img-book

Israël entre universalisme et particularisme – Commentaire du Maharal dans le chapitre trente-sept du Tiféret Israël

par: Rav Gerard Zyzek

Publié le 2 Juillet 2024

0.00

Quantité :
Articles de Rav Gerard Zyzek
Revenir au début
Print Friendly, PDF & Email

Nous essaierons de rapporter le commentaire du Maharal avec nos remarques et développements. Ce qui est entre guillemets est notre traduction du texte du Maharal. Nos réflexions et remarques sont entre crochets. Le Maharal, par sa démarche analytique, va nous donner des outils pour pouvoir aborder des préoccupations fondamentales mais difficiles à aborder.

(Le Maharal cite le Midrash Rabba mais sa version est différente de celle qui se trouve dans le Midrash Rabba que nous avons dans nos mains)

‘Le verset dans Vayikra dit (20,7) והתקדשתם ןהייתם קדושים, « sanctifiez-vous et soyez Kadosh ». Rabbi Avin dit : les êtres supérieurs qui n’ont pas de Yétser HaRa, de mauvais penchant parmi eux, D. leur a donné une sainteté, une Kedousha, comme dit le verset (Daniel 4,14) « par la requête des Kadoshs, des anges [1] », mais les êtres inférieurs (les hommes) parmi lesquels se trouve le Yétser HaRa, le mauvais penchant, Il leur a donné deux saintetés, deux Kedoushot, ah s’ils pouvaient tenir bon avec ces deux Kedoushot ! Rabbi Abahou dit : ce verset peut être abordé par le biais de la parabole suivante, cela ressemble aux habitants d’un pays qui ont fait trois couronnes pour le roi. Que fit le roi ? Il donna deux de ces couronnes pour la tête de ses fils et l’une pour sa tête. De même, chaque jour les êtres supérieurs couronnent devant HaKadosh Baroukh Hou, devant D., trois saintetés, trois Kedoushot (comme dit le verset de Yishayahou 6,3) « ils s’interpellent les uns les autres et disent Kadosh Kadosh Kadosh ». Que fit HaKadosh Baroukh Hou ? Il en mit une sur Sa tête et deux sur la tête de Ses fils, comme dit le verset « sanctifiez-vous et soyez Kadosh ». Expliquons l’opinion de Rabbi Avin. Israël ont une Kedousha, une sainteté, en cela qu’ils sont séparés dans ce monde matériel des choses qui sont matérielles, et D. les a séparés des Nations, comme dit le verset (Vayikra 20,26) ואבדיל אתכם מן העמים, « Je vous ai séparés des Nations ». Ceci se concrétise par le fait que D. leur a donné les Mitsvot, les commandements de la Torah, ceci est la première Kedousha, la première sainteté. La seconde Kedousha est le fait qu’ils ont la Torah qui est intellect, Sikhlit. Ce sont ces deux Kedoushot, l’une ce sont les Mitsvot, les commandements de la Torah par lesquelles D. a sanctifié Israël, la seconde Kedousha est la Torah qui est l’intellect divin, ce qui est une sainteté supérieure.’

[A la différence des Malakhim, des anges, qui sont séparés de toute matérialité de fait, Israël sont enjoints de se rendre Kadoshs, par deux types de Kedousha. La première ce sont les commandements de la Torah qui donnent la possibilité à l’homme de ne pas être engoncé dans l’océan de matérialité de ce monde-ci. La seconde est l’étude de la Torah qui donne la possibilité à l’homme d’unir sa pensée avec la pensée de D., c’est à dire d’être réceptif à une sainteté supérieure.]

