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A quelle fin ?

par: Jaqui Ackermann

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Pour le lecteur assidu du ‘Houmach, c’est effectivement une belle fin pour le livre de Chémoth. Nous lisons dans ces deux parachiyoth toute la fabrication du Michkane. Dans le dernier chapitre, Moché l’érige, enfin !

Pour le lecteur assidu du ‘Houmach, c’est effectivement une belle fin pour le livre de Chémoth. Mais le texte divin n’ayant aucune affinité avec la littérature humaine, nous sommes en droit de nous demander quel sens donner à la structure des cinq livres de la thora. En particulier pour le livre de Chémoth : pourquoi finit-il par ce point ?

Ecoutons Ramban dans sa préface du livre de Chémoth :[[Nous assumons notre traduction, mais recommandons au lecteur de l’étudier dans le texte]]
« ……Le livre de Chémoth est consacré à l’exil qui avait été décrété explicitement et à la délivrance …. L’exil ne se termine que lorsque les Bné-Israël retrouvent leur place et le niveau de leurs ancêtres ( = les patriarches). Quand ils sont sortis d’Egypte, ils étaient encore en déplacement dans une terre qui n’était pas à eux, dans le désert, même s’ils n’étaient plus esclaves. Ils sont arrivés au mont Sinaï, ont construit le Michkane, et D. a fait résider sa Présence en leur sein. Alors seulement ils ont retrouvé le niveau de leurs ancêtres. Car ces derniers avaient une présence divine sur leurs tentes … et c’est donc à ce moment que le peuple a pu être considéré délivré. C’est pourquoi le livre se termine par le Michkane que la présence divine emplit en permanence. »

Nous voulons reprendre ce texte, en soulignant une difficulté concernant l’étude des dernières parachyoth. Chacun ressent le besoin de trouver en lui un élément qui lui permette de se rapprocher de ce sujet qui est très, parfois trop, éloigné de sa réalité. Il nous semble que Ramban nous donne ici un moyen de plus dans ce sens.

Premier point :

Le Michkane rappelle la tente des Patriarches. Rachi écrit aussi : avant l’établissement du Temple, la présence divine se trouvait dans la demeure des tsadikim[[Chabbath 55b]]. Le Michkane n’est pas un lieu qui brille par une sorte d’inhumanité, où l’homme n’éprouvera que tremblement, désarroi, petitesse, et autres sentiments dévalorisants. La demeure d’un de nos Avoth était un Michkane. Et c’était son lieu de vie. Il n’y a pas plus vivant que le Michkane. Il n’y a pas d’endroit plus revitalisant que le Temple. Il n’y a pas d’endroit qui rende l’homme plus clairvoyant que celui-là. Un homme en recherche de vérité y courrait ! la vie n’est pas plus vraie que là-bas : heureux est celui qui y a été.

Deuxième point :

Le Michkane est un élément qui nous fait retrouver nos origines. Les juifs n’y découvrent pas une situation complètement étrangère. Ils ont conscience que des écrans se sont installés entre eux et D. qu’une distance existe entre leur réalité et celle des Avoth. Ces écrans tombent petit à petit à travers les interventions de D. : sortie d’Egypte, traversée de la mer Rouge, don de la thora, et enfin le Michkane. La joie de la présence du Michkane n’est pas due à la découverte de l’inconnu mais à la conscience de leur propre grandeur.

Troisième point :

Une des formes de la liberté, c’est de se retrouver dans son état originel. Ceci se retrouve à propos de la libération des serviteurs à l’année du Yovel : l’homme retournera à sa famille[[Vayikra 25,10]]. On imagine que se libérer consiste à faire sauter des aspects de la réalité de l’individu qui le bloquerait dans son développement. Il existe une liberté qui consiste à redécouvrir une vitalité qui était mise en veilleuse au fond de soi-même. Etre nous-mêmes c’est aussi être ce que notre histoire « a mis » en nous, depuis les Avoth. C’est cet état que les juifs ont recouvert au moment de l’installation de la présence divine.

Forts de ces trois points, nous pouvons comprendre que l’histoire de l’exil et de la délivrance trouve son aboutissement dans la chékhina envahissant le Michkane, à la fin de Pékoudé.

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