De la bouche du ‘Hatan n’est sorti qu’un seul mot M’Geyt, allons-y !

Ce n’est pas facile à notre époque de parler de patience, d’Emouna et de Bita’hon !
Car effectivement, que va faire un homme qui a été frappé de dépression, de chagrin, et qui se sent seul, dans l’obscurité, sans connaissances ni vers qui se tourner, son âme est en prison, et si l’on peut s’exprimer ainsi (c’est ainsi qu’il pense), il n’a plus d’espoir ni d’échappatoire ? Quelle est la solution que l’on peut lui conseiller pour que malgré tout il puisse tenir bon, et remonter à la surface de l’eau ?
Cela pourtant n’arrive pas trop fréquemment, mais justement à notre période pleine de crises, la chose est plus courante. Cela arrive que quelqu’un arrive à une telle situation qu’il se sente tellement mal, qu’il a pratiquement perdu tout espoir.
A l’intérieur de la maison et à l’extérieur, dans les relations entre lui et ses voisins, avec ses proches, au travail et à la Schule, que ce soit du point de vue spirituel ou du point de vue de l’affect spirituel, rien ne va, tout est bloqué.
Et cela arrive que de grandes difficultés le frappent, dans tous les sens. Et sans détailler toutes les sortes de détresse qui peuvent, à D. ne plaise, frapper notre génération. Mais alors que faire ? Se réalise en nous : « les dernières souffrances font oublier les premières », et que nous n’en attendions plus d’autres !
La grande question est quoi faire dans une telle situation ? Que peut-on faire pour que malgré tout on puisse tenir bon, et rester à la surface de l’eau ? Y a-t-il une solution magique à cela ?
Et ainsi, lorsqu’il est question d’un couple, le meilleur conseil est que l’un renforce l’autre, comme il est dit dans Kohelet 4.10, « s’ils tombent, un relèvera son prochain ». L’efficacité de ce conseil va s’exprimer pour les deux côtés.
Un mari et sa femme, dont le lien spirituel entre eux est fort et profond, pourront toujours recevoir du réconfort l’un auprès de l’autre. Car ainsi même « celui qui réconforte » accomplira sa mission de la meilleure manière, car il n’y a pas quelqu’un qui veut aider le côté qui a chuté plus que lui ; également le « réconforté », celui qui devrait recevoir l’encouragement, va saisir les paroles qui vont lui être dites, de la meilleure manière, car il a confiance à 100% que « celui qui réconforte » veut vraiment son bien et s’efforce de trouver les meilleures solutions pour le fortifier.

Une force de caractère incomparable

Et voici devant nous un bon conseil pour celui qui veut amener son conjoint à un véritable encouragement. Pour le penseur le Rav ‘Hakham Rabbi Moshé Yaakov Kanner (dans un texte qu’il a publié dans Hamodia), il y a un conseil merveilleux qu’on apprend d’un seul mot écrit dans le rouleau de Routh.
Il y avait une force de caractère exceptionnelle en Naomi, écrit le Rav Moshé Yaakov Kanner, une force juive véritable, « ni par la force, ni par la puissance, mais par mon Esprit » … Approfondissons le mot de la Meguila qui a été dit au sujet de Naomi lorsqu’elle quitte la terre de Moav, après qu’elle soit restée seule sans son mari et ses deux fils. « Et elle s’est levée » ! et elle s’est levée, quelle charge puissante est concentrée dans cette levée !
Naomi est restée seule sans sa famille. Sur le verset Ruth 1.3, 3 « Et Elimelekh est mort, le mari de Naomi, et elle est restée avec ses deux fils », les Sages enseignent : elle est « restée », explication : « des restes de miettes » … pauvre, abandonnée, solitaire et seule. Elle se trouvait après de terribles malheurs et devant des humiliations puissantes. Son univers était complètement obscurci. La vieillesse a bondi sur elle. Le passé était enterré quelque part dans le cimetière de Moav, et le futur se trouvait dans un brouillard épais.
Qu’est-ce qui l’attend maintenant si elle retourne dans son pays natal ? Un accueil de : « toute la ville était stupéfaite ». L’expression de grand étonnement s’exprimait sur la bouche de milliers de gens « est-ce donc là Naomi ? », question accablante de blâme de la famille aisée qui a quitté la terre en période de famine. Et malgré tout, la décision est déterminée. « Elle s’est levée » !
Et dans quelles conditions ? Notre maître le Ba’h dans son Séfer « Méchiv Nefech » sur le rouleau de Ruth ajoute : faible, malade du fait de trop de souffrances, sans nourriture, ni provision de route. Naomi n’a pas attendu que ses voisines lui préparent de la nourriture pour cette migration. « Elle s’est levée » ! C’est cela la volonté d’H. alors je retourne, advienne que pourra…
C’est la solution et c’est le conseil. Elle s’est levée. Se lever et agir.
Pour comprendre ce sujet d’une façon plus tangible, le Rav Kanner nous donne un exemple bouleversant de la génération précédente, de l’un de ces personnages qui ont couronné notre monde, ces fortes personnalités qui ont établi la construction de notre génération avec leur sang et leur sueur, avec leur souffle et leur âme, mais qui ont vécu et respiré le verset : «
כָּל־זֹאת בָּאַתְנוּ וְלֹא שְׁכַחֲנוּךָ וְלֹא־שִׁקַּרְנוּ בִּבְרִיתֶךָ: (תהלים פרק מד פסוק יח)
« Tout cela nous est advenu, sans que nous T’ayons oublié, sans que nous ayons trahi Ton alliance. »

