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Le Chabbath, tiré des cours de Rav Ringer זצ »ל décédé le 25 Eloul 5740

par: Philip Elbez

Retranscrit par Mr Philip Elbez.

Publié le 21 Septembre 2022

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Il faut appréhender le Chabbath comme le point de repère pour les six jours de la semaine. Il y a une Guemara qui pose la question suivante : Un homme qui se trouve dans le désert et qui a perdu toute notion de temps, que doit-il faire ? Chaque jour, il doit travailler le strict minimum, pour satisfaire ses besoins immédiats, et fixer un jour de repos. Le problème que se posent ‘Hahamim est le suivant : Est-ce qu’il doit travailler six jours puis fixer le Chabbath, suivant le schéma de la création du monde, ou bien, décider qu’aujourd’hui c’est Chabbath, et s’autoriser à travailler les six jours suivants. Ce qui revient à dire, est-ce que le Chabbath est le début de la semaine ou la fin de la semaine ?

Quoi qu’il en soit, une semaine dans laquelle il n’y aurait pas le souvenir de Chabbath, ne peut s’appeler semaine, car c’est le jour du Chabbath qui donne tout son sens aux actions de la semaine. Peut-être même, que si D-ieu ne nous avait pas donné un premier Chabbath, nous n’aurions jamais pu imaginer la nécessité de son existence. Le Chabbath aurait deux fonctions, celle d’être le début de la semaine et celle d’être la fin de cette même semaine. Alors, quel serait le sens fondamental du Chabbath ? Le premier Chabbath, c’est D-ieu qui nous fait accéder à la conscience d’une certaine Kedoucha, sainteté, dans le monde. Alors que le second Chabbath, c’est l’homme qui devrait pouvoir recréer la Kedoucha du Chabbath. Il faudrait agir, nous-même, de telle sorte que le Chabbath puisse rentrer par l’action de l’homme. C’est pourquoi, si nous avions observé deux Chabbath consécutifs, c’est à dire, avoir reçu une première fois la notion de Chabbath de façon très claire, puis, après être passé par les six jours de la semaine, tout en étant capable d’observer, une deuxième fois le Chabbath, nous aurions su intégrer toute notre activité dans le plan du Créateur, alors il n’y aurait jamais eu d’interruption entre le Chabbath de D- ieu et celui de l’homme. On retrouve clairement cette notion dans la construction du Michkan où D-ieu dit, faite-moi le Michkan mais attention à ne pas transgresser le Chabbath, alors que, lorsque Moché restitue l’ordre, il commence par Chabbath puis la construction du Michkan. Pour D-ieu, c’est à l’homme de réintroduire la notion de Chabbath, construisez le Michkan en vue du Chabbath. Mais, pour Moché, il faudrait s’imprégner suffisamment de la notion de Chabbath, avant toute réalisation humaine. Moché s’adresse au peuple juif, après la faute, où il était urgent de revenir à la source, ils avaient, plus que jamais, besoin du premier Chabbath pour se raccrocher à la pureté d’antan, c’est pourquoi Moché inversera l’ordre. Ce qui est défendu le jour de Chabbath, c’est construire le monde. Car, lorsque je suis pris dans mon activité, combien même la plus noble soit-elle, c’est moi qui existe et plus D-ieu, j’ai évincé D-ieu de Son propre univers. En m’interdisant le Chabbath tout acte qui s’assimilerait à une création, je restitue au Créateur Son droit sur la possession du monde ; je réaffirme avec véhémence, l’origine de la vie : C’est par le respect et l’observation stricte du Chabbath que je peux me rappeler à l’ordre : N’oublie jamais que tu es créature et non Créateur. Quelle que soit l’activité qui occupe ta vie, ne te prends jamais pour le Créateur. Or, depuis la genèse du monde, l’homme n’a cessé de construire, de modifier, de chercher à maitriser le monde, comme s’il voulait se prouver que lui aussi était créateur. C’est pour cela, plus l’homme s’enfonce dans sa volonté d’exister par lui-même, et plus il découvre les atrocités qu’il est capable de faire subir aux autres. Construire un Tabernacle, c’est afficher notre volonté d’avoir une relation avec le Tout-Puissant. Pour D-ieu, ce désir aurait dû découler de la Kédoucha du premier Chabbath, mais pour Moché, il faut revenir à la Kédoucha elle-même du premier Chabbath, avant de se lancer dans la construction du Tabernacle. Le Michkan représenterait les activités de l’homme qui aurait su les ramener au Créateur, après leurs clarifications. On raconte, dans la Guemara Chabbath, l’histoire d’un juif qui chérissait le jour du Chabbath, plus que tout. Les astrologues avait prédit à un notable immensément riche que sa richesse reviendrait un jour à ce petit juif. Le notable décida de transformer toute sa richesse en un joyau unique, qu’il cacha dans la doublure de son chapeau. Un vent terrible se leva, fit s’envoler le chapeau qui fut à son tour avalé par un gros poisson. Le vendredi matin, ce petit juif alla au marché pour acheter un poisson en l’honneur du Chabbat. Il se faisait tard, et tous les poissons avaient été vendus. Mais un pêcheur, étant arrivé de la pêche en retard, ne trouva personne pour acquérir le magnifique poisson qu’il avait ramené de sa pêche. Alors le pauvre juif sauta sur cette belle occasion, pour acheter ce poisson, à un coup plus abordable pour lui, afin d’honorer le Chabbath. Quelle surprise, lorsqu’il découvrit le joyau, dans le ventre du poisson. Dans cette histoire, il nous est décrit l’attitude de deux hommes : Le premier, qui passe sa vie à amasser de la richesse, et l’autre, plus pragmatique, qui utilise le peu de richesse qu’il a obtenu pour établir une relation avec D-ieu, à travers l’importance qu’il donne au Chabbath. La morale, c’est que tout ce que font les Goyim dans ce bas monde, n’est que pour l’amélioration des conditions de vie du peuple juif. La jouissance de la vie, telle que le conçoit le monde Goy, est un puits sans fond. Et plus on amasse de la jouissance et plus on sent qu’il nous en manque. Alors que, la jouissance chez ce petit juif, se limite à ce petit poisson qui va exprimer le mieux tout l’honneur qu’il veut mettre dans son Chabbath. Le poisson, pour la Torah, est le symbole de la jouissance supème. En effet nos Maîtres rapportent qu’à la fin des temps les Justes mangeront du Léviathan. Le poisson Léviathan exprime le sentiment le plus fort de la jouissance.
