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Séparation entre le lait et la viande

par: Léon-Benjamin Ullmann, E.Soucaris,

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Séparation entre le lait et la viande
Les ‘Hakhamim ont interdit de manger de la viande à une table sur laquelle est posé du fromage (ou vice-versa). On trouve à cela deux explications principales.

 

Cette étude est dédiée à la mémoire de Hersh Meir KUPFER.

Choul’han ‘Aroukh Yoré Déa

Chapitre 88

Pour toute remarque, suggestion, ou question : halakha.project@gmail.com

Introduction :

Nous utiliserons fréquemment les termes de חלבי, ‘halavi/בשרי, bassari. Un aliment est qualifié de ‘halavi s’il contient des saveurs de laitage, et de bassari s’il contient des saveurs de viande[1]. Par extension, ces adjectifs peuvent aussi qualifier des assiettes, des couverts ou des ustensiles de cuisine. On emploie aussi couramment les expressions « manger ‘halavi » et « manger bassari ».

Les ‘Hakhamim ont interdit de manger de la viande à une table sur laquelle est posé du fromage (ou vice-versa). On trouve à cela deux explications principales :

 

1)    On craint qu’une casserole de viande qui vient de cuire soit apportée à table encore chaude, et que par mégarde on y introduise du laitage. Or un kéli richon peut provoquer un phénomène de cuisson et on aura alors transgressé un interdit מדאורייתא comme nous l’avons vu au chap. 87 (cf. Talmud ‘Houlin 104b).

 

2)    D’après d’autres Richonim, c’est le risque de consommer ensemble de la viande et du fromage même à froid qui a amené nos Maîtres à prendre cette décision.

 

Cette deuxième explication a de quoi étonner : généralement les ‘Hakhamim n’élèvent pas de barrière afin de protéger un interdit rabbinique (אין גוזרין גזירה לגזירה, on ne dresse pas de barrière à la suite d’une barrière) ; et là, pourtant, ils n’ont pas hésité à le faire. En effet, comme nous l’avons vu au chap. 87, manger ensemble du lait et de la viande qui n’ont pas cuit ensemble ne relève que d’un interdit מדרבנן.

 

Le Choul’han Aroukh, quant à lui, mentionne la deuxième raison :

 

אפילו בשר חיה ועוף אסור להעלות על שולחן שאוכל עליו גבינה שלא יבא לאוכלם יחד (…)

Même de la viande de gibier ou de volaille, il est interdit de mettre à la table sur laquelle on mange du fromage, de peur qu’on en vienne à les consommer ensemble (…).

 

Outre la viande de בהמה, la viande de volaille et de gibier se voient donc eux aussi inclus dans cette loi comme le dit la michna au traité ‘Houlin 103b, alors qu’ils ne sont, quant au בשר בחלב, interdits qu’à titre דרבנן.

Si nos Maitres se sont montrés pointilleux même vis-à-vis de ces catégories, c’est peut-être à cause du risque de prendre le verset לא תבשל גדי בחלב אמו au pied de la lettre. En effet, Rambam explique ce qui a poussé nos Maitres à interdire la volaille et le gibier :

 

(…) afin que le peuple ne simplifie pas et n’en vienne à un interdit de la Torah en mangeant de la viande d’animal pur dans du lait d’animal pur, car, en effet, le verset ne laisse entendre que du chevreau dans le lait de sa mère. C’est pourquoi, ils ont interdit toute viande dans du lait.

 

Ce que Rambam cherche à expliquer, c’est que les gens considèrent la viande de volaille et de gibier comme de la viande à part entière et que si celles-ci ne sont pas concernées par le verset précité c’est que, forcément,

il n’inclut pas toute viande mais ne se limite qu’à celle du chevreau dans le lait de sa mère dont il est explicitement question.

C’est donc peut-être pourquoi ils ont élevé les mêmes barrières autour de la viande de volaille et de gibier qu’autour de la viande de בהמה.

 

Il est important de noter que, lorsque nous parlons de viande et de fromage, il en va de même pour un aliment neutre qui a absorbé des saveurs de viande ou de lait. Par exemple, des pommes de terre cuites dans du jus de viande, même si elles ont été lavées de tout résidu de jus, ou encore un oignon coupé (même à froid) avec un couteau ‘halavi[2].

 

Lorsqu’on a mangé de la viande, peut-on manger « parvé[3] »  à une table sur laquelle se trouve du fromage ?

 

Nous verrons au chapitre suivant qu’après avoir mangé de la viande, on ne peut pas consommer directement de produits laitiers : certains pensent, par exemple, qu’il faille attendre six heures avant de pouvoir les consommer. Aura-t-on le droit, pendant ces six heures, de manger parvé à une table sur laquelle se trouvent des produits laitiers ?