Personne n’osait frapper à la porte

Un homme de haute stature (un Mensch) était Rabbi Ye’hiel Maness Zytnicki Z’’L, Talmid ‘Hakham et ‘Hassid, activiste diligent. Il a fondé la Yechiva « Imré Emeth » des Hassidim de Gour avec un très grand dévouement.
Le saint Admour auteur du « Pné Mena’hem » Z’’L a écrit dans une de ses lettres à son sujet : « le Rav ‘Hassid, Rabbi Ye’hiel Maness Zytnicki Z’’L, était comme un Séfer Tora cacher de qualité supérieure, il avait une très grande crainte du Ciel, et était très pointilleux dans l’accomplissement des Mitsvot, c’était un Ben Tora, et un ‘Hassid, et il est décédé en ne laissant pas d’endeuillés à consoler, et sa Nechama qui a accompli des Mitsvot hurle pour la continuité… »
Il y a de nombreuses années, le Rav Maness se rendait à la ‘Houpa pour son deuxième mariage, en Autriche, et c’était peu de temps après la « destruction » dans laquelle il a perdu sa femme et six enfants. Toute sa famille a été massacrée devant ses propres yeux RM’’L.
Avant la ‘Houppa, Rav Maness était assis dans sa chambre fermée à double tour, et il ne sortait pas, bien que l’assistance soit déjà arrivée.
Personne ne se permettait de frapper à la porte et de l’appeler. Les quelques rescapés qui étaient venus de sa ville ont attendu jusqu’à plus d’heure, jusqu’à ce qu’un juif s’arme de courage, et ouvre la porte. Rabbi Maness était assis, sa tête posée entre ses mains. L’homme a murmuré en disant : « les gens attendent ».
Et alors, Rabbi Maness a éclaté en sanglots à déchirer le cœur : « Tu viens pour m’appeler pour la ‘Houppa ? N’avais-je pas un fils de ton âge, un fils qui aurait déjà pu être amené à la ‘Houppa ? Il s’appelait Yossef-Moshé ! » … Et dans ces moments terrifiants, il a commencé à mentionner tous ses enfants par leurs prénoms, et leurs qualités. Yossef-Moshé, l’aîné, Eliézer-Eli, Leybele, Gondele, ‘Hayele, Shimon-Berish…
Le pleur intense de Rav Maness a fait trembler le ciel et la terre…
Et d’un coup, il a frappé avec force de son poing sur la table. Et encore un coup. Et de la bouche de Rav Maness n’est sorti qu’un seul mot M’Geyt !!! Allons-y !!!