Le Taanoug, la jouissance, est le moteur premier de notre vie.  Prenons l’exemple du statut de l’ouvrier dans la Hala’ha. Lorsqu’un ouvrier commence un travail pour lequel il a été déjà payé, il a jusque le milieu du jour pour se rétracter, mais au-delà, il devra terminer son engagement. Quant à la somme qu’il lui devra, elle sera considérée comme une simple dette. D’où l’apprenons – nous ? Parce qu’il est écrit dans la Torah : Ki Li Yisraël Avadim / Yisraël sont mes esclaves, et non les tiens, et non ceux des hommes. Cela signifie que si, à la suite de mon engagement pour travailler, je me retrouve esclave de l’autre, alors la Torah ne l’accepterait pas, car tout juif n’appartient qu’à D- ieu. Dans le monde du travail, la seule relation que je peux avoir avec l’autre, est une relation contractuelle, dans laquelle je ne perds pas ma dignité. Autrement dit, toute activité professionnelle qui passe par la déchéance de ma dignité est formellement proscrite par la Torah, l’homme devrait refusait de s’engager dans une action qui remet en question les fondements de sa dignité. C’est pourquoi, un homme n’aurait pas le droit de faire un contrat qui l’engagerait plus de trois ans auprès son employeur. Car dans ces conditions, il deviendrait esclave, ce qui est formellement interdit par la Torah, comme nous l’avons expliqué : les enfants d’Israël sont esclaves de D.ieu et non des hommes. Par conséquent, tant qu’un homme peut se libérer du joug de son travail, à tout instant, il aurait le droit de travailler, autant de temps qu’il le souhaite. Autrement dit, un homme conserverait sa liberté tant qu’il peut s’affranchir, à tout instant, de sa charge de travail. L’homme doit créer une relation avec le travail qui ne l’aliène jamais. Il faudrait voir dans cette Hala’ha de l’ouvrier, une manière pour l’homme, de ne jamais retourner dans le monde de l’esclavage, où l’homme ne sait même plus qu’il a perdu son libre arbitre. Je t’ai fait sortir de l’esclavage pour que vous soyez Mes esclaves. Cette loi a les mêmes effets que le Chabbath sur le libre arbitre de l’homme. L’homme a le droit de chercher à se réaliser tant qu’il ne perd pas de vue son libre arbitre. Le plaisir du Chabbath, le Taanoug, est le moteur de la vie. Un Tsadik est un homme qui réfléchit avant d’agir, qui calcule ce qu’il va gagner par rapport à ce qu’il va perdre, c’est celui qui a une idée juste de la notion de bon sens. Avant de faire quelque chose, prends cinq minutes pour réfléchir, habitue-toi à poser un temps de réflexion, une interruption, avant de choisir. Cela devrait être ta ligne de conduite, avant tout engagement dans la vie du réel. Parfois, c’est parce qu’on a mis ce temps d’arrêt, qu’il nous est apparu que des choses que l’on croyait vitales se sont révélées être secondaires, alors que paradoxalement, des choses que l’on croyait fondamentalement inintéressantes comme la Torah, se dévoilent à nous comme fondamentales, tout simplement parce qu’on a pris le temps de s’y arrêter. C’est dommage de devoir se combattre alors que l’on pourrait être son meilleur allié. Si seulement on avait pris le temps de réfléchir avant ? Le seul pouvoir du Yetser Ara, du moment penchant, est de nous empêcher de réfléchir, mais si l’on prenait le temps de détailler ce qu’il a vraiment à nous proposer, nous ne rentrerions pas dans  ses propositions.
‘Elle t’écrasera la tête, et toi tu lui meurtriras le talon ‘(Béréshit 3,15): Par la tête on peut régler des problèmes monstrueux, mais on peut aussi rendre monstrueux des problèmes qui n’en sont pas. C’est si simple et pourtant personne ne veut le faire, pourquoi ? L’homme préfère régler des problèmes qu’il n’a pas, plutôt que de s’intéresser à la glorification du nom d’Achem. Il y a le Taanoug tel que semble le présenter le serpent, et il y a le Taanoug tel que les Tsadikim semblent le ressentir, à travers le Chabbath, notamment. Il faudrait pouvoir se rendre compte de l’existence du Taanoug qui se trouverait dans l’expérience du moment de Chabbath. Pouvoir ressentir ce moment exceptionnel, de grande jouissance de notre relation avec D-ieu. Tu peux ressentir cela dans le Chabbath, sans que cela ne soit artificiel. Si ton sens du plaisir ne se trouve que dans les plaisirs charnels de la vie, c’est que tu n’as pas encore atteint le sens profond de Chabbath. Si tu t’ennuis du Chabbath, c’est que le sens profond de ton Taanoug, n’est pas encore clarifié. Pour en donner une illustration concrète, si le jour du Chabbath, tu es plus interpellé par tes activités professionnelles que par le Taanoug du jour, que par le délice du jour, c’est que, au fond, tu es beaucoup plus pris