Si l’on prend en compte uniquement la première des explications, aucun problème ne se pose, puisque il n’y a pas de viande à table que l’on puisse cuire avec le fromage.

Mais qu’en est-il si on avance la deuxième explication, selon laquelle on craint que la viande et le fromage soient consommés ensemble ?

 

En réalité, il existe deux manières d’envisager la question :

 

Analysons plus avant le commentaire de Rachi mentionné ci-dessus. Dans le cas nominal où l’on mange de la viande à une table où se trouve du fromage, il apparaît qu’on ne va pas jusqu’à imaginer que l’on saisisse, tout de go, le fromage sur la table pour le manger avec le plat de viande que l’on est en train de déguster. Le seul risque est qu’un contact se produise entre la viande et le fromage, et qu’un peu de fromage ne se dépose sur la viande. Bien évidemment ce risque n’existe pas dans le cas d’un repas parvé.

 

On peut aussi comprendre comme le Ran, du commentaire duquel il ressort que l’on craint effectivement de s’oublier et de mettre en bouche ensemble fromage et viande[4]. Or manger du fromage en même temps que de la viande est un interdit généralement bien intégré, et pourtant on craint qu’on ne vienne à le transgresser. A plus forte raison, on peut ne plus avoir à l’esprit que l’on a mangé de la viande lorsqu’on se saisit du morceau de fromage.

 

Pourtant, écrit le Badé Hachoul’han, on ne trouve aucun décisionnaire qui fasse cas du problème. Il propose donc l’explication suivante : le fait de manger des produits laitiers après de la viande n’est pas aussi grave que celui de consommer  du בשר בחלב  même à froid, au point de devoir prendre les mêmes  précautions[5].

 

Lorsqu’on a mangé de la viande, on pourra manger « parvé »  à une table sur laquelle se trouve du fromage.

 

Peut-on manipuler des produits laitiers après avoir mangé de la viande ?

 

Pour la même raison évoquée par le Badé Hachoul’han au paragraphe précédent, il sera ici permis de manipuler des produits laitiers après avoir mangé de la viande.

Par contre, dans le cas où l’on aurait encore en bouche des restes de viande, il se pourrait bien qu’on ne puisse pas le faire (Badé Hachoul’han).

 

Lorsqu’on a mangé de la viande,  est-il permis de manger parvé avec quelqu’un qui mange des produits ‘halavis ?

 

Il ressort du Pri Mégadim qu’il est interdit de manger à la même table qu’une personne qui prend un repas ‘halavi lorsqu’on a soi même mangé de la viande. En effet, il faut envisager le risque que le convive, ne sachant pas que son compagnon de table a mangé de la viande, lui en propose et l’induise ainsi en erreur. On pourra par contre s’asseoir à la même table pour simplement converser, contrairement à l’avis du Beit Yaacov.

 

Qu’en est-il lorsque n’est posé sur la table quedu fromage encore dans son emballage ou du lait dans un verre ou dans une bouteille :

 

Il existe une autre implication de la différence entre le point de vue de Rachi et celui du Ran.

D’après Rachi, si le fromage est dans son emballage, il n’y a pas de risque de contact avec la viande. Il en sera de même si c’est du lait qui est posé à table puisqu’il se trouve dans un récipient. On pourrait donc supposer que dans de tels cas, nos Maîtres n’aient pas trouvé nécessaire d’élever une barrière.

Par contre, si on suit le Ran, on peut penser que ces situations posent problème ; et bien que l’accès au lait (pour prendre cet exemple) ne soit pas direct et qu’il faille d’abord le verser dans un verre, le silence des décisionnaires à ce sujet ne nous permet pas d’autoriser ces situations[6]. Il ressort d’ailleurs des notes du Yad Avraham qu’elles sont bel et bien interdites.

Il en est de même de charcuteries encore emballées posées sur une table à laquelle on mange ‘halavi.

Il semble logique que le principe sous-jacent soit le suivant :

Si le produit se présente sous une forme habituelle pour une table à laquelle on prend un repas, il sera interdit de le laisser à table.

 

Voici quelques exemples non exhaustifs d’aliments qu’il conviendra de retirer de table :

Du pâté dans une boîte, même fermée, du lait dans un sachet (peut-être même fermé) se trouvant dans un broc[7], dans une bouteille ou un carton fermés. Ce sont autant d’exemples d’aliments prêts à être consommés : il arrive en effet de les déposer ainsi à table pour les consommer sans même ouvrir leur contenant auparavant.

Il en va de même pour les yaourts, le fromage, ou la charcuterie, même s’ils sont encore enfermés dans leur emballage.

 

Peut-on laisser un morceau de viande crue sur la table à laquelle on prend un repas de lait alors que la viande n’est pas consommable en l’état[8] ?