‘Nous pouvons expliquer aussi que ces deux Kedoushot qui caractérisent Israël ce sont les commandements négatifs et les commandements positifs. La sainteté d’un commandement positif est supérieure à celle d’un commandement négatif. C’est pourquoi les femmes sont enjointes comme les hommes à tous les commandements négatifs de la Torah, en cela que la réalité des femmes est qu’elles penchent plus que les hommes vers la matérialité. Par contre les commandements positifs qui dépendent du temps, les femmes en sont exemptes. Du fait que la dimension de Kedousha des commandements positifs est supérieure à celle des commandements négatifs, un commandement positif repousse un commandement négatif. Ce sont donc les deux saintetés qui caractérisent Israël.’

[Les commandements négatifs de la Torah nous préservent de nous engoncer dans le tourbillon de la matérialité du monde dans lequel nous nous trouvons. Les femmes par leur création même sont plus enclines à s’enfoncer dans ces détails c’est pourquoi le respect de tous les commandements de la Torah s’imposent pour elles comme pour les hommes. Le raisonnement du Maharal est que nous voyons que les femmes sont néanmoins exemptes des commandements positifs qui dépendent du temps. Le Maharal se demande : mais pourquoi ? Il répond que les femmes sont plus proches de la matérialité, de ce fait sont moins engagées dans les commandements positifs. Il déduit donc de là que les commandements positifs représentent une dimension de Kedousha supérieure. La personne non avertie de notre Tradition peut comprendre de là une attitude profondément désobligeante à l’égard des femmes. Nous ne cherchons pas à justifier notre tradition. Nous pouvons néanmoins dire qu’il n’y a aucun rejet de la matérialité. La matérialité est magnifique, elle est l’œuvre d’HaKadosh Baroukh Hou, et c’est dans ce monde où réside la matérialité que l’homme acquiert un niveau supérieur aux Malakhim, aux anges. La problématique est de ne pas y être noyé et d’arriver à en faire quelque chose. La femme a pour mission merveilleuse de faire comprendre à l’homme justement que c’est dans ce monde splendide qu’il doit servir D. et non dans un rêve stérile d’abstraction.]

‘Néanmoins la première explication me paraît la plus satisfaisante. En effet la première Kedousha ce sont les Mitsvot, les commandements de la Torah qui sont Kedousha pour Israël, la seconde Kedousha c’est la Torah Sikhlit qui est la Kedousha même en cela qu’elle est pensée, Sikhlit.’

[Il nous faut comprendre pourquoi le Maharal préfère cette première explication. Nous proposons la démarche suivante. Nos Maîtres, que ce soit Rambam, le Maharal ou le Baal Shem Tov, s’accordent pour enseigner que le principal de notre être est la pensée, comme le rapporte le Toledot Yaakov Yossef au nom du Baal Shem Tov : במקום שחושב האדם שם הוא כולו, ce que l’homme pense, là est son être (entre autres Parashat ‘Hayé Sarah, page 221 de l’édition de Rav Shimon Weisz de Monroe). Mais en fait le Maharal va démontrer son assertion dans la suite de son exposé.]

‘ (Du fait de ces deux dimensions de Kedousha, les Mitsvot (qui mettent en mouvement le corps) et la Torah qui est intellect, pensée), D. dit alors : ah s’ils pouvaient tenir bon avec ces deux Kedoushot au mauvais penchant ! [Là le Maharal présente sa démonstration] Nous avons déjà affirmé que la Torah et les Mitsvot donnent une possibilité de maintien face au Yétser HaRa. Les deux noms d’Israël, Yaakov et Israël, correspondent à ces deux saintetés, à ces deux Kedoushot. En effet Yaakov est le Kadosh, comme dit le verset (Yishayahou 29,23) « Ils sanctifieront le Kadosh de Yaakov [2] (le D. de Yaakov) ». Le second nom est Israël. Ce nom correspond à la seconde Kedousha en cela que Yaakov reçut ce nom au moment où il vainquit l’ange, or l’ange n’a qu’une sainteté, qu’une Kedousha [comme nous l’avons vu au début de cette étude]. C’est pourquoi le verset dit à ce moment précis de la victoire de Yaakov sur le Malakh, sur l’ange (Béréshit 32,29) « Il dit : Yaakov ne sera plus désormais ton nom, mais bien Israël, car tu t’es mis en confrontation avec des forces célestes et avec les hommes et tu as vaincu ». « Avec les hommes », par la dimension de Kedousha qui se trouve dans le nom Yaakov, « avec les forces célestes », ce qui lui vaut le nom d’Israël car il a vaincu l’ange. Il faut intégrer ce que nous venons d’enseigner.’

