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L’enigmatique Itshak

par: Rav Gerard Zyzek
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Nous avons spontanément une idée assez précise de qui pouvait être Avraham Avinou ainsi que Yaakov Avinou. Par contre la personnalité de Its’hak Avinou nous échappe. Nous dirions que c’est celui qui a accepté que son père le ligote et le livre au service de D. au prix de sa mort.

Mais finalement cela serait assez limité car la Akéda, le ligotage, eut lieu lorsque Its’hak eut trente sept ans et il vécut cent quatre vingt ans. [Parachat Vayichla’h 35,28).]
Nous pourrions dire que c’est aussi celui qui s’est laissé abuser par son fils Yaakov qui lui prit les bénédictions par ruse, mais cela serait aussi une approche par la négative : celui qui s’est fait abuser.

Les textes traditionnels présentent la démarche de Its’hak Avinou comme étant la Midat Hadin, la démarche de rigueur, qui est aussi appelée Guevoura, la puissance, la force, mais à comprendre dans le sens de ‘qui est l’homme fort, Guibor ? c’est celui qui contient ses instincts’ [(Avot 4,1)]. Nous voyons donc effectivement une attitude de retenue, de limitation. L’attitude de quelqu’un qui se contient, qui se limite. Par opposition à Avraham Avinou qui a une attitude expansive, d’action, de confrontation.
Malgré cela beaucoup de versets de notre Paracha, Parachat Toledot, infirment les impressions que nous venons de noter.

Premièrement nous le voyons rire, voire rigoler avec sa femme Rivka [(26,8)], deuxièmement la Torah le présente comme un homme d’affaire opulent [(26,12 à 14)] et surtout entreprenant : il creuse des puits  [(26,18 à 22)]. Its’hak creuse des puits. Nous savons que ces puits représentent des thématiques élevées (les trois Temples de Jérusalem par exemple), cependant leur sens le plus simple nous évoque déjà une grandeur particulière : la terre de Guerar est aride, désertique, Its’hak creuse des puits, c’est une attitude visionnaire, révolutionnaire, entreprenante. Il n’y a rien, il y aura tout ! Et par cela il provoquera, bien malgré lui, la haine des autochtones qui ne supporteront pas son esprit avant-gardiste, quand bien même en profiteraient-ils.

D’autre part, lorsqu’il convie son fils Essaw avec l’intention de le bénir, quelle est sa requête [(27,3 et 4)] : ‘et maintenant, prends tes armes, tes flèches et ton arc et sors dans le champs et chasse moi du gibier.

Et fais-moi un bon plat comme je l’aime et amène-le moi que je le mange pour que mon âme te bénisse avant que je ne meure.’ ?

Versets stupéfiants ! Qu’est-ce que cela signifie pour un Tsadik ‘un bon plat comme j’aime’ ?
Pour quelqu’un qui a failli mourir pour le service de D. ?
Nous proposons une nouvelle approche de la notion de Midat Hadin, attitude de Rigueur, en nous fondant sur le commentaire du Maharal de Prague sur l’avant-dernière Michna du traité Sotha [(48a)].
La Michna nous dit : ‘A partir du moment où il n’y a plus eu le Sanhédrin, le grand Tribunal Rabbinique de soixante et onze juges, il n’y a plus de chant dans les festins.’

C’est-à-dire qu’on ne sait plus ce qu’est chanter dans les festins.

Ce texte est étonnant à plus d’un titre, en particulier sur le fait que nous aurions plutôt attendu que la Michna relie cela à la destruction du Temple de Jérusalem qu’à la fin du Grand Sanhédrin.

Le Maharal répond en disant que le chant est de l’ordre de la dimension de Rigueur, Midat Hadin, et se trouve donc intimement lié à la justice, à l’existence de l’instance juridique dans le peuple juif. Ce sont les mots du Maharal.

Qu’est-ce que cela signifie ?

Il nous semble devoir expliquer ainsi : le chant, la musique sont de l’ordre de l’harmonie. Chanter dans les festins est quelque chose de redoutable, soit c’est joyeux soit c’est une beuverie intolérable. C’est comme la justice, elle se doit d’être juste ! De sonner juste !

C’est la démarche du grand Tsadik Its’hak, que tous les éléments de la vie soient un chant harmonieux à D., en y incluant la joie, la sensualité, les expériences (les puits), mais cette dimension est peut-être trop exigeante car elle requiert une puissance, Guevoura, redoutable, contenir ses instincts pour exprimer la gloire de D., un rien et cela peut être la déchéance, ce que nous voyons chez Essaw.

Chabbat Chalom

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Directeur de la Yéchiva des Etudiants

  1. KLAPISCH

    c’est une ouverture vers une réflexion