 

Selon Rachi, même si la viande est crue, il y a toujours un risque de contact entre elle et le fromage si elle est découverte (dans un cas de contact à froid, cela ne risque que d’affecter le fromage puisque la viande, quant à elle, est généralement lavée avant d’être cuite (voir Choul’han Aroukh 91,2)). Par contre, dans le cas où elle est couverte, il semblerait logique qu’il n’y ait rien à craindre, même selon le Ran,  puisqu’elle ne se mange pas à l’état cru[9].

 

Viande cuite congelée :

De la viande cuite, même si elle est congelée, est en soi consommable, et pouvoir la manger n’est qu’une question de temps et parfois, même quand cela n’est pas prévu, un repas peut être retardé ou s’étirer dans le temps. Il faudra donc la retirer de table.

 

Est-il permis de poser du lait à côté d’un morceau de viande sans qu’ils se touchent[10], à un endroit où l’on n’est pas en train de prendre un repas ?

 

Rabbi Yossef Karo écrit au chapitre 95 (par. 6) :

« Il est permis de déposer dans une même boîte un  pot contenant de la viande au côté d’un autre contenant du lait (par. 6) »

 

Le Rama, par contre, écrit qu’il est préférable de ne pas le faire, dans la mesure du possible, car il se peut qu’en se servant du lait, il y ait des projections sur la viande sans qu’on ne s’en rende compte[11].

Comment ce qu’écrit le Rama peut-il s’accorder avec la michna[12] que rapporte Rabbi Yossef Karo  dans notre chapitre :

 

(…) אבל בשולחן שסודר עליו התבשיל מותר ליתן זה בצד זה

(…) mais sur une table sur laquelle on range le plat, il est permis de déposer l’un à côté de l’autre.

 

En d’autres termes, sur une table qui sert à entreposer[13] pour quelques heures des mets, on pourra poser côte à côte une préparation ‘halavi et une préparation basari et on ne craint pas que l’on vienne à manger de ces mets puisque l’on ne mange pas à cette table à l’instant considéré.

 

On peut comprendre que le Rama ne parle que de laitage liquide comme du lait, duquel peut s’échapper des projections en s’en servant, alors que la michna, quant à elle, parle d’aliments solides comme du fromage dur[14] (Badé Hachoul’han).

 

Si l’un des deux produits (soit la viande soit le lait) est bien enveloppé et que l’on ne le déballe pas, il n’y aura aucun problème même selon le Rama.

 

 

Manger à deux à la même table :

 

Le Choul’han ‘Aroukh poursuit au deuxième paragraphe :

 

« L’interdit de déposer à la même table [du fromage lorsque l’on mange de la viande ou vice-versa] ne s’applique qu’à deux personnes se connaissant mutuellement, même si elles ont une rancœur l’une envers l’autre, mais pour des hôtes qui ne se connaissent point, ce sera permis »

 

Ne nous méprenons pas ! Avec une telle formulation, on pourrait croire que le Choul’han ‘Aroukh est de l’opinion, que pour quelqu’un mangeant seul à table, personne ne viendra lui proposer un aliment incompatible avec son repas. Il peut néanmoins s’oublier, c’est pourquoi les décisionnaires ont unanimement interdit de manger, même seul, à une table où se trouvent à la fois du laitage et de la viande.  Le Choul’han Aroukh tient à préciser, a contrario, que le cas de deux personnes mangeant l’une du laitage et l’autre de la viande, n’est pas toujours prohibé.

Expliquons d’abord ce qu’écrit le Choul’han Aroukh.

Que signifie deux personnes se connaissant mutuellement ?

Le Chakh propose la glose suivante : « qui ne se gênent pas de prendre à manger l’une de l’autre » ; en d’autres termes, il ne s’agit pas simplement de deux personnes qui se connaissent superficiellement comme deux collègues de bureau, mais d’un mari et d’une femme, d’un parent avec son enfant, de deux amis proches, ou plus généralement toutes personnes entre qui peut ne pas régner de gêne quant à se servir chacun du plat de l’autre[15] sans ressentir le devoir de demander à l’autre l’autorisation de le faire.

Explicitons maintenant l’expression même si elles ont une rancœur  l’une envers l’autre : il arrive qu’un mari et sa femme soient en froid et ne se laisse pas se servir chacun dans le plat de l’autre. Le Choul’han Aroukh nous enseigne qu’il leur est tout de même interdit de manger à la même table, l’un de la viande et l’autre du fromage, car il n’existe pas de gène intrinsèque mais uniquement une gène de circonstance. Autre exemple : deux frères qui ont grandi ensemble dans la même famille et qui sont susceptibles de se servir dans le plat de l’autre, mais qui, de fait, ne le font pas. La raison que le Talmud avance est la suivante : il n’est pas connu de tous que ces deux frères n’ont pas l’un pour l’autre de telles familiarités, et l’on craint par conséquent que certains en déduisent que le cas soit autorisé même pour deux frères qui cultivent une relation plus familière.

