Articles de Yoël Elgrabli
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Notre paracha rapporte l’histoire de quelques rebelles du peuple d’Israël qui ont renié l’autorité de Moché Rabbenou. Cependant la Torah ne nous raconte pas simplement des histoires : chaque récit contient un enseignement plus profond que nous devons mettre à jour.

D’autre part, les différents événements qui ont succédé à cette révolte sont étonnants :

– D’ a voulu exterminer tout l’entourage de Korah[[Bemidbar chapitre 16 verset 21]], et c’est grâce a l’intervention de Moché qu’ils ne furent pas punis ! Pourquoi ?

– Les 250 personnes qui voulaient ressembler au Cohen Gadol en offrant de l’encens ont péri devant D’ avec honneur, tandis que Datan et Aviran ont été engloutis par la terre, et pour Korah la Torah ne précise rien. Les commentateurs[[Héémek Davar, Bemidbar chapitre 26 verset 10]] disent que Korah a lui aussi apporté l’offrande d’encens[[Bemidbar chapitre 16 verset 7, 16 et 17]] et qu’il a donc subi le même sort que les 250 autres, mais comme il était le commanditaire de cette révolte il fut ensuite englouti par la terre. Pourquoi ces différentes punitions pour un même groupe de rebelles ?

– Par la suite, 14 700 personnes périssent uniquement parce qu’elles se sont plaintes ! N’est-ce pas une sanction disproportionnée ?

– Ensuite D’ demanda de prendre 12 bâtons avec le nom de chaque tribu et de les entreposer près du Aron (l’arche sainte contenant les Tables de la Loi), afin de prouver que seul le bâton de la tribu de Lévi qui fleurira mérite d’être choisi pour le service divin. Pourquoi donc fallait-il orchestrer une telle mise en scène ?

– Finalement les Bné Israël se plaignent à nouveau, mais cette fois, personne n’est puni ! Au contraire, D’ accepte leurs arguments et charge les Leviim de jouer le rôle de vigiles du Tabernacle et d’empêcher tout étranger au service d’y pénétrer, que se passe t-il donc ?

Une Michna bien connue[[Pirké Avot chapitre 4 michna 28]] enseigne : la jalousie (kin’a), les désirs démesurés (taava) et la recherche des honneurs (kavod) font échouer la vie de celui qui en est touché.
Le Netsiv[[Héémek Davar ,Bemidbar chapitre 16 verset 1]] explique qu’il y avait trois clans différents parmi les rebelles de notre paracha :

Tout d’abord Korah, qui éprouvait une jalousie terrible à l’égard de son cousin Elitsafan, qui avait été nommé chef chez les Leviim alors que ce poste aurait dû revenir logiquement à Korah puisque il était plus âgé et plus érudit. Cette jalousie le brûlait au point qu’il déclara sa révolte contre la légitimité même de Moché Rabbenou, ce qui lui a coûté la vie de ce monde-ci et du monde futur.

Ensuite, il y avait les 250 personnes qui étaient tous de grands tsadikim et aspiraient à se rapprocher de D’. Ils désiraient ardemment atteindre le niveau du Cohen Gadol, qui entrait dans le Saint des Saints pour y faire fumer l’encens. Or ceci est strictement réservé à une seul personne par génération, mais voila qu’une fois envoûtés par cette envie ces 250 tsadikim étaient prêts à mourir pour assouvir leur désir. Ils savaient que seul Aharon pouvait apporter l’offrande d’encens, que tout autre homme encourait la mort s’il entrait dans le Saint des Saints, mais la révolte de Korah leur offrait une occasion unique de le faire, fût-ce au prix de leur vie. Ils ont toutefois péri avec honneur, car ils n’étaient pas des rebelles mais simplement des victimes de leur taava, de leur envie démesurée.

Puis il y avait Datan et Aviram, les rechaïm de l’époque, ennemis jurés de Moché Rabbenou qui, obnubilés par leur kavod et leur ego, refusaient toute autorité, au point de se disputer entre eux.[[Chemot chapitre 2 verset 13]]

Nous comprenons maintenant les différents événements qui ont succédé à la révolte. Pour ceux qui étaient influencés par Korah, qui avaient un sentiment de jalousie envers les Cohanim, D’ démontra a travers les 12 bâtons que c’est Lui-même qui choisit le rôle de chaque individu, et qu’il n’y a donc pas de quoi être jaloux, car la douleur de la jalousie provient du fait que l’on croit pouvoir être comme son voisin, et par ce fait la frustration ronge la personne. Voilà le sens de la mise en scène des 12 bâtons : le fait de voir le bâton de Levi fleurir a calmé les esprits jaloux du temps de Korah, cela devrait en réalité être un enseignement pour toutes les générations.[[Bemidbar chapitre 17 verset 25]]

Ceux qui étaient influencés par les 250 personnes se sont plaints, craignant de mourir brutalement si une envie ardente de s’approcher de D’ les poussait à entrer dans le Saint des Saints. Comme leur désir de s’approcher de D. était sincère, leur plainte fut acceptée, et D’ nomma les Leviim responsables pour empêcher tout individu voulant pénétrer dans le Ohel Moed (la Tente d’Assignation).

Enfin, ceux qui étaient influencés par Datan et Aviram ont maugréé contre Moché et Aharon, en prétendant qu’ils étaient coupables des événements meurtriers de cette révolte. C’est alors que furent exterminées 14 700 personnes, car en réalité elles étaient semblables a Datan et Aviram, et avaient mérité de mourir depuis le début de la révolte : elles avaient les mêmes idées rebelles. Mais comme elles n’avaient pas exprimé leur rebellion, Moché pria pour elles[[Bemidbar chapitre 16 verset 22]]. Néanmoins, une fois qu’elles commencèrent à se plaindre, elles ne furent pas épargnées.

La Torah a donc voulu nous enseigner par cette paracha le danger de se laisser entraîner par la jalousie, les désirs, et la recherche des honneurs.

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“Un enseignement pour toutes les générations”

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