[Essayons de définir ce qu’est cet être céleste qui s’est attaqué à Yaakov. Il nous parait ressortir de la démonstration du Maharal que cet être est abstrait, céleste, contrairement à la première dimension de Kedousha qui quelque part se démarque de la matérialité du monde. Nous proposons de dire que la première dimension de Kedousha qui est représentée par les Mitsvot de la Torah nous donne une tenue, nous permet de nous cadrer par rapport aux sollicitations diverses et variées du monde. La seconde dimension de Kedousha qui est celle de la Torah permet d’affronter une dimension abstraite et tenace à laquelle tout un chacun est confronté, ce serait le destin de chacun, la force spirituelle qui nous bloque dans un déterminisme puissant. C’est par rapport à cela que nos Maîtres nous enseignent dans le Traité Shabbat (156a) au nom de Rabbi Yo’hanan : אין מזל לישראל , il n’y a pas de déterminisme pour Israël. Il faudra comprendre : il n’y a pas de déterminisme pour Israël, à comprendre Israël au sens strict : pour la dimension appelée Israël.
Maintenant le Maharal va aborder le second avis du Midrash cité plus haut.]

‘Expliquons l’avis de Rabbi Abahou. Les deux saintetés mentionnées dans le verset והתקדשתם והייתם קדושים, « sanctifiez-vous et soyez Kadosh » sont dites en référence à la grandeur d’Israël [3]. Il faut savoir que les Kedoushot sont au nombre de trois. Nous avons plusieurs fois expliqué que le sujet de la Kedousha est d’être séparé de la matière. Tel est le sujet de la Kedousha et les Malakhim couronnent Son nom de trois Kedoushot. La première Kedousha par laquelle les Malakhim couronnent D. est qu’Il n’est pas matérialité. La seconde Kedousha qu’Il n’est pas une force dans la matérialité. La troisième Kedousha qu’Il n’est pas lié d’aucun lien d’existence avec la matérialité.’

[Attention. Comme souvent, les affirmations du Maharal sont absconses. Et là réside la difficulté de l’étude de ses écrits. En effet ces affirmations sont de première importance mais il nous est nécessaire de les décrypter avec patience et rigueur. La suite va nous donner quelques éclairages sur ce qu’il veut dire.]

‘Pour saisir ce dont on parle, examinons l’équivalence chez l’homme. Le corps est quelque chose de matériel. Le Néfèsh (la dimension de vitalité) est une force dans la matière. L’intellect n’est pas une force dans la matière, mais existe avec la matière dans un lien d’existence. Ceci est connu, indubitablement.’

[Cette troisième proposition est très importante, malgré son apparente banalité. Notre réflexion, notre pensée, est intimement dépendante de notre corporalité. Tous les penseurs, de notre tradition ou non, ont recherché s’il y a la possibilité d’une pensée libre, vraie, non dépendante de nos particularismes, de notre éducation, de nos intérêts multiples et divers, de nos pulsions, des comptes que nous avons à régler.]

