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Ki Tetsé : La guerre et la nudité

par: Jérôme Bénarroch

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Au strict milieu de la sidra, comme pour en éclairer la signification d’ensemble,[[chapitre 23:10]] le passouk reprend les premiers mots qui donnent son concept à cette paracha pour dire :
« Quand sortira un camp sur tes ennemis, tu te garderas de toute chose mauvaise ». Au strict milieu de la sidra, comme pour en éclairer la signification d’ensemble,[[chapitre 23:10]] le passouk reprend les premiers mots qui donnent son concept à cette paracha pour dire :
« Quand sortira un camp sur tes ennemis, tu te garderas de toute chose mauvaise ».

Le paragraphe se termine passouk 15 et dit :

« Car Hachem, ton Eloqim, marche au milieu de ton camp pour te sauver et pour donner tes ennemis devant toi, ton camp sera saint, et Il ne verra pas en toi une chose de nudité, Il se retirerait de toi. »

1. Le Sifri commente : « Si tu fais tout ce qui est prescrit dans le contexte, Il te sauvera et livrera tes ennemis en tes mains ».

Or, qu’est-il prescrit dans le contexte ? Le Talmud Avoda zara 20b explique cette « chose mauvaise » :

« On ne doit pas contempler une belle femme, même si elle n’est pas mariée, ni une femme mariée, même si elle est laide, ni des vêtements de femme chamarrés, ni, pendant qu’ils s’unissent, un âne ou une ânesse, un porc ou une truie, ou des oiseaux. ».

Et encore : « Une baraïta enseigne : « tu te garderas de toute chose mauvaise » : On ne doit pas avoir de pensées lascives le jour qui fassent devenir impur pendant la nuit », car le passouk 11 évoque le cas de l’homme de ce camp « qui ne sera pas pur du fait d’un événement de la nuit ».

L’idée est donc ainsi : D. donne la victoire de la guerre à ceux dont le rapport aux choses de nudité, en langage moderne, à la sexualité, est pur. C’est-à-dire ne se laisse pas aller vers l’impudeur de la jouissance.

2. Pourquoi cette exigence est-elle enseignée ici, selon cette éventualité de la guerre ? Qu’est-ce que la guerre ici ? Comme le précise Rachi au début de la paracha, il s’agit d’une guerre facultative, pas de la guerre de mitsva. A mon sens, cela autorise une compréhension élargie de la notion. Pour aller directement au fait, on peut dire plusieurs choses :

– C’est l’aire où les hommes sortent de la maison, loin de leur femme.
– C’est la scène où l’enjeu est la victoire ou la défaite, l’enjeu de la réalité de la vie.
– C’est l’expérience de l’absence de structure sociale, l’expérience de l’absence de lois, la confrontation avec le pur fantasme.
– Et biensûr la confrontation avec le danger de la mort.

Cela permet de comprendre le lien entre la victoire militaire et la kedousha. Dans la réalité, c’est D. qui combat, qui livre les ennemis, qui fait que s’accomplissent les choses pour le bien. Ce que nous devons contraindre, le yetser a ra, c’est-à-dire notre propre impudicité, et la complaisance narcissique. Car l’aire de la réalité, dans son intensité radicale, est une guerre. C’est, je crois, ce que dit Moché aux enfants d’Israël, comme étant au plus profond de leur alliance avec D., maintenant qu’ils vont devoir entrer dans le pays, avant les ultimes parachiot, dont la vision prophétique prend un autre tour.

Chabbat Chalom.

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1990
Agrégé de lettres et Docteur en philosophie, Jérôme Benarroch est un ancien élève puis enseignant de la Yechiva des Étudiants de Paris. Il est actuellement professeur de philosophie et de français au lycée Ozar Hatorah Paris 13ème. Enseignant à l’Institut Elie Wiesel, à l’Institut Universitaire Rachi de Troyes, au SNEJ de l’Alliance Israélite Universelle, dans le cadre du cycle ACT de la Yechiva des Etudiants de Marseille, au Collège des Bernardins, et à l’Université Catholique de Louvain, il a publié des articles au sein des Cahiers d’Etudes Lévinassiennes, des revues La Règle d’Abraham, Orient-Occident les racines spirituelles de l’Europe, et des Cahiers philosophiques de Strasbourg et intervient régulièrement sur Akadem.

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