par ton monde extérieur que par l’intériorité de la vie. Tu auras passé ta vie à courir après des bonheurs éphémères, sans jamais avoir gouté, un seul instant, au vrai Taanoug de l’existence. C’était un peu çà, la servitude en Égypte, ne vivre de la vie que l’amertume de notre existence, ne jamais jouir pleinement des moments de l’existence. Quel que soit le niveau de plaisir auquel tu as accès, tant que ce plaisir est tourné vers une relation avec Achem, il demeurera légitime, et rien ne devrait venir l’interrompre. Il faudrait être capable de dresser une liste de dix ou onze choses essentielles à notre existence, et accepter que tout le reste ne soit qu’accessoire. Si seulement, on était capable d’identifier nos besoins cruciaux, on s’arrêterait de courir après des chimères et là seulement, on pourrait accéder au véritable bonheur, même si, nous savons que ce ne sera pas facile. Si on n’arrive pas à constituer cette liste, de façon la plus basique, c’est peut-être que notre idée de la justice, (ce qui est juste) n’est pas si intègre que cela. On n’est pas si bête que cela, mais, se donne-t-on la peine de discuter avec nous même, veut-on vraiment savoir les choses ? Cherchons-nous vraiment une vie clarifiée où notre action découlerait d’une réflexion, ou bien, ne préfère-t-on pas continuer à vivre dans un mélange complaisant entre le bien et le mal ? Prendre le temps de discuter avec soi-même, n’est-ce pas le seul moyen de sortir de son propre esclavage ? Qu’importe ce que tu peux mettre sur la table, si c’est le meilleur de ce que tu peux offrir alors tu auras accompli le Oneg Chabbath. C’est-à-dire, tu ne veux vivre de la journée de Chabbath, que ce qui peut te procurer du plaisir, vivre uniquement du Oneg, et le reste n’existerait pas. Se reconnecter, une fois par se semaine, au vrai sens de la vie. On peut voir dans la Guémara, que les sages, tenaient à faire quelque chose pour Chabbath. Ils voulaient exprimer, chacun à sa manière, l’importance du Chabbath, ils ne voulaient pas être étranger à la chose. Le Oneg semble être dans l’intention que l’on veut exprimer, à travers la jouissance de ces mets. Comme, si on savait qu’il existe une jouissance plus élevée et plus sérieuse que ce que nous propose la vie, et qu’on voudrait l’exprimer, à notre petite échelle, à travers la réalisation de ce Oneg Chabbath. Chabbath c’est Méen Olam Aba, un avant-gout du monde futur. Je veux croire qu’il existe une jouissance plus puissante que celle que j’ai aujourd’hui. Je veux exprimer son existence, chaque Chabbath, à travers le Oneg que j’organise en son honneur. Prendre des petits poissons, les frire à la farine, est suffisamment important pour s’acquitter de la Mitsva de Oneg, selon la Guémara. Pourquoi le poisson ? Même tout petit, le poisson exprime la plus grande jouissance de l’existence, du fait qu’il a été la première créature vivante. A la fin des temps, Achem organisera un grand festin où l’on mangera du Léviathan, source suprême de tous les plaisirs. D’où l’importance de préserver les lois de Chabbath scrupuleusement, Kéhil’hato. L’homme qui voudrait prendre conscience de sa propre puissance, (Énoch), voudrait voir jusqu’où il peut aller, ne se trouverait bien, que s’il a pu organiser le monde, maitriser la matière, à son image. Cet homme ne pourrait ressentir le Taanoug du Chabbath, pour lui, ce serait un calvaire. En revanche, si je décide de m’arrêter le Chabbath, c’est que je veux accepter en moi-même, une dimension qui est plus élevée que ma propre existence. La semaine, l’homme s’affaire dans mille et une chose, alors que le Chabbath, on doit s’attarder sur le pourquoi je fais toutes ces choses. C’est parce que l’homme a un besoin terrible de bouger qu’il est prêt à vivre à la périphérie, plutôt que de s’attarder sur des notions plus spirituelles. Tout ce que l’on atteint de solide durant notre vie sur terre, de quelle que chose de profond qui nous a été difficile de ressentir ici-bas, et bien, au monde futur, cela sera vécu de façon mille fois plus puissante. Le profond de la vie sera gardé, et tout son bluff s’évanouira. Le Chabbath serait la meilleure expression du Olam Aba. Le peuple juif serait le peuple qui sait le mieux exprimer la notion de Chabbath. Je travaille les six jours afin de réaliser quelque chose, pour pouvoir rentrer convenablement le Chabbath.  Akadoch Barouh Hou a créé un monde tel que l’homme puisse ressentir des impulsions, identifier les émotions qui étaient dans ce monde, et réaliser l’existence de défauts, que D-ieu aurait intentionnellement laissés, pour permettre à l’homme de finir et parfaire la création, c’est le sens de la vie. Ce sont souvent les problèmes que l’on rencontre qui nous permettent de mieux saisir le sens de la vie. Il y a une profonde différence entre l’homme qui veut construire le monde et celui qui veut le parfaire. D-ieu lui a laissé à Israël la responsabilité de finir le monde. Il collabore avec D-ieu pour terminer Son monde, pour parachever son œuvre. Alors que les nations ne se positionnent pas du tout, pour parfaire la création, elles ne veulent qu’assouvir leurs fantasmes, de se prendre pour D-ieu. Elles désirent se placer sur le même plan que le pouvoir créateur de D-ieu. La femme, parce qu’elle a en elle ce pouvoir de procréation, se sent dans l’obligation d’agir, il faut qu’elle ajoute quelque chose à la création. La Guéoula du peuple juif est toujours passé par l’œuvre de la femme.

