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Qui a eu cette idée bizarre de se marier ! par Rav Gérard Zyzek

par: Rav Gerard Zyzek

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Qui a eu cette idée bizarre un jour de se marier ! par Rav Gérard Zyzek

 

 

Certaines personnes se marient, pourquoi pas ? N’est-ce pas mignon ! Mais qu’est-ce que cela signifie ‘se marier’ ? Qu’est-ce qu’un couple ? Notre Maître à tous Georges Brassens ne disait-il pas : ‘ne mettons pas nos noms au bas d’un parchemin’ ! Le grand penseur Frédéric Beigbeder ne dit-il pas que l’amour dure trois ans ?
Les Maîtres du Talmud ont enseigné (Traité Shabbat 23b) : ‘celui qui a l’habitude de mettre des lumières aura des enfants érudits en Torah’. De quelles lumières s’agit-il ? J’ai appris que ces lumières dont on parle sont les lumières de la connaissance. Dans un couple il faut mettre de la lumière, de la Hochma, il faut beaucoup de lumière. Il faut apprendre beaucoup pour qu’un couple puisse fonctionner et être heureux.

Nous aimerions apporter un enseignement talmudique pour nous donner un peu une piste dans cet imbroglio dont vient la vie qui est le couple.
Le Shoul’han Aroukh (Yoré Déah 195,§3 et 4, voir Gaon de Vilna §10) enseigne :
Il y a des périodes où, selon la loi juive, le couple doit avoir une certaine distance l’un vis-à-vis de l’autre. Pour signifier que cette période est différente de l’habitude, les Sages du Talmud ont institué de mettre quelques réserves entre le mari et sa femme, tant que l’épouse n’est pas retournée au bain rituel, le Mikvé. Les Sages ont interdit par exemple que durant cette période le mari ne mange des restes qu’a laissés son épouse dans l’assiette. C’est-à-dire que si son épouse a mangé du poulet rôti avec des frites et qu’elle n’a pas terminé son assiette, le mari n’a pas le droit de les manger. Ce n’est pas qu’il y ait un quelconque interdit en soi lié à cet aliment, car si quelqu’un a vidé ce manger dans une autre assiette, ce sera permis au mari de le manger.
Mais interrogeons-nous ? Qu’est-ce que c’est cette histoire de manger les restes de l’assiette de son épouse ?
Nous voulons déduire de cette loi du Shoul’han Aroukh (livre principal de la loi juive) une définition de ce qu’est un couple selon la conception de la Torah.
Un couple c’est deux personnes qui mangent dans la même assiette.
Imaginez que vous allez dans un restaurant : vos voisins de table partent et laissent du manger dans leurs assiettes, est-ce que vous tapez dans les restes ?
Autre exemple : un papa ou une maman mangent volontiers les restes de leurs enfants en bas-âges, mais est-ce qu’ils le feront lorsque leurs enfants auront trente ans ? Qu’est-ce qui a changé ?
On ne ressent pas une intense proximité. On n’est plus assez proches. Vos voisins de restaurant, ces idiots, ont laissé de très bonnes choses dans leurs assiettes, mais ce serait pour nous (à moins que nous soyons sous des bombardements, à D. ne plaise !) dégoutant, car on n’a aucune proximité. Ceci signifie que pour les Maîtres du Talmud un couple ce sont des personnes qui mangent dans la même assiette, qui mangent ce que l’autre a laissé dans son assiette. C’est une proximité incroyable. Cette proximité qui peut être physique est en fait une proximité mentale, émotionnelle. Cette proximité est tellement foudroyante, tellement belle, qu’elle ne peut pas être constante. La Torah conçoit des périodes de retrait, de latence, où peut petit-à-petit renaître une attente intense de l’autre et recréer une émotion comme deux jeunes gens qui se délectent de partager une boule de glace à deux.
Personnellement je ne savais pas que telle était la définition d’un couple. Je ne savais pas qu’un couple pouvait être si proches, intellectuellement, mentalement, affectueusement. C’est l’étude du Talmud qui m’a aidé à déchiffrer un peu l’énigme du lieu d’où vient le vivant : un homme et sa femme.
Et c’est ce que nous souhaitons à tous jeunes mariés, et qu’ils aient même au bout de dizaines d’années de vie commune une émotion renouvelée de picorer des frites dans la même assiette.
Comme dit le texte de la septième des sept bénédictions que nous disons sous la ‘Houpa, le dais nuptial :
Guila Rina Ditsa Vé’Hédva, Ahava VéA’hva VéShalom VéRéouth, ‘Joie, allégresse, jubilation et bonheur, amour et fraternité, et paisibilité et amitié’.
L’amitié est le niveau supérieur d’un couple.

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Directeur de la Yéchiva des Etudiants

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