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Le retour du Roi

par: Rav Raphaël Bloch

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Deutéronome, chapitre XXX, verset 3 : « Et D. te fera revenir de ton exil et aura pitié de toi. »

Rashi fait remarquer que la forme appropriée pour « faire revenir », c’est-à-dire « véhéshiv » a été remplacée dans ce verset par « véshav », qui signifie : il reviendra.

Deutéronome, chapitre XXX, verset 3 : « Et D. te fera revenir de ton exil et aura pitié de toi. »

Rashi fait remarquer que la forme appropriée pour « faire revenir », c’est-à-dire « véhéshiv » a été remplacée dans ce verset par « véshav », qui signifie : il reviendra.
Rashi propose deux explications :

1. D’une certaine manière, la Providence divine se trouve avec nous en exil. Ce qui justifie que soit exprimé clairement son retour.

2. Le rassemblement des exilés, des dispersés, est si difficile qu’il apparaît comme si D. prenait chacun par la main et accompagnait son retour. Nous avons trouvé cette idée valable même pour d’autres exils que celui d’Israël, comme par exemple à propos de Moab (voir Jérémie, chapitre XLVIII), où la même forme grammaticale est utilisée.

Plusieurs commentateurs de Rashi se sont posés la question suivante. Puisque pour tout exil le terme « véshav » se justifie, ainsi que l’énonce et le prouve la deuxième réponse, alors qu’est-ce qui nous oblige à comprendre que la Providence est avec nous en exil ?

Le Maharal nous explique que D. a créé ce monde avec un ordre bien défini dans lequel chaque créature a une place précise. Dans la mesure où l’exil est une entorse à cet ordre, cela constitue une réalité qui ne correspond plus à la volonté fondamentale de D. Dès lors, le retour à l’ordre voulu par D. peut s’exprimer comme si D. lui-même se calmait.
Mais quand il s’agit du peuple d’Israël, l’exil n’est pas seulement une entorse à l’ordre. Cela touche directement la gloire divine.
Nous allons essayer de développer cette réponse et d’apporter quelques sources.

Deutéronome, chapitre IV, verset 19 : « De peur que tu ne lèves les yeux vers le ciel et tu verras le soleil, la lune, les étoiles et toutes les légions du ciel, et tu t’écarteras et tu te prosterneras devant eux et tu les serviras, ceux-là mêmes que D. a partagés pour tous les peuples sous les cieux. »

Rabbenou Avraham Ibn Ezra commente ainsi les mots « a partagés » : « c’est une chose reconnue que chacun des peuples a une étoile précise et un Mazal. Ainsi y a-t-il un Mazal pour chaque ville. D. a accordé à Israël un niveau supérieur en cela que D. est notre seul directeur et non une étoile, Israël est le patrimoine de D. »

Deutéronome, chapitre XXXII, verset 8 : « Lorsque D. a fait hériter les peuples, lorsqu’il a séparé les fils d’Adam, il a tracé les frontières des nations selon le nombre des fils d’Israël. »
Verset 9 : « Car la part de D. est son peuple, Jacob est le patrimoine qui lui échoit. »

Le principe d’ordre établi répond au besoin de mettre en place un cadre dans lequel une action va se dérouler. En l’occurrence, ce système qui est œuvre divine et qui, à tout moment, est perpétué par D., présente l’inconvénient de masquer par sa normalité Celui qui en manie les ficelles. C’est en même temps un avantage pour Israël qui est l’acteur du monde.

C’est la fonction d’Israël de reconnaître D.ieu au travers de ces ténèbres, de révéler que ce système n’a aucune autonomie. Il ne s’agit pas simplement d’une prise de conscience ou d’un discours. Il faut concrétiser sa démarche par des actes, par une confrontation avec la réalité, l’endroit où l’on se trouve : la terre. Alors, par notre comportement, D. est Roi. Dans le cas contraire, nous ne méritons pas de rester en terre d’Israël, parce que nous n’y constituons pas un espace pour la royauté divine. Nous sommes exilés signifie donc que D. est exilé, c’est ce qu’expriment nos Sages dans cette sentence : « Du jour où a été détruit le Temple, D. n’a plus dans son monde que les quatre coudées de la Halakha » (traité Berakhot 8a).

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