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Le combat des chefs (Yaacov et Essav)

par: Yoël Elgrabli

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La Torah est écrite d’une façon simple, même les petits enfants y ont accès, mais elle nous laisse parfois perplexes avec des passages incompréhensibles sans les explications de nos Sages.


La Torah est écrite d’une façon simple, même les petits enfants y ont accès, mais elle nous laisse parfois perplexes avec des passages incompréhensibles sans les explications de nos Sages.

C’est le cas du récit dans notre paracha d’un combat très spécial entre Yaacov et un « homme » qui, selon nos Sages, était l’ange représentant toute la force de Essav. Nous ne savons pas quel était l’objet de ce combat, pourquoi fallait il un combat ? Pourquoi à ce moment-là ? De plus, qui en est sorti vainqueur ? Yaacov devient boiteux, que représente ce coup de la part d’un ange sur notre patriarche ? Et enfin quel est ce terme unique dans la Torah : vayéavék qui veut dire il a combattu, mais qui provient de la racine avak, poussière ? Rachi commente qu’ils soulevaient la poussière pendant leur combat, et nos Sages (1) commentent que la poussière montait jusqu’au trône céleste, quel est donc le sens de cette poussière ?

L’ange de Essav (2) est la force du mal, le Satan, appelé Sam-el qui est un mot composé qui veut dire celui qui nous rend aveugle (sam) de D’ (el), et c’est ce qu’il a essayé de faire à Yaacov : il voulait l’aveugler comme la poussière nous aveugle. Mais pour cela, il fallait tout d’abord que Yaacov soit assujetti au matériel, car tant qu’il étudiait la Torah, et même durant son travail chez Lavan, il était détaché du matériel. Voici maintenant qu’il retourne dans son pays, avec sa grande famille et sa richesse dans l’espoir de vivre tranquillement, il devient vulnérable : peut-être va-t-il devenir une personne comme une autre, vivant sur ses acquis ? C’est le pourquoi de cette épreuve, le Satan est venu s’attacher à lui (3), c’est-à-dire trouver en lui une faille sur laquelle il pourrait avoir prise dans l’objectif de l’aveugler jusqu’au point où il ne verrait plus le trône céleste, c’est-à-dire où il s’émanciperait de sa soumission a D’.

Nous n’avons pas idée de ce qu’était réellement ce combat spirituel durant une nuit entière, mais nous comprenons qu’il ne s’agit pas d’un simple combat au sens habituel, il y avait confrontation sur des valeurs.
Essav est celui qui dit « j’ai beaucoup » (4), celui qui s’exprime ainsi donne une valeur à tout ce qui est beau et grand d’un point de vue extérieur, tandis que Yaacov dit « j’ai tout » (5) c’est-à-dire : tout ce que j’ai me suffit pour accomplir ce que je dois faire, car l’intérieur est l’essentiel, et la beauté extérieure ne vient que refléter la perfection intérieure.
Essav qui n’a pas d’intériorité cherche juste à montrer ses galeries et ses œuvres magnifiques (c’est pour cela que sa terre s’appelle romi [Rome], qui veut dire grand et élevé). Et voilà que le Satan veut contaminer Yaacov par tout ce qui est extérieur à lui-même, c’est ce que signifie la poussière, cette matière qui n’est pas fertile comme la terre. A l’image des galeries de Essav, qui ne sont que des tas de pierres sans avenir.

Mais Yaacov est parfait, et l’ange voit qu’il ne peut pas l’atteindre (6), il réalise que Yaacov est totalement différent, et même lorsque il accède au matériel, c’est pour servir D’. L’ange est bien obligé de reconnaître qu’il méritait d’être béni par son père, car il fait bon usage de cette bénédiction.
Cependant, il réussit à toucher les descendants de Yaacov, que symbolise sa hanche.
En effet, (7) les 365 interdits de la Torah sont mis en équivalence avec les 365 jours de l’année et les 365 nerfs d’une personne, or le nerf sciatique correspond au 9 Av, et bien sûr à l’interdit de consommer ce nerf. Le Deuxième Temple a été détruit car il y avait en nous une haine gratuite, nous avons été touchés par Edom et nous traversons l’exil d’Edom. Ce n’est pas par hasard que dans ce verset, il est fait allusion à tous les jeûnes liés a la destruction du Temple (8), il est dit en effet : « ainsi les Bné Israël ne consommerons pas le nerf sciatique » (eth guid hanaché). La valeur numérique des lettres de l’expression eth guid hanaché rappelle les dates des différents jeûnes :
– ‘eth’ est composé des lettres alef et tav, qui sont les initiales de Av et de tich’a (9), ce qui symbolise le 9 Av ;
– ‘guid’ commence par la lettre guimel (valeur numérique = 3), qui correspond au 3 Tichri, le jour du jeûne de Guedalia ;
– la lettre suivante est le youd (valeur numérique = 10), qui correspond au 10 Teveth ;
– et enfin, la somme des lettres du mot ‘guid’, guimel (3) dalet (4) et youd (10) fait 17, ce qui rappelle le 17 Tammouz.

A cause de cette faille en nous, nous jeûnons donc ces jours-là qui émaillent l’année juive (et d’ailleurs, hanaché comporte les mêmes lettres que hachana, l’année). Mais ceci est temporaire : dès que le soleil s’est levé, Yaacov guérit, ainsi lorsque la lueur du Machia’h illuminera le monde, nous ne boiterons plus…
Nous voyons combien chaque passage de Torah est bien d’avantage qu’un simple récit !

Notes :

(1) Guemara ‘Houlin 91 a

(2) Keli Yakar

(3) Rachi

(4) Berechit, chapitre 33, verset 9

(5) Berechit, chapitre 33, verset 11

(6) Berechit, chapitre 32, verset 26

(7) Zohar Parachat Vayichla’h page 170

(8) Chakh sur Berechit, chapitre 32, verset 33

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“Le combat des chefs (Yaacov et Essav)”

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