Il n’a pas laissé de proche

Ce coup de poing-là n’a pas d’équivalent dans toutes les forces de la terre et son contenu. Des dizaines de fissure d’atomes ne peuvent pas s’y comparer en puissance. Et pas seulement parce qu’elles sont destinées à détruire, alors que ce coup-là, c’est un coup de construction du monde.
C’est une puissance véritable. Voilà tes héros Israël ! Un coup de poing énergique. M’Geyt !!! Allons-y !!! On surmonte et on se renforce, parce que c’est cela la volonté de D..
Rav Maness a hurlé fort des profondeurs de son cœur : nous sommes les serviteurs d’H. Béni Soit-Il, et on ne pose pas de questions. Par cette frappe sur la table, le Tsadik a fermé les portes du passé « le passé, c’est le passé », et s’est avancé tout droit vers le service de construction du futur d’Israël !
Et lorsqu’il a fondé la Yéchiva « Imré Emeth » en haut de la rue Tarfon à Bné Brak, il a construit là-bas six étages, chaque étage pour l’élévation de chacun de ses enfants. Il a laissé les larmes et la souffrance, très, très profondément à l’intérieur des matériaux de construction, à l’intérieur du ciment. Mais l’immeuble lui-même s’est édifié et se dresse sur ses fondations malgré tout ce qu’il a passé pendant la Shoa, et c’est peut-être plus exact de dire : en raison de tout ce qui est passé sur lui.
Rabbi Maness n’a malheureusement pas laissé de proche. Le « Pné Mena’hem » a écrit que sa Nechama hurle pour la continuité…C’est pour cela qu’il faut extraire l’étincelle qui a jaillit de son coup puissant, pour que de sa force on apprenne un Pchat terrible de splendeur d’un seul mot dans la Meguilat Routh. « Et elle s’est levée ! »
« Et elle s’est levée » de Naomi, des « miettes de restes », elle a décidé de continuer quoi qu’il arrive, malgré toutes les atrocités qui allaient se trouver sur son passage… Cette levée-là a établi pour le futur la royauté d’Israël. Et aussi le « M. Geyt » de Rabbi Maness a édifié la royauté de la Tora…Près de 70 ans ont passé depuis ce coup de poing, et quelque part dans les trésors d’en haut, s’entend encore la voix forte et M. Geyt ! Un Juif ne s’arrête pas ! La Nechama hurle pour la continuité ! Allons-y !!!!
Naomi aussi a proclamé avec vigueur : On y va ! Routh la moavite s’est renforcée derrière elle : où tu iras, j’irai.
Et encore. Par cette levée, la Meguilat Routh nous a appris un enseignement supplémentaire concernant la réception de la Tora, c’est-à-dire que ce n’est jamais trop tard de retourner à une vie de Tora, même dans sa vieillesse un Juif peut retourner (faire Techouva), et planter un pieu neuf à l’intérieur du peuple d’H.
Un enseignement qui a un effet puissant
La Meguilat Routh est pleine à craquer de la force de la volonté inépuisable. Une force puissante de renouvellement se perçoit tout au long de ses versets. Nous sommes stupéfaits à la vue de Naomi qui se lève pour réparer, en face de la détermination de Routh de se rapprocher, en face de l’aspiration de Boaz à édifier et faire du bien, alors que ces trois étaient en pleine souffrance et remplis d’angoisses.
Il y a là un enseignement qui a un effet puissant ! Trois personnes brisées et sans espoir (deux d’entre elles sont des vieillards) se sont armés de courage et ont posé la pierre angulaire de la royauté de la maison de David et la construction de la délivrance future. Chacun d’entre eux, s’il était resté dans son coin, s’il s’était enfermé dans sa bulle, et avait coupé ses liens avec le monde parce qu’il baissait les bras, et par dépression RM’’L, personne n’aurait pu avoir de plainte à leur sujet.
Cependant, ces trois héros-là ont allumé dans leurs obscurités, précisément au plus profond-même de l’obscurité, la lumière du Machia’h.
Toi aussi, homme (ou femme) de notre génération, si des fois tu ressens ‘Halila, une déprime ou un découragement, si tu te trouves dans des abimes d’obscurité terribles, si la mesure de justice t’a atteint, si tu souffres de ton étroitesse de moyens spirituels ou matériels, d’isolement et de peine permanente, si tu te perçois seul dans l’obscurité fondamentale, ne connaissant personne, et personne à qui s’adresser, ton âme est emprisonnée, tu es enfermé à double tour dans ta douleur et dans ta souffrance, sans sortie ni échappatoire, si tu te trouves dans toutes ces choses-là, ou dans une partie de cela, et que tu penses que tu n’as plus d’espoir ni de solution, ne dis pas ainsi! En aucun cas, non !!!
Prends la Meguilat Routh dans tes mains, médite là-bas, et tu verras combien de force, et quel futur sont cachés dans un Juif brisé, même s’il est très vieux. Même un tel Juif a la capacité de construire encore des mondes ! Il a encore le pouvoir d’activer la venue de la Gueoula pour l’Univers tout entier.
Et elle s’est levée.
Ce que tu dois faire : te lever ! Avancer. Savoir que c’est cela la Volonté d’H., et nous sommes ses serviteurs, et si on avance ainsi, on avance pour faire la volonté de notre Créateur