‘D. Source de bénédiction est propre et dégagé de tout ceci. Il n’est pas matière, ni force dans la matière, et Il n’a aucun lien d’existence avec la matière. C’est par rapport à ces dimensions que les anges, les Malakhim, couronnent [4] D. de ces trois Kedoushot. Et D. prit deux de ces couronnes et les donna sur la tête de Ses fils (les enfants d’Israël).
Nous parlons ici de la sainteté, de la Kedousha, d’Israël en cela qu’ils sont un peuple Kadosh. Nous ne parlons pas de tel ou tel individu, mais notre propos s’attache à la dimension de nation en tant que telle, dans ce qu’elle est essentiellement. Et la dimension d’Israël n’est pas de l’ordre de la matière ni d’une force dans la matière. Néanmoins le niveau d’Israël et sa sainteté, sa Kedousha, existe avec un lien d’existence en cela seulement qu’ils sont des humains (faits de chair et de sang). Nous comprenons maintenant qu’Israël ont deux Kedoushot, deux couronnes, la troisième est donnée sur la tête de D. en cela qu’Il est Kadosh sous tout rapport. C’est pourquoi D., dans le premier des dix commandements dit (Shemot 20,2) אנכי ה’ אלקיך, « Je suis l’Eternel ton D. ».’

[C’est ce dernier paragraphe qui attire particulièrement notre attention. Tout l’exposé présent du Maharal est une tentative de répondre à la question suivante : comment l’Eternel peut-Il, dans le premier des dix commandements (Shemot 20,2), se limiter en disant Je suis l’Eternel ton D. ? Mais le Créateur est le D. de toute la création en cela qu’Il en est le Créateur. La réponse est qu’Israël par leur labeur développent une dimension de Kedousha double par les Mistvot et la Torah qui leur donne une proximité à D., et qu’Il peut se permettre d’associer Son Nom à eux. Ceci est la première explication du Midrash travaillé ici. Le second avis développe qu’Israël en tant que tel possède cette dimension de double Kedousha qui permet à l’Eternel d’associer Son Nom à ce peuple, en disant : Je suis ton D. . Nous pouvons ajouter que les deux explications ne sont que les deux facettes d’une même chose. En effet si Israël a comme vocation de s’investir dans l’accomplissement des Mitsvot et dans l’étude de la Torah, investissement qui leur confère une double Kedousha, c’est parce que par les mérites des Avot, des patriarches, ils ont acquis une double Kedousha qui leur en donne la possibilité. Je ne prendrais qu’un exemple et le plus simple possible. Les fêtes de Tishri la plupart des années arrivent juste après les grandes vacances d’été, et coïncident donc avec la rentrée tant professionnelle que scolaire. Or, par exemple, des centaines et des centaines de personnes de notre communauté, voire des milliers, jeunes ou moins jeunes, posent leurs congés à ce moment-là pour pouvoir respecter les fêtes de notre tradition, n’est-ce pas la preuve d’un peuple Kadosh, d’un peuple dont les préoccupations véritables ne sont pas que la matérialité ? Un peuple qui a deux Kedoushot, qui n’est pas matière et qui n’est pas mu par une dynamique de la matière.  Maintenant ce qui nous interroge est la troisième proposition du Maharal : le niveau d’Israël et sa sainteté, sa Kedousha, existe avec un lien d’existence en cela seulement qu’ils sont des humains, ce qui n’est pas le cas de D. qui est Kadosh sous tout rapport.  D’ailleurs, si c’est ainsi, comment le Maharal peut-il justifier la proximité intense entre D. et Israël jusqu’à lier Son Nom à celui d’Israël en disant « Je suis l’Eternel ton D. » ?  Ce point nécessite beaucoup de méditation et de dialogue avec des camarades d’étude.
