Notre paracha commence par ces mots : « Et toi tu ordonneras aux enfants d’Israël. » Les commentateurs sont nombreux à relever ce changement de style de la Torah, qui en général s’exprime par des termes comme : « Et D. Notre paracha commence par ces mots : « Et toi tu ordonneras aux enfants d’Israël. » Les commentateurs sont nombreux à relever ce changement de style de la Torah, qui en général s’exprime par des termes comme : « Et D. parla à Moché en disant… »
Le Baal haTourim fait remarquer que le nom de Moché n’est pas mentionné dans toute la paracha, ce qui n’est pas le cas dans les quatre derniers livres de la Torah. Cela serait dû au fait que Moché dit à D. (Chemot, chapitre 32 verset 32) : « et maintenant pardonne leur faute et sinon efface moi de Ton livre que Tu as écrit. » Or la Guemara Makot 11a enseigne que la malédiction d’un Sage, même soumise à une condition, est amenée à s’accomplir. Cette idée est également rapportée par Rabbenou Be’hayé dans parachat Ki Tissa. Mais cela n’explique pas le choix de notre paracha comme étant celle où le nom de Moché est absent.
Le Maharal dans Netiv haTorah au chapitre 12 nous explique le poids que prennent les paroles d’un Sage :
« La malédiction [en général, pas spécifiquement pour un Sage] existe du fait du ‘manque’ attaché au récipiendaire. C’est en cela que l’atteint la malédiction, parce qu’il agit envers l’autre de manière inconvenante. Faire du mal à autrui s’appelle un ‘manque’, ce qui entraîne vers lui la malédiction. »
En d’autres termes, si quelqu’un se comporte mal envers son prochain et que ce dernier le maudit, l’acte négatif a créé un ‘manque’ qui fait que la malédiction pourra avoir un effet.
« Mais la malédiction du Sage, même gratuitement, peut prendre effet, car les gens ordinaires sont considérés en situation de ‘manque’ par rapport aux Sages. »
Il existe un décalage entre le Sage et une personne ordinaire. Ce décalage est assimilé par le Maharal à un ‘manque’, ce qui fait que même sans raison particulière, ou si elle assortie d’une condition qui n’est pas remplie, la malédiction d’un Sage à l’encontre de quelqu’un d’autre a la possibilité de se concrétiser.
Cette explication du Maharal ne semble pas résoudre le problème posé par le cas de Moché, qui s’était maudit lui-même au cas où D. ne pardonnerait pas aux enfants d’Israël. Peut-on parler, à ce propos, de situation de ‘manque’ par rapport à lui-même ?
Dans les nouvelles éditions du Baal haTourim, une deuxième réponse est proposée quant à l’absence du nom de Moché dans notre paracha :
« De plus, cette paracha parle de la prêtrise, et Moché aurait dû devenir Grand Prêtre, mais comme il refusa d’aller accomplir la mission que D. voulait lui confier, cette charge lui fut ôtée pour être donnée à Aharon (traité Zeva’him 102a). C’est pourquoi le nom de Moché n’est pas mentionné ici, en relation avec la tristesse qu’il ressentait. »
Cette explication est étonnante : pourquoi Moché aurait-il été triste de voir son frère élevé au rang de Grand Prêtre à sa place ?
Mais peut-être pouvons-nous utiliser cette Guemara pour mieux comprendre la première explication du Baal haTourim. Le destin de Moché était de devenir Grand Prêtre. Lorsqu’il échoue, parce qu’il refuse d’assumer le rôle que D. envisage pour lui, il établit un ‘manque’ par rapport à son potentiel, par rapport à lui-même. Et malgré le fait que D. pardonne aux enfants d’Israël, la malédiction proférée par Moché, « efface moi de Ton livre », s’accomplit.
Le décalage de Moché par rapport à son destin initial crée l’espace dans lequel la malédiction va se réaliser. Ce décalage se trouve être à propos de la prêtrise, le nom de Moché sera donc absent de notre paracha qui traite de la prêtrise.
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