 

Achevons la lecture de notre passage du Choul’han Aroukh :

 

« Et même dans le cas de deux personnes qui se connaissent, s’ils se sont fixé un quelconque signe distinctif, par exemple, chacun d’eux mange sur sa propre nappe ou même sur la même nappe mais qu’ils placent entre eux un pain en guise de pense-bête, ce sera permis. »

 

En résumé, il existe donc deux cas de figure dans lesquelles il est possible de manger à la même table de la viande où sont posés des laitages ou vice-versa :

 

1)    si les deux personnes ne se connaissent pas suffisamment pour se servir l’une dans l’assiette de l’autre.

2)    si l’on dispose la table de manière à se rappeler de ne pas goûter de ce que l’autre est en train de manger[16].

 

Rabbi Akiva Eigher, au nom de l’auteur du Guinat Vradim[17], écrit qu’il ne suffit pas de charger quelqu’un de nous surveiller à table.

 

Nature du pense-bête :

 

Objet à utiliser :

 

Il faut que l’objet en question ne soit pas d’habitude à table, ou du moins entre les deux personnes, de façon à ce que cette modification inhabituelle maintienne en éveil l’attention des deux convives.

C’est pourquoi le Rama ajoute que le pain servant d’exemple à Rabbi Yossef Karo ne doit pas avoir été déposé dans l’intention d’être consommé (car il est normal qu’un pain se trouve à table si on désire en manger), mais doit servir uniquement à séparer les deux convives.

Le pain doit être entier, car s’il est déjà entamé[18], on craint que l’on ne s’en coupe une tranche ce qui ôterait sa fonction de pense-bête (puisqu’à ce moment là sa présence sur table serait habituelle).

 

Ainsi, le principe est le suivant : la présence de l’objet qui sert de pense-bête ou sa manière d’être disposé à table doivent être inhabituelles.

 

Par conséquent, une viande ou du laitage enveloppés ne tiendront lieu en rien de pense-bête s’il est habituel qu’ils soient ainsi conditionnés. Il est aussi nécessaire que l’objet en question ait une certaine hauteur. Par conséquent, une assiette, un stylo, une clé, une montre ou encore un bijou ne conviendront pas.

Même un objet qui a été déposé à table sans l’intention première de jouer cette fonction conviendrait.

Il est logique qu’un biberon contenant du lait déposé à table soit en soi un rappel, étant donné qu’un biberon est destiné à un bébé. Il sera donc permis de manger de la viande à cette table sans avoir à le retirer.

 

 

Deux nappes différentes :

Il n’est pas forcément nécessaire qu’il y ait deux nappes. Il suffit de mettre une nappe sur la moitié de la table pour qu’une personne y mange, alors que l’autre prend son repas sur la partie découverte de la table.

Il est même possible de replier un pan de la nappe pour que cette partie soit considérée comme une autre nappe.

 

Par contre, si l’habitude est que chacun mange sur un set de table, on n’aura en rien résolu le problème.

 

Un pense-bête suffit-il lorsque l’on mange seul à table ?

 

Le Choul’han Aroukh ne fait mention du pense-bête qu’au second paragraphe, celui-ci ayant trait à deux personnes mangeant ensemble. Cela sous-entend-il qu’un pense-bête ne suffit pas pour une seule personne ?

Bien que le ‘Hokhmat Adam, que nous suivons généralement, parle de rappel même pour une seule personne, nous opterons dans notre cas pour l’avis d’autres A’haronim (parmi eux le Haflaa) qui l’interdisent. En effet :

 

– la notion de rappel pour une personne seule à table n’est nulle part mentionnée dans le Talmud. La Guemara, lorsqu’elle aborde le sujet, traite du cas de deux personnes ;

 

– il ressort même d’un passage du traité Chabat 13a qu’un pense-bête  n’est effectif que pour plusieurs personnes. En effet, on y parle de דעות ושינוי,  des consciences et un élément inhabituel. Rachi explique que lorsqu’on est deux, l’un rappelle l’autre à l’ordre. Or, face à deux personnes souhaitant manger à la même table du lait et de la viande sans qu’il n’y ait entre eux de rappel, la Guemara ne l’autorise pas, argumentant  qu’il y a bien des דעות mais point de שינוי. On peut donc en déduire que dans le cas où il y a bien un  שינויc’est grâce au fait qu’il y ait aussi au moins deux consciences que ce soit permis. D’ailleurs, un des Richonim, le Raavan, l’écrit explicitement ;

 

– enfin, le fait même qu’un rappel suffise (même dans le cas de deux personnes) n’est pas explicite dans le Talmud et reste controversé par certains Richonim (Voir Tossefot ‘Houlin 107b ד »ה כעין). Nous n’irons donc pas jusqu’à permettre un rappel pour une personne mangeant seule à table.