Nous proposons la démarche suivante.  Comme nous l’avons vu dans un paragraphe précédent, notre intellect est limité et fonction de notre insertion existentielle. Et là se situe la différence radicale entre notre intellect et l’intellect divin. Nous proposons de dire que si je réalise d’où je viens, que j’ai une insertion humaine, que j’ai des parents, que j’appartiens à un groupe social qui me définit, alors je peux tisser justement un lien avec ce qui est fondamentalement mon origine, avec ce qui me donne la vie, et l’existence.  Notre tradition nous enseigne que dans les dix commandements qui ont été dits au Sinaï, les cinq premiers correspondent à nos engagements entre l’homme et D., les cinq suivants correspondent à nos engagements entre l’homme et son prochain. Mais ce qui nous interroge est que le cinquième commandement de la première série de cinq est la Mitsva de respecter son père et sa mère (Shemot 20,12) כבד את אביך ואת אמך, « Honore ton père et ta mère ». Or a priori cela a l’air de concerner notre relation à autrui. Il faut dire que prendre en compte dans ma vie concrète que j’ai un papa et que j’ai une maman, c’est réaliser que je suis un être relatif, qui a un début, qui a des parents qui se sont occupés de moi lorsque j’étais bébé. Que j’ai une maman qui m’a porté dans son ventre, et que j’ai une origine. L’intelligence humaine est limitée, mais c’est en vivant concrètement que j’ai une origine et que je suis limité et dépendant de ma réalité triviale que, en tant qu’humain, je peux m’ouvrir à une intelligence, et avoir un lien peut-être étroit avec ce qui est à mon origine profonde, comme dit le verset (Mishlé 22,4) עקב ענווה יראת ה’ , « la conséquence de l’humilité est la crainte de D. ». Nous pouvons comprendre maintenant que c’est le fait qu’Israël n’a pas la troisième couronne, la troisième Kedousha, qui lui donne la possibilité d’avoir une union quelque part avec D. qui lui est radicalement séparé.  Nous pouvons apprendre de cette étude que de la même manière que notre relation à l’universel qui est le Créateur commence dans ma perception de la contingence de mon existence, de même mon insertion à l’intérieur d’un tissu humain qui est le peuple dans lequel j’ai grandi et qui m’a construit est le garant de toute possibilité de pensée et de réflexion. Ce point est une innovation importante car souvent dans l’histoire juive nous avons vu des gens de notre peuple qui se targuant d’intelligence se sont démarqués du peuple juif dont ils venaient et en sont devenus quelque part des traîtres, ce qui est gravissime dans notre tradition. D’autre part, nous nous sommes beaucoup interrogés sur la notion de nationalisme. Ici nous ne sommes pas dans ce que l’on appelle du nationalisme qui est se couvrir de lauriers de gloire face à d’autres peuples. Ici nous parlons de tisser une relation avec Notre source d’existence par le biais de la reconnaissance du terreau d’où l’on vient, duquel nous sommes construits et par lequel nous existons.  Nous pouvons aborder le verset du Shema
שמע ישראל, ה’ אלוקינו, ה’ אחד
« Ecoute Israël, l’Eternel est notre D., l’Eternel est Un », c’est par le fait que je tisse une relation avec D. du sein de mon particularisme que D. est le D. Un de l’universel.]


[1] Les anges, les Malakhim, sont appelés Kadosh, êtres Kadoshs.

[2] La preuve du Maharal de dire que Yaakov représente la première Kedousha est étrange. En effet nous voyons de ce verset que D. est appelé « le Kadosh de Yaakov », on ne voit pas que Yaakov soit Kadosh, séparé de la matérialité. Il faut dire que le Maharal nous explique que si D. est associé au nom de Yaakov en l’appelant « le Kadosh de Yaakov » c’est que quelque part il y a une proximité entre la dimension de Yaakov et celle de D., si nous pouvons nous permettre.

[3] Contrairement à la première explication, celle de Rabbi Avin, pour laquelle ces deux Kedoushot étaient une obligation vers laquelle Israël devait se hisser.

[4] La couronne représente ce qui est au-dessus de notre tête, représente une dimension supérieure, séparée de la matérialité.

Voir l'auteur
avatar-author
Directeur de la Yéchiva des Etudiants

“Israël entre universalisme et particularisme – Commentaire du Maharal dans le chapitre trente-sept du Tiféret Israël”

Il n'y a pas encore de commentaire.