner du pain ? » Et le verset continue : « mais ne vois tu pas tous les miracles qu’Il t’a fait, qu’Il a fait sortir de l’eau du Rocher ! ! »
On pourrait extrapoler cette démarche en la formulant ainsi : « D.ieu est il vraiment tout puissant ? »
Le doute est une des plus forte ruse du Yetser Hara (Hovath Halevavoth) ! Ici la peur de mourir de faim dans le désert est une peur réelle, elle n’est pas illusoire. Mais un peu de réflexion, sur tout ce qu’ils ont vus depuis la Sortie d’Egypte, leur ferait se renforcer dans la Emouna vis à vis d’Hachem et de Moché.
Nous passons tous par des épreuves ou des doutes, mais il y a un niveau de la Emouna plus élevé.
Le troisième niveau de peur est le peur de la mort (Has Veshalom). (Le Rav a vécu la Guerre de 14-18, et est passé par ce genre d’angoisse) ; Rien ne peut la dissiper.
Ce sera pour la Emouna celle qui est vécue, ressentie (אמונה חושית) . C’est la conviction profonde qu’Il est vraiment Tout Puissant. Elle est continuelle, on ne peut pas s’en distraire.
La Emouna existentielle, vécue, c’est celle qui est à toute épreuve, c’est la Emouna d’Avraham. La peur d’être jeté au feu par Nimrod ne lui change pas sa conviction.
On raconte sur un juif qui a été expulsé d’Espagne : Qu’il a réussi à s’enfuir sur un bateau, il y a une tempête, sa femme et ses enfants sombrent, et lui se retrouve seul, sans famille, sans un sou, sur un petit rocher ! Alors il s’écrie : « Maître du monde, Tu as tout fait pour que j’arrête de t’aimer, mais je ne le fais pas et je proclame : « Chema Israel, Hachem Ehad » !
Cette Emouna remarquable est plus forte que tout. Elle est viscérale.
Il n’ y a pas que le côté dramatique. Si cette Emouna arrive à être si forte, elle conduit à une intimité avec Hachem. À un amour d’Hachem, à une possibilité de voir dans tout ce qui nous arrive rien que la “Main Divine“.
Le Hazon Ish disait : il y en a qui ont la Emouna dans la tête, et d’autres la Emouna dans le cœur, d’autres dans les Mains ! Il faisait allusion à Rav Yehezkel Lewinstein zatsal. Dans les mains signifie que dans chacun de ses actes il était proche d’Hachem. C’est une grande Madréga, un grand niveau. C’est dans ce sens que David Hamelekh disait « Chiviti Hachem Lenegdi Tamid , je me représente D. devant moi toujours ».
Nous sommes dans notre Emouna loin de cela, probablement entre le niveau 2 et le 3, ou bien, cela dépend des jours ! Parfois, nous ne sommes qu’au niveau 1 ! !
La Emouna doit conduire à une Ahavat Hachem, amour de D. (Rambam), Hitbonnenout, méditation, etc.
Le Rambam, dans les derniers chapitres du Moré Nevoukhim, montre combien une liaison intense avec Hachem place l’homme au dessus des contingences matérielles et le fait bénéficier d’un Providence particulière accrue.
La vraie Emouna : grandeur d’Hachem, et petitesse, et mesquinerie de l’homme !
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