 

Aussi, s’il est nécessaire d’avoir quelqu’un en face de soi pour nous rappeler à l’ordre, une personne ne mesurant pas l’enjeu de la situation ne devrait pas convenir, comme par exemple une personne non juive (ou même un juif qui n’est pas au fait de la Halakha). Or, le Badé Hachoul’han cite le Rachba et le Or’hot ‘Haim des écrits desquels il ressort qu’un non juif aussi convient parfaitement. Il semble qu’il faille expliquer ainsi : le fait même que l’aliment contraire soit réservé à quelqu’un d’autre que soi, suffit.

Par conséquent, le rappel servira aussi dans le cas où l’on mange à la même table qu’un enfant (même si celui-ci n’a pas la maturité d’esprit pour nous mettre en garde).

 

Nous avons vu plus haut que si le plat du compagnon de table n’est pas à portée de main, le cas est permis. Qu’en est-il, si on est seul à table ?

Le Badé Hachoul’han se le demande.

 

Manger à une table sur laquelle se trouve de la nourriture non cachère :

 

Nous traitons ici cette question bien qu’elle ne concerne pas directement les lois de בשר בחלב, car le Chakh (סק »ב) l’aborde, et qu’elle a aussi une implication sur notre sujet.

 

Tout comme la présence simultanée de laitage et de viande, le Chakh envisage une autre problématique que celle traitée jusqu’à présent, la présence d’un aliment non cachère à la table d’un juif mangeant cachère ; étonnamment, il autorise, au nom du Ran, cette situation, pour la raison suivante : le lait et la viande sont chacun permis séparément et font partie de l’alimentation quotidienne. Par contre, un aliment non cachère détonne sur la table d’une personne respectueuse de la halakha et peut même provoquer un mouvement de recul. Une distance est donc maintenue avec cet aliment. Il est ainsi permis de manger à la même table qu’une personne en train de manger de la viande nevela ou de boire du vin non cacher[19], même s’il s’agit d’un ami si proche au point qu’on ne se gène pas de se servir de son plat.

 

En revanche, concernant le pain contenant des ingrédients interdits, comme par exemple de la graisse animale, les avis sont partagés :

– le Chakh interdit ce cas pour la raison suivante : le pain est la base de l’alimentation humaine, par conséquent il peut être plus attrayant que tout autre aliment.

– le Yad Yéhouda, quant à lui, assimile le pain à tout autre aliment. Il est néanmoins difficile de s’appuyer sur son avis face au Chakh dont la position est d’ailleurs partagée par le Pri ‘Hadach.

 

C’est pourquoi il sera permis de prendre un repas de viande avec un ami mangeant un fromage non cachère, ou du fromage cachère alors que son ami mange un steak non cachère.

Ceci ne s’applique que si l’on mange dans un lieu neutre, mais manger dans un restaurant non cachère pose un problème de marit ayn[20]. C’est ce qu’écrit Rav Moché Feinstein dans Igrot Moché[21]. Il autorise cependant de le faire dans certaines situations et sous certaines conditions.

 

מראית עין, marit ayn :

 

Parlons d’ailleurs de marit ayn à propos du cas principal traité dans notre chapitre.

Si un aliment qui a l’apparence d’être à base de lait ou de viande se trouve à table, y a-t-il un problème de marit ayn (voir au chapitre 87 où cette notion est développée) ?

A partir de ce qu’écrit le Knesset Haguedola, il ressort qu’il est défendu de le laisser à table lors du repas comme nous l’avons déjà écrit au chapitre 87.

Nous avons vu aussi que, si le marit ayn ne porte que sur un interdit rabbinique, comme c’est le cas ici, il n’est pas nécessaire de s’en soucier en privé. Par conséquent, chez-soi, il sera permis de laisser des saucisses parvées sur la table à laquelle on prend  des corn flakes avec du lait.

 

Ustensiles ou aliments communs à un repas de viande et de lait :

 

Le même pain :

 

Si durant un repas, on coupe des tranches d’un pain sans prêter attention à ce qu’il ne soit pas sali par un aliment ‘halavi ou bassari, le reste de ce pain ne pourra pas servir à un repas « contraire ».

Par conséquent, si l’on veut que le reste du pain garde sa neutralité, il faudra à chaque fois que l’on en coupe des tranches, veiller à le faire avec des mains propres.

Conseil pratique : couper d’emblée plusieurs tranches de pain avant même  d’entamer le repas.

Même dans le cas où on aura coupé des tranches avec des mains propres, tout dépend encore de la manière dont les choses se passent à table : s’il y a de l’ordre et qu’il n’y a pas de raison de craindre que le pain ait été touché par des mains sales, il pourra servir à un repas « contraire ».

Sinon, celui-ci ne devra pas être  consommé à l’autre repas, comme c’est le cas lorsque des d’enfants un peu chahutants participent au repas.