‘L’homme donna pour nom à sa compagne « Ève » parce qu’elle fut la mère de tous les vivants. Elle a besoin de se réaliser beaucoup plus fortement, que son mari. Malheureusement, la soif de réalisation peut conduire l’homme à réaliser des choses qui ne sont pas convenables. C’est pourquoi, il appartient à la femme de faire rentrer le Chabbath par l’allumage des bougies, car c’est en réintroduisant la lumière, qu’elle avait chassé par sa faute, qu’elle restaurera le sens de la création, collaborer au plan de D-ieu et non imposer son propre plan. Son sens aigu de la réalisation ne doit pas la pousser au point de se prendre pour le Créateur, lui-même.

C’est par le geste de l’allumage des lumières, les Nérotes, que la femme ramène la notion de Chabbath, dans les six jours de la semaine, où elle avait passé son temps à vouloir se réaliser. C’est donc à la femme qu’il appartient de lancer cet état d’esprit du Chabbath, elle qui a un sens très poussé de l’auto-réalisation. Elle doit mettre son désir le plus viscéral de procréation, de réalisation, au service unique, de la volonté du Tout Puissant. Adapté par Philip Elbez.

Je voudrais dédicacer cette adaptation jamais dévoilée à ce jour, à la mémoire de nos chers disparus.
Rav Binyamin Chaoul Ringer Zatsal
Avi mori Chlomo ben Messaoud Elbez Z »l
Morenou Verabenou Rav Avraham Mimoun Zats »al
Daniel Haim Ben Sarah Levi

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