Un bon conseil encore est de déposer le pain dans un panier afin de faciliter sa gestion.

 

Pour ce qui est des tranches que l’on a déjà coupé, tout dépend :

 

– le reste d’une tranche de pain avec laquelle on a mangé de la viande ou du fromage, ne pourra pas être mangée dans un repas « contraire » ; si on se saisit d’une tranche dans l’intention de la manger avec un aliment non parvé et qu’on se ravise, il sera tout de même interdit de la manger lors d’un repas contraire[22] même si on se dit certain que la tranche n’a pas touché un aliment non neutre ;

 

– les autres tranches qui sont restées au centre de la table seront considérées parvées comme le reste du pain.

 

Il est cependant mieux (מצוה מן המובחר, mitsva min hamouv’har, injonction à faire au mieux) de ne pas du tout se servir du reste du pain qui était à table pour un repas « contraire » (Igrot Moché, Yoré Déa סימן ל »ח).

 

Le Choul’han Aroukh à la fin du chapitre 89 (par.4) va encore plus loin : il interdit de laisser les restes de pain sur la table à laquelle on a pris un repas de lait si l’on veut y prendre ensuite un repas de viande (si par exemple on nettoie la table entre les deux repas et que l’on prenne maintenant un repas froid), de peur qu’on en vienne à les manger à ce repas.

 

Les mêmes salades :

 

Pour ce qui est des salades : si l’on veut pouvoir les servir à deux repas incompatibles, simultanés ou consécutifs, il faudra être prudent de ne pas y introduire les couverts avec lesquels on mange le plat carné ou lacté, mais réserver  des couverts dans ce but.  On veillera aussi à ne pas mettre en contact les couverts neutres avec la nourriture qui se trouve dans l’assiette.

Il est cependant préférable de ne pas du tout se servir du reste des salades qui étaient à table pour un repas « contraire » (Igrot Moché, Ibid.).

 

Le même sel :

En ce qui concerne le sel, si celui-ci est simplement déposé dans une assiette, il ne faudra pas s’en servir pour les deux repas puisqu’il risque de s’y mélanger des résidus de viande ou de fromage.

Si par contre le sel se trouve dans une salière, on pourra l’utiliser à chaque repas à la condition de ne pas saler un plat duquel se dégage de la vapeur car celle-ci viendrait à s’introduire par les orifices de la salière et à se déposer sur les grains de sel[23]. Il en va de même pour les épices.

Il arrive néanmoins souvent que l’on touche la salière avec des mains sales de gras de viande, de beurre ou de fromage (surtout si des enfants sont à table). Il sera bon alors, dans tous les cas, de disposer de deux salières.

Il en sera de même pour la bouteille de ketchup, par exemple.

 

Le même verre :

 

On a l’habitude de disposer de verres différents pour les repas de lait et de viande.

Quoiqu’il en soit, il faudra prendre garde à ce que deux personnes, qui chacune mange le contraire de l’autre, ne boivent pas du même verre (Rama par. 2). En effet, il se peut que du gras de lait ou de viande se dépose des lèvres du buveur sur les bords du verre, et qu’ensuite son compagnon boive à son tour du même côté.

 

La même table ou la même nappe pour deux repas contraires et consécutifs :

 

On a l’habitude de réserver une nappe pour les repas de lait et une autre pour ceux de viande, ou bien de prendre l’un sur une nappe et l’autre à même la table à condition de garder les mêmes habitudes.

Dans une situation où on n’a pas d’autre moyen que de prendre son repas de viande sur une table ou une nappe de lait (ou vice-versa), il faudra bien en nettoyer la surface[24]. Dans ce cas, si on ne mange qu’à froid, il sera même permis de manger à même la table. Mais si l’on désire manger à chaud, il faudra le faire dans une assiette, car il y a lieu de craindre que la table ait absorbé des saveurs de viande à chaud, et qu’elle les retransmette au contact de l’aliment חלבי chaud ou vice-versa. Il faudra toutefois veiller à ce que l’assiette ne soit pas trop chaude i.e. qu’elle ne soit pas à une température de  יד סולדת בו, yad soledet bo, une main s’y brûle[25].

 

Utiliser le même couteau (à froid) :

 

L’habitude est de ne pas se servir d’un couteau de lait même ayant servi à froid, pour couper, même à froid, de la viande (ou le contraire), même  s’il est totalement propre comme l’écrit le Rama à la fin du chapitre 89[26].

Si l’on ne peut faire autrement, le Taz, au même chapitre, permet de se servir du même couteau[27] après avoir procédé à la נעיצה, né’itsa, planter le couteau dans de la terre dure, à dix endroits différents[28] de manière à retirer toute trace de gras se trouvant sur la lame.

Quant au Chakh, il semble considérer que la נעיצה, ici,  ne suffit pas.

Le ‘Hokhmat Adam est de l’avis du Taz.

Etant donné que le but de la נעיצה, dans notre cas, est uniquement de nettoyer la lame du couteau[29], on pourra aussi, au lieu de procéder à la נעיצה, la laver avec du détergent et une éponge dure.

 

Une telle procédure pourra, à titre exceptionnel,  s’appliquer aussi à un couteau ayant servi à chaud, pour couper à froid : le faire de manière régulière est interdit, de peur qu’au fil du temps on en vienne à considérer ce couteau comme בשרי, et que l’on s’en serve à chaud pour couper de la viande,  comme l’écrit le Rama dans Yoré Déa 121,5.

 

De manière analogue, afin de couper du pain ou tout autre aliment neutre froid pour un repas de viande respectivement de lait, on a l’habitude de ne pas se servir d’un couteau de lait respectivement de viande (même propre).

Si l’on est dans l’embarras et que l’on ne dispose pas d’autre couteau, il suffira, d’après le Taz, de bien essuyer la lame du couteau (קנוח, kinoua’h, essuyage).

D’après le Chakh, le קנוח ne suffit pas, et il faudra procéder à la נעיצה ou laver la lame avec une éponge dure et du détergent.

Il est vrai que le ‘Hokhmat Adam, là aussi, rapporte l’avis du Taz, mais étant donné qu’il est difficile de trouver une cohérence au sein de la démarche du Taz[30], on se conduira comme le Chakh et on ne se suffira pas d’un simple קנוח.

 

Bien qu’il suffirait théoriquement de ne disposer que de deux couteaux et de couper l’aliment destiné à un repas de viande avec celui de viande et celui voué à un repas de lait avec un couteau de lait, certains ont l’habitude de ne couper le pain qu’avec un couteau neutre, pour la raison suivante : si, par exemple, on coupe du pain à un repas de lait avec un couteau de lait, il se peut que le reste du pain serve plus tard à un repas de viande.

 

La même vaisselle ou les mêmes couverts :

De manière générale, on a pris l’habitude de disposer d’un service de lait et d’un autre de viande même quand il s’agit de manger à froid, afin d’instaurer une cohérence et éviter des erreurs potentielles.

L’habitude est aussi d’avoir deux services de verres, l’un pour les repas  ‘halavis et l’autre pour les bassaris, de peur que des résidus soient restés attachés au verre.

Il faut que les deux services puissent êtres facilement distingués. Souvent, on choisit un service de viande aux tonalités rouges, et un autre pour le lait aux tonalités bleues. Par conséquent, il ne faudra pas inverser les couleurs de peur d’induire en erreur une personne qui n’aurait pas été mise au courant.

 

Afin de pouvoir, pour manger du fromage à froid, se servir, même a priori, de vaisselle ou de couverts ayant absorbés de la viande (ou vice-versa), plusieurs conditions doivent être réunies :

  1. l’ustensile doit être parfaitement propre ;
  2. on ne pourra le faire que de manière exceptionnelle parce qu’on n’en dispose pas d’autre[31]. D’après le Pri ‘Hadach et le Pri Mégadim, il faut toutefois que l’ustensile soit fait de matériau cachérisable, comme le métal. Mais s’il n’est pas cachérisable (comme la terre cuite[32]), même à titre exceptionnel ce sera interdit[33]. Cependant, le Michna Beroura[34] ne fait clairement pas de différence et autorise l’usage exceptionnel pour tout matériau[35] ;
  3. l’aliment en contact avec l’ustensile ne doit pas être חריף, ‘harif, piquant[36]. Si l’on ne dispose pas d’autre ustensile et que l’aliment piquant est sec, on pourra les mettre en contact[37], sauf s’il s’agit d’un couteau avec lequel on souhaite couper cet aliment[38].

 

[1] Si ne sont présentes que des traces lactées ou carnées, voir. ch. 93.

[2] Nous analyserons ce dernier exemple au chapitre 96.

[3] Ce vocable désigne un aliment dit neutre i.e. ni carné ni lacté.

[4] Il se peut tout à fait qu’il soit aussi d’accord avec le risque que mentionne Rachi mais celui qu’il évoque est encore plus patent.

[5] On voit ainsi apparaître une gradation entre différents איסורים דרבנן.

[6] Le fait que le produit soit enveloppé ne suffit pas à créer un היכר, héquer, un rappel, puisqu’il n’y a en cela rien d’inhabituel.

[7] Ce conditionnement pour le lait est habituel en Amérique du Nord et en Israël. Le broc dans lequel on dépose le sachet est appelé en français du Canada « pichet à lait ». Par contre si le sachet est déposé à même la table sans que rien ne le tienne, le lait n’est pas prêt à être consommé.

 

[8] On ne parle pas ici d’un steak tartare qui est obtenu en mélangeant de la viande crue avec différents condiments, ou d’un carpaccio, pour lequel la viande est coupée en fine lamelles et marinée.

[9] Voir cependant le Badé Hachoul’han page 45 qui refuse de trancher la question.

[10] Nous analyserons  le cas où ils se touchent au chapitre 91.

[11] Le Caf Ha’haim ne précise pas si les Séfarades suivent Rabbi Yossef Karo dans ce cas.

[12] Traité ‘Houlin 104b.

[13] A cette époque où il n’y avait pas de réfrigérateurs, on gardait parfois pour quelques heures les mets dans un plat sur la table.

[14] Il est vraisemblable que le fromage blanc soit assimilable, pour cette question, à un laitage liquide.

[15] Il se peut que même si l’on se gène de se servir directement de l’assiette de l’autre, dès lors qu’on ne se gène pas de le faire de son plat central, on entre dans la catégorie de מכירין, se connaissant, qui est frappée d’interdiction.

[16] Il est probable que la manière inhabituelle dont est disposée la table pourra permettre à un couple de prendre un repas l’un de lait et l’autre de viande, ensemble, même pendant la période de séparation de nida, période menstruelle. Rappelons que pendant cette période, le couple ne peut pas prendre un repas à la même table sans un pense-bête.

[17] Il s’agit de Rabbi Avraham Halevi, Grand rabbin d’Egypte, mort en 1650.

[18] A fortiori si le pain est tranché, on ne s’en servira pas comme pense-bête.

[19] L’exemple de la viande nevela est donné par le Chakh et celui du vin non cachère, par le Ran. Même si leur apparence extérieure ne montre pas qu’il s’agit de produits non cachères, le cas sera permis du moment que l’on en est conscient de la situation ; à l’encontre de l’opinion de  Rabbi ‘Haïm Benatar qui l’interdit dans son Pri Toar.

[20] Notion développée au ch. 87.

[21] O.H. tome II p. 229.

[22] En effet, מילתא דלא רמיא אאיניש לאו אדעתיה, une chose qui n’incombe pas à une personne, elle n’y prête pas attention (Traité Chevouot 41b) : étant donné qu’on n’avait pas à l’esprit de manger cette tranche de pain avec un aliment « contraire », on ne peut pas affirmer pouvoir se rappeler exactement les faits  (Igrot Moché יו »ד סימן ל »ח).

 

[23] Cf. Badé Hachoul’han סימן צ »ב ס »ק קס »ה.

[24] Choul’han Aroukh 89,4.

[25] Température minimale de 45º C.

[26] Selon la manière de comprendre du Taz que nous citons juste à la suite.

[27] A la condition que l’aliment que l’on coupe ne soit pas piquant.

[28] Voir Yoré Déa 121,7.

[29] En effet, la simple pression de la lame du couteau n’extrait les saveurs qui s’y sont incluses que si l’aliment que l’on coupe est piquant, ce qui n’est pas le cas ici, comme l’écrit le Taz au סק »ו. Voir Yoré Déa ibid. où l’on voit que la נעיצה peut également extraire des saveurs contenues dans la lame du couteau, ce qui n’est pas nécessaire ici.

[30] En effet, le Taz prétend que la simple pression de la lame sur le pain ne suffit pas à extraire les saveurs qu’elle contient ; c’est pourquoi, il suffit de bien nettoyer les résidus déposés à la surface de la lame. Mais alors, pourquoi admet-il que, pour couper du fromage ou de la viande avec un couteau « contraire », il est nécessaire de procéder à la נעיצה ? S’il s’agit de retirer toutes traces de gras se trouvant sur la lame, le קנוח  devrait amplement suffire, comme c’est le cas pour couper du pain ? (Badé Hachoul’han).

[31] Pour la même raison indiquée plus haut au paragraphe « Utiliser le même couteau ».

 

[32] Au four et non au soleil.

[33] En effet,  ce n’est que si l’ustensile est cachérisable que l’on permet à une personne de l’utiliser à titre exceptionnel, car on considère, que par la suite, il le cachérisera pour pouvoir s’en servir de manière permise et régulière, tandis que s’il ne l’est pas, on craint qu’on finisse au fil du temps par le laisser chez soi et s’en servir à chaud (Pri Mégadim).

[34] סימן תנ »א ס »ק קל »ו.

[35] C’est ce qu’il ressort également du commentaire du Chakh סימן ס »ט ס »ק ס »ו.

[36] Voir Rama Yoré Déa 95,7 et Caf Ha’haïm שם ס »ק ע’.

[37] Voir le Choul’han Aroukh, ibid.

[38] Car la pression de la lame au contact du piquant extrait les saveurs de viande contenues dans la lame, comme nous le verrons au chap. 96.

“Séparation entre le